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Par lenaig boudig le 14 Novembre 2014 à 15:53
— Drôle de question… Ben, j’en sais rien, moi. Euh… je crois que je me comporterai comme d’habitude, je ne vois pas pourquoi je changerai mon comportement.
— Oui, mais est-ce que tu pourrais l’aimer ?
— Tomber amoureuse de lui, tu veux dire ? Mais mon petit chou à la crème, c’est toi que j’aime.
— Oui, mais non, c’est une question purement théorique. Allons mon cœur, répond.
— Alors, s’il est aussi beau et gentil comme toi, ce serait possible. Je pense que ce ne serait pas différent de tomber amoureuse d’un Mongol ou d’un Péruvien… Sais-tu que tu es tordu ?
— Mais non, ma petite fleur. Allez, bon aprèm. Je t’attends à la sortie, on va au resto.
— Oh que tu es chou ! Mais je ne promets rien, je ne suis pas maîtresse de mon horaire. »
***
Lizzy et Randy étaient dans le studio de la jeune femme. Ils revenaient d’une séance de cinéma. Ils allaient prendre un dernier verre, avant que l’analyste rejoignît sa garçonnière. Ce soir-là, il ne pouvait rester, la journaliste avait ses règles.
Lizzy était frustrée par son état, et en compensation, elle multiplia le « dernier verre ». Le jeune homme était plus raisonnable, et il semblait désolé de l’excès de la journaliste. Mais il ne put que constater la progression de l’euphorie et le ralentissement de l’élocution de Lizzy.
Randy allait prendre congé pour laisser la jeune femme cuver en paix. En raccompagnant avec regret le jeune homme à la porte, Lizzy trébucha et se raccrocha lourdement en riant à Randy. Celui-ci en déséquilibre, fut surpris et manqua de réflexe : il tomba avec la jeune femme, et sa tête cogna sur la petite table du vestibule.
À l’effarement de Lizzy qui fut instantanément dégrisée, Randy fut secoué de tremblements comme un épileptique. Du sang coula, ce qui augmenta le stress de la jeune femme. Affolée, elle se précipita vers la salle de bain, et en revint avec des compresses et un flacon d’antiseptique. En nettoyant la large plaie, elle eut l’intense surprise de constater au fond une couche argentée. Elle pensa immédiatement à une plaque crânienne ; Randy avait dû être blessé dans sa jeunesse. Mais en examinant de plus près, elle distingua avec effroi un fin réseau de circuits dorés, ce n’était pas une simple plaque. Elle se recula d’horreur, s’éloignant de… Randy.
Les tremblements de celui-ci cessèrent. Le sang avait cessé de couler comme par miracle. Sa tête se tourna par saccades vers Lizzy qui sentit ses poils se dresser et sa peau chair-de-pouler. La terreur la rendit muette et avait augmenté les battements de son cœur. Des séquences des films Terminator se déroulèrent rapidement dans son esprit. Enfin, elle retrouva sa langue.
« Tu es… Vous êtes un robot !... Seigneur ! Je suis tombée amoureuse d’un robot.»
A suivre !
RAHAЯ
7 commentaires -
Par lenaig boudig le 13 Novembre 2014 à 11:01
Très belle oeuvre au néon pour illustrer la question posée par Randy en fin de chapitre : http://www.spazioultra.org/en/artists/marotta-russo
Note de Lenaïg
***
— Et voilà, un raisonnement tout à fait logique, à défaut de preuves tangibles, conclut Emmet, mais nous devons nous en contenter.
— Admettons, relança Jack, donc ces… habitants des autres planètes viennent nous observer. Pourquoi ? Ils vont venir conquérir la Terre ?
— Oh, s’ils voulaient le faire, ils l’auraient déjà fait depuis longtemps, contra Randy.
— Mais il paraît que ce sont des monstres sanguinaires, s’exclama Lana.
— Allons Lana, protesta Lizzy, ton esprit est gavé de ces films de mauvaise propagande.
— Pourquoi tu dis ça Lizzy, s’étonna Jack.
— Ce qu’elle veut dire, intervint Randy, c’est qu’on veut diaboliser à tout prix les ET.
— Ce ne serait pas du conspirationnisme ? releva Jack. Ce ne sont que des films de divertissement et les gens aiment ça.
— Ne sois donc pas si naïf Jack, fit dédaigneusement Emmet. On conditionne les gens à haïr les ET.
— Mais pourquoi ? s’étonna Telma.
