• Boris et Gloria editedZineb, de mobilhome, propose :

    Ecrire un dialogue de théâtre (à deux personnages, ou plus si vous voulez) construit sur ... rien. Un dialogue de sourds, ou un dialogue absurde, qui n'a ni queue ni tête, et qui ne tiendra que par sa structure.

    Ceux que la forme du théâtre n'inspire pas pourront choisir un écrit romancé, mais il doit quand même y avoir un dialogue.

    Amusez-vous !

    Postez votre texte pour

    Lundi 23 août à 8 heures

    (programmez)

    ***

     

    Boris et Gloria

    On entend la voix d'un récitant, qui plante le décor de cette unique scène, dont toutes les répliques sont des citations (voir plus bas, en notes) :

    Une dizaine d'êtres humains, humanoïdes, androïdes, parmi lesquels le toubib dénommé Roux, tous membres du même équipage spatial, ainsi qu'un animal imaginaire mais bien présent sur la scène (répondant au nom de Pantoufle), autour d'une chocolatière à moitié vide dans un confortable logis extraterrestre, celui de Gloria, qui avait besoin d'un coup de main pour s'extirper des pattes de malfrats.

    Tous sont figés jusqu'à l'entrée du héros, parti effectuer seul une mission.

     

    Le récitant fait place à la voix du héros, Boris :

    Je les trouvai ensemble …], une chocolatière à moitié vide entre eux sur le comptoir.

    JH, page 310

    Le patrouilleur avait atterri sur le misérable astroport d'Esoter. Dès leur descente, les membres de l'équipage avaient ressenti une atmosphère de sourde hostilité. Alors qu'ils espéraient prendre du bon temps […] le reste de l'équipage sentit son enthousiasme refroidir quelque peu.

    Rahar, page 81

    Toute cette bataille navale n'a pas duré plus de cinq ou six minutes ; mettons sept et n'en parlons plus !

    En moins de temps qu'il en faut à votre fruitier pour transformer d'un coup de pouce discret huit cent cinquante grammes de prunes en un kilo de prunes, j'ai rétabli la situation, liquidé les trois gangsters, mis la main sur la vedette et sauvé Gloria.

    SA, page 46

     

    Il entre et les autres acteurs s'animent.

     

    Boris, détendu, en s'asseyant, à Roux, le toubib inquiet :

    - Quelque chose ne va pas ?

    JH, page 166

    Roux, se détournant de la fenêtre :

    Je ne suis pas sûr. Ce n'est sans doute rien.

    JH, page 166

    Boris :

    Pourquoi est-ce que tu nous racontes toujours des choses qui ne sont pas vraies ?

    AG, page 218

    Roux :

    J'ai seulement cru voir quelqu'un qui descendait la colline, c'est tout. C'était sans doute une illusion d'optique. Il n'y a plus personne maintenant.

    JH, page 166

    Boris :

    Avez-vous goûté à l'alcool de figue ?

    SA, page 95

    Roux :

    Et comment, Capitaine ! C'est une drogue qui sublime certaines de vos facultés paranormales latentes. Je ne crains pas d'avancer que ça a des effets différents selon la personnalité du sujet. J'en ai synthétisé une certaine quantité, mais je suggère de ne l'expérimenter qu'à la fin de cette crise.

    Rahar, page 59

    Boris :

    Mais de qui l'épicier la tient-il ?

    AG, page 239

    Gloria :

    Le réseau du Pirate Noir !

    Rahar, page 89

    Boris :

    Je ne suis pas sûr que ça plairait beaucoup à Pantoufle […] Peut-être qu'il aimerait mieux un jus de pomme à la place ?

    JH, page 164

    Pantoufle :

    J'ai faim, […]. Quand je veux manger, cette servante m'apporte toujours du chocolat. Madame de la Pérouse a dû lui dire que je ne prenais rien d'autre. Vous seriez aimable d'aller à la cuisine […] et de voir s'il n'y a pas des œufs. Je crois qu'elle m'a dit qu'il y en avait.

    Gloria :

    Vous voudriez qu'elle vous prépare un œuf sur le plat ?

    Pantoufle :

    Je crois que j'en mangerais bien deux.

    AG, page 314

    Boris, souriant à Gloria :

    J'ai dans l'idée, ma chérie, que vous allez être tranquille désormais. Cette bande d'aigrefins est détruite. J'ai dans l'idée que ces trois vilains messieurs étaient nés sous le signe du poisson.

