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Par lenaig boudig le 14 Juin 2014 à 00:05
Qui a entendu parler de : the Beast, la Bête ? Cet énorme astéroïde qui à l'échelle du système solaire a frôlé la Terre le 8 juin dernier. Bon, si je me souviens bien, c'était quand même à une distance de trois fois la distance de la Terre à la Lune, mais quand même !
Une photo de la Bête vient d'être postée par la Nasa. Je l'ai cueillie ici :
http://thespacereporter.com/2014/06/nasa-teams-with-slooh-in-anticipation-of-near-earth-beast-asteroid/Bon, il est parti, nous n'avons rien senti passer ... Mais ce soir, c'est la pleine lune, de plus nous étions un vendredi 13. Et Rahar commence une histoire intitulée Le loup et l'anneau, à suivre, c'est :
Lenaïg
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Par lenaig boudig le 9 Juin 2014 à 18:12
http://nuage1962.wordpress.com/2012/07/13/formules-mathmatiques/
Je crois que ma vie est gâchée. Je suis à la tête du département de physique des particules, et on aurait pu dire que j’ai une situation des plus enviables, d’autant plus que je suis préssentie pour le Nobel. Je vais suivre la lignée des Mary Archer, des Herta Ayrton, des Marie Curie et des Ann Nelson. Mais la réussite professionnelle n’est pas tout.
Subal n’est pas un mauvais mari, mais il n’est pas facile de vivre avec un simple épicier qui ne comprend rien de la mécanique quantique ; il n’y a aucun échange intellectuel valable. En un mot, Subal est bien terne. J’aurais dû accepter la demande d’Adul, il y a vingt-cinq ans ; il avait une réputation de coureur de jupon, mais je suis persuadée que j’aurais pu le tenir en laisse. Il est devenu médecin, je crois.
Ma fille Dorothée m’a déçue. J’avais espéré qu’elle suivrait mes pas et serait devenue une brillante physicienne, ou à la rigueur une architecte. Mais elle a préféré se tourner vers la musique, même pas classique, encouragée par son père. Je n’ai jamais assisté à un de ses concert de R&B — je crois qu’elle m’en a voulu à mort —, et ce n’est qu’incidemment que j’ai su qu’elle a sorti son troisième album. J’ai aussi entendu dire qu’elle se drogue.
Anil quant à lui, n’a pas la bosse des maths, ni même le sens commercial. Il s’est mis en tête de devenir styliste dans un créneau plutôt déjà encombré. Autant dire qu’il va devenir un raté. Encore heureux qu’il ne soit pas homo, ou pire, transsexuel. Comme le disent ses copains, c’est le der, Anil.
Même si j’avais voulu tenter quelque aventure, les hommes ne dépassent jamais le premier rendez-vous, dès qu’ils savent qui je suis et quel est mon rang. Ils prétendent que je suis trop froide, hautaine et supposent alors que je suis frigide, ce qui est naturellement faux, je suis passionnée dans l’intimité.
Une idée a alors trotté dans ma tête, au point de devenir une obsession. Il y a un an, j’ai assisté à une conférence du professeur Espaa Seutan, prix Nobel de physique, portant sur la régression temporelle des particules bombardées au laser. Ainsi, le voyage dans le temps n’est qu’une question d’échelle… et de moyens, bien entendu.
J’ai alors élaboré un projet secret que j’ai dissimulé dans le programme de recherche officiel. Je dispose donc des moyens colossaux de l’institut, avec son accélérateur de particules dernier cri. Mes collaborateurs, qui comprennent surtout des doctorants, ne connaissent que des portions de mon projet et n’ont aucune idée de la finalité de mes travaux.
J’ai synthétisé seule les résultats de chacun pour construire mon appareil. J’ai amené en douce une souris blanche pour le test. Je l’ai mise dans la cabine de transfert, et je l’ai envoyée vingt-cinq ans dans le passé. Elle a disparue. Il y a de très fortes chances que ça ait marché. Le site actuel était une lande de bruyères, en ce temps-là. Il ne me sera pas difficile de retrouver la souris.
