•   petit-trait-de-toutes-vrits-sur-l-existence-8001330

    Je me lance, je commence, je dois réussir à répondre au pourquoi du comment, cette question à laquelle aucune réponse satisfaisante n'a été fournie. Pourquoi, d'accord, me dira-t-on mais … quel comment ?

     

    Pop pop, n'allons pas trop vite, tout va se décanter à son heure. Avant de nous occuper du pourquoi en priorité, souvenons-nous immédiatement de comment nous étions, enfants. Si nous avons oublié, c'est que nous n'avons pas d'enfants dans notre entourage. Comment sont-ils, ces enfants, dans le cadre de notre sujet d'étude ? Tout le temps à nous interroger : pourquoi ceci ? Pourquoi cela ? Ils nous exaspèrent et nous étourdissent de leurs "pourquoi" au point qu'on pourrait mettre un s à ce pourquoi.

     

    D'ailleurs, ils sont capables de nous demander pourquoi on ne leur met pas de s, à ces pourquoi, quand ils sont plusieurs ou nombreux (les "pourquoi"). Là, nous avons intérêt à bien connaître la grammaire pour leur apporter une explication qui fasse taire leurs "pourquoi", car si nous leur répondons que "c'est comme ça et pas autrement", ou simplement "parce que !" avec un haussement d'épaule, nous courons le risque de voir une lueur d'incrédulité dans leurs yeux, portant atteinte à notre prestige d'adulte. Notre prestige, nous devons le cultiver, nous n'avons pas le choix vis-à-vis d'eux, que nous soyons convaincus de l'avoir ou pas. S'ils sentent que nous ne savons pas, ils sont capables de tout : rester d'éternels bébés dans les jupes de leurs mères, avoir peur de tout, perdre confiance en nous pour les plus petits, ne pas vouloir grandir, n'en voyant pas l'utilité -je vous passe tous les dérapages possibles pour les adolescents-, oh puis non, je vais citer un exemple qui me revient en mémoire (quelle chance !) : le cas se situe dans le monde animal, en Afrique, c'est une histoire véridique dont je ne peux citer la source, l'ayant oubliée.

     

    Je vous garantis toutefois que je n'invente pas : il y a quelques années, dans une région africaine, les rhinocéros blancs étaient un à un assassinés, étouffés, écrasés. L'enquête stagna dans un premier temps, la piste des braconniers n'étant pas valable dès le départ, aucun butin n'étant emporté. On finit par découvrir le pot aux roses : les coupables étaient une bande de jeunes éléphants orphelins qui erraient ensemble et qui, probablement (car il ne fut pas possible de le leur faire avouer) pour s'amuser, traquaient les rhinocéros blancs pour les piétiner (est-ce la couleur blanche qui les excitait, les indisposait ? Une question d'odeur ? Ces questions resteront posées, je dis pouce car en tant qu'humaine, je ne suis pas qualifiée pour répondre à ce pourquoi-là ; au moins, le comment a été éclairci et je souhaite qu'on n'en profite pas pour m'accuser de racisme, je n'y suis pour rien). La conclusion des spécialistes était que, privés très tôt de contacts avec leurs mères, peut-être aussi sans exemple de pères (mais je ne suis pas sûre que les éléphants males soient très présents dans l'éducation des éléphanteaux), ces jeunes bestiaux n'avaient eu aucun repère de bonne conduite, aucun modèle à imiter pour se forger leur personnalité. Il leur avait donc été impossible de demander le pourquoi du comment à leurs parents, en langage éléphantesque s'entend (infrasons ?) ; ils n'avaient pas "grandi".

     

    Il est hors de question de mentir aux enfants, ce serait pire. Leur dire d'aller voir sur l'internet est une solution de facilité. Comme ils maîtrisent très tôt les nouvelles technologies bien mieux que nous, s'ils nous posent des questions, c'est qu'ils tiennent à ce que nous répondions nous-mêmes ! Il faut contourner l'obstacle en mettant les choses à plat, ou l'obstacle à plat … On apprend cet exercice à l'école des politiciens. Sans les imiter vraiment, nous pouvons nous servir de quelques tuyaux et ficelles du discours politique. L'énergique et pittoresque "Taisez-vous, Elkabbach !" de Georges Marchais, que les gens de vingt ans ne peuvent pas connaître, est à proscrire. Pourquoi ? Parce que les interlocuteurs ne sont pas placés sur un pied d'égalité. Si nous sommes des pères, des mères, des grands-parents, des oncles, des tantes, des profs, etc, nous sommes supposés dominer la situation, sans nier ou opprimer les supposés charmants bambins pour autant. Jacques Chirac avait un tic bien connu pour s'approprier le sujet à débattre, ou faire face aux feux des journalistes. Le temps de lancer son célèbre "Écoutez … !", il fouillait dans les tiroirs de son cerveau pour en extraire la réponse adéquate. L'art de ne rien dire tout en le disant n'est pas donné à tout le monde.

