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Passage triomphal du Pont de Recouvrance
J'avais mon permis depuis peu. Papa me prêtait son auto. Un samedi, j'allai seule rendre visite à mes grands-parents, à soixante-dix kilomètres de là. J'étais fière, tout s'était bien passé. J'avais acquis de l'assurance, maintenant, alors que je n'en menais pas large la première fois que je me retrouvai au volant sans personne à côté.
Oui, j'étais fière ! D'être arrivée seule en auto rendre visite à mes grands-parents et d'être repartie sous leur regard un peu ému. J'abordai le carrefour avant le célèbre (?) Pont de Recouvrance à Brest quand soudain, PAN, je crevis ! Heu, je crevai. Enfin pas moi, un pneu … quoique ma fierté se dégonfla aussi d'un coup.
Je ne pouvais pas me garer, il fallait avancer et, horreur, franchir au moins le pont. Ce grand moment de solitude dura très longtemps. POUT POUT POUT POUT POUT ! Rouge comme une pivoine (parce c'est-ce qu'on dit dans ces cas-là), regardant droit devant moi, je sentais du coin de l'œil les passants médusés qui ne passaient plus, les chiens en laisse qui, d'habitude, marchent le plus loin possible des rambardes du bord du pont parce qu'ils ont le vertige, cette fois prêts à sauter à l'eau, épouvantés par ce véhicule étrangement pétaradant qui avançait sur le pont, les mouettes au dessus de moi qui n'en pouvaient plus de rire, les autos derrière moi contraintes également de rouler au pas, mais personne ne protesta, le pout pout pout étant suffisamment éloquent.
Enfin, j'atteignis la petite place à la sortie à droite, m'imaginant que tout le monde était à son balcon …Je garai la voiture de Papa et fonçai droit dans une cabine téléphonique qui me tendait les bras.
"Allo, Maman ? Où est Papa ? J'ai crevé, en abordant le Pont de Recouvrance …"
Papa arriva, en bus ou à pied, je ne sais plus et, ni une ni deux, régla le problème. Je crois bien qu'il rigolait dans la barbe qu'il n'avait pas. Si je me souviens bien, c'est quand même moi qui ai repris le volant pour finir MON trajet.
Oh, théoriquement, je savais changer une roue mais je trouvais les boulons durs à dévisser et à revisser, même avec la "croix". Cela m'arriva plusieurs fois par la suite, Papa était … trop loin. Ce que je faisais alors, c'était sortir le cric et la roue de secours, commencer à m'affairer et, à mon grand soulagement, il y avait toujours un homme pour venir me prendre la roue des mains et finir le travail. Je remercie encore mes sauveurs providentiels. Maman, elle, y arrivait très bien et n'avait besoin de personne, du temps où elle avait l'entière mobilité de ses bras.Lenaïg
Tags : pout, pont, papa, moi, roue
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Commentaires
Bonjour
Joli texte, j'ai bien aimé la ballade.
Je t'invite à venir jouer avec les mots si tu le souhaites.
Bonne journée
3Mona lVendredi 6 Juillet 2012 à 08:53
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Pour la première fois de ma vie, je réalise quelle chance j'ai eue ! Jamais, un pneu ne m'a joué ce sale tour de se dégonfler pendant que je les faisais rouler. Je crois bien que j'aurais appeler les pompiers à mon secours ! hi,hi,hi Vrai, je ne saurais pas comment changer un pneu et surtout, je ne veux pas savoir le faire. Ainsi, j'aurai ça en moins à faire. J'imagine que cela devait être très stressant de conduire avec un pneu à plat sur ce pont Mon plus grand stress au volant, c'est conduire sur la glace vive pendant une énorme tempête de neige qui ne nous permet de voir ni ciel ni terre sauf des lueurs de phares en ombrages. Ouille ! Ça je n'oublie pas. Bizs.