Je suis décidée à refaire ma vie en faisant les bons choix. Certains physiciens ont émis l’hypothèse qu’un voyage dans le passé créerait une fourche temporelle, car ce qui a été ne peut s’effacer. Je me décide et j’entre dans la cabine.
*
Je me suis mariée avec Adul. Maintenant je suis heureuse, avec un mari charmant et séduisant, aussi intelligent que moi. Alors que ma lune de miel avec Subal s’était déroulée à deux-cents kilomètres — dans une autre ligne temporelle —, Adul et moi sommes allés à Capri. Toutefois, je ne suis pas devenue professeur, j’ai juste obtenu mon doctorat. Par contre, Adul est devenu un chirurgien renommé. L’argent coule à flot, je baigne dans le luxe. Bien entendu, je ne suis qu’un chef de service dans un département de la recherche, mais ça m’est égal.
La rumeur disait vrai, Adul n’est qu’un sale dom Juan. Trois ans plus tard, ses frasques finissent par défrayer les chroniques. Je suis tombée de haut. Ce salaud prétextait des opérations délicates et longues pour me tromper allègrement. Il ne voulait pas non plus avoir d’enfant. J’ai dû demander le divorce… qu’il m’a accordé, goguenard et bon prince. Il m’a humiliée en me jetant à la face qu’il ne voulait pas d’une minable chef de service sans ambition.
Pendant un an, j’ai vécu dans la brume, un brouillard de douleur et de déception. Les choses sont allées à l’encontre de mon rêve. Dieu merci, je n’ai pas sombré dans l’alcoolisme, mais je suis tombée dans la dépression. Je ne vis plus que de mon traitement de chercheuse, mon train de vie s’est détérioré. Souvent, après le travail, j’entre dans un salon de thé pour m’accorder une petite douceur, peut-être pour mettre un peu de rose dans mon cauchemar.
Un jour, un homme s’est approché de moi. En levant les yeux, j’ai vu Subal. Le salon de thé lui appartient. Nous avons parlé… pendant des heures. Je ne suis rentrée qu’à vingt heures. Chaque soir, nous nous retrouvons à une petite table et nous parlons. Subal sait écouter et réconforter. Il ne pige que dalle en physique, mais il est cultivé et drôle… et philosophe. Il m’a poussée à devenir professeur, ne pas brider mon ambition. Six mois plus tard, nous nous sommes mariés. Une fille est née, puis un garçon.
Dorothée est devenue une excellente infirmière très appréciée. Je sais que j’avais voulu qu’elle devienne une physicienne, ou une mathématicienne, compte tenu de ses aptitudes, mais je l’ai finalement soutenue. Subal m’a patiemment expliqué qu’il n’est pas bon d’aller à l’encontre d’une vocation, et l’argent et la renommée n’ont qu’une importance relative. Je goûte la joie d’une relation mère-fille complice.
Anil poursuit ses études d’architecte-paysagiste. Je trouve ses œuvres aussi beaux que les gerbes de particules que j’étudie à l’institut. Il s’est fait la main sur notre jardin. J’ai ainsi pris conscience de la beauté de la nature. À mon étonnement, j’ai trouvé qu’elle m’aide à me déstresser et Subal et moi nous retrouvons souvent le soir dans l’environnement apaisant du jardin.
J’ai été injuste, je n’ai pas vu la profondeur d’esprit de mon mari, j’étais enfermée dans ma tour d’ivoire de scientifique intellectuelle. J’ai considéré mes enfants comme des objets malléables qui devaient se plier à ma volonté. Je ne les ai pas traités en êtres humains doués de volonté propre. Il aura fallu que j'invente une machine à remonter le temps pour en avoir la conscience.
En y pensant, je crois qu’on ne peut pas vraiment modifier l’Histoire : le passé se corrige lui-même en nous proposant les mêmes situations, juste pour voir comment nous nous améliorons. Le bonheur ne dépend finalement que de notre comportement et de notre état d’esprit.
