• LE VISAGE À LA FENÊTRE - Chapitre 3 - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    fr.aliexpress.com

     

    C’est le fracas d’une assiette tombée sur le carrelage, nous réveillant en sursaut, qui persuade Ella que la maison est hantée. Ce n’est certainement pas une souris qui pourrait faire tomber de la vaisselle ; d’ailleurs on n’en a jamais vu une, depuis que nous avons emménagé. Par ailleurs, le bourg ne connaît pas la grande délinquance, les mauvaises têtes préfèrent tenter leur chance à la ville. Et puis, comme nous sommes à la limite du bourg, j’ai tout de même pris la précaution d’installer un système d’alarme. Ella n’ose pas descendre pour remettre de l’ordre, elle se pelotonne craintivement contre moi ; elle remet au matin la tâche de réparer les dégâts. Pour ma part, j’ai aussi la flemme de me lever, et je veux être frais et dispos pour mon travail.

    L’assiette en mille morceaux n’est pas de ces plats décoratifs dont on orne les murs. J’avance l’hypothèse hasardeuse qu’Ella a mal placé l’assiette dans le vaisselier. Estelle me rétorque qu’elle entend encore des pas dans les combles, pour appuyer la croyance de sa mère, et qu’elle ose maintenant le dire sans que je me moque d’elle. James se contente d’émettre : « Cooool ! »

    Profitant d’un créneau de libre, je vais interroger l’ancien propriétaire. Non, aucun des locataires ne s’étaient plaint d’une quelconque hantise. Mais ce qui a un peu fait tiquer le vieux, c’est que les derniers locataires n’étaient restés qu’un semestre… et les avant-derniers itou. Pourtant, le loyer était très raisonnable, puisque le vieux avait accumulé un bon magot ; avec le loyer, il finançait même des œuvres charitables.

    Je suis un peu perplexe. Si une habitation est hantée, c’est qu’il devait s’y être passé des scènes de violence ou de mort. À moins qu’un esprit vagabond ne s’y soit attaché. Je me demande ce que nous pouvons faire, je tiens à cette maison qui a d’ailleurs englouti presque toutes nos économies, et nous devons encore un sacré paquet au vieux qui a été compréhensif.

    Le destin a fait que je rencontre par le plus grand des hasards l’un des anciens locataires. Lui et sa famille ont trouvé un appartement en plein bourg. Abrégeant les mondanités, je lui demande à brûle-pourpoint s’il savait que la maison est hantée. Avec une certaine réticence, il a fini par confier que ses enfants entendaient des bruits bizarres, des objets disparaissaient inexplicablement, ainsi que des vivres ; d’ailleurs, c’était comme s’ils nourrissaient une bouche supplémentaire. C’était devenu intolérable, bien entendu. Et pourtant, ils avaient également enquêté sur l’historique de la maison, et n’avaient rien trouvé d’insolite.

    J’ai annoncé à ma famille que nous ne pouvons rien faire pour le moment. Vendre la maison serait une solution, mais il faut trouver un autre logement, ce qui n’est pas évident. Ayant pris le goût de la propriété, je ne voudrais pas me résoudre à la location. Il y a peu, sinon presque pas de maison du même standing à la portée de notre bourse. Bien entendu, des objets disparaissent de temps à autre, surtout des vivres : une moitié de saucisson par-ci, quelques portions de fromage par là…

    Le dimanche, n’ayant rien d’important à faire, je prends la résolution de mettre de l’ordre dans mon notebook. J’en profite pour décharger les APN et en classer les photos. Eh oui, elles restent parfois longtemps dans les appareils, avant qu’on les transfère. Je les repasse à l’écran.

    A suivre

    RAHAЯ


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  • LE VISAGE A LA FENÊTRE - Chapitre 2 - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     http://www.ateliersdeprevention.com/index.php/risques-sante-nutrition/le-frigo.html

     

    Un jour, alors que nous prenons le petit-déjeuner, Estelle perturbe le repas en annonçant qu’elle a entendu des pas au grenier. Personne n’y est encore allé, mais les combles de la maison ne sont pas assez importants pour être qualifiés de grenier, on devait sûrement s’y déplacer courbé.

    « Qu’est-ce qui te fait dire ça, ma puce ?