     

    Et on peut tomber à côté : je tiens une anecdote de mon père, qui démontre le piège. Il y a environ quarante ans, un plaisantin glissa une question inattendue à un politicien débutant qui faisait campagne, ou qui venait d'être élu : "Monsieur le [---], êtes-vous hermaphrodite ?" Le politicien tenta de masquer son désarroi, y parvint peut-être aux yeux et aux oreilles distraites ou ignorantes de certains, et eut cette délicieuse réponse : "je vous remercie de me poser cette intéressante question, mais laissez-moi un peu de temps, je dois y réfléchir." D'où l'intérêt de cet essai, pour ne pas être pris au dépourvu, que je conduis d'une main ferme avec une assurance bétonnée. Je sais où je vais ! Pas de labyrinthe qui tienne : Aucun Minotaure ne m'engloutira, tout le monde sait que cet homme fabuleux à tête de taureau mangeur de jeunes gens et jeunes filles n'a jamais existé.

     

    Oups, je me montre imprudente et irréfléchie, là, si j'efface la "réalité" du Minotaure, je ne pourrai ni semer les cailloux du Petit Poucet, ni continuer à dérouler le fil d'Ariane solidement attaché dehors à un rocher, ni utiliser la baguette de ma fée. J'y pense, je serais sans doute rassise au goût du monstre, mais on ne sait jamais … Je garde tout cet attirail, j'ai besoin de rêver et de m'évader plus que jamais. Quel est alors mon Minotaure à moi en cette affaire ? Bof, une baudruche, du vent : le ridicule qui voudrait me tuer si je ne m'en sortais pas ? Même pas peur. Du ridicule, pas spécialement, mais de ne pas m'en sortir, j'aime mieux ne pas creuser présentement.

     

    J'espère qu'on lira entre mes lignes car je ne vais pas avouer en si bon chemin que je n'ai aucune idée de l'aboutissement de mon essai, ni s'il aboutira. Un autre aspect de mon Minotaure, ce sont les critiques, mais là, elles seront les bienvenues, si j'ai le plaisir d'être lue. Bienvenu aussi un coup de main, du genre : quelques exemples précis de "pourquoi" d'enfants, qui viendraient égailler, fleurir l'aridité de l'essai, sur cette route encore longue et semée d'embûches (cliché ? Oui, mais je l'aime bien). D'ailleurs la nuit est bien avancée, assez cheminé, la suite sera pour demain (ou pour un autre jour) après une bonne fin de nuit de sommeil qui portera conseil (deuxième cliché, mais qui me rassure), je fais halte et je prépare mon bivouac.

    A suivre

     

     Lenaïg (20 novembre 2009) 

    Note : la forme compacte de l'essai est voulue. Je suis en train de lire l'édifiant Petit Traité de toutes vérités sur l'existence, de Fred Vargas et, sans prétendre rivaliser avec l'esprit brillant de l'auteur, c'est son essai à elle qui m'a poussée parallèlement à cogiter dans le but de voir si j'arriverai à quelque chose.

     

     

     

    Comme le frigo sur le petit traité de Fred Vargas !

     Illustrations :

    www.letsbuyit.com

    Photo perso

     


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  • cantinescolaire

     

     

     

    DU PIRE AU MEILLEUR (version longue ; passer à la version courte, ci-dessous, si on est pressé).

     

    Tout allait mal, rien n'allait plus ; l'homme ruminait ces deux phrases, l'une affirmative, l'autre négative mais le résultat était le même : ce ne pouvait être pire !

    Il n'avait plus de boulot, l'embauche était rare, les riches s'enrichissaient de façon éhontée, les pauvres tiraient le diable par la queue, crevaient de faim ou dormaient dans la rue, ce qui n'allait pas tarder à lui arriver. Il avait encore sa télé mais ce qu'il y voyait n'était que catastrophes, inondations meurtrières ou incendies criminels, tueries, assassinats.