RAHAR
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Par lenaig boudig le 8 Juin 2014 à 00:05
http://www.quizz.biz/quizz-317695.html
Le « ptérodactyle » avait saisi le garde aux épaules, et celui-ci sentait les serres acérées s’enfoncer dans sa chair, malgré la solidité de son gilet. Ryan ne pouvait rien faire, il ne pouvait s’extraire de sa combinaison ; et d’ailleurs, s’il l’avait pu, il serait tombé d’une cinquantaine de mètres, il ne se serait pas simplement brisé les jambes, il se serait écrabouillé tout court. Il lui fallait attendre un moment plus propice pour s’échapper, peut-être au nid de la bête.
Près du sommet de la falaise, le garde eut la surprise de voir l’entrée d’un large tunnel, invisible d’en bas du fait de son retrait. La bête volante s’y était engouffrée jusqu’à un cul-de-sac. Ryan eut alors la surprise de voir le mur du fond coulisser, dévoilant une sorte d’immense hangar au sol ayant l’apparence herbeuse. L’animal le lâcha comme on lâchait une bombe en virant, et s’en retourna, le laissant prendre contact sans délicatesse avec la « prairie » ; c’était vraiment de l’herbe bien verte. Le mur avait repris sa place en coulissant.
Regardant autour de lui, le garde vit des constructions qui lui parurent familières. Il ne put approfondir son sentiment, une voix étrangement modulée s’éleva dans une langue inconnue. Ryan avait son traducteur réglementaire, mais l’appareil cafouilla lamentablement. Le soldat réfléchit un moment ; cette région de l’espace était un peu au-delà de la zone d’influence de la Ligue régulienne, chez laquelle la langue de communication était le régulien. Il régla donc son traducteur en priant qu’on le comprendrait.
« Et maintenant, est-ce que vous me comprenez ? »
Un long silence lui répondit. Il allait ouvrir la bouche, quand une voix curieuse résonna.
« Entrez dans le bâtiment sur votre droite. »
Ryan était passablement curieux, la planète était donc habitée, et par une civilisation plutôt avancée, suffisamment pour que le vaisseau n’eût pu détecter aucune signature énergétique. Mais pourquoi cet accueil hostile ? Le soldat entra dans le cube d’un blanc immaculé, et se retrouva dans une salle claire à la décoration d’un dépouillement raffiné. Il fit face à un mur transparent comme du verre, au-delà duquel il vit une autre pièce encombrée d’appareils sophistiqués et divers. Affalé sur une sorte de grand canapé, une créature le toisait.
Ryan suffoqua de surprise, il était devant un Régulien, un représentant de la race dominante de la Ligue. La créature était peut-être un peu bizarre, par rapport aux individus que le soldat avait vus. Les Réguliens de souche étaient des êtres segmentés, la tête était triangulaire comme celle d’une mante religieuse, le cou était fin mais solide, le thorax était puissant et était relié à l’abdomen par une taille fine ; les six membres étaient trompeusement grêles, mais des muscles d’acier les actionnaient. Leur longévité avoisinait les cinq siècles. L’être qui était devant Ryan avait un thorax légèrement atrophié, et son abdomen était énorme ; c’était peut-être de l’obésité chez eux. Mais il était indéniablement un Régulien. Celui-ci attaqua :
« Où se trouve votre escadre ? »
Ryan eut un moment de flottement. Quelle escadre, bon Dieu !
« Mais nous ne sommes pas venus pour attaquer, nous ne sommes qu’une expédition tout à fait pacifique de prospection.
— Ne mens pas, vous êtes revenus pour envahir la Ligue. »
Il y avait onze-mille ans que la dernière attaque des humains avait été repoussée. L’interrogatoire de quelques prisonniers avait révélé qu’ils se nommaient les Atlantes. À cette époque, leur technologie était équivalente à celle de la Ligue, mais ces envahisseurs avaient pu être boutés dehors du fait de leur infériorité numérique. La Ligue avait alors décidé de mieux surveiller ses frontières. Des postes avancés avaient été installés. Compte tenu de l’étendue de sa sphère d’influence, certaines planètes n’abritaient qu’un seul guetteur dont l’abri était doté d’appareils à la pointe de la technologie. Bien évidemment, la sélection était drastique, l’équilibre psychologique était primordial. La relève se faisait alors tous les siècles.