— Pour que personne ne fouine au sujet des OVNIs et des ET, expliqua Randy, alors que les gouvernements fricotent avec eux.
— N’oubliez pas l’affaire du crash de la soucoupe de Roswell, ajouta Emmet, et aussi l’autopsie d’un gris.
— Ah ça ? C’était en fin de compte un ballon météo, jeta dédaigneusement Jack. Et ladite autopsie était un fake.
— Non, contra Lizzy, ce que tu affirmes là est de l’intox, de la désinformation de l’Armée. Moi, je sais bien que tout était authentique. Et je sais de quoi je parle.
— L’Armée veut que le public ignore tout, renchérit Randy, elle veut exploiter secrètement la technologie ET et aussi éviter la panique des gens déjà traumatisés par l’adaptation au cinéma de La Guerre Des Mondes de Wells.
— Alors, c’est vrai ? Les extraterrestres sont des petits bonshommes tout gris ?
— Mais non, rigola Emmet, il y a toute sorte d’ET. Certains sont même comme nous. Et puis, quelques gris sont des androïdes programmés, sans conscience.
— Mais alors, si certains sont comme nous, comment les distinguer ? demanda Telma.
— En théorie, on ne peut pas, fit Randy.
— C’est exact, intervint Lizzy, seul une analyse ADN, ou à la rigueur un scanner, permet de les repérer. Je pense à un individu dont on a trouvé que sa circulation sanguine était transversale, au lieu d’être verticale comme la nôtre.
— Quoi ? Il y aurait des ET parmi nous ? s’offusqua Jack.
— Mais oui, mon mignon. Qui sait si je n’en suis pas une ? le taquina Lizzy.
— Moi, je n’y crois pas, s’entêta Lana. S’il y en avait, on le saurait. D’ailleurs, pourquoi feraient-ils ça ?
— Bah, ce ne sont que des observateurs, ou bien des étudiants… ou encore des touristes, jeta Emmet. À la limite, ce sont peut-être des réfugiés dont le monde a été détruit.
— C’est bien beau tout ça, fit Randy, mais il est temps de reprendre le boulot, les amis. »
Par un heureux hasard, l’immeuble des bureaux de l’analyste était contigu à celui de la journaliste. Lizzy et Randy firent donc un bout de chemin ensemble.
« Euh… Dis Lizzy, qu’est-ce que tu ferais si tu rencontrais un ET ?
— Gros bêta, si ce qu’a dit Emmet est vrai, comment veux-tu que j’en détecte un ?
— Mais admettons que tu en vois un et que tu sais, qu’est-ce que tu vas faire ?
A suivre !
RAHAЯ
10 commentaires -
Par lenaig boudig le 12 Novembre 2014 à 20:41
Sera-t-il question d'extraterrestres dans le cours de cette délicieuse nouvelle histoire de Rahar ? Les personnages les évoquent à la fin de ce premier chapitre ... Ou, d'autre chose ? J'espère ne rien dévoiler en annonçant que, s'il y a du sang versé, personne ne meurt et, foi de moi ... l'amour fera loi !
Note de LenaïgLe snack Morko était visiblement incongru dans ce quartier des affaires. Manuel avait bataillé avec acharnement pour décrocher l’autorisation du maire en personne. Son principal argument était que les petits employés ne pouvaient se payer le restaurant snob du quartier, et la plus proche des gargotes les mettraient en retard à la reprise.
Il était vrai que le restaurant Lovely était plutôt réservé aux cadres supérieurs. Les autres devaient se débrouiller. Avant l’installation du snack, certains carburaient au sandwich et tombaient plus souvent malades que les autres qui apportaient des plats cuisinés en cantine ; c’étaient la plupart des employés mariés qui en bénéficiaient, mais ils étaient plutôt gênés en trimbalant ces récipients, car les documents des sacoches et serviettes ne laissaient plus de place.
Le snack avait une cinquantaine de places. Au fil des jours, des affinités se sont créées et les tables avaient en quelque sorte leurs « propriétaires ». Ce fut ainsi que Lana, une employée de banque aussi blonde que les blés, Randy, un analyste café au lait aussi beau qu’un dieu, Jack, un avocat stagiaire rouquin, avec une tignasse comme un paillasson sur lequel on s’était acharné, Telma, une cadre commercial, brune piquante aussi vive qu’un feu follet, Emmet, un informaticien aux cheveux plus crépus que ceux de Jimy Hendrix, et enfin Lizzy, une journaliste financière et économique, une brunette pétulante qui savait autant écouter que babiller, avaient accaparé la table N°13. En fait, les seules fois où ils avaient dû se séparer ou changer de table, c’était quand des gens de passage qui ne pouvaient s’offrir le luxueux restaurant, venaient manger là.
