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Par lenaig boudig le 14 Septembre 2011 à 07:00
Jeu chez jill-bill, la cour de récréation
Gildas 14 sept 2011
Pastiche. L’huître et les plaideurs, Jean De Lafontaine
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L’huître et les aquaculteurs
Un jour deux aquaculteurs, Gildas et Achille, sur une île se rencontrent
En péril, une huître vint à leurs pieds se poser
L’eau à la bouche, de l’index, ils se la pointent
Sous la dent se creuse l’audace, qu’il fallut réprimer
Gildas, qui déjà des yeux embrasse la proie ;
Achille, pas sénile, lui croasse : « Sur ce deal, il faut savoir
Qui de nous en aura le droit
Sera-ce de toi ou de moi, le premier à l’avoir ?
Celui-ci en aura la grâce ; l’autre regardera tranquille.
-Si de cette manière, on juge ce mobile
Reprit Gildas, j’ai l’œil de Buffalo Bill, un as
-Ma paire d’yeux, c’est ma tasse
Dit Achille, et sur ma vie, en premier j’embrasse.
-Ah bon ! Vous l’avez vue, et moi, j’ai le nez sagace. »
Pendant cet incident qui les embarrasse,
Barrabas arrive : devenus hostiles, ils le nomment juge.
La paperasse dûment signée, Barrabas, d’un trait, gobe et gruge,
Achille et Gildas immobiles, des yeux la dévorent.
L’amuse-gueule avalé, Barrabas, haut et fort, ses paroles et verdict déclament :
«Prenez, la cour vous donne à chacun la demie de l’huître, une écaille,
Sans aucuns frais ni dépens, pour qu’en paix chacun chez soi s’en aille. »
Marie-Louve
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Par lenaig boudig le 7 Septembre 2011 à 19:46
Cour de récréation chez jill-bill / sept. 2011
Annette Starlette
Née sous la conjonction d’une lune rousse à la croisée de la Grande Ourse, Annette portait mine racée d’un top modèle griffée et tatouée de chez Mazette-Mazurette-Chemisette et Lingette-Dehors.
Partout sur les pages des Gazette, sous toutes ses facettes et toutes ses coutures, posait Annette, car de ses deux couettes rouge incendiaire, tous étaient babas.
Ni le temps ni l’oubli n’effaçait la binette de cette bergerette à la disette, celle à qui on savait conter fleurette depuis belle lurette, mais cette recette la laissait fluette.
Or avant de la voir disparaître au fond d’une éprouvette, il me faut empoigner la manette et changer de cassette. Donc, Annette prendra son envol telle une fauvette à la sauvette. Elle sautera dans sa Corvette haute-vitesse, sans définition et elle prendra la direction de la Croisette sur la cour de récréation de maîtresse jill-bill.
Annette regrette son retard.
Marie-Louve
Photos du net :
Défilés de Jean-Paul Gaultier
L'élégante au caddie,
Valérie Lemercier fait la nique au jeunisme !
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Par lenaig boudig le 1 Juin 2011 à 05:00
Narquoise, Françoise dite La-Belle-Bavaroise-Sournoise, perçait du regard la porte blindée de sa convoitise. Elle promena tout autour ses yeux pers, tirant sur le vert plus que le gris avant de pénétrer d’un pas silencieux dans la célèbre fleuristerie Turquoise Paradise, propriété de dame Yvonne, une célèbre Québécoise d’origine étrangère bien entendu. Ce qui n’avait aucunement nui à sa carrière ni a son grand succès dans cette luxueuse économie niçoise. Une artiste, une créatrice de renommée mondiale pour son art visionnaire et futuriste dans le domaine de la fleuristerie.