Le guetteur de cette planète était en place depuis quatre-vingt-quinze ans. Il lui restait cinq ans à tirer. Par discrétion, il ne devait émettre — un message condensé en juste quelques fractions de secondes— qu’en cas de menace avérée. La sentinelle avait vu passer les décennies sans aucun incident. Dans les premiers temps, le Régulien sortait pour effectuer les exercices du parfait soldat : course d’endurance, tir à la cible… Mais au cours des années, l’atmosphère de la planète le déprima et la flemme s’installa, au point qu’il ne sortit plus du poste. Il finit par s’atrophier et devenir obèse. Naguère consciencieux, il s’en remit entièrement aux appareils de surveillance et se complut dans le visionnage des belles vidéos 3D des paysages de sa patrie, ce qui lui prenait la majorité de son temps lucide.
Il était absorbé par la contemplation béate d’un site particulièrement renommé, quand le vaisseau des humains était arrivé. Plongé dans son rêve éveillé, il ne fit pas attention au discret signal d’alerte, et les machines durent donc prendre l’initiative, selon leur programmation. Ils bloquèrent leur émetteur et immobilisèrent leur vaisseau en neutralisant son moteur. Envoyée en éclaireuse, la sorte de libellule envoya des images des intrus. Conditionnés pour détecter les porteurs d’arme, les drones — que les humains prirent pour des frelons — attaquèrent.
Ce ne fut qu’à la fin de sa vidéo que le Régulien sortit de sa béatitude et prit conscience des évènements. Il reprit la main. Avant de rendre compte, il devait effectuer des investigations. Il fit ainsi enlever un intrus pour l’interroger.
Le soldat Ryan comprit alors l’étrange situation. L’Administration avait oublié cette sentinelle. Le cas était très rare, mais pas impossible. Le guetteur n’avait pas de vaisseau à sa disposition, il ne pouvait qu’attendre que l’on se souvînt de lui. Il était vrai qu’il vivait dans un vrai cocon, avec tout le confort voulu, et il pouvait supporter sans peine sa solitude forcée. Il était aussi conditionné à tout sacrifier pour sa patrie.
« Mais arrêtez, quoi ! Vous retardez, votre Ligue et nous avons signé un traité de paix et des accords commerciaux, il y a quinze ans. On a dû certainement oublier de vous mettre au courant.
— Comme c’est plausible ! Tu essaies de m’emberlificoter, nous savons que votre race est arrogante, prétentieuse et surtout belliqueuse.
— Mais c’était il y a plus d’une dizaine de millénaires, et de toute façon, les Atlantes ont été pratiquement anéantis. Si vous ne me croyez pas, passez-moi au détecteur de mensonge, je sais que vous en possédez un.
— Tu oserais risquer ton équilibre mental ? Tu es, soit courageux, soit débile.
— Courageux, peut-être ; débile, je ne crois pas. Je ne crains rien si je dis la vérité, non ?... Non ?
— C’est vrai, mon appareil a été mis à jour il y a trente ans, tu n’auras pas de séquelle… si tu dis la vérité… Assieds-toi. »
C’était incroyable, on avait oublié de le mettre au courant. Et compte tenu du nombre de sentinelles aux frontières, il était fort possible que d’autres guetteurs ignoraient aussi la situation actuelle. Ces humains étaient différents des Atlantes arrogants, ils étaient dynamiques et un peu turbulents bien sûr, mais ils étaient aussi plus sages et pacifiques… du moins ceux qui allaient dans l’espace.
« Je suis confus, je ne savais pas. Je ne me serais jamais douté d’une approche de mon côté ; j’étais peinard, comme vous dites, sur cette planète. Tu comprends que je suis un peu perturbé, je m’étais un peu relâché et m’étais entièrement reposé sur les automates. Évidemment, ils ne réfléchissent pas et suivent aveuglement leur programmation. Je n’ai pu intervenir que trop tard, j’aurais pris les décisions appropriées sans pertes humaines.
— Je mentirais si je disais que je ne vous en veux pas. Toutefois, il faut être rationnel, c’est votre administration qui est la fautive pour avoir négligé la vérification de l’effectif des sentinelles. C’est donc à Régulus que nous demanderons des comptes.
