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Défi n° 56 chez Fanfan : Quand le mal se fait bien - Marie-Louve
Débarqué fraîchement de Grèce, le richissime armateur, armurier Gonz Rocket, ainsi nommé par son réseau sélect d’amis pour identifier "Speedy Gonzales" manquait de pot et de ressort depuis que sa plantureuse Bonny l’avait quitté pour un autre plus paumé que lui. Il était de mauvais poil sous sa peau burinée par tous les soleils des pays qui en offraient en abondance dans tous les hôtels du jet set réservé aux puissants salauds couverts d’or dur de ce monde. D’impatience, il fulminait dans son fauteuil-lit relié à son ordinateur portable. De là, il opérait le siège social de ses affaires pour aller loin. Par la faute de sa vamp, pire qu’une sangsue, sa bourse baissait à vue d’œil. Bonny l’avait royalement lessivé pour ne pas dire siphonné. La garce n’ira pas loin ainsi grimpée sur les précieux escarpins qu’il lui avait offerts le jour de la Saint-Valentin. Une fortune regrettée à ses pieds. Elle en paiera le prix foi de Gonz ! Dès qu’on lui ramènera, il se promit de l’écorcher vive de ses propres mains. Il sonna son valet de pied surnommé El Serpiente pour qu’on lui apporte un Cohiba bagué afin de soulager sa tension. Ses petites pilules pour penser mieux et plus vite ne faisaient plus effet. Il cherchait désespérément un nouveau forfait à commettre afin de remplumer ses fonds de pension de SDF international, mais avant, il lui fallait la peau de Bonny.
En livrée, silencieux et pour cause, on lui avait coupé la langue, El Serpiente s’inclina devant son maître et lui présenta le Cohiba jumelé à un briquet sur un plateau d’argent. Après avoir pris son cigare et le feu, Gonz fusilla du regard son esclave et, avec mépris, lui signifia d’un geste de la main de dégager. Impassible, le valet se retira sans tourner le dos à son maître.
Depuis que la Grèce n’attirait plus un rond, il se cherchait une Suisse protectrice juste pour lui. Sous la recommandation de Bonny, après avoir consulté secrètement une cartomancienne doublée de voyance professionnelle dans les boules de cristal, le couple sous le charme de cette diseuse de bonne aventure, avait levé les voiles en direction d’Honolulu. Quel piège à cons ! L’œuvre de Bonny ! De rage, il mâchouilla son précieux Cohiba qu’il fit voler au fond de la pièce. Il sonna à nouveau El Serpiente.
- Va me chercher mon carnet noir avec une étoile rouge dessus ! Allez ouste !
Muni de sa puissante arme fatale entre les mains, il tourna les pages à l’index de son bottin de secours. Sous la lettre T, il parcourut des yeux la liste de tueurs à gages les plus efficaces en ce bas monde. Mieux vaux choisir le meilleur pour accomplir cette ultime mission qui livre la mort avec une assurance tout risque, songea t’il. Hésitant face à ce choix décisif, il retourna aux pages de ses influents amis despotes qui pourraient éclairer prudemment sa décision Seule une armée internationale de potentats tous liés les uns aux autres pouvait servir leurs intérêts réciproquement. Il repoussa du revers de la main la page des services offerts par la France. Trop risqué ! En dehors de leurs frontières, ils ne font que des bêtises d’adolescents. Le Japon, pas le bon moment. Pékin et Téhéran, trop d’espions malhonnêtes figuraient dans toutes les ambassades du monde. Sur le Pakistan, il essuya une larme et raya le nom de Ben Laden. Adieu veaux, vaches cochons, poules couvées. Ses affaires d’armurier allaient tellement bon train avec ce dernier. Rien pour lui remonter son compte bancaire. Le Canada ? Oublions cette passoire où tout coule d’Est en Ouest. Ce n’est pas avec un castor et un canot d’écorce qu’on rame parmi les requins. Ils avaient eu un Lacroix, meilleur qu’Arsène Lupin, mais ces idiots l’ont réhabilité à l’honnêteté lors de son court séjour dans leur prison qui ressemble davantage à un grand Hilton cinq étoiles. Ils sont fous ces Canadiens ! Quelle race de tarés venus des quatre coins du monde. Plongé dans ses réflexions, il poursuivait sa quête en parlant plus bas car on pourrait bien l’entendre. « Tiens ! Kadhafi. Voilà mon homme. Lui sait garder la tête froide. Ensemble, nous avons toujours conclu de bonnes affaires, il appréciera ma collaboration amicale en échange de ses deux meilleures amazones, parmi les plus féroces. Je lui retournerai l’ascenseur au moment de son choix. Une offre qu’il ne peut refuser si j’en crois ses voisins. L’affaire est dans la poche ! »
Contre deux amazones lybiennes, Bonny et son mec lui reviendront au galop. Il envoya un courriel d’urgence à son pote Kadhafi, puis il sonna une troisième fois son valet sans mots sur le bout de la langue ni chat pour la lui rendre.
- Prépare ta valise de voyage. Voici tes réservations et tous les billets imprimés. Tu pars avant trois heures sur le prochain vol Honolulu-Tripoli avec Hawaï Air Line. Prends garde, tu n’as droit à aucune erreur et je te fais suivre en douce par mon fidèle Bras de Fer. Remets cette enveloppe à mon allié Kadhafi et reviens immédiatement avec les deux jolies femmes qu’il te confiera. Fais gaffe avec ces demoiselles ! Ceci dit dans ton propre intérêt. Allez ouste !
Plus blanc que neige, tremblant de tous ses membres, El Serpiente s’activa et prit le chemin de l’aéroport en gardant à l’œil et à distance le redoutable Bras De Fer, garde du corps de Gonz Rocket.