Ils évitaient de parler boulot. Ce n’était pas tant par souci de discrétion, mais plutôt qu’ils voulaient justement cesser d’y penser. Des sujets de conversation surgissaient spontanément. Tout, ou presque, y passait : le coût de la vie, le problème des produits de contrefaçon, les NDE… La vie joue souvent de ces tours pendables, et Lizzy et Lana furent attirées par Randy, et Telma ne laissait pas Emmet indifférent. Quant à Jack, il ne cachait pas son homosexualité. Randy était, bien entendu comme l’âne devant le son et l’avoine. Les deux jeunes femmes étaient également séduisantes et l’analyste avait bien du mal à choisir. Mais au fil du temps, il montra une certaine préférence pour Lizzy qui, pas bête, s’engouffra dans la brèche. Quoique ayant eu une pointe de dépit, La belle Lana s’inclina, fairplay.
Ce jour-là, le sujet tomba sur l’existence des extraterrestres. Ce fut Emmet qui avait lancé la discussion, suite à un article d’une feuille de chou relatant le passage d’un OVNI au-dessus de Vancouver.
« Moi je pense que les ET ne sont que des créations des auteurs de science fiction, laissa tomber Jack. Les prétendus OVNIs ne sont que des phénomènes naturels.
— Ah pardon, intervint Lizzy, beaucoup de manifestations sont peut-être une mauvaise interprétation de phénomènes naturels, mais il y a des OVNIs authentiques, parfaitement documentés. Mes collègues ont des dossiers béton.
— Bah, ce sont des engins des militaires, jeta Lana, on sait bien que ces cachottiers font des recherches secrètes.
— Pas d’accord, objecta Emmet. Les OVNIs se sont manifestés depuis l’antiquité. Je te concède que certains sont des engins militaires, mais le reste n’est pas de notre civilisation.
— Mais on sait bien que les autres planètes ne peuvent pas entretenir la vie, protesta Telma.
— Alors Emmet, tu crois donc aux petits hommes verts ?
— Ils ne sont pas vert, mais gris, ballot ! Je pense que notre journaliste ici est mieux informée à ce sujet. Quant à toi Telma, tu ne regardes que le système solaire. Que fais-tu des milliards d’étoiles ?
— Mais qu’en pense donc notre petit Randy ? fit la journaliste.
— Moi ? Eh bien, je reprends ce qu’a dit Emmet, il y a des milliards de galaxies qui contiennent des milliards d’étoiles. Ce serait bien le diable s’il n’y a pas des milliards de planètes parmi lesquelles quelques millions ne porteraient pas la vie.
A suivre !
RAHAЯ
8 commentaires -
Par lenaig boudig le 12 Octobre 2014 à 10:15
http://gusandco.net/2011/04/12/loups-garous-ses-variantes-tour-dhorizon/
La bibliothèque est tenu par un anthropologue qui s’était enterré ici, Dieu sait pourquoi. Il ne lui a pas été difficile de traduire les signes exprimés en vieil allemand. « Tenez-vous loin de la cabane » en est en substance la traduction. C’est un avertissement des plus clairs. Chacun est rentré chez soi, passablement perturbé. Personne ne sait quoi faire.
Keith
« Arrivé à la maison, mon premier réflexe a été de décrocher le téléphone pour avertir la police. Puis je me dis que si je disais avoir poursuivi la créature jusqu’à la cabane avec un fusil, je m’attirerai des ennuis. J’ai raccroché à regret. Je m’en fais beaucoup pour ma famille, mais tout ce que je peux faire est de demander à la sœur de Diana de venir lui tenir compagnie, quand je ne suis pas là. »
Diana
« Je pense que Keith me croit maintenant. Il s’inquiète beaucoup de savoir que quelqu’un rôde dans les environs. J’ai aussi peur et je crains pour ma vie et pour celle de ma fille. Évidemment, je crains aussi pour Keith, bien qu’il soit assez costaud. »
Keith
« Tout ça a affecté notre vie quotidienne. Pouvais-je laisser seule ma famille, sachant ce que je sais ? Mais je ne peux cesser de travailler et nous ne pouvons pas déménager. Je me creuse toujours la cervelle pour trouver quelque solution.