— Tu as raison. J’aurais aussi des comptes à régler : par sa faute, j’ai la mort de créatures pensantes sur la conscience, quand bien même ce seraient les drones qui les ont tuées. »
Les humains poussèrent un grand soupir de soulagement quand ils virent le soldat Ryan revenir sain et sauf. Le commandant accueillit la sentinelle, peut-être pas de bonne grâce, mais avec une courtoisie toute formelle. Le Régulien put accéder à l’émetteur enfin débloqué et on l’entendit fulminer dans le micro contre quelque fonctionnaire de la Ligue. Le commandant consentit volontiers à le prendre comme passager — avec ses cliques et ses claques — à destination de Régulus IV, car l’Administration régulienne devait aussi répondre de sa négligence, présenter ses excuses à l’ambassade terrienne et indemniser les familles des gardes (qui n’étaient même pas tombés sur le champ d’honneur) morts bêtement.
Fin
RAHAR
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Par lenaig boudig le 7 Juin 2014 à 15:26
Photo : Yoann Lombard
http://www.notre-planete.info/photos/photo.php?id=4956&gal=1C’était une planète déserte, du type martien, sauf que le taux d’oxygène était plus élevé. Le vaisseau d’exploration effectua quelques tours en orbite pour récolter les données nécessaires à un éventuel atterrissage. Les six savants qui étaient chargés de l’étude de la planète, étaient agglutinés aux hublots. Les douze soldats d’élite de la Fédération terrienne étaient sagement assis dans l’antichambre du sas ; ils étaient chargés de la protection de l’expédition. On ne savait jamais à quels dangers on pouvait avoir à faire face sur une planète inconnue.
Le vaisseau atterrit au pied d’une falaise montrant des strates multicolores. Le commandant allait transmettre un message de compte-rendu, quand l’émetteur tomba en panne. C’était inconcevable, car une panne était hautement improbable, compte tenu de la technologie du moment. Les savants s’étaient déjà éparpillés, accompagnés de leurs gardes : deux troufions pour un cerveau à pattes.
La planète, encore sans nom, était quasiment aride, ne présentant que quelques zones de végétation rachitique et de rares mares boueuses. Les scientifiques allaient déterminer si on pouvait trouver quelque intérêt minier ou autre. Une biologiste avait été chargée de recenser les formes de vie ; un archéologue devait chercher quelque indice d’une éventuelle civilisation antérieure… Le site avait été choisi d’après les données obtenues en orbite : il y avait une forte probabilité de la présence d’un gisement de métal précieux.
Peu après l’atterrissage de la nef, une sorte de grosse libellule était venue survoler l’appareil. Elle ne se posait pas, mais virevoltait autour, faisant du sur-place au-dessus de chaque humain qui sortait du vaisseau, puis elle s’installa sur le dôme de la soucoupe, inaccessible.
Le commandant, une walkyrie plutôt séduisante malgré sa forte stature, houspillait le navigateur pour réparer au plus vite le transmetteur. Le pauvre lieutenant en perdait ses moyens. Il avait beau vérifier chaque module, il ne trouvait pas la panne. Finalement, il constata que le transmetteur fonctionnait bel et bien, mais le détecteur d’ondes indiquait qu’inexplicablement, le signal s’évanouissait à une dizaine de mètres du vaisseau, quelle que fut la puissance injectée. Il rapporta sa conclusion au commandant : quelque chose de la planète, peut-être un champ électromagnétique anormal, stoppait les transmissions hyperspatiales. Le commandant estima donc qu’il fallait retourner sur la base la plus proche, le plus tôt possible. Les savants devaient trouver une solution à ce phénomène insolite, avant toute autre nouvelle expédition. Toutefois, en l’absence de danger évident et immédiat, les six scientifiques pouvaient poursuivre leur mission.