Sa dernière création encore sous le secret de ses serres, portait sur un croisement de fleur chinoise à celle de la framboise sauvage. La clé dessous ce tapis de mousse mystérieuse afin de faire naître cette audacieuse fleur l’Ambroise Turquoise, lui avait été offerte par son amant, grand voyageur, un globe-trotter. À chacun de ses retours de missions humanitaires, il lui rapportait un kilo d’ambroisie ou un litre de ce précieux engrais naturel, mais jamais disponible nulle part sinon des mains savantes et adroites de son Klotz. La douce Québécoise ne cherchant jamais noise et respectait la confidentialité des énigmes de son partenaire amoureux un adepte fanatique du groupe de musique Styx.
Yvonne mordait dans une chaude génoise cuisinée par Klotz quand elle leva les yeux et aperçut l’étrangère à la mine narquoise. Un large sourire éclaira son visage. Elle lança sur un ton engageant :
- Bon matin ma belle dame ! Vous cherchez des fleurs ? Puis-je vous aider ?
Grivoise, Françoise l’apostropha de manière détestable en pointant une arme sous son nez.
- C’est toi la catin de Klotz ? Efface-toi de ma vue, libère la voie que j’aille à mon but !
- Vous êtes folle ma parole, hurla Yvonne qui souhaitait ainsi attirer l’attention de Klotz demeuré dans l’arrière boutique avec le gamin afin de lui préparer son repas du midi avant de partir pour l’école. Le petit était tout à sa joie d’offrir en cadeau à maîtresse la première Ambroise Turquoise fraîchement éclose du matin même. Klotz l’avait délicatement emballée en ajoutant des rubans blancs.
Un courant d’air glacé passa comme une ombre.
C’est ainsi que vous aurez compris que Françoise fut effacée de l’ardoise des vivants de ce monde. Jamais le petit ne vit une seule seconde comment son héros Klotz avait disparu pendant qu’il préparait son cartable à emporter à l’école.
À neuf heures, la cloche sonna dans la cour de récréation. Maîtresse reçut la plus belle fleur qu’elle n’ait vue de sa vie. La première Ambroise Turquoise.
-Maman dit que cette fleur est éternelle. Faut juste la garder dans un pot avec de l’eau fraîche. Parce que je vous aime maîtresse dit’ il, dans un sourire en tirelire.
Marie Louve
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Par lenaig boudig le 30 Mai 2011 à 01:00
Débarqué fraîchement de Grèce, le richissime armateur, armurier Gonz Rocket, ainsi nommé par son réseau sélect d’amis pour identifier "Speedy Gonzales" manquait de pot et de ressort depuis que sa plantureuse Bonny l’avait quitté pour un autre plus paumé que lui. Il était de mauvais poil sous sa peau burinée par tous les soleils des pays qui en offraient en abondance dans tous les hôtels du jet set réservé aux puissants salauds couverts d’or dur de ce monde. D’impatience, il fulminait dans son fauteuil-lit relié à son ordinateur portable. De là, il opérait le siège social de ses affaires pour aller loin. Par la faute de sa vamp, pire qu’une sangsue, sa bourse baissait à vue d’œil. Bonny l’avait royalement lessivé pour ne pas dire siphonné. La garce n’ira pas loin ainsi grimpée sur les précieux escarpins qu’il lui avait offerts le jour de la Saint-Valentin. Une fortune regrettée à ses pieds. Elle en paiera le prix foi de Gonz ! Dès qu’on lui ramènera, il se promit de l’écorcher vive de ses propres mains. Il sonna son valet de pied surnommé El Serpiente pour qu’on lui apporte un Cohiba bagué afin de soulager sa tension. Ses petites pilules pour penser mieux et plus vite ne faisaient plus effet. Il cherchait désespérément un nouveau forfait à commettre afin de remplumer ses fonds de pension de SDF international, mais avant, il lui fallait la peau de Bonny.
En livrée, silencieux et pour cause, on lui avait coupé la langue, El Serpiente s’inclina devant son maître et lui présenta le Cohiba jumelé à un briquet sur un plateau d’argent. Après avoir pris son cigare et le feu, Gonz fusilla du regard son esclave et, avec mépris, lui signifia d’un geste de la main de dégager. Impassible, le valet se retira sans tourner le dos à son maître.
