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Si ma lampe s’éteignait,
Panne, nuit et je hurlais,
Pendant ma petite enfance.
Bougie et maman, d’urgence !
Dans mon lit, avant sept ans,
Du noir, c’était effrayant.
Si c’était dans la soirée,
Lampe à pétrole et fumée !
Panne d’électricité
Autrefois nous rapprochait.
Papa ressortait la lampe,
Celle à la mèche qui trempe !
On restait alors groupé.
On dînait et on jouait,
Les quatre autour de la table,
Un souvenir mémorable.
***
Ouf, rattrapé mon erreur
Pour le défi des Croqueurs !
J’étais sur mauvaise allée,
Sur une tout autre idée …
Ma chère Pascalinette, link
En craquant une allumette,
Revenant voir le sujet,
J’ai vu, j’avais dérivé !
Mon écran étant très lent,
Dans mon weekend hors du temps,
Sur mon cahier, à écrire,
J’ai conçu un beau délire !
A tâton, j’ai cogité.
Et pour pouvoir tout relier,
Pour prétexte je vais dire :
Une absence ne peut luire.
Papa, enfants aveuglés,
Pris par leurs activités,
Maman, du noir dans la tête,
Prend la poudre d’escampette …
Pour demain, ces personnages,
J’ai ainsi prête une page !
Jusque-là, lecteurs plongés,
Au fond, dans l’obscurité !
***
Lenaïg
Photos prises hier dans notre maison familiale :
lampe à pétrole de notre grand-mère paternelle,
lampe à pétrole de papa et maman et bougeoir fait par mon frère.
En fond sonore, si on veut : "Tu m'allumais, avec une allumette ... Et tu m'as fait perdre la tête" !
Quand on craque une allumette, c'est qu'on est dans le noir ! Hi hi, cette chanson passait à la radio sur le gros poste de Papa du temps où nous étions enfants et elle nous amusait beaucoup ...
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Me voici jusqu'à demain sous mon ciel finistérien, qui n'offre pas aujourd'hui sa belle gamme de gris mais un bleu radieux et plein de nuages blancs alertes qui se déploient et s'effilochent comme du coton au gré du petit vent présent. La sécheresse dramatiquement menaçante n'est pas encore apparente, les arbres ont toutes leurs feuilles, les pelouses éclaboussent du vert, contrairement à nos jardins parisiens dont la terre est archisèche.
Pourquoi n'ai-je envie de nager que dans des futilités, la beauté des paysages, celle de ma ville natale qui reprend peu à peu forme ... humaine, selon l'évolution des travaux du futur tramway (on n'a même pas été fichu de lui donner un nom français, soit dit en passant), ou ceux des changements de tuyaux et câbles souterrains divers ? Pourquoi n'ai-je pas eu envie d'ajouter mon grain de sel à l'arrestation de Ben Laden, au tremblement de terre en Espagne, cette fois pourtant bien plus proche de nous que celui du Japon ? Ne me sens-je pas concernée ? Oh si, concernée, mais complètement dépassée.
Mon grain de sel ? Ah ah, c'est que le sel, comme le sucre, ne me sont plus accordés qu'en quantité très limitée ! Mais ce n'est point là ce qui m'arrête, plutôt de la lassitude et un sentiment d'impuissance ou de dégoût. Oups, j'ai osé employer le mot "dégoût", y aura-t-il quelqu'un pour se sentir concerné et croire qu'il s'agit de dégoût envers sa personne ? Peut-être la conclusion l'éclairera-t-il, alors, si j'arrive jusqu'au bout de mon deuxième essai de frappe, une interruption soudaine de ma connexion m'ayant fait tout perdre une première fois.
Ben Laden ? C'est bien étonnant qu'on ne l'ait trouvé que dix ans après les attentats du 11 septembre à New York. C'est également incompréhensible qu'il ait vécu cinq ans dans une vaste propriété protégée comme un bunker sans que les voisins se demandent qui pouvait bien habiter cette étrange demeure. Je reste mal à l'aise de savoir que l'ennemi n° 1 du monde dit "chrétien" ait été abattu d'une balle dans la tête alors qu'il n'était pas armé. En tout cas, on pouvait s'y attendre, à ce traitement expéditif et radical, après ce qu'il avait infligé aux civils américains sur leur territoire. Pas de loi qui tienne dans une ... guerre, voilà l'optique je suppose, ou alors, comme on l'a souvent dit, la loi du western : Wanted, dead or alive !