Le premier incident survint, quand la biologiste s’aventura derrière une butte couverte par des buissons bruns ; elle cherchait des insectes du genre fourmi ou termite. Ses deux gardes traînaient nonchalamment à dix pas derrière. Soudain, ils perçurent un faible bourdonnement. Puis un essaim d’une sorte de frelon géant attaqua les deux hommes. Impuissante et médusée, la biologiste ne put que constater un phénomène extraordinaire : les insectes s’enfonçaient en kamikaze dans les soldats, se jouant des gilets pare-balle, et explosaient. Horrifiée, miraculeusement indemne, elle s’enfuit en hurlant, autant que faire se pouvait dans cette atmosphère raréfiée.
Le second incident survint presqu’en même temps. Des sortes d’insectes ailés s’abattirent sur les gardes, épargnant inexplicablement les savants. Malgré les moulinets avec leur arme, quelques bêtes avaient pu passer et exploser dans le corps des soldats ; le seul rescapé avait détalé vers le vaisseau, ayant malencontreusement laissé tomber son arme. Les survivants — les savants — regagnèrent à toutes jambes la sécurité de la soucoupe.
Sous l’emprise de la terreur, les humains discutaient avec animation. Les uns étaient partisans du décollage immédiat ; malheureusement, le navigateur lâcha comme une bombe que les moteurs étaient défaillants, peut-être à cause du même phénomène qui bridait l’émetteur. Les autres, dont le soldat rescapé, voulaient récupérer le corps des morts. Toutefois, cette opération se révélait périlleuse : les navettes biplaces de sauvetage étaient bien étanches, mais n’étaient utilisables que dans l’espace, et le véhicule tout terrain ne l’était pas, étanche, ni blindé. Il ne fallait pas oublier que les insectes avaient pu percer les gilets pare-balle. En outre, il fallait, si possible, capturer une de ces bêtes pour trouver une parade à leur attaque, insecticide ou autres. La biologiste, qui était aussi ingénieur, se proposait d’examiner au moins un cadavre pour essayer de percer le secret des insectes et le mécanisme de leur explosion. On verrait plus tard comment quitter cette satanée planète.
Via les caméras, et par les hublots, les humains observaient les alentours. Tout paraissait tranquille, c’était comme s’il ne s’était rien passé, sauf qu’on pouvait voir le corps des gardes morts. Les seules créatures vivantes étaient des espèces de scarabées cheminant laborieusement, et une sorte de libellule qui voletait de-ci, de-là.
Ce fut le commandant qui mit le doigt sur l’anomalie. Pourquoi les insectes n’avaient-ils attaqué que les gardes ? Pourquoi le soldat Ryan n’avait-il pas été poursuivi ? Le géologue avança timidement que le gus courait vite. Mais ce fut la minéralogiste qui eut la réponse exacte : le soldat avait laissé tomber son arme. Car, le commandant le souligna, les insectes n’attaquaient que ceux qui étaient armés, aussi incroyable que cela parût. La biologiste enfonça le clou : dans aucune espèce de créature vivante, il n’y avait jamais eu de suicide délibéré, l’instinct de conservation était tout-puissant ; elle avança donc l’hypothèse d’une attaque sciemment dirigée, avec une intelligence derrière. Elle insista alors sur l’importance de la récupération au moins d’un corps, pour étayer sa théorie, que ces « insectes » étaient, soit dressés, soit — ce qui serait diabolique — artificiels. Car pour autant qu’elle sût, il n’existait pas de créature naturelle capable d’exploser.
La délicate mission fut évidemment échue au soldat Ryan — dame ! il était payé pour ça — il devait ramener rapidement le corps le plus proche. Le commandant le rassura en affirmant que, puisqu’il ne porterait pas d’arme, il n’aurait rien à craindre… en principe. Le garde, qui n’en menait tout de même pas large, sortit donc et partit d’un pas rapide, s’efforçant de ne pas courir malgré ses tripes nouées.
À mi-chemin, il vit une ombre et leva la tête. Une sorte de ptérodactyle fonçait sur lui, tombant de la falaise. Il rebroussa chemin et prenant ses jambes à son cou, mais l’affreuse créature le rattrapa et l’emporta, sous les yeux médusés de ceux qui étaient restés dans le vaisseau. Après le brouhaha de confusion, ils s’exclamèrent presque en même temps : « Il faut sauver le soldat Ryan ! »… Oui, mais comment ?