Quelques semaines plus tard, Denis me téléphone. Il veut m’emmener quelque part. Durant le trajet, il ne me parle que de futilités. Finalement, je me rends compte que nous allons vers la fameuse cabane. Je vois garée devant, une voiture de patrouille. Je demande à Denis ce qui se passe. Il me dit que Georges est décédé, et qu’il a fini par tout raconter à la police.
Un agent sur le seuil nous fait signe d’approcher et d’entrer. Nous avons jeté un coup d’œil dans la fameuse cabane. Il n’y a pas le moindre effet personnel, pas de nourriture, pas de vêtement. On n’aurait jamais dit que quelqu’un y ait jamais vécu. Ça a été décevant, rien ne nous a renseignés sur Georges.
L’autre agent nous appelle en ouvrant la porte d’une autre pièce. Étonnamment, la porte est doublée d’une épaisse plaque d’acier. Une forte odeur nauséabonde et de chien mouillé nous agresse. Nous entrons avec précaution. Il n’y a aucune ouverture, les policiers sont obligés d’utiliser leur torche. Tous les murs sont recouverts par des plaques d’acier fixées par des barres de métal et de rivets. À un mur est fixé un solide rivet qui retient trois mètres de solide chaîne. On a dû enfermer quelqu’un dans cette pièce… mais qui, et pourquoi ? Partout sur les murs, on constate des traces de griffure, certaines très rouillées, d’autres plus récentes ; on voit qu’elles ont été faites à différentes époques.
Nous nous sommes regardés tous les quatre en silence. Je crois qu’on a tous le même mot à l’esprit, mais personne n’ose le dire. Non, c’est impossible, ça n’existe pas… Et pourtant… Un loup-garou. Nous sortons, perplexes. Pour tout bien, Georges n’a laissé qu’un pot rempli de menue monnaie et un almanach dont les pleines lunes ont été soulignées. Il a été enterré dans une tombe anonyme. »
Depuis la mort de Georges, les harcèlements ont cessé. Des enquêtes menées trente ans en arrière ont montré que Georges avait acheté des plaques, des rivets et des barres d’acier. Il a été constaté que c’est vers la même époque que les égorgements avaient cessé.
Un spécialiste en cryptozoologie et ésotérisme a avancé que Georges se transformait toutes les nuits, mais au cours des lunes pleines, il perdait toute conscience rationnelle et devenait bestial et ne se contrôlait plus. Pour y remédier, il s’emprisonnait et s’enchaînait. Comme il perdait toute intelligence, il ne pouvait se libérer qu’en redevenant lucide. Il ne se nourrissait que la nuit en chassant les animaux de la forêt et était relativement inoffensif en dehors des périodes de pleine lune. Mais le temps passant, il se trouva un penchant malsain au voyeurisme. C’était en définitive bénin, mais plutôt effrayant.
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Par lenaig boudig le 11 Octobre 2014 à 15:03
http://www.redlineamericanmuscle.co.uk/
Un mois plus tard, la neige a commencé à tomber. Un samedi matin, Keith se réveille tôt. Il a l’intention d’aller acheter des beignets pour le petit-déjeuner, alors que sa petite famille dort encore.
Keith
« J’ai eu une dure semaine. J’ai encore sommeil, mais j’ai envie de faire plaisir à Diana et à Reid. Je sors avant l’aube et me dirige vers la voiture. Je la démarre pour la chauffer et j’allume les phares. Tout s’est alors déroulé très vite. J’ai tout de suite vu ces yeux brillants à hauteur d’homme. Instinctivement, j’ai appuyé sur le champignon et la voiture a bondi en arrière. J’ai été trop interloqué pour bien me rendre compte du reste. Le temps que je cligne des yeux, et l’apparition a disparu.
Incrédule, je me frotte les yeux. Tout mon corps tremble. Ai-je eu une hallucination ? J’essaie de reprendre mes esprits. Je suis dans la même situation que Diana plus tôt. Je sors alors inspecter les alentours avec ma puissante torche. Ai-je bien vu un individu dans mes phares ? C’est en tournant la torche vers la maison que mes cheveux se sont dressés sur la tête. Sur l’auvent couvert de neige, je vois nettement l’empreinte de pieds. Comment quelqu’un pouvait-il y accéder sans échelle ? Aucun athlète ne pourrait faire un saut pareil de plus de quatre mètres… et sans perche. L’auvent est sous la fenêtre de notre chambre à coucher.