    SA, page 45

    Gloria ("elle paraissait heureuse, presque euphorique") :

    Il faut que je me débrouille toute seule.

    JH, page 311

    J'ai une vision : tu fuis tes ennemis … qui en même temps ne sont pas tes ennemis. Il semble cependant que tu te trompes d'ennemi : c'est un peu confus, une sorte de brume enveloppe ton esprit. Je pressens de grands bouleversements dans l'univers et tu y joues un grand rôle. Je n'en vois pas les détails et je ne sais pas ce que cela signifie. Ne te laisse pas tromper par les faux-semblants. Mais je vais te faire accompagner par quelques chasseurs, nous connaissons des voies souterraines et des tunnels qui te permettront d'arriver discrètement où tu veux.

    Rahar, page 96 

    Boris :

    Je suis comme le poète, je trouve que l'imminence du danger constitue pour l'homme une espèce de libération. Lorsqu'il est au seuil de l'inévitable, le voilà qui franchit ses mesquines limites quotidiennes.

    SA, page 200.

    ***

     

    AG = André Gide, Les Faux Monnayeurs, 1925.

    JH = Joanne Harris, Chocolat, 1999.

    Rahar = Rahar, Le Pirate Noir, 2006.

    SA = San-Antonio, La rate au court-bouillon, 1968.

    ***

     

    Sans vergogne, j'ai emprunté aussi les noms à certains des personnages des quatre romans.

    J'ai envie de mieux faire connaître Boris (qui chez Rahar s'appelle Kriss, en fait) et Pantoufle, lapin imaginaire d'Anouk. Le Boris d'André Gide et l'Anouk de Joanne Harris sont deux enfants.

    ***

     

    Extrait de Les Faux Monnayeurs, d'André Gide (seconde partie, chapitre II, Le journal d'Edouard : le petit Boris) :

     

    "- Voyons, Boris, sois gentil. Tu sais que cela ferait plaisir à maman que nous sortions ensemble. Où as-tu mis ton chapeau ?

    - Vibroskomenopatif. Blaf blaf.

    - Qu'est-ce que ça veut dire ?

    - Rien.

    - Alors, pourquoi le dis-tu ?

    - Pour que tu ne comprennes pas.

    - Si ça ne veut rien dire, ça m'est égal de ne pas comprendre.

    - Mais si ça voulait dire quelque chose, tu ne comprendrais tout de même pas.

    - Quand on parle, c'est pour se faire comprendre.

    - Veux-tu, nous allons jouer à faire des mots pour nous deux seulement les comprendre.

    - Tâche d'abord de bien parler français.

    - Ma maman, elle, parle le français, l'anglais, le romain, le russe, le turc, le polonais, l'italoscope, l'espagnol, le perruquoi et le xixitou."

    Tout ceci très vite dit dans une sorte de fureur lyrique.

    Bronja se mit à rire.

    - Boris, pourquoi est-ce que tu racontes tout le temps des choses qui ne sont pas vraies ?

    - Pourquoi est-ce que tu ne crois jamais ce que je raconte ?

    - Je crois ce que tu me dis quand c'est vrai.

    - Comment sais-tu quand c'est vrai ? Moi je t'ai bien crue l'autre jour, quand tu m'as parlé des anges. Dis, Bronja : tu crois que si je priais très fort, moi aussi je les verrais ?"

    ***

     

    Extrait de Chocolat, de Joanne Harris (chapitre 18, Samedi 1er mars) :

     

    "Blanche me tendit une grande tasse contenant du vin chaud épicé ; je m'en emparai avec un sourire.

    "Voyons ce que vous pensez de ça", me dit-elle.

    Sucré et relevé de citron mais aussi de muscade, le breuvage était tellement alcoolisé qu'il vous brûlait la gorge. Pour la première fois depuis des semaines, la nuit était claire et notre haleine dessinait de petits dragons pâles dans l'air immobile. Une mince brume planait sur la rivière, qu'éclairaient de-ci de-là les lumières des bateaux.

    "Pantoufle en veut, lui aussi", dit Anouk, en indiquant la casserole de vin épicé.

    Roux sourit : "Pantoufle ?

    - Le lapin d'Anouk, m'empressai-je d'expliquer. Son ami … imaginaire.