    — J’entends des craquements au-dessus de ma chambre, p’pa.

    — Bah, la maison n’est plus de toute jeunesse, le bois peut travailler, ce qui est dû aux différences de température.

    — Ohoo, aurais-tu peur, sœurette ?

    — N’importe quoi ! Ça m’énerve, c’est tout.

    — Allons les enfants, dépêchez-vous, je vais être en retard au travail… Dis chéri, quand est-ce que tu vas m’acheter une voiture ?

    — Eh bien, en ce moment, on pourrait s’acheter une Smart...

    — Sale radin, les enfants ne tiendraient même pas dans le porte-bagage.

    — Oh p’pa, une Mégane serait bien !

    — Estimez-vous heureux qu’on ait la possibilité d’acquérir bientôt une Kia ou une C1. Nous ne roulons pas sur l’or, que je sache. »

     

    À l’anniversaire d’Estelle, nous avons organisé une petite fête intime. La petite a invité trois de ses meilleures amies. Ella a vu trop grand et les enfants eu presque une indigestion de gâteau. Le lendemain, nous avons été réveillés par les imprécations bruyantes de James. Prévoyant comme un écureuil, il avait rangé dans le frigo une part de ce qui restait du gâteau.

    « Qu’est-ce qu’il y a, mon gars ?

    — Estelle a pris mon gâteau, p’pa !

    — Même pas vrai, petit menteur. Je m’en suis tellement gavée hier que je ne pourrais pas en toucher pendant des jours.

    — Allons, tu as dû te lever pendant la nuit et tu ne t’en souviens pas.

    — Mais non m’man, je le saurais si je me suis levé.

    — T’es p’têt somambule, p’tite tête. Faut l’amener au psy, p’pa.

    — Somambule toi-même ! T’es qu’une sale égoïss.

    — C’est assez ! Ce n’est qu’un gâteau. Allez vous préparer, tous les deux.

    — Oh doux Jésus ! Le reste de pâté a aussi disparu !

    — Euh… Tu crois que l’un d’eux serait somnambule ? »

     

    Cette nuit, Ella m’a réveillé. Elle a entendu quelque chose tomber dans la cuisine. Je me lève en bougonnant et je vais voir. J’allume, et j’ai failli marcher sur une fourchette. Mais qu’est-ce qu’elle fait ici, loin de la place des couverts ? Nous n’avons pas encore de chat ni de chien, les enfants n’étant pas encore assez responsables pour que nous en prenions. Alors je suppose que c’est quelque souris qui fait des siennes. Ce qu’Estelle a entendu peut très bien être une nichée de ces sales rongeurs dans les combles. Je prends donc la résolution d’acquérir quelques tapettes et un peu de lard ; le fromage comme appât n’est qu’une absurdité.

    Aucune souris n’a été attrapée, et pourtant, nombre de pièges ont été désamorcées. Bien entendu, le lard a disparu. Le plus intriguant est que personne n’a entendu aucune tapette claquer. Nous ne sommes tout de même pas sous l’emprise de quelque somnifère pour ne pas nous réveiller au déclenchement bruyant d’un piège.

    En préparant le petit-déjeuner, Ella se gratte la tête : il lui manque un pain, le goûter de l’après-midi serait compromis.

    « Pourtant, je crois avoir bien pris quatre pains au supérette, hier soir.

    — Bah, tu as dû te tromper dans tes comptes, c’est tout… Ce n’est pas grave, ma chérie, on n’a qu’à en acheter en rentrant à midi.

    — N’empêche, ça m’énerve… Tu crois que je suis déjà gâteuse ?

    — Quoi, tu rigoles ? Tu n’as même pas la quarantaine. Ton boss ne t’accablerait-il pas de trop de boulot ? »

    Un autre jour, James surprend sa sœur furetant dans sa chambre. J’accours pour séparer ces deux chenapans.

    « Mais qu’est-ce que tu fais dans la chambre de ton frère, ma puce ?

    — Mon baladeur MP3 a disparu.

    — Et tu crois que c’est moi qui l’ai pris ? Tu es tout simplement désordonnée… à moins que tu ne l’aies oublié à l’école.

    — À l’école, il ne quitte jamais ma poche.