A suivre
RAHAR
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Par lenaig boudig le 3 Juin 2014 à 06:02
Boniface entrait enfin dans la phase critique de la puberté. Les boutons ornaient de façon discutable son visage naguère doux au toucher, comme une peau de pêche : ce n’était pas que quelqu’un se fût amusé à lui caresser le minois, mais on pouvait le deviner rien qu’au regard. Les hormones provoquaient donc des modifications de plus en plus visibles du garçon.
Bien évidemment, Boniface devint une cible privilégié de ses camarades qui avaient franchi plus tôt ce stade physiquement ingrat. Le bizutage représentait peut-être inconsciemment pour les ados une sorte d’initiation, mais cette tradition n’était pas du goût de tout le monde, et Boniface, de nature assez timide et réservé, devint irritable et essayait bien de se rebiffer. Quoiqu’il en fût, ses tourmenteurs ne se décourageaient pas.
Une autre conséquence de sa subtile transformation fut qu’il commença à considérer les filles autrement que comme des enquiquineuses, il les voyait d’un autre œil. Il se surprit à admirer le galbe d’un mollet, la courbe gracieuse d’une poitrine, la générosité d’une hanche, le charme d’une démarche légèrement chaloupée. Ses quelques amis et lui s’excitaient mutuellement pour draguer, et bien sûr, leurs efforts maladroits faisaient rire les filles.
Stimulé par son état, Boniface prit son courage à deux mains et eut apparemment la témérité d’accoster et d’essayer de badiner avec la plus jolie lycéenne de sa classe. Il aurait pu encaisser stoïquement le râteau, mais ce qu’il ne réussit pas à digérer, ce fut la protestation exagérément dédaigneuse de la greluche qui le traita de débile prétentieux qui n’avait même pas le mérite d’être premier de la classe ou de se distinguer en EPS ; en plus, il n’avait aucune classe, avec sa chemise à carreaux rentrée dans ses jeans et ses tennis qui n’étaient pas de marque. Par ailleurs, la fille accepta ostensiblement les avances du leader de l’équipe de basket, ce qui augmenta la rancœur de Boniface.
Le garçon n’était peut-être pas un Adonis, mais il était tout de même loin d’être moche, même avec ses boutons. Sans être une lumière, il n’était pas non plus un cancre. Physiquement, il était dans une bonne moyenne. Il était gentil, peut-être un peu trop gentil, ce qui amenait probablement certains à le considérer comme faible et veule. Pourquoi cette pétasse avait-elle eu besoin de l’humilier ? Un simple « non », gentil ou non, n’aurait-il pas suffi ? La colère de Boniface s’était transformée en rage.
Les élèves sortaient de la classe. Le cœur de Boniface se pinça en voyant la petite salope rejoindre précipitamment son grand dadais de leader et s’accrocher à son bras. Il avait beau avoir pris la résolution d’aller de l’avant, il ne put endiguer la vague de colère qui montait en lui. En descendant l’escalier, il était un peu en arrière du couple. Sa main lui démangea, et il se grattait furieusement, quand brusquement, le leader bascula en avant et dégringola spectaculairement jusqu’en bas.
Heureusement, le bellâtre était un athlète et il n’eut que des contusions, sans trop de gravité peut-être, mais apparemment fort douloureuses.
« C’est toi qui m’as poussé, Boniface ! Je l’ai senti !
— Mais non ! Je ne t’ai même pas touché.
— Menteur ! Tu l’as fait… N’est-ce pas Marielle ?
— Oui, oui, cet affreux jojo t’a poussé.
— Mais enfin ! Je vous dis que c’est pas moi !... N’est-ce pas les gars ?
— Oh, moi, j’ai rien vu.
— Moi non plus. »
Boniface passa pour un jaloux mauvais perdant pour les uns, un pauvre type à qui on devrait accorder le bénéfice du doute pour d’autres. Seuls ses amis proches le croyaient sur parole.