    - Je ne suis pas sûre que ça plairait à Pantoufle, lui dit-il. Peut-être qu'il aimerait mieux un peu de jus de pomme à la place ?

    - Je vais lui demander", dit Anouk.

    Roux paraissait différent ici, plus détendu : sa silhouette se profilait sur le feu pendant qu'il surveillait sa cuisine. Je me souviens des écrevisses, fendues en deux et grillées sur les braises, des sardines, des épis de maïs, des patates douces, des pommes caramélisées roulées dans le sucre et revenues un quart de seconde dans le beurre, des crêpes bien épaisses accompagnées de miel. Nous mangeâmes avec les doigts dans des assiettes en fer-blanc, nous régalâmes de cidre, puis encore de vin chaud aux épices. Quelques enfants se joignirent à Anouk pour s'amuser sur la berge. Armande vint elle aussi nous rejoindre, se réchauffant les mains au-dessus du brasero."

    ***

     


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  • dragon-chinois-284757Zineb, de mobilhome, propose :

     

    Ecrire un dialogue de théâtre (à deux personnages, ou plus si vous voulez) construit sur ... rien. Un dialogue de sourds, ou un dialogue absurde, qui n'a ni queue ni tête, et qui ne tiendra que par sa structure.

    Ceux que la forme du théâtre n'inspire pas pourront choisir un écrit romancé, mais il doit quand même y avoir un dialogue.

    Amusez-vous !

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    Lundi 23 août à 8 heures

    (programmez)

    ***

      

     

    Macchabée et Fils, Pompes Funèbres haut de gamme

    Là où la mort n’a pas de prix

     ***

     

     

    Rosette Macchabée, dite la Dame de Pique, riche héritière de l’entreprise funéraire familiale reçoit un directeur de service dans son bureau.

     

    Rod Cloutier, premier directeur des services à la clientèle chez Macchabée et Fils depuis toujours,  donne trois coups de pied au pas de la porte et fait son entrée ganté jusqu’aux coudes afin de dissimuler sa Rolex en or déboussolée. Ses aiguilles allongées ne tiennent plus debout.

     

     

    Un silence de mort règne dans la pièce pendant que le coucou chante dans une cage. La Dame de Pique repoudre son nez livide pour se refaire une image effacée. Devant elle, sur un plateau décoratif, reposent deux flûtes silencieuses remplies de bière synthétique. Elle observe à travers ses yeux cerclés de khôl noir son cadre inférieur et lui pointe sa place,  dos face à la glace. Une stratégie qui lui assure la main haute.

     

     

     

    -          Rod, il faudra rassembler tout le personnel de la boîte et lui apprendre le mandarin pour demain. Chacun devra maîtriser la soudure de microprocesseur dès ce soir. Des Chinois débarquent en grand nombre dans nos villes et fatalement leurs restes suivent. Encore plus de rhum ?  Ça vous tente ? Servez-vous ! La vie est dure. Faut marteler plus fort. As-tu des nouvelles de Debby Wrong ? 

     

     

     

    -          Non. Plutôt adroit votre plan d’action pour les nuls. C’est génial ! Où avais-je la tête ? Les chats fondent comme glace au soleil du Nord au Sud. Comme les requins marteaux, une entreprise en bonne santé se doit de repasser toutes ses friperies, même celles qui lui échappent. Madame, votre cold cream coule sur votre smoking. Dois-je changer de poste ? La mort devient de plus en plus complexe. Elle manque de souffle nouveau sous le poids de l’injustice sociale. Mais voilà la solution : le mandarin c’est la clé du succès. Un signe vivant, puissant, tracé noir sur blanc pour faire le ris de veau du jour ou une vache à lait dehors. Encore mieux, vendre son beurre en bière. Nos fours manqueront d’air. Que suggérez-vous ?  À la mine ?

     

     

     

    -          Je monte le volume. Virez-moi cette vache et ses taures. Je mets la mort au vert. Un virage moderne nécessaire. Mon banquier crève de ses surplus. Tout arrive à point à qui sait attendre en comptant. Donnez-moi des chiffres.

