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    Boniface

     

    Qui va à la chasse perd sa place

     

     

    Inefficace, Boniface se tracasse devant la carcasse de sa vieille  Peugeot dont on n’aperçoit aucune trace puisque la masse de sa ferraille est ensevelie sous un mètre de glace et de neige. Sans succès, il fracasse à coups de pelle, il tabasse, il se les casse sur la neige durcie. Impasse. Ici, se fendre en quatre, c’est  pareil à donner un coup d’épée dans l’eau ou atteler des fourmis à sa bagnole pour la sortir de là.  En mars, personne ne passe sur cette route forestière. Il se voit comme une âme en peine qui remue ciel et terre  sans en voir de toutes les couleurs. Partout, juste du blanc. Sous un froid de canard, aucune chance de se sentir sur des charbons ardents. Boniface garde la tête froide. Cette tempête arrivée comme un cheveu sur la soupe ou mars en carême ne montre pas patte blanche. Crier misère ou sur tous les toits, là où ils sont absents, c’est perdre la boussole. Boniface perdrait la face, lui, connu comme le loup blanc pour avoir la main heureuse sur le gibier, ne sait plus sur quel pied danser. Pris au piège dans cette mâchoire de glace, pour prendre la poudre d’escampette, il doit justement y aller par quatre chemins s’il ne veut pas mourir à petit feu en logeant à la belle étoile polaire. Aucune anguille sous roche. Il gèle à pierre fendre.

     

    Tel Barrabas, pas perspicace, Boniface à la chasse par le temps qui court est pris. Il tombe des nues en apercevant la peau de l’ours pas vendue encore. Mouillé jusqu’aux os, après avoir sué sang et eau en tentant de mettre main basse sur bécasse, sa Peugeot, il prie.  Adieu veaux vaches, cochons, poules et couvées ! Couchées sur la place, la peau de l’ours et celle de Boniface demeurent face à face devant une même mort.  Rire jaune. Une histoire à dormir debout pour faire peur aux oiseaux de malheur qui vont à la chasse aux petites biches qui leur font des grimaces. De ces pas dans la neige, on perd la trace de Boniface.

     

    Mot de passe à la récréation de maîtresse : Priez pour Boniface. Amen. 

     

    Marie-Louve 

     

     

     

     

    Illustration :

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  •   indifference by ejsz - www.plusriennenousarrete.files.wordpress.com

     

     

    Hier, 7 mars, une mauvaise tempête de neige faisait rage au Québec. Il est tombé entre 35 et 100cm de neige selon les régions sur le sol québécois. Les écoles sont fermées. Les routes impraticables. Panne d’électricité, neige de partout. Je sors ma caméra pour prendre quelques photos en imaginant que dame nature a mis sa robe de mariée pour cette veille du 8 mars consacré aux femmes de partout sur cette Terre.

     

    Devant cette mer blanche, je ronchonne quand même un peu. J’en ai assez vu de cette neige qui nous tombe dessus depuis plus de cinq mois. J’aime le soleil et la verdure. Trop c’est trop !

     

    Je ne vous parlerai plus de la neige. «  Basta ! » C’est Nonna qui dit ce mot en italien  quand elle aperçoit des marmottes dans son potager.

     

    Je retourne à ma table avec mon café chaud et je ramène devant moi, mon journal du jour, La Presse. En gros titre, on annonce une grande série à lire jusqu’à samedi : L’Honneur à tout prix. L’Horreur pour sauver l’honneur. Je lis le premier article de la série. Je m’arrête au tableau des statistiques. Je m’intéresse à la colonne du Canada. Quoi ! 50 femmes à chaque année sont tuées ici au Canada pour des crimes d’honneur par leur père, leur conjoint ou leur frère. J’apprends la distinction suivante quant au crime d’honneur. Quoi ? Un crime peut être un honneur !

     

    «  Ça se différencie de la violence domestique, parce que ce n’est pas seulement une question de violence d’un partenaire contre l’autre. Dans le cas de crimes d’honneur, la famille étendue est impliquée. » Journaliste, Laura-Julie Perreault, La Presse du 7 mars 2011-03-08

     

    Bon. La violence ça se domestique ! Dégoûtée, je ferme ce journal et ses vérités dégueulasses que je ne veux pas sentir au creux de mon ventre. La neige, le sang rouge ça va faire les idées noires !

     

    J’empoigne mon téléphone. J’appelle ma fillotte pour savoir si tout va bien. Elle va bien, les enfants sont heureux. Un congé d’école tombé du ciel. Elle a de la neige jusqu’aux hanches. Impossible de sortir la voiture donc, un congé de travail pour elle aussi. Deo gratias pour la neige !

     

    J’ai pris aussi des nouvelles de mon fils. Tout semble sous contrôle. Rassurée, je me concocte un petit déjeuner à l’heure du déjeuner. Je joue du clavier derrière mon écran. Le téléphone sonne. Je prends l’appel. Ma sœur, mon amie ? Peu importe. Pendant notre conversation, j’entends des cris et le mot «  Police ». Inquiétée, j’interroge mon interlocutrice pour comprendre ce qui se joue dans cette pièce. On me répond que c’est le voisin d’en face qui bat sa femme voilée, je le cite parce que c’était le cas et il la bat férocement dehors, devant plusieurs voisins hommes et femmes qui restent muets face à cette scène sauf une personne qui le menace d’appeler la police. L’agresseur vocifère en arabe des menaces en levant les poings vers celle qui tente de porter secours à la victime. Son voisin que je nommerai Richard, lui apprend que cette femme est battue depuis plus de deux ans et ce de façon régulière, mais ce sont des chicanes de ménage. Il ne s’occupe pas de ça. C’est leur culture et ces femmes-là aiment ça ! Sur ces entrefaites, une autre voisine monte l’escalier pour rentrer chez elle. Elle rit et lance : «  Si un jour, j’ai besoin d’être sauvée, je viendrai te voir.»