À Tripoli, une étincelante Rolls- Royce noire attendait son arrivée. Le chauffeur l’ayant repéré vint à sa rencontre. On le poussa violemment sur la banquette arrière en le dépouillant de ses documents et bagages. Il entendit une rafale de coups de feu, tourna la tête pour apercevoir Bras De Fer s’écroulant sur l’asphalte rougi par une mare de sang. Il perdit conscience.
Vingt-quatre plus tard, à Honolulu, El Serpiente assis sur la terrasse d’une immense villa de grand luxe, construite face à la mer n’en croyait pas ses yeux. Kadhafi encore vêtu pareillement à Bras De Fer se tenait debout au bord de la rampe et discutait avec deux affriolantes beautés à peine voilées ainsi qu’avec un éminent chirurgien esthétique qui tirait le portrait de Rocket. Plus bas, dans les jardins luxuriants, Bonny et son amant étaient affairés à creuser une fosse qui accueillerait le corps du défunt Gonz.
C’est ainsi que Bonny, son amant et El Serpiente devinrent les couvertures sur papier à titre de propriétaires de cette villa qui cacherait à jamais dans ce paradis à Honolulu celui dont on ne veut plus voir la tête à l’affiche.
Mais, caché dans les rochers où les vagues chaudes venaient se rompre, L'Œil Du Tigre observait la scène qui se déroulait en sol américain...
À jamais ? Rien de moins certain.
Marie Louve,
pour le défi de Fanfan
http://journal-d-une-retraitee.over-blog.com/
Choix de la vidéo : Marie-Louve
Photo : Hôtel Lybia, Tripoli, www.tripadvisor.fr
Tags : bonny, serpiente, qu’il, gonz, affaires
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Commentaires
Coucou Marie-Louve, coucou Jill ! Ah oui, il y avait les dix questions posées par Fanfan ... Ici, c'est une énigme où les questions se bousculent au portillon et ces dix questions-là ne se distinguent plus dans la foule ! Marie-Louve est une franc-tireuse, hi hi, je pense que c'est l'Oeil du Tigre qui est maintenant en train d'y répondre ... Une sombre histoire rondement menée, on reste se demander si c'est la réalité ou la fiction, Marie-Louve, bravo à toi, bisous !
Les dix questions de Fanfan, ben j'ai eu envie d'y répondre aussi, c'est fait !
Quelle histoire ! Tu as une imagination débordante ; c'est super! Il s'en passe des choses dans les belles villas et les palaces . Kadhafi a encore des munitions!
Hou hou, Marie-Louve ? Je ne t'ai pas encore "vue" aujourd'hui ? Peut-être plus tard ce soir, c'est-à-dire l'après-midi pour toi ? Dis, je m'interroge sur le rôle des deux amazones lybiennes dans cette affaire, je ne comprends pas bien l'échange auquel voulait procéder Gonz Rocket. Mais je comprends que Bonny et son nouvel amant mijotaient eux-mêmes un mauvais coup de leur côté ! Je comprends aussi que Gonz est pris à son propre piège, qu'il n'aurait dû faire confiance à VRAIMENT personne. Je comprends enfin que, bientôt, tout le monde se demandera où a pu bien passer Kadhafi, et pour cause ! Encore bravo !
Bon lundi à vous tous et croyez-le ou non, je peux vous offrir une bouchée de soleil du Québec ! Ici, plus rare que la présence de kadhafi sur ma terrasse. Hi,hi... Je vais tenter de trouver vos polars. Mille mercis pour ce plaisir de jouer avec vous.
Gonz avait vu dans son cahier noir le nom du célèbre Klotz, mais il était hors de prix pour mener cette banale affaire à son point de vue. Récupérer sa potiche, sa Bonny taillée au scalpel de bonnes mesures de son chirurgien et shootée au Botox. À ses yeux, sa Bonny`était une mince affaire. Pas besoin des gros canons pareils à Klotz qui lui engouffrerait la fortune qui commençait à manquer. Tous savent, je crois, que le grand fou Kadhafi est entouré de sa garde personnelle assurée par des guerrières. Ses amazones. Elles ont la réputation d'une fidélité féroce sans bornes à leur maître. Livrer la fragile Bonny à ses amazones était un jeu d'enfant selon ses perceptions. Bonny ne se méfierait pas de deux jolies femmes encore moins son amant. J'aurais dû expliquer ce qui me paraissait évident, ne l'était pas. Et qui dit qu'Oeil de Tigre n'est pas le grand Klotz lui-même sur les traces de Kadhafi ? Tiens, je n'y avait pas pensé :-))))
Voilà pour ce qui manquait et que j'ai manqué de mettre en piste les indices nécessaires aux lecteurs. Merci de me pointer l'erreur commise. Je vais relire et ajouter à mon texte les indices nécessaires. Bisous et bonne journée à rahar ainsi qu'à Léna.
9RaharVendredi 6 Juillet 2012 à 08:44Coucou Marie-Louve, moi aussi je m'interroge sur le rôle de ces deux amazones lesbiennes. Quoiqu'il en soit, je me suis régalé. Dommage que ce Gonz n'ait pas eu recours à Klotz, il aurait eu une prestation impec et serait encore en train de siroter une bonne téquila... ou fumé un bon havane. Mais c'est vrai qu'il a été complètement lessivé et les services de Klotz coûtent cher.
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Bonjour Lenaïg, bonjour Marie-Louve, pas sur le sol Corse l'affaire mais on voyage beaucoup, beau coup donc ! Bien amicalement de jill Bisous