     

     

     

    -          Bien entendu, cela demeure confidentiel. Je les gardais au frais sur mes listes d’urgences courantes à faire. Le temps court à sa perte, pas à la bonne vôtre. Depuis son départ, on en gagne. Madame Van Der Pire me l’a confirmé ce matin en déposant sur mon bureau son dernier rapport. Tout indique qu’on glisse sur la courbe du  malheureux concours de circonstances qui joue en faveur d’une fin tranquille dans un sachet de nouilles séchées. Une forme écologique. Un forfait tout inclus à la portée de toutes les bourses. Fallait y arriver bon premier : La démocratie et  la mort. L’affaire est dans la poche.

     

     

    -          Pas question ! Effacez-moi du calendrier cette ridicule mascarade de Père Noël ! Aucune poche ne sera tolérée nulle part ailleurs qu’ici !  J’engouffre tout comme il se doit depuis toujours. Allez filer au mandarin et à la soudure avant que la fin du jour ne vous tombe dessus !

     

     

     

    N.B. : Nous interrompons ce programme. Panne de courant en vue. Seuls les écureuils en sont responsables.

     

     

    Marie-Louve 

     

     


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  •  

    jalousie-1158933876

     

    Le jaloux
    voudrait tout,
    il est fou !
     
    Il envie
    ceux qui rient
    sans souci !

    Que c'est nul,
    Ridicule,
    sans recul !

    Amoureux,
    soupçonneux,
    pas heureux ...

    A feu vif,
    agressif,
    possessif !

    On lui ment ?
    Je comprends
    son tourment.

    S'il applique
    son laid tic
    comme éthique,

    Je condamne !
    C'est un âne,
    je ricane.

    Il ? Pas elle ?
    Si ! Des belles
    aussi bêlent !

     

     

    Lenaïg

     

     

    Illustration :

    www.doctissimo.com

    Image découverte en demandant "jalousie" ...

    Elle me fait beaucoup rire, mais peut-être pas du coq, qui semble avoir des raisons d'être en colère !

     

     

     


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  • pont recouvrance

     

    J'avais mon permis depuis peu. Papa me prêtait son auto. Un samedi, j'allai seule rendre visite à mes grands-parents, à soixante-dix kilomètres de là. J'étais fière, tout s'était bien passé. J'avais acquis de l'assurance, maintenant, alors que je n'en menais pas large la première fois que je me retrouvai au volant sans personne à côté.


    Oui, j'étais fière ! D'être arrivée seule en auto rendre visite à mes grands-parents et d'être repartie sous leur regard un peu ému. J'abordai le carrefour avant le célèbre (?) Pont de Recouvrance à Brest quand soudain, PAN, je crevis ! Heu, je crevai. Enfin pas moi, un pneu … quoique ma fierté se dégonfla aussi d'un coup.


    Je ne pouvais pas me garer, il fallait avancer et, horreur, franchir au moins le pont. Ce grand moment de solitude dura très longtemps. POUT POUT POUT POUT POUT ! Rouge comme une pivoine (parce c'est-ce qu'on dit dans ces cas-là), regardant droit devant moi, je sentais du coin de l'œil les passants médusés qui ne passaient plus, les chiens en laisse qui, d'habitude, marchent le plus loin possible des rambardes du bord du pont parce qu'ils ont le vertige, cette fois prêts à sauter à l'eau, épouvantés par ce véhicule étrangement pétaradant qui avançait sur le pont, les mouettes au dessus de moi qui n'en pouvaient plus de rire, les autos derrière moi contraintes également de rouler au pas, mais personne ne protesta, le pout pout pout étant suffisamment éloquent.


    Enfin, j'atteignis la petite place à la sortie à droite, m'imaginant que tout le monde était à son balcon …

    Je garai la voiture de Papa et fonçai droit dans une cabine téléphonique qui me tendait les bras.

    "Allo, Maman ? Où est Papa ? J'ai crevé, en abordant le Pont de Recouvrance …"

    Papa arriva, en bus ou à pied, je ne sais plus et, ni une ni deux, régla le problème. Je crois bien qu'il rigolait dans la barbe qu'il n'avait pas. Si je me souviens bien, c'est quand même moi qui ai repris le volant pour finir MON trajet.


    Oh, théoriquement, je savais changer une roue mais je trouvais les boulons durs à dévisser et à revisser, même avec la "croix". Cela m'arriva plusieurs fois par la suite, Papa était … trop loin. Ce que je faisais alors, c'était sortir le cric et la roue de secours, commencer à m'affairer et, à mon grand soulagement, il y avait toujours un homme pour venir me prendre la roue des mains et finir le travail. Je remercie encore mes sauveurs providentiels. Maman, elle, y arrivait très bien et n'avait besoin de personne, du temps où elle avait l'entière mobilité de ses bras.

