-
Ce matin, je pense au sculpteur sénégalais Ousmane Sow, vieux monsieur sympathique et fascinant, un citoyen du monde (un titre que je ne dois pas être seule à lui décerner ; pour moi, ce titre est magnifique, auréolé d'une merveilleuse humanité, d'une incontestable universalité ; bon, j'arrête les grands mots, pas question de faire dans le pompeux).
Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai eu l'occasion et la chance de l'écouter à la radio.
Je ne vais pas essayer de citer ici chiffres et faits précis, car je vais laisser les lecteurs éventuels aller voir par eux-mêmes le site officiel d'Ousmane Sow, dont j'ajouterai l'adresse au bas de mon billet). Je laisse courir mon crayon sur ma feuille à côté de ma tasse de café matinale, comme cela vient. Il y a une anecdote que j'ai donc entendue et qui m'a beaucoup plue. A chaque fois que je l'évoque, je suis partagée entre l'admiration et le rire ; oh, un rire très sain ! Lui-même en parle avec humour, tout comme de ses démêlées avec les autorités sénégalaises à propos de ses oeuvres par la suite, de quoi rire après coup là aussi.
La passion de la sculpture l'habite depuis l'enfance et, au fur et à mesure que le temps passait, il s'est mis à sculpter des oeuvres de plus en plus grandes, concentré uniquement sur son art. Jeune adulte, Monsieur Sow n'avait pas encore fait le tour du monde et, un jour, un ami en visite chez lui dans sa maison africaine, lui fit prendre conscience d'un problème auquel il n'avait pas songé : "Mais si tu veux exposer tes statues, si on te les demande pour des expositions dans des musées, regarde ! tu ne pourras pas les sortir de chez toi, elles ne passeront pas par la porte !" Ousmane fut donc confronté à ce détail d'importance ! Les grandes statues de ses débuts ont pourtant passé le seuil de sa demeure, mais il a fallu les démanteler, pour les reconstituer ! Depuis, Ousmane a son atelier et sculte aussi bien dehors que dedans ...
Ces statues-là, je ne les ai pas vues en vrai. Mais j'ai fait la connaissance de l'oeuvre de l'artiste à l'Abbaye de Daoulas, dans le Finistère, pendant mes vacances d'été (2000). Ma mère et moi avons fait d'une pierre deux coups ce jour-là : dans le musée, nous nous sommes plongées dans l'univers artistique des Amérindiens du Nord, avant, pendant et après la colonisation et la naissance des Etats-Unis ; un monde animiste et riche, emprunt d'humour, de légendes n'ayant rien à envier aux fables de La Fontaine (pour ne citer que lui). Il faudra que je cogite sur la cosmogonie amérindienne un autre jour, ainsi que sur les arts inuit et aborigène que j'ai découverts cet été et que je concocte un billet aussi à ce sujet.
Mais dans le parc de l'Abbaye, d'abord, nous avons reçu le choc de la rencontre avec les héros, les combattants et les victimes de la Bataille de Little Big Horn, grâce aux vivantes statues d'Ousmane Sow : un combat sans merci se livrait dans le parc ! Les chevaux aussi étaient au coeur de la sanglante action. J'aurais voulu illustrer mon petit texte des cartes postales que j'avais soigneusement choisies ; ce sera pour plus tard, car je ne les ai pas à Paris. Des femmes étaient présentes aussi sur la scène reconstituée : une états-unienne éplorée et, surtout, une indienne en tresses, déterminée, guerrière, elle aussi. Les deux figures dominantes (non pas par leur taille ou leur spéciale mise en valeur, mais par la place qu'elles ont conservées dans l'histoire) était le Sioux Sitting Bull et son adversaire le général Custer.
Custer perdit la vie dans la bataille, Sitting Bull survécut. Des déclarations ont été recueillies de part et d'autre et on sent des deux côtés une sorte de respect mutuel pour la valeur et le courage montrés. Les Etats-uniens se vengèrent plus tard à Wounded Knee.
Des matières que l'artiste utilise, je ne saurai parler. Je me rappelle également qu'écolier, il avait créé une si belle figurine en granit que l'instituteur l'avait exposée en bonne place. Ousmane Sow a ses secrets de fabrication et, notamment, une matière spéciale de sa composition qu'il conserve depuis des décennies dans son atelier.
Je vais donner le lien vers le site de l'artiste et simplement terminer en indiquant que Monsieur Sow continue ses oeuvres de grand format : il s'est attelé aux statues de Nelson Mandela et du Général de Gaulle et il envisage, ensuite, de se pencher sur les hommes préhistoriques.
Pour situer la bataille de Little Big Horn, je reporte plus bas des extraits des informations données par Wikipedia.
Quelques rappels, peut-être :
- Déclaration d'indépendance des Etats-unis : 4 juillet 1776.