Chez ces hommes charismatiques, comme Ben Laden ou Muhamar Khadafi -oh, qu'on ne pousse pas les hauts cris, bien sûr ça dépend pour qui et pas pour moi, ça va de soi, sinon je le précise-, quel dommage que leur potentiel ait été détourné ! Khadafi, révolutionnaire peut-être sincère à ses débuts, qui avait promis de faire le bonheur de son peuple, s'est perdu dans des rêves de puissance et de gloire, a investi l'argent de ses contribuables dans l'acquisition d'un époustouflant armement, favorisant son clan, oublieux des besoins réels et grandissants de l'ensemble des Lybiens : emplois et pouvoir d'achat (ceci est aussi valable pour la France, sur un plan moins urgent, quoique, cela dépend pour qui).
Ben Laden, fourvoyé dans sa haine des "croisés" ! Les croisés ! Pensez donc ! Bien des gens dans le monde occidental, surtout maintenant qu'on néglige de plus en plus l'histoire dans les programmes scolaires, n'ont pas la moindre idée de qui étaient ces croisés ! D'ailleurs, les protestants n'en ont jamais fait partie ! Huit siècles que cette lamentable histoire de croisades est terminée ! Jésus Christ, lui-même prophète dans l'Islam, s'il avait pu donner de la voix sur le sujet, en apôtre de la non violence qu'il était, s'y serait farouchement opposé, tout comme il piqua une grosse colère contre les marchands dans le temple. Comment je le sais ? Je n'en sais rien mais je m'en fais une idée, il suffit de lire les Evangiles pour saisir clairement les points de vue christiques sur à peu près tout (mais pas tout). Même les chrétiens entre eux se sont déchirés, torturés, entretués, sous l'Inquisition et au moment des guerres de religion entre catholiques et protestants. Dans les années 1500, les rivières rougirent du sang des protestants jetés dedans.
Et en cette fin de XXe siècle et ce début de XXIe, voici un Ben Laden et un mouvement Al Qaida qui proclament une volonté d'élimination de tout ce qui n'est pas musulman. Une mère de famille pakistanaise chrétienne est actuellement emprisonnée et menacée de pendaison pour s'être vexée du fait que ses compagnes musulmanes de travail aux champs, ait refusé de boire dans le même verre qu'elle. Je simplifie mais, en dehors du fait que : non ! ce n'est pas hygiénique, ce qu'elle a pu ressentir, c'est la négation de sa personne à elle, venant de femmes avec qui elle pensait jusque-là partager une certaine entente et une certaine solidarité. C'est l'émission Envoyé spécial qui m'a fait connaître cette histoire vraie, qui a dégénéré au point que la dame pakistanaise est maintenant accusée -à tort ou à raison- d'avoir blasphémé, ce qui est passible de la peine de mort au Pakistan.
Qu'est-ce qu'il peut bien y avoir, entre autres, derrière tout ça, vais-je simplement me demander dans ma petite tête, pour terminer ce billet d'humeur sérieuse. Une quête d'identité, qui commence par l'appartenance à un clan, une tribu, un groupe religieux, un parti politique et qui prend ses marques en rejetant l'Autre (avec un grand a), en le tuant s'il n'est pas ... conforme ? En France, dans les banlieues et les cités, on apprend qu'un jeune homme ou une jeune fille ne doit pas prendre un(e) petit(e) ami(e) d'une autre localité, sous peine de mettre en danger la vie de cette personne, ou la sienne, ou les deux. Les bandes s'affrontent, comme dans West Side Story !
Cette quête d'identité ferait donc perdre toute liberté individuelle ? On n'a déjà plus le droit de dire ce qu'on pense, encore moins de l'écrire, même en France et on risque vite de se voir traîner en justice par ceux qui pensent le contraire et se sentent tout de suite mis en cause. Alors, quoi ? Rester muette pour garder ma tranquillité à moi ? M'exprimer ... par la peinture ? Et si j'essayais cet été, pour en avoir le coeur net : ne suis-je vraiment pas douée, ou suis-je capable de fixer des émotions ou des sentiments par des pinceaux et les transmettre ?
Et rester intéressée par l'Autre, curieuse de découvrir d'autres approches que les miennes sur la ou les réalité(s), cependant très méfiante quand j'ai affaire à un Autre, non pas quand il croit détenir la vérité sur la vie et la mort, mais quand il pense sa vérité unique et qu'il veut l'imposer ou en exclure une partie de l'humanité.
Lenaïg
Illustration :
Vache pas ... normale !
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Chambres à l'ancienne
Armoire et lit assortis
Chez les grands-parents.
Chêne ou merisier,
Discret parfum d'encaustique
Autrefois, l'été.
Les grands lits pour deux,
L'enfant en prend possession.
Ce sont les vacances.
Sur le bois marron,
Fleurs, volutes stylisées,
Relief familier.