    — Tiens p’pa, v’là le mien. Qu’est-ce que j’ai besoin de lui faire une niche, à Estelle ?

    — Sois raisonnable Estelle, si ton frère dit qu’il ne l’a pas pris, je le crois. Tu ferais mieux de te rappeler où tu l’as oublié.

    — Mais p’pa…

    — Allons, sortons ma puce. »

     

    Alors que nous regardons le journal à la télé, le regard d’Ella accroche par hasard la toile qui orne le mur de côté.

    « Dis, c’est toi qui a touché au tableau ?

    — Non, pourquoi ?

    — Il n’est pas tout à fait droit. C’est moi qui l’ai accroché et tu sais que j’ai l’œil.

    — Dites les enfants, vous ne l’auriez pas un peu bousculé par inadvertance, par hasard ?

    — Mais non p’pa, nous sommes assez grands pour ne plus courir comme des mouflets.

    — Et pis, tu crois qu’on s’amuserait à longer le mur ? »

     

    A suivre

    RAHAЯ


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  • LE VISAGE À LA FENÊTRE - Chapitre 1 - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    http://www.alittlemarket.com/peintures/l_enigmatique_ombre_a_la_fenetre_-5787939.html

     

    J’ai été affecté à ce lycée perdu dans une province délaissée. Cela m’est assez égal, si cela nous soustrait à la pollution des grandes villes. Ella ma femme a pu décrocher une place d’assistante juridique auprès du notaire du bourg. Nos deux enfants, James et Estelle, n’ont fait aucune difficulté à aller au collège du bourg.

    Depuis la ville, j’avais déjà prospecté pour trouver une maison, ou au moins un appartement. J’avais fini par être attiré par une charmante maison à étage en vente, au prix plutôt alléchant. J’en avais consulté l’historique. Pas d’histoire de meurtre, de suicide ou même de décès. Ella et moi l’avions visitée un samedi, alors que les locataires étaient en train de préparer leur déménagement. Ils avaient été relativement soigneux : la maison ne nécessitait que de mineures réparations et quelques nouvelles couches de peinture.

    Les locataires partants avaient été peu prolixes, malgré leur air sympathique. Ils n’étaient restés que six mois et avaient prétendu avoir trouvé un meilleur logement. Et non, ce n’était pas le propriétaire qui les avait chassé, lequel est d’ailleurs un vieux rentier aisé fort charmant et débonnaire. Ce qui m’a un peu surpris, c’était sa décision soudaine de vendre la maison, alors qu’il n’avait apparemment aucun besoin urgent de liquidité.

    Quoiqu’il en soit, nous avons fini par emménager, à la fin des vacances. Dans notre C3, nous avons sagement suivi le camion de déménagement. La maison est située à l’entrée du bourg, sur un vaste terrain boisé. On y accède par un court chemin de terre. Une station-service nous sépare de la maison suivante.

    Je suis sorti de la voiture pour prendre une photo de la maison. J’étais en train d’appuyer sur le déclencheur, quand Estelle me fait sursauter. La photo sera un peu floue.

    « P’pa, y a quelqu’un à la fenêtre ! »

    Je lève les yeux. Je ne vois rien.

    « Tu dois être fatiguée, ma puce, il n’y a personne.

    — Mais non p’pa, j’ai pas eu la berlue. N’est-ce pas James ?

    — Bof, moi j’ai rien vu, j’ai pas regardé.

    — Et toi m’man, t’as pas vu non plus ?

    — Non ma chérie, les anciens locataires sont partis depuis une semaine. »

    Estelle est très imaginative. Un reflet, un mouvement de rideau aurait pu l’abuser facilement. Elle se renfrogne, mais nous sommes habitués, dans quelques minutes, sa nature enjouée reprendra le dessus.

    Le désordre a duré plusieurs jours, un emménagement n’est pas aussi facile qu’on le pense. Il faut trouver une bonne place pour chaque chose, chaque meuble… On les change parfois de place jusqu’à l’atteinte du compromis. Des cartons traînent dans l’attente de leur déballage, et on ne peut compter sur les enfants qui préfèrent les expéditions alentour. J’ai été pris par diverses formalités, et Ella a déjà pris sa fonction. Parfois, elle se plaint que quelqu’un a pioché dans les provisions, mais les enfants ont protesté avec vigueur. Je suis enclin à prendre leur défense, on leur a inculqué la valeur de l’honnêteté et de l’honneur. Ella a tout simplement surestimé ces provisions… ou peut-être que son nouveau travail la stresse un peu.