    Puis il eut un sursaut et se dit qu'il fallait rebondir, rire de tous ses déboires et faire le pitre,
    briser la vitre de la poisse,

    s'activer pour que la chance vire de son côté,
    combler le vide, l'absence de l'être aimé,

    ne pas attendre d'aide,

    se constituer , en rêve pour commencer, une aire,
    très haut, comme celle des aigles pour prendre ses distances sur la réalité sordide,
    ou planer sous une aile volante au-dessus de la mêlée.

    S'il ne disposait que de la magie des mots, que celle-ci au moins lui offre le point de vue qui lui aille
    et qui vaille la peine,
    qu'il relativise ses soucis, s'intéresse à plus mal loti que lui et réorganise ses pensées.

    Il choisit l'aile volante et sa balade imaginaire chassa la fatigue de la veille ; il s'endormit, enfin. Son inconscient, en principe son ami, allait peut-être veiller au grain.

    Le lendemain, il se sentirait mieux, sinon bien.

    Cela se confirma : l'homme put se présenter à un poste de veilleur de nuit et fut pris.

    De fil en aiguille, il noua des relations dans l'hôtel où il travaillait.

    Il put enfin croire et goûter à un avenir meilleur !

     

     

    DU PIRE AU MEILLEUR (version courte !).

    L'homme se disait que tout allait mal, que ce ne pouvait être pire !

    Il fallait rebondir, faire le pitre,

    Briser la vitre de la poisse,

    Que la chance vire du bon côté.

    Combler le vide,

    Ne pas attendre d'aide.

    S'imaginer dans une aire, très haut,

    Comme celle des aigles,

    Ou planer sous une aile volante

    Au-dessus de la mêlée !

    Par la magie des mots,

    s'offrir le point de vue qui aille,

    Qui vaille la peine.

    Chasser la fatigue de la veille,

    S'endormir,

    Laisser l'inconscient veiller au grain.

    Le lendemain, l'homme se présenta à un poste de veilleur de nuit et fut pris.

    Et il commença à croire en un avenir meilleur !

     

    deltaplane2

     

     

     

    Lenaïg

     

    La transmutation, jeu proposé par Olivier de Vaux aux Croqueurs :

    Dans celle de juillet, Olivier et les participants transforment ainsi l'amour en folie !

    http://olivierdevaux.over-blog.com/article-les-transmutations-de-juillet-de-l-amour-a-la-folie-54685157-comments.html#anchorComment

     

    Illustrations :

    www.soumission.sociale.over-blog.com

    www.linternaute.com

     


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  • La lune est là, mais où ? - Photo L'Ours Castor 

     

    Cette page est un joyeux chantier de vacances ! Bien sûr, les lignes que je me suis divertie à rédiger en anglais vont être traduites en français. En attendant, il faut savoir que, dans un monde parallèle, cette historiette se déroula également entre Lenaïg et Ours Castor, qui, lui, rapporta les photos que voici.

    Lenaïg n'avait pas son appareil photo chargé, ni son téléphone cellulaire, sa distraction lui coûta de ne pas capturer, chez elle, sous le vert très sombre des branches d'arbres, dans le magnifique ciel bleu profond, la belle lune, posée bien bas, en effet, croissant en D, badinant avec le dôme et la flêche du Sacré Coeur en habit de lumière Elle appela chez lui Ours Castor, qui sortit, appareil en main mais, de lune non plus (comme Mr Bear) ne vit point.

    Lenaïg, le 19 juillet 2010. 

    ***

     

    Poème du 29 juillet 2010, sur le même sujet !

     

    Fleur de Trèfle lapinette

    Et Monsieur l'Ours son ami

    Sont en scène mis ici

    Dans cette histoire simplette.

     

    Fleur de Trèfle a peur de tout,

    Sa survie est dans la fuite.  

    Mais Monsieur l'Ours accourt vite

    La sortir d'un mauvais coup.

     

    Une amitié pas banale.

    Ces deux-là ont un secret,

    Que cela reste discret !

    Communication mentale.

     

    Lapinette un soir d'été

    Tout en restant sur sa garde

    Du terrier sort et regarde

    La nature et sa beauté.

     

    La Lune est là rassurante,

    Belle en forme de croissant,

    Pas ronde -c'est angoissant-,

    Mais virgule souriante.

     

    - Toi qui sais, Ami Géant,

    Fixer l'image en pensée,

    Prends donc la Lune dorée,

    Gentil magicien puissant !