Au cours du match de basket contre une autre classe parallèle, Boniface fit une passe à un joueur qui lança précipitamment la balle au leader, mais celui-ci trébucha et tomba en injuriant le joueur. À un autre moment, Boniface lui fit une passe qui l’atteignit en plein plexus, le faisant vociférer des grossièretés indignes de l’institution. À la fin de la partie que l’équipe avait perdue, la pimbêche répandit la rumeur que Boniface avait le mauvais œil, ce qui avait causé la défaite de l’équipe qui avait toujours gagné jusqu’ici ; il avait sciemment « blessé » le leader avec le ballon. D’ailleurs, celui-ci avait pris le garçon au collet et lui avait hurlé :
« Sale petit morveux ! Tu m’as fait rater un panier, tu te croyais à une partie de « balle au prisonnier » ? Ta mauvaise passe m’a coupé le souffle.
— Mais je t’ai fait une passe tout à fait normale. Tu as fait une mauvaise réception, c’est tout.
— Je ne veux plus de toi dans mon équipe, tu resteras sur le banc des remplaçants. »
Boniface ne put se voiler la face : juste avant les deux passes, il savait d’après les positions que c’était le leader qui devait marquer et qui récolterait la gloire, ce qui suscita sa rancœur et sa colère, et sa main s’était mise à le démanger. Provoquerait-il vraiment le mauvais sort ? Il s’en effraya.
Cette défaite fit balancer des indécis vers le camp de ceux qui croyaient irrationnellement aux rumeurs lancées par la garce. À la cafétéria, Boniface fut traité en paria, personne n’avait voulu partager sa table. On le regardait en coin, même ses amis s’étaient chacun assis avec leurs autres amis. Quoiqu’ulcéré, il les comprenait, ils ne pouvaient pas se permettre de frayer avec un présumé jeteur de sort.
La jolie péronnelle arrivait avec son plateau. Elle devait passer près de Boniface pour rejoindre son cher leader. Elle s’arrêta près de lui.
« Hey, mais c’est notre boutonneux au mauvais œil !
— Arrête ! Tu n’es pas sotte, c’est que des bobards et tu le sais. Pourquoi que tu fais ça ?
— Oh, c’est juste pour t’apprendre à oser chercher à me draguer.
— Parce que tu crois que je ne suis qu’un moins que rien ?
— Tu es un moins que rien et je suis la meilleure. Je peux bâtir ou bien détruire la réputation de n’importe qui, tu n’imagines pas le pouvoir que j’exerce. »
La main de Boniface commença à le gratter, mais il s’efforça d’ignorer la démangeaison, et sa colère augmenta peu à peu. Sa voix s’éleva également et monta progressivement.
« Et qui me dit que ce n’est pas toi qui est la jeteuse de sort ? Curieusement, tu étais toujours là quand quelque chose clochait. »
À toutes les tables, on s’arrêtait de manger, tous les regards étaient tournés vers les deux protagonistes.
« Et tu crois, petit débile, que je provoquerais la défaite de notre équipe ? »
Dans la cafétéria, il y eut des murmures de protestation.
« Tu sais ce que je crois ? Tu n’en as rien à cirer du basket ou de quelque victoire de l’équipe.
— C’est faux, qui ne voudrait pas la victoire de son équipe ? »
La protestation était hautaine. Les murmures s’étaient tus, une sorte de doute planait.
« Eh oui, tu t’en fous royalement, tu n’es qu’une sale prétentieuse, tu ne veux que montrer ton pouvoir de sorcière…
— Tais-toi ! Tu délires complètement ! »
Elle n’avait pas fini de parler, que la pendule du réfectoire éclata. Il y eut des exclamations et des cris de surprise ou de stupeur. Avec un cri de triomphe, Boniface prit l’assemblée à témoin.
« Vous voyez tous, c’est elle qui est la sorcière !
— Mais ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas moi qui ai fait ça ! »
Des plateaux tombèrent d’eux-mêmes des tables, effrayant les ados. Les cris d’orfraie des filles déclenchèrent la débandade. Certains jetaient un dernier regard circonspect à la belle « sorcière », avant de sortir en hâte. Elle devint bien sûr un paria évité par tous.
Boniface retrouva son rang et ses amis dans la communauté estudiantine, et sa main ne lui grattait plus. Le pic des hormones était passé.
RAHAR
- Illustrations :
Ado boutonneux par Jean Morin
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