Et dans ce décor,
Le clocher gardien des heures
Vient en fond sonore.
Devant le miroir,
L'enfant en pied peut se voir,
S'amuse et grimace
Et la grosse armoire à glace
S'y prête de bonne grâce.
Lenaïg,
pour le Coucou du haïku,
de Mamylilou link et Alice link
Illustrations :
- Photo Mobilier de Mamylilou et Alice
- Lit ancien en merisier (voir à Mobilier dans album Fantaisies 4)
- Armoire à glace en chêne (idem)
- Clocher de mon enfance (album Petites histoires en photos)
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Chanson des regards
N'avons-nous pas croisé quelquefois des regards
Qui viennent nous happer, cela sans crier gare ?
Entre deux inconnus, quelque chose démarre,
Une complicité, simple fruit du hasard ?
Phénomène très bref quand on doit sans retard,
Dans un aéroport ou bien dans une gare,
Attraper avion, TGV, tortillard.
Reste le souvenir d'un bel appel de phares !
Cet inconnu croisé, on ne saura jamais
Pourquoi il nous plaisait, ni ce qu'il pouvait être.
On gardera secret juste un petit regret
De n'avoir pu ouvrir en grand cette fenêtre.
Si notre coeur est pris, nos yeux cessent d'errer
Et alors on n'a d'yeux que pour celui qu'on aime.
On est aveugle au fond, on est tout concentré
A manger du regard rien que celui-là même !
***
Haïku des regards
Regards tout glacés
Qu'on pourrait dire d'acier
Juste à ignorer.
Regards pétillants
Dans les yeux des étincelles
Bonheur partagé.
Malaise dans l'air
Regards en coin qui s'épient
Mais sans se croiser.
Des regards complices
Qui se parlent en secret
Surprise à la clé.
Un beau regard myope
Peut avoir un charme fou
Mais lui voit tout flou.
Lunettes prescrites
Par-dessus ou par-dessous
Regards de presbytes.
Peur et fixité
L'animal est aux aguets
Ne pas s'approcher.
Un matou en chasse
Yeux qui brillent dans la nuit
Souris, aux abris !
L'amour dans les yeux,
Le bon regard de son chien
Cela fait du bien.
***
Lenaïg
pour le jeudi en poésie de Tricôtine link
Illustrations :
Trompe-l'oeil www.fleuruseditions.com
Jeune fille aux fleurs, extrait, de Pierrot Le Renardeau
Diverses (sources indiquées dans les albums).
Pour finir : le fameux regard du loup de Tex Avery
et en illustration sonore, le beau poème d'Antoine Pol superbement interprété par Georges Brassens.
Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamaisA celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanouiA la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa mainA celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérantChères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du cheminMais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revusAlors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir.
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L’air frais de la fin du jour commençait à se faire sentir. Il était seize heures trente. Du haut de sa terrasse, Thérèse resserra son grand châle de laine autour de ses épaules et lança à son vieux complice plutôt bougon qui s’activait avec frénésie dans le jardin en déracinant une légion de pissenlits détestables sur sa pelouse : « Blaise ! C’est l’heure du souper. Il manque de lait pour faire ma quiche et des croquettes pour Punaise. La pauvre bête n’a pas mangé depuis deux jours. Il faudrait que tu ailles chez Maxi-Trapèze et n’oublie pas la mayonnaise !
- De la mayonnaise ! Tu sais que j’y suis allergique. Je préfère la sauce hollandaise. Des croquettes pour Punaise ! Quoi encore ? Punaise est assez baquaise ou balèze, elle peut attendre encore deux jours. Le carême lui serait de bon secours. J’ai un malaise juste à y penser. Laisse-moi tranquille avec tes commissions qui me pèsent sur les épaules. T’as vu ces pissenlits …
Sur ces mots, apparaît au bord de la falaise, Agnès, la sœur de Blaise, coiffée d’un vieux chapeau chargé de fausses fraises. Obèse, elle s’amène péniblement en affichant une mauvaise mine. Deux yeux de braise enflamment soudainement l’air frais de la fin du jour. Punaise l’ayant flairée, aboie à fendre l’âme. Thérèse voudrait fondre sur place ou dans une fournaise ou encore mieux, disparaître comme une Cendrillon plutôt que d’imaginer devoir partager sa quiche avec cette niaise, cette Agnès.
- Blaise ! Voilà ta sœur Agnès. Occupe-toi des pissenlits ! Je dois me rendre chez le Père-Lachaise. Mes parenthèses ont besoin de mes fadaises et de Punaise. N’importe quoi, mais pas Agnès !
Marie Louve
Illustrations :
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Femmes en chapeau, Henri Matisse
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Chapeaux rigolos
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