     

    - Tu m'appelles, ma mignonne ?

    Renard est-il dans le coin ?

    De mon aide as-tu besoin ?

    Je vole, j'arrive et tonne !

     

    - Ah, tu n'as pas bien compris !

    Tu dormais, je te réveille ?

    C'est la Lune sans pareille

    Qu'il faut que tu voie aussi !

     

    - Bon ! Je sors de ma tanière,

    Capte l'objet à chérir,

    Ce rien qui te fait plaisir.

    Voilà tâche aisée à faire !

     

    Mais, las, Fleur de Trèfle entend :

    - Oh, tu vas être déçue,

    La Lune je n'ai point vue !

    Déclare l'Ours tristement.

     

    - La faute est à la colline !

    Le ciel tout seul est très beau,

    Ce bleu nuit est-ce qu'il faut !

    Le rassure la lapine.

     

    Merci du joli cadeau,

    Cette image, Ours, est parfaite,

    Je vais la garder en tête

    Et nous souhaite un doux repos.

      

    Lenaïg

     

    Ce n'est pas encore la traduction des lignes que j'ai écrites le 19 juillet (ci-dessous), mais ce poème raconte néanmoins la même "histoire sans histoire" ! Je le propose pour ... les Jeudis en poésie des Croqueurs !

    Le 30 juillet : la traduction est là, sous la dernière photo, celle du grand ciel bleu profond !

     

    ***

     

     

    La lune est là, mais où ? 2 - Photo L'Ours CasgtorThis is the tale of one summer evening in the life of Clover Flower Rabbit and Mr Bear.

    There is no point to worry : nothing bad occurred.

    If quicky-frightened and ready-to-flee Clover Flower does not know anything about trains arriving on time to stations, she is fond of good news, casual facts, however tiny they are.

     

    Clover Flower had stayed all day in her burrow, seeking coolness as outside it was so hot.

    Feeling the sun had now disappeared, she came out to look at the lanscape in the coming night.

    She was delighted to see the moon was expecting her ... Her Moon, so very low in the sky, not frighteningly full but in a rising shape and posed like a wink !

     

    Many rabbit steps from there, her friend Mr Bear was not asleep yet when he received a mental call from his small she-friend.

     

    Grands arbres vestiges d'une forêt autrefois privée - L'Ours CastorClover Flower :

    Hail to thee, blithe spirit,

    Bear that never wert

    That from Heaven, or near it !

    Knock, knock, Mr Bear, are you there ?

     

    How it was that Clover Flower had heard such beautiful words from the poet Shelley - To a skylark- would remain a great mystery. But she did.

    Same for Mr Bear.

     

    Mr Bear :

    Yes, deary pink-nosed white honey !

    Don't tell me the fox is around ; if so, I'll fly to you like the poet's bird, on my four legs though, but : one single roar from me and you'll have no more hint of tail of that Rusty !

     

    Clover Flower :

    No no, big hairy mountain-like chum !

    Just a whim, pardon me !

    Have you peeped outside ? Can you see the Moon ? It is so beautiful and seems so near us tonight ...

    Could you catch her image and send it to me, by one of your tricks of gentle wizzardry ?

     

    Mr Bear :

    Yep ! You'll soon get it in your burrow to keep you company !

     

    Las ! From the entrance of his den, faithful Bear could see no moon. Search the sky as he would all around him, he had no moon in view. He reported so sadly that Clover Flower smoothly nicely asked him the favour to let her have the picture of the sky as he saw it and praised the lovely deep blue.

     

    014

     

     

    C'est l'histoire d'un soir, en été, dans la vie de deux amis : la lapine Fleur de Trèfle et Monsieur l'Ours [bien léché]. Nul besoin de s'inquiéter : rien de grave ne s'est passé. Si Fleur de Trèfle, facilement effrayée et tout de suite prête à prendre la fuite, ignore tout des trains qui arrivent à l'heure dans les gares, elle est friande de bonnes nouvelles et de faits badins, quelle que soit leur minceur !

     

    Fleur de Trèfle était restée toute la journée dans son terrier, pour y trouver la fraîcheur car la canicule régnait dehors. Sentant que le soleil avait disparu, elle sortit contempler le paysage dans la nuit qui venait. Oh joie ! La Lune était là et l'attendait. Sa Lune, posée si bas dans le ciel, en phase montante, virgule comme un clin d'œil, non pas ronde et menaçante.