Je suis resté figé sur place. À ce moment-là, j’ai su que la chose était réelle, et que Diana n’a pas divagué. Je rentre alors prendre mon fusil de chasse. Tout en le chargeant, je téléphone à Denis, un ami d’enfance avec qui j’ai l’habitude de chasser. Je sors également mon gros revolver.
Denis arrive, passablement étonné de mon appel plutôt matinal. Il est encore plus étonné de me voir avec ma carabine. Voudrais-je m’attirer des ennuis ? Ce n’est pas la saison des chasses. Je lui explique tout et lui montre les traces de pas sur l’auvent. En regardant alentours, nous trouvons au sol des empreintes dans la neige. Ce sont des traces de pieds nus, des pieds de plus de 35 cm.
Nous sommes restés là, incrédules. Mais en nous penchant pour examiner les traces, nous avons constaté, éberlués, qu’il y avait des griffes au bout des doigts. La rationalité nous souffle que ce sont plutôt les ongles recourbés, non coupés, qui ont donné cette impression. Mais il faut voir les choses en face, les traces sont aiguës et non plates. »
Les deux hommes se mettent en chasse, suivant la trace de la créature. Il n’y a que quelques plaques de neige, mais la piste n’est pas trop difficile à suivre. La progression dans le bois est rendue difficile par les épaisses broussailles, mais les chasseurs sont déterminés. Ils avancent, les oreilles aux aguets, attentifs au moindre bruit insolite.
Les deux hommes font d’autant plus attention, que les bêtes sauvages sont rusés, si elles se savent traquées, elles font un large détour pour se retrouver derrière leurs chasseurs. Keith et Denis parcourent ainsi une large courbe de deux bons kilomètres, pour déboucher dans une clairière. Ils se trouvent face à une cabane. Les traces mènent à la porte. La créature est dedans ; mais comment a-t-elle pu ouvrir et fermer cette porte ?
Énervé, Keith tambourine à la porte. Personne n’ouvre. Denis recommande la prudence, s’ils entrent dans une propriété avec des armes, ils tomberont sous la loi. Keith finit par se résigner et les deux hommes s’en retournent. Ils ne peuvent pas appeler la police, pas avec les armes qu’ils trimbalent. Ne voulant pas retraverser le bois, ils rejoignent une piste. Pour éviter d’avoir des problèmes avec leurs armes, Keith téléphone à son père de les prendre.
En chemin, ils racontent tout au vieil homme. Celui-ci leur dit connaître qui habite cette cabane, c’est le vieux Georges qui travaille chez le concessionnaire auto en s’occupant de la réserve de pneus et de leur réparation. Il vit dans cette cabane depuis des décennies. Personne ne sait rien à propos de lui.
Keith
« C’est étrange, si le vieux Georges habitait la cabane, comment se fait-il que la créature y est allée, jusqu’au pas de sa porte ? J’ai voulu en savoir plus. J’ai exposé mon plan. Il y a une vieille roue de secours qui a bien besoin d’être remise à neuf. On verrait ainsi de près ce fameux Georges.
Arrivés au garage, nous sommes accueillis par le boss, un type sympa et jovial. Il fait rouler la roue vers un coin et appelle Georges. Nous sommes sur des charbons ardents. Des pans entiers du garage sont dans la pénombre. Nous entendons des pas lourds venant de l’arrière-boutique.
Et puis Georges apparaît. Il est grand, pas loin du mètre quatre-vingt-quinze, et maigre. Ses pieds chaussent plus du 45 et ses bras sont étonnamment longs. Nos regards se rencontrent. Des yeux étrangement jaunes et glacials. Une sorte de courant passe. Je frissonne, puis je sais. Je sais qu’il sait que c’étaient nous qui l’avons pourchassé. Il ne dit rien, il prend la roue d’une main, comme si c’était un jouet et s’en va.
Nous nous regardons, mon père, Denis et moi. Ce Georges est décidément un drôle de coco. Puis on attend. Pas trop longtemps, nous voyons la roue rouler vers nous. Georges ne s’est plus montré. Il est comme un animal traqué : il est là, mais il nous évite à tout prix. Nous payons le boss et chargeons la roue dans la camionnette de mon père.
En la retournant, nous voyons des signes étranges à la craie sur le pourtour du pneu. Après un moment, mon père nous dit que ce sont des runes. Le message est probablement important pour que nous allions faire un détour à la bibliothèque. »
9 commentaires
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