Depuis que la Grèce n’attirait plus un rond, il se cherchait une Suisse protectrice juste pour lui. Sous la recommandation de Bonny, après avoir consulté secrètement une cartomancienne doublée de voyance professionnelle dans les boules de cristal, le couple sous le charme de cette diseuse de bonne aventure, avait levé les voiles en direction d’Honolulu. Quel piège à cons ! L’œuvre de Bonny ! De rage, il mâchouilla son précieux Cohiba qu’il fit voler au fond de la pièce. Il sonna à nouveau El Serpiente.
- Va me chercher mon carnet noir avec une étoile rouge dessus ! Allez ouste !
Muni de sa puissante arme fatale entre les mains, il tourna les pages à l’index de son bottin de secours. Sous la lettre T, il parcourut des yeux la liste de tueurs à gages les plus efficaces en ce bas monde. Mieux vaux choisir le meilleur pour accomplir cette ultime mission qui livre la mort avec une assurance tout risque, songea t’il. Hésitant face à ce choix décisif, il retourna aux pages de ses influents amis despotes qui pourraient éclairer prudemment sa décision Seule une armée internationale de potentats tous liés les uns aux autres pouvait servir leurs intérêts réciproquement. Il repoussa du revers de la main la page des services offerts par la France. Trop risqué ! En dehors de leurs frontières, ils ne font que des bêtises d’adolescents. Le Japon, pas le bon moment. Pékin et Téhéran, trop d’espions malhonnêtes figuraient dans toutes les ambassades du monde. Sur le Pakistan, il essuya une larme et raya le nom de Ben Laden. Adieu veaux, vaches cochons, poules couvées. Ses affaires d’armurier allaient tellement bon train avec ce dernier. Rien pour lui remonter son compte bancaire. Le Canada ? Oublions cette passoire où tout coule d’Est en Ouest. Ce n’est pas avec un castor et un canot d’écorce qu’on rame parmi les requins. Ils avaient eu un Lacroix, meilleur qu’Arsène Lupin, mais ces idiots l’ont réhabilité à l’honnêteté lors de son court séjour dans leur prison qui ressemble davantage à un grand Hilton cinq étoiles. Ils sont fous ces Canadiens ! Quelle race de tarés venus des quatre coins du monde. Plongé dans ses réflexions, il poursuivait sa quête en parlant plus bas car on pourrait bien l’entendre. « Tiens ! Kadhafi. Voilà mon homme. Lui sait garder la tête froide. Ensemble, nous avons toujours conclu de bonnes affaires, il appréciera ma collaboration amicale en échange de ses deux meilleures amazones, parmi les plus féroces. Je lui retournerai l’ascenseur au moment de son choix. Une offre qu’il ne peut refuser si j’en crois ses voisins. L’affaire est dans la poche ! »
Contre deux amazones lybiennes, Bonny et son mec lui reviendront au galop. Il envoya un courriel d’urgence à son pote Kadhafi, puis il sonna une troisième fois son valet sans mots sur le bout de la langue ni chat pour la lui rendre.
- Prépare ta valise de voyage. Voici tes réservations et tous les billets imprimés. Tu pars avant trois heures sur le prochain vol Honolulu-Tripoli avec Hawaï Air Line. Prends garde, tu n’as droit à aucune erreur et je te fais suivre en douce par mon fidèle Bras de Fer. Remets cette enveloppe à mon allié Kadhafi et reviens immédiatement avec les deux jolies femmes qu’il te confiera. Fais gaffe avec ces demoiselles ! Ceci dit dans ton propre intérêt. Allez ouste !
Plus blanc que neige, tremblant de tous ses membres, El Serpiente s’activa et prit le chemin de l’aéroport en gardant à l’œil et à distance le redoutable Bras De Fer, garde du corps de Gonz Rocket.
À Tripoli, une étincelante Rolls- Royce noire attendait son arrivée. Le chauffeur l’ayant repéré vint à sa rencontre. On le poussa violemment sur la banquette arrière en le dépouillant de ses documents et bagages. Il entendit une rafale de coups de feu, tourna la tête pour apercevoir Bras De Fer s’écroulant sur l’asphalte rougi par une mare de sang. Il perdit conscience.