    La scène perdure pendant vingt minutes. La pauvre femme-victime, sans vêtements pour se protéger du froid et de la tempête demeure dehors sur le balcon en refusant d’entrer chez elle et de suivre son agresseur.

     

    Je fulmine. Je demande si quelqu’un a appelé la police. On me répond, non. Quoi ? Personne n’a porté secours à cette femme ! Je rêve ou quoi ? Donnez-moi l’adresse ! Je vais le faire tout de suite. On tergiverse. On craint les représailles. J’insiste. Donnez-moi l’adresse, je vous en prie. On me raccroche la ligne au nez.

     

     

    Je deviens un volcan ! Je rage. J’habite à 13 kilomètres de cette ville et je me sens outrée par l’inertie de ces personnes témoins. Je vous jure. Je pleure de colère et de rage. Comment peut-on garder silence et fermer les yeux ? Je me demande si je pourrai rétablir mon lien avec celles à qui j’ai parlé ? Je ne leur pardonne pas. Mon cerveau et mon cœur s’y refusent.

     

    Profondément blessée et surtout en colère, je cherche secours auprès d’une vraie amie pour lui exprimer mon état d’écœurement total face à ce que je viens de vivre en toute impuissance. Merci à cette amie qui a compris l’odieux de cette situation inacceptable.

     

     Trois heures plus tard,  le téléphone sonne à nouveau. Celle qui m’a raccroché la ligne au nez, m’informe qu’elles ont fini par aller au poste de police déposer une plainte anonyme contre ce voisin qui bat sa femme. Fin de la conversation. Elles ont sauvé leur honneur à mes yeux, mais trop tard.

     

    Dans la soirée, quand les policiers sont venus chez l’agresseur personne n’a ouvert la porte. Les policiers sont repartis. Vingt minutes plus tard, une fourgonnette est venue embarquée la victime sous haute surveillance, encadrée par trois hommes arabes. Le reste faut l’imaginer.

    Le cœur me lève !

     

    Cette histoire est authentique. Ce fut ma journée d’hier. Je n’ai pas dormi de la nuit. Honte à l’humanité quand elle se comporte ainsi. Oui, sans honte, j’affirme être en colère.

     

    Marie-Louve.


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  •  stock-photo-glass-of-rosemary-martini-gin-vodka-garnished-w

     

      

    Tardive, à la dérive, baignant dans un dry gin sans vermouth,  ma lascive olive salive sur un pied.

    Olive enjolive de piment rouge sa furtive beauté.

    La chétive oisive se noie d’un trait au bord d’une incisive fictive devant une langue convulsive et vindicative.

    Vive, la ronde olive s’esquive dans la mémoire narrative

    de ce récit.

     

    Admirative, la maladive Janyve, grise, titube

    de solive en solive sur une relative ligne subversive.

    Une ligne adhésive d’ennuis et de blanches nuits à ses gencives inexpressives ravive la maladive Janyve qui d’un coup d’incisive croque la belle olive captive  au bar du Five O’clock. 

     

    Olive ne nagera jamais dans les grosses huiles.

     

    Marie-Louve

     

    olive ~antolive 

     

     


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  • U - www.designblog.comÀ la Toussaint, la mère Aubin donna naissance à son premier fils, le numéro vingt de sa lignée. Par train-train, il fut nommé Urbain. Sans entrain, on le plongea dans un bassin avant de le coucher dans un couffin. À Urbain mal étreint, on refusa le sein au poupin malsain qui avait la mine d'un capucin au poil de feu.

     

     

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    Devant le médecin, un regard d'airain lui lança Collin, son cousin, avant de s'écrier: " Urbain n'est pas le chérubin de mon oncle le marin ! Voyez, il a un corps sans garde-faim, des membres de poussin, une tête d'assassin, une face de marcassin, un front garni de pépins, des joues sans entrain, une bouche de huche à pain et un cul de sac dans le pétrin. "

     

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    On pria tous les saints et le sacro-saint curé Mongrain accourut au chagrin sans frein de la famille Aubin. De sa main ointe de ricin, il marqua au point de croix le corps du bambin en ordonnant au malin de sortir du Toulousain. C'est ainsi qu'Urbain fut contraint de devenir un humain.

     

     

    Marie-Louve

      

     

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    Ti-Ben à Carmen

     

     

    En prière, au milieu des lampions à l’église Sainte-Philomène,

    Carmen, tous ses noirs péchés, pleure telle une Madeleine,

    Une fontaine de larmes tombées du ciel, chapelet d’ébène

    Entre ses mitaines, voilà que sa peine dégaine sa ronde bedaine

    Vaine, cruelle illusion, une lune pleine, une lourde bedondaine

    Voici que sa peine prochaine arrondit ses chaotiques semaines

    Quand hier encore, son moine Ti-Ben, lui serinait sa rengaine

    En chantant : « Je t’aime belle indienne, t’épouserai ma souveraine,

    Ma reine, à Baden-Baden, tous les deux nous irons jusqu’à l’éden

    Le bon vin dondaine, la faridondaine, digue dondaine, ma Carmen.»

    Son moine hyène dansait, et la belle aérienne au cœur de porcelaine,

    Entre ses bras s’enchaînait en relevant ses frisons, ses jupons de laine.

    Trop de peines, amère, Carmen, tombée de haut, pape se fit son Ti-Ben.

     

     

    Marie-Louve

     

     

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