     

    Lenaïg

     


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  • La Complainte du Sieur Du Pont de la Cloche de Bois

     

     *********

     

    La Maré –(chaussée, elle), bigle de ses sales gobilles sur mes arpions chaussés de trous quand je parkinge ma cadygonette qui transbahute mes biens mobiyers.

     

    V’là l’éventaire :

    - 1 couvrante mitée,

    - 1 pucier gonflab’ garni eud rustines, et coloré en camaïeu du marron au noir pisseux,

    - 1 doudoune des Puces de la Feyssine

    - Des charentaises en cayoutchouc percé, façon Benne à Ordures,

    - 1 grand plastoche piqué sur un chantier : c’est mon macfarlane

    - Tout ça calant, bien sûr, quelques kils de picrate dernier cri (premier prix) pour ma p’tite biture du soir.

     

    -Je parkinge donc mon barda devant ma crèche du jour, mon ras-de-chaussée sous le pont pasqu’aujourd’hui i fait cagnard.

     

    Sinon, j’ai plusieurs résidences secondaires, adaptées au temps qui fait, ou à ma lubie du jour, ou à l’urgence de m’planquer : - bouche d’égoût ou grille de métro si ça caille

    - vieille bagnole si pleut trop,

    - un carton si fait du vent, d’où que je rêve d’une lucarne pour voir une étoile (de tente).

     

    Et là, j’ai tout le confort :

    - une table (mes deux genoux)

    - un fauteuil (en bitume)

    - l’eau courante quand i lansquine

    - l’ E.D.F. – mais c’est pas des watts, c’est des bougies !

     

    C’est mon Auberge Espagnole, quoi ! Mais j’ai pas de greluche, pasque jamais deux sans toit, qu’on dit. HI ! Hi ! Hi ! faut bien rigoler, hein ? J’rencarde pas trop les frangins : i schlinguent des nougats et chouravent mon flouze dans mes fouilles, ou mon pinard ou mes ribouis dans ma cadygonette. Si j’leur fous une ratatouille, je prends une torgnole ou un bourre-pif : sont balaizes pour sonner les cloches !

     

    Aujourd’hui dans son trois-pièces (falzar, marcel et galure), Mézigue va à la chasse à l’oseille, là oùs qu’i a du beau linge : faut dégauchir des écronoques pour dégotter de quoi becter. Pas bezef : je m’vois pas obèse, j’me carrerais pus dans ma carrée ! Mais des fois je crève la dalle. Mes éponges, elles en peuvent pus, de carcasser et de glavioter du raisiné. J’ai le palpitant qui gambille. Mes ratiches s’sont fait la malle, j’en ai pus que deux mais alles sont pas en face : pas chouette pour caler ma clope…

     

    Des fois, j’sors du cirage dans un caniveau, à coups de balais des nettoyements (Qui c’est qui m’ a amené là ? les salauds !) I paraît qu’j’étais pochtronné… ben quoi : ça arrive à tout le monde, non ? Et j’ai des croûtes plein la calebasse (même dans ce qui me reste de tifs), plein les guiboles et l’pétrusquin (sauf vot’ respect, comme on dit dans le grand monde, là oùs qu’on n’a pas la émesté).

     

    L’toubib vient jamais : i sait même pas où je crèche vu que je le sais pas non plus. I sait même pas si je suis né, en plus. J’me planque quand j vois les Services Sociaux . On sait jamais si on sortira de leurs pattes. Et pis i vous font laver… J’ai un peu les chocottes quand je gamberge, mais bof… Un jour j’rendrai mon costard tant que j’s’rai même pas vioque, roulé en boule… dans mon carton. Alors, en redingote eud sapin ou en plastoche, c’fois-là dans un premier sous-sol, j’aurai pus besoin que d’dalle. Et encore, j’en aurai même pas. DE DALLE ! Même pas un pissenlit à la Toussaint… Même pas une flamme à ranimer sur la tombe du Soûlot Inconnu, le Maréchal des Sans-Logis du Pont de la Cloche de Bois.

     

    Margoton

     

    couv assiette beurre 1170012274

     

     

    Illustration provenant de : www.robertgiraud.blog.lemonde.fr

     

     


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