Vingt-quatre plus tard, à Honolulu, El Serpiente assis sur la terrasse d’une immense villa de grand luxe, construite face à la mer n’en croyait pas ses yeux. Kadhafi encore vêtu pareillement à Bras De Fer se tenait debout au bord de la rampe et discutait avec deux affriolantes beautés à peine voilées ainsi qu’avec un éminent chirurgien esthétique qui tirait le portrait de Rocket. Plus bas, dans les jardins luxuriants, Bonny et son amant étaient affairés à creuser une fosse qui accueillerait le corps du défunt Gonz.
C’est ainsi que Bonny, son amant et El Serpiente devinrent les couvertures sur papier à titre de propriétaires de cette villa qui cacherait à jamais dans ce paradis à Honolulu celui dont on ne veut plus voir la tête à l’affiche.
Mais, caché dans les rochers où les vagues chaudes venaient se rompre, L'Œil Du Tigre observait la scène qui se déroulait en sol américain...
À jamais ? Rien de moins certain.
Marie Louve,
pour le défi de Fanfan
http://journal-d-une-retraitee.over-blog.com/
Choix de la vidéo : Marie-Louve
Photo : Hôtel Lybia, Tripoli, www.tripadvisor.fr
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Par lenaig boudig le 29 Mai 2011 à 23:55
Le clan noir
J’ai commis le crime de naître parmi vous sans que personne ne désire ma venue. J’étais la volonté de Dieu, ce bâtard inventé pour vous déculpabiliser, pour déposer votre refus d’assumer vos choix et surtout, vous donner le pouvoir de commettre toutes vos violences cachées sous son nom, mais servant votre profit.
Pour ces raisons, je suis devenu invisible. Celui qui n’existait pas sinon quand on avait besoin d’un coupable pour éviter au noble clan de se sentir des salauds. Depuis toujours, c’était écrit, tatoué sur mon front : l’exclu. Ainsi je suis de vous. De cette exclusion, lucidement, j’en suis fier. Vous êtes ma honte, ma déchirure profonde.
Sur vos impardonnables outrages, j’ai survécu. Là, au milieu de vos mensonges et de vos fourberies, j’étais le regard qu’on aveuglait pour faire taire votre culpabilité. Vos messes basses et son sacrifice sacrilège, ces messes du clan noir sur un même chapelet que vous partagiez et partagez comme un rituel secret de complices me déchantent encore et toujours. Une même hypocrite ritournelle qui tient à distance l’exclu qui voit et sait ce que vous avez peur de regarder et de ressentir: votre histoire nauséabonde. L’ignominie commise demeure à jamais une infamie au cœur de l’exclu aux droits bafoués.
De moi, mille fois, mille portes ouvertes, mille confiances, mille mots dits pour réparer votre déchirure sur mon âme. Jamais vos oreilles n’ont voulu ni ne sauront entendre. Surdité volontaire. Game is over !
Vous êtes la honte de ma vie. De cette honte, j’en suis fier. Ne pas vous ressembler, ne pas être de vous pareillement. Fier d’être votre exclu. Je n’appartiens pas à ce clan infernal d’où je suis né un soir de malchance. Au beau milieu de la volonté de ce bâtard : votre Dieu ! Pas le mien. Il n’y a pas de saints dans ce clan maudit.
Le refus.
La rupture.
L’exclu
***
Ce texte est une expérience, un essai littéraire de ma part. Possiblement maladroitement, j’ai endossé la peau d’un exclu en imaginant ce qu’il pourrait écrire peu importe son milieu de vie, le Dieu de sa culture ou les croyances parentales transmises. Le regard de l’exclu, sa parole, une tentative pour se libérer de son clan. Déposer quelque part ce qu’il retient ?
Marie Louve
Illustration :
Inclusion-exclusion www.commons.wikimedia.org
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