     

    A maints pas de lapin de là, Monsieur l'Ours ne dormait pas encore quand il reçut un appel mental de sa toute petite amie.

    Fleur de Trèfle

    Je te salue, esprit joyeux

    Ours dont le domaine

    Est du divin,

    Dans les Cieux, ou s'en faut peu.
    Hou hou, Monsieur Ours, êtes-vous là ?

    Par quel grand mystère Fleur de Trèfle avait-elle ouï les magnifiques mots du poète Shelley dans l'Ode à l'alouette ? Toujours est-il qu'elle les savait.

    L'Ours aussi.

    Monsieur l'Ours

    Oui, ma chère petite chose, toute blanche au nez rose !

    Ne me dites pas que le renard est là ! Je vole vers vous comme l'alouette [l'oiseau] du poète, sur mes quatre pattes cependant mais un seul rugissement de ma part fera s'escamoter jusqu'au moindre bout de queue de ce gredin couleur de rouille !

    Fleur de Trèfle

    Non non, compagnon poilu gros comme la montagne !

    Ce n'est qu'une fantaisie qui m'a prise, vous voudrez bien m'excuser.

    Avez-vous regardé dehors et remarqué la Lune ? Elle est si belle ce soir et paraît si proche de nous.

    Pourriez-vous capturer son image et me l'envoyer, par un effet de votre gentille sorcellerie ?

    Monsieur Ours

    Si fait ! Elle ne tardera point à venir vous tenir compagnie dans votre terrier !

     

    Hélas, de l'entrée de sa tanière, le brave Ours ne vit rien. Il eut beau scruter le ciel tout autour, pas de lune en vue. Il l'annonça si tristement que Fleur de Trèfle, toute douceur, l'apaisa et le pria de lui faire le don de l'image de son ciel à lui, puis ne tarit pas d'éloges sur le joli bleu profond du ciel que l'ami voyait.

    ***

     

    Textes : Lenaïg

    Photos : Ours Castor

     

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  • .marmottes espiègles edited - Carte de Margoton

     

     

    En Vallée de Clarée grimpant un peu partout Dame Randonneuse

    Avait, en ce jour-là, pour être plus agile,

    Remplacé sac à dos par « banane » légère,

    Contenant des biscuits, ses papiers et ses sous.

    Par la vue qui s’offrait tout à coup inspirée,

    Elle sortit de sa poche son Nikon préféré

    Et posa à ses pieds, en la sentant peser,

    La banane contenant les biscuits du goûter.

    Clic vers le col, clic vers le pic,

    Zoom sur la cascade, zoom sur le glacier…

    Fort absorbée par la technique

    Elle ouït tout soudain un bruissement léger

    Et vit, se retournant, sa banane filer…

     

    Car Dame Marmotte, par l’odeur alléchée,

    Hardiment s’est jetée sur la proie convoitée

    Et l’emporte en son gîte, pressée de déguster

    Ce festin imprévu, qui sera apprécié

    Par ses petits, ravis de l’opportunité.

    Dame Randonneuse s’élança à sa suite,

    Essayant follement d’attraper dans sa fuite

    Dame Marmotte et son précieux butin –

    Tenta plaquage au sol mais en vain,

    Et vit disparaître son bien à tout jamais,

    Entraîné par le sort tout au fond du terrier.

     

    Adieu banane, biscuits,

    Permis de conduire et carte bleue,

    Carte d’identité, espèces trébuchantes…… (*)

    Honteuse et confuse, reniflant ses larmes,

    Dans le vaste giron de Monsieur le Gendarme

    Elle s’en fut conter ce fâcheux contretemps

    Et déclarer le vol des précieux documents.

    Plainte fut déposée contre Dame Marmotte.

    La plaignante l’assigna devant le parlement :

    Elle vit que son affaire allait fort tristement - HAN !

    (Non : ceci est une autre fable : j’en radote.)

     

    Mais ne ballottant pas de la cervelle,

    Je vous jure que cette nouvelle

    Est la pure vérité.

    MORALITE

    Contemplez les hauteurs, mais surveillez vos pieds. (*)

     

     

    – Je regrette infiniment de n’avoir point réussi à faire rimer ces lignes. Mais mon amie Danielle, professeur de français, m’a rassurée en m’affirmant que Jean de La Fontaine n’y serait pas arrivé non plus…

     

    Margoton

     

    Image :

    Document fourni par Margoton.