- Guerre de Sécession (guerre civile, où les Etats du sud esclavagistes furent vaincus) : 1861-1865.
- Bataille de Little Big Horn : 25 juin 1876 (farouche opposition des tribus sioux, cheyennes et autres à l'invasion et la prise de leurs territoires).
Le site officiel d'Ousmane Sow : www.ousmanesow.com
Lenaïg
***
Illustrations : références dans l'album Fantaisies 2, Little Big Horn.
On peut voir un combattant amérindien à cheval, Sitting Bull faisant une prière.
L'Abbaye de Daoulas vue du ciel et le cloître.
***
Informations Wikipedia :
George Armstrong Custer conduit une expédition d’exploration dans les terres sacrées des Black Hills (Montana /Dakota ), dans la réserve des Sioux Lakotas et y découvre des gisements aurifères . Les autorités tentent d’abord d’endiguer la vague des chercheurs d’or, avant de chercher à acheter les Black Hills aux Sioux. En septembre 1875,
En 1874,
les négociations avec les Sioux échouent. En novembre, le général Terry lance un ultimatum au 31 décembre pour les chasser de leur territoire, par la force si nécessaire. Au printemps 1876, plusieurs colonnes convergent vers les Indiens
.
Se prépare donc l'attaque d'un camp d'Indiens Sioux et Cheyennes d'environ 6000 personnes (dont 1500 guerriers).Sitting Bull et Crazy Horse.
La bataille de Little Big Horn (ou Little Bighorn, surnommée en anglais Custer's Last Stand : « l'ultime résistance de Custer ») s'est déroulée le 25 juin 1876 à proximité de la rivière Little Bighorn (affluent du Bighorn, un affluent du Yellowstone), dans le Montana. Elle oppose les 647 hommes du 7e régiment de cavalerie de l'US Army du lieutenant-colonel George A. Custer à une coalition de Cheyennes et de Sioux rassemblés sous l'influence de Sitting Bull. Le commandement des attaques au 25 juin est confié et mené par Crazy Horse, le chef Sioux Gall et le chef cheyenne Lame White Man.
Le dernier carré de cavaliers américains succombe à 18h20 après des combats acharnés (cet épisode deviendra légendaire sous le nom de « Dernière résistance de Custer », Custer's Last Stand).
Little Big Horn - Capitaine Keoch, seul survivant, et son cheval.
7 commentaires -
Bigornelle
Jouvencelle
Aux yeux de miel
Peau caramel !
Belle Bigornelle
Je t’appelle
Je te hèle
Te harcèle !
Sans cervelle
Répond-elle
Eternel
Polichinelle !
Bigornelle
Tes prunelles
Tes mamelles
M’ensorcèlent
La jouvencelle
Bigornelle
Prit son scalpel
Et en fit des
RONDELLES !
N’ayez crainte, ni irrationnelle, ni sadique ne suis : Bigornelle est une belle cuisinière et le polisson un sot cisson !
Mona
14 commentaires -
Plages désertées,
Par les baigneurs et l'été,
Les jours raccourcissent.
Le temps file à toute allure.
Moment de mélancolie.
Arrive septembre,
Les écoles ont rouvert,
Le temps est plus frais.
Quelque chose dans la ville
Me rend pourtant le coeur gai.
Des enfants qui rient,
Rentrant, la classe finie.
Les feuilles jaunissent
Mais la lumière est dorée.
Je sens comme une harmonie.
Dans l'agitation du soir
Voilà que monte l'espoir.
Lenaïg
9 commentaires -
On se le raconte sous les coquilles,
De pères en fils, de mères en filles,
L'impossible amour, néanmoins très beau,
D'une bigornelle et d'un escargot.
Bigornelle d'eau, escargot de terre.
C'est un escargot qui aimait la mer.
Il savait que l'eau lui serait fatale,
Mais la voir était un besoin vital.
Rocher découvert, à basse marée,
Propice moment pour se rencontrer.
Petit escargot tomba nez à nez
Avec Bigornelle toute étonnée.
Tentaculaire échange de regards,
Tactile, frémissant, ondulatoire.
Coup de foudre et vie bouleversée,
Ils ne se quittèrent plus en pensée.
Plaisir infini de se retrouver,
Dépendant du gré lent de la marée !
Ils se donnaient petits baisers baveux,
D'être ensemble les rendait très heureux.
Pas de ponte, pas d'oeufs, pas de naissance,
Toujours unis mais pas de descendance.
Maintenant passés de vie à trépas,
Devenus légende, nul n'oublia.