    Le train-train quotidien a fini par s’installer. La maison, dont certaines pièces ont été repeintes et quelques menues réparations faites, est devenue chaleureuse et accueillante, de l’avis général. Elle ferait bien, d’ailleurs, Ella et moi comptons y finir notre vie.

    A suivre

    RAHAЯ


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    LE JAGUAR DE JADE - Chapitre 4 et fin - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    — Donc les géants occupent l’intérieur de la Terre.

    — Oh, il y a des petits humains privilégiés qui vivent avec nous.

    — Dites-moi comment vous en êtes venu là.

    — Jadis, nous vivions à l’extérieur, avec vous. Mais vous avez un tempérament agressif et violent. Des explorateurs avaient trouvé l’intérieur de la Terre. Nous avions donc décidé d’y émigrer. Nous y avions développé notre propre civilisation, notre vie en harmonie nous avait permis d’être technologiquement très en avance.

    — Et pourquoi ce… ce dispositif d’appel, ce jaguar de jade ?

    — Au cours de l’Histoire, certains des nôtres avaient eu de la compassion pour certains groupes humains qui avaient des potentialités intéressantes. Ils les ont protégés de cataclysmes, d’agression d’autres groupes, etc... Nous ne le faisons plus.

    — Mais nous avons plus que jamais besoin de vous !

    — Pour quoi ?

    — Mais… Pour nous aider à vivre en harmonie comme vous.

    — Vous n’êtes pas des enfants. Vous avez le libre arbitre. Vous devez trouver votre propre voie. Toutefois, nous vous surveillons, nous sommes attentifs à toutes vos activités nucléaires. Nous n’interviendrons que si vous risquez de détruire notre demeure commune : cette belle planète que vous ne cessez de maltraiter.

    — Mais puisque nous sommes tous habitants de cette Terre, nous devons nous entraider. Je me propose d’être votre ambassadeur, je vous ferai connaître de tous…

    — Arrêtez, Charles. En fait, ce que vous voulez c’est la reconnaissance, une revanche sur vos détracteurs. Je vous ai dit que nous ne faisons plus d’intervention. Nous savons bien tous deux que la technologie que nous pourrions vous donner serait inévitablement détournée par des individus ou des groupes avides de pouvoir, sans penser au bien-être de l’humanité.

    — Vous ne pouvez vous défiler, j’ai toutes les preuves de votre existence.

    — Naïf petit humain ! Qu’importe à votre humanité de savoir la vérité, puisque nous serons inaccessibles ? Personne n’accèdera à notre monde sans y être invité. Quant à vos preuves, vous n’en aurez pas à présenter, n’oubliez pas notre avancée technologique… Je vous dis adieu, vous avez réussi à me divertir.

    — Attendez ! J’ai encore des questions à vous poser, vous ne m’avez même pas dit votre nom. »

    Sans daigner répondre, le géant est allé prendre le Jaguar de jade, et sans plus m’accorder un regard, rejoint la porte de pierre qui se ferme derrière lui. Je reste là, hagard et frustré. Que voulait-il dire quand il m’a affirmé que je n’aurai pas de preuve à présenter ? La figurine de jade n’est plus là, mais mes caméras placées stratégiquement ont tout enregistré.

    Non ! Non !... Toutes mes cartes mémoire sont défaillantes ! C’est impossible ! Je m’arrache les cheveux. Ce n’est pas une malheureuse coïncidence, le géant a d’une façon ou d’une autre bousillé toutes les puces. Je rejoins la sortie avec tout mon matériel, la queue basse, je n’ai même plus la force de jurer. En voyant ma tête, les caboclos se doutent que quelque chose de grave s’est passé. Certains se signent, pensant encore à la malédiction que je leur ai fournie comme prétexte.

    J’ai rejoint la civilisation et me suis contenté de présenter ma découverte d’un temple ancien dont l’emplacement a été précisé par mon gps. Des petits malins ont cherché sur Googles Map, et ils n’ont trouvé qu’une cénote à l’endroit désigné. J’ai perdu tout crédit.