     


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  • Velib

     

    Extrait du journal intime d'Adèle Chémen (18 ans).

     

    C'est guedin ! Déjà, j'ai dégoté un job de vacances : je fais le ménage chez … je n'en reviens toujours pas : Lee McHaeden. Ouiii, trop cool, le scénariste écossais, qui commence à cartonner !

     

    J'ignorais que son épouse est française et que Lee vient souvent séjourner dans l'appartement de sa femme à Paris. La boîte à lettres est au nom de celle-ci. Je suis tenue au secret. Depuis que j'ai commencé mes heures chez eux, je n'ai rencontré que Madame, qui officie dans la cuisine et me fais parfois goûter ses gâteaux ou ses entrées. Dans le bureau de Monsieur, je dois passer l'aspirateur. Il m'est interdit de toucher à son bureau, d'y déplacer le moindre objet ou document. Mais on m'a demandé de vider tous les jours sa corbeille à papiers. Comme il dispose d'une broyeuse, j'imagine qu'il fait disparaître ce qu'il ne veut pas voir piraté et n'attache aucune importance à ce qu'il jette dans sa corbeille.

     

    Hier matin, sous un amoncellement d'emballages de barres énergétiques, de mouchoirs et boulettes de papier, deux ou trois canettes de bière et de soda, voilà que je découvre, repassée au-dessus dans mon sac poubelle encore ouvert, une feuille à peine froissée, même pas salie, détachée d'un bloc, couverte de lignes manuscrites, en anglais, agrémentée de dessins plus ou moins abstraits, de ceux qu'on réalise machinalement, quand on est au téléphone, par exemple. Mon employeur a l'air de beaucoup se servir de son ordinateur … A-t-il rédigé ces deux paragraphes dans le bus ou le métro, dans un square sur un banc ? Mais c'est un trésor que je tiens entre les mains ! Le nom Ladyblue m'a mis la puce à l'oreille ! Il y a un jeu du même nom sur internet et on a annoncé la sortie d'un roman et le prochain tournage d'un film, de coproduction et de distribution internationale, mettant en scène cette héroïne. Ce fut la révélation : j'étais chez Lee McHaeden !

     

    Scarlett O'Hara - Vivian LeighJ'ai dû plier la feuille en deux pour la glisser dans ma poche. Suis-je une voleuse ? Je n'en sais rien mais cela m'a passionnée, hier soir, de traduire les lignes manuscrites et de taper le tout sur mon disque dur. Ouah, quelle découverte excitante ! Je vais bien le croiser un jour, avant la fin du mois et, pour la conduite à tenir, selon l'évolution de la situation, je lui dirai, ou pas. Ou j'en parlerai à sa femme. Aucune idée de la stratégie à appliquer … Je pourrais mettre en avant mes études d'anglais, leur dire que je me suis ainsi entraînée à faire de la traduction, leur demander ce qu'ils en pensent et, si j'ai de la chance, le papier sera dédicacé …

     

    Fin de l'extrait du journal.

    ***

     

    Traduction des lignes manuscrites de Lee McHaeden par Adèle Chémen.

     

    236704-toujours-dejantee-lady-gaga-637x0-4La liberté, c'est de se retrouver, ni vu ni su (mises à part quelques complicités), à Paris, au mois d'août, quand on vous croit parti aussi et qu'on vous envoie des cartes postales et des bisous, d'un peu partout ! Comme une fugue à l'envers ! Moins d'embouteillages ou de pagaille dans les rues, c'est le moment de se risquer à pédaler sur un Vélib', à jouer le patineur sur trottinette en chassant de son ventre le trac de celui qui n'a pas pratiqué depuis des années.

     

    Saperlipopette, pas de quoi mourir d'ennui, bien au contraire ! Savourer cette source de petits plaisirs sans avoir à se méfier des entourloupes et intrigues de la rentrée de septembre. L'après-midi, après la sieste, au frais derrière ses volets, se mettre à son pupitre, transformant l'idée en plan de roman selon le gré du moment, ou lâcher la bride à l'inspiration ; poursuivre alors sans effort les chapitres de la vie étrange et mouvementée de Ladyblue, l'héroïne pour grands enfants, une Scarlett O'Hara devenue Lady Gaga !

    ***

     

    Lenaïg, pour le jeu du mardi de L'Esprit de la lettre, sur facebook.

    Les mots imposés sont en gras (uniquement dans la deuxième partie de texte).

     


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