Lenaïg,
pour le jeu de ff, du balisier des couleurs, créatrice de la communauté L'Arbre à mots.
www.balisier-de-couleurs.over-blog.com
9 commentaires -
Perceval JANVIER
Tour Pierre-Bérégovoy
16e étage
36 Rue Jean Jaurès
75000 PARIS
Madame Josette JANVIER
8 Rue Claude Chabrol
23000 GUERET
Le 20 septembre 2010
Ma Chère Mamie,
Cette lettre est un secret, qui ne sera connu que de toi, moi et le monsieur qui est en train d'écrire en ce moment ce que je lui dicte. Après, il va taper ma lettre sur son ordinateur et nous la glisserons dans une enveloppe qui est déjà prête. J'ai moi-même écrit ton nom et ton adresse d'après le modèle du monsieur et c'est moi qui paie le timbre que j'ai collé dessus.
Comme la belle carte que Papa, Maman, Yseult et moi nous t'avons envoyée pour ton anniversaire est sûrement arrivée, tu vas te demander pourquoi tu reçois maintenant une lettre de ma part. Ne t'inquiète pas, il ne s'est rien passé de grave. C'est juste que je penses à toi très fort depuis que je suis revenu de vacances et que tu me manques. Par le téléphone, tu as eu les détails de notre rentrée scolaire, à Yseult et à moi. Tu sais qu'Yseult pleurait tous les matins au début parce qu'elle ne voulait pas aller à l'école, mais elle s'est fait des copines et, pour elle, tout baigne, maintenant !
En ce qui me concerne, le maître ne m'a pas spécialement à la bonne parce qu'il trouve que je suis trop bavard. Il faut que j'apprenne à tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de l'ouvrir, comme m'a dit en riant le monsieur qui écrit. Mais le monsieur rajoute à l'instant que, quand je l'ouvre, ce n'est pas pour ne rien dire !
Yseult et moi nous sommes à la Maison d'accueil de la Tour, dont Papa et Maman t'ont parlé. A 19 h 30, Maman viendra nous prendre et on montera à l'appartement. Yseult, qui n'a pas de leçons ni de devoirs est occupée à l'atelier de pliage et découpage. Moi, j'ai fini ma page d'écriture et mes deux additions et j'avoue que j'ai voulu voir si je pourrais sortir tout seul dans la rue et m'y balader un peu. Peine perdue ! Cela, c'est le monsieur qui le dit et l'écrit : hé oui, son bureau est juste à l'entrée. Ce soir il y était tout seul et il avait laissé la porte ouverte, exprès pour vérifier que les p'tits gars comme moi ne feraient pas de bêtises !
J'étais embêté de m'être fait prendre et je lui ai expliqué que je commençais à m'ennuyer ; je lui ai posé plein de questions sur ce qu'il faisait là, lui ! Alors voilà : M. Philippe Autèse est écrivain public. Comme il m'indique que tu es au courant de ce que cela veut dire, il propose de mettre simplement que, lorsque je lui ai dit "Chiche que tu écris une lettre pour moi !", il a accepté avec joie. Cela le change des problèmes parfois complexes dont il doit s'occuper pour des gens qui maîtrisent mal le français ou qui ne savent ni lire ni écrire, mais il est tout aussi fier de la mission que je lui ai confiée : c'est très important d'écrire à sa grand-mère.
Tu ne parles pas à Papa ni Maman de ma tentative de fugue, Mamie, s'il te plaît. Je crois que M. Autèse est en train de devenir un ami et parler avec lui me fait du bien. Comme les médecins, il est lié par le secret professionnel et il ne raconte à personne d'autre ce qui se dit dans son bureau. Il faut qu'il discute avec ses clients avant de pouvoir leur écrire leurs lettres. C'est ce que nous avons fait. Je me sens plus léger parce que j'ai pu faire le point avec lui. Oui, sentir Papa stressé tous les soirs, rentrant quelquefois à peine à temps pour venir nous dire bonsoir quand nous sommes couchés et s'énervant ensuite auprès de Maman à propos de son boulot, ça commençait à me peser et j'avais pris l'habitude de tendre l'oreille pour essayer de savoir ce qui se passait.
M. Autèse m'a rassuré. Il faut faire la part des choses : je suis trop petit pour comprendre les soucis de Papa et je n'ai pas besoin de rester éveillé pour écouter le soir, en luttant contre le sommeil. J'aurai bien assez de mes propres soucis, quand ils arriveront et je devrai être en forme pour leur faire face. En attendant, je profite de ce que tout va bien et, pour Papa, je dois surtout me rappeler qu'il nous emmène tous les samedis matins à la piscine et qu'on s'y paie de bonnes tranches de rigolade, Papa compris !
Tu sais tout, Mamie, maintenant, comme M. Autèse, et moi je me sens plus calme.
Porte-toi bien, Mamie Josette et attends-nous pour la Toussaint.
Gros bisous
***
Lenaïg,
pour le défi de cette semaine proposé par Eglantine-Lilas (mere-grand.over-blog.com) : faire écrire une belle lettre par un écrivain public.
Illustration : le bonhomme aux cheveux en herbe, www.jeveuxca.com
15 commentaires