    Fin

    RAHAЯ

    Illustrations :

     

    LE JAGUAR DE JADE - Chapitre 4 et fin - RAHAR


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    LE JAGUAR DE JADE - Chapitre 3 - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Vous avez procédé à l’appel d’urgence. Pourquoi ? Ou bien l’avez-vous fait par hasard ? »

     

    Je suis suffoqué, il parle un pur espagnol contemporain. Sa voix est grave et forte, mais c’est compréhensible, compte tenu de sa taille.

     

    « Veuillez me pardonner, mais je ne savais pas que c’était un appel d’urgence. Je ne faisais que suivre les instructions du manuscrit…

     

    — … du jésuite Manuel Sanchez Dacosta. Il était le dernier à nous appeler sans qu’il y ait eu urgence.

     

    — Mais… Vous l’avez connu ?

     

    — Nous vivons plus longtemps que vous, mais tout de même pas des siècles. Cet appel figure dans nos archives.

     

    — Mais normalement, pourquoi vous invoque-t-on donc ?

     

    — En principe, on nous appelle en cas d’évènement grave, un problème, surtout environnemental que vous, les simples humains, ne pouvez pas résoudre.

     

    — Ah… Eh bien, tant que nous y sommes, seriez-vous assez aimable pour satisfaire ma curiosité ? Je suis…

     

    — … le professeur Charles Hatan, archéologue atypique, aux théories souvent controversées.

     

    — Vous me connaissez ? Mais comment…

     

    — Nous nous sommes intéressés à vous au moment où vous avez traversé le Manacura. Ne croyez pas que votre civilisation détient le monopole de la technologie.

     

    — Ahaa ! Donc vous saviez qu’il n’y a pas urgence. Pourquoi être venu alors ? »

     

    Le géant a un petit sourire malicieux.

     

    « Nous ne sommes pas dénués de curiosité. En ce moment, j’ai un peu de temps libre.

     

    — Donc nous pouvons avoir une conversation. De quelle race êtes-vous donc ?

     

    — D’une race très ancienne. Les légendes péruviennes disent vrai, nous existons toujours.

     

    — Vous êtes donc en très petit nombre ?

     

    — Détrompez-vous, nous sommes plusieurs centaines de millions.

     

    — Vous radotez, si c’est vrai, ce continent ne vous contiendrait pas.

     

    — Mais nous ne vivons pas ici, voyons.

     

    — Tiens donc ! Vous habiteriez une dimension parallèle ?

     

    — Mais non, nous vivons à l’intérieur de la Terre.

     

    — Quoi, vous êtes cavernicoles ? Je sais qu’il y a tout un réseau de tunnels publics ou non, et d’immenses cavernes, mais plusieurs centaines de millions d’individus !

     

    — Vous avez tout faux. Nous connaissons l’existence de ces cavernes et de ces tunnels, mais nous habitons de l’autre côté de l’écorce terrestre et sommes éclairés par un soleil central. Vous ne saviez pas que la Terre est creuse comme une boule de Noël ?

     

    — Qu’est-ce que c’est que ces absurdités ?

     

    — Allons, ne jouez pas à la fille effarouchée. Je sais que l’idée vous a déjà effleurée. Si vous n’aviez pas été obnubilé par votre discipline, vous auriez pu creuser la question. Des pêcheurs norvégiens nous ont déjà rencontrés. Un officier de marine américain, l’amiral Richard Byrd, a atteint l’entrée de notre monde en 1926 par le Pôle Nord ; il n’a pas pu aller avant par manque de provisions. La Navy a essayé en 1947 au Pôle Sud, mais en vain. Nous ne voulions pas d’eux.

     

    A suivre

    RAHAЯ

    Texte, et illustrations de ses archives personnelles :

    • photo 1 : tirée d'un ouvrage sur la Terre creuse que l'éditeur a été forcé de faire passer pour de la fiction
    • photo 2 : prise par l’équipage d’Apollo XI en juillet 1969, et qui est miraculeusement passée au travers des mailles des filets de la censure de l’administration américaine, montrant l'ouverture au Pôle Nord menant vers l'intérieur de la Terre

     

    LE JAGUAR DE JADE - Chapitre 3 - RAHAR

     

     


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