•  

    p.serviette-de-plage.5801Pol écoutait toujours les conseils de sa mère, quoiqu'elle fut décédée depuis bien des années déjà: « En avril, ne te découvre pas d'un fil, en mai fais ce qu'il te plait.

     

    Cet après midi d'avril là, il avait fait chaud. Très chaud même, mais il avait gardé ses grosses chaussettes dans ses tennis, et son pull épais dissimulant sa bedaine bien rebondie, si bien qu'il avait vite eu les mains moites et les pieds poites ce dimanche là à la plage de Kermor.

     

    Cela ne l'avait pas empêché de respirer l'air iodé et d'admirer les reflets du soleil sur les vagues. Helios faisait étinceler les éclats de mica dans le sable blanc si fin qu'on aurait dit du sucre en poudre, et il admirait les robes légères des femmes et leur bras dorés comme des brioches déjà. « Elles vont être malades , les pauvres, nous ne sommes qu'en avril » pensait il.

     

    A midi, il avait dévoré avec voracité un repas pantaguélique de crêpes variées et bu un peu trop de cidre brut, aussi décida-t-il de s'étendre sur la dune. Il remarqua une très vieille femme en string qui avait eu la même idée. Elle était maigre et toute ridée. Elle n'est pas raisonnable se dit il, ému, on est en avril! Elle lui sourit et il rougit ,les mains encore plus moites et les pieds restés poites.

    Il étendit soigneusement sa serviette éponge décorée d'oiseaux exotiques multicolores et s'allongea, heureux comme un roi. Il s'endormit presqu'aussitôt.

     

    Il se vit trempé jusqu'aux genoux sur un radeau, assoiffé, affaibli, étouffant de chaleur.... trois hommes le regardaient avec appétit. « Regarde toute cette bonne viande, si on le découpe et le met à sécher au soleil ça nous fera tous tenir longtemps » Pol donna faiblement son accord mais hurla quand l'un d'eux brandit son couteau et le plongea. Je suis sur le radeau de la Méduse, hurla encore Pol, mais les cris des goélands couvrirent ses cris.

     

    Il se réveilla en sursaut . Un galet pointu lui entrait dans les côtes, des pieds de lièvres lui chatouillaient le nez, les oiseaux de mer poussaient vraiment des cris discordants. Il n'avait plus les mains moites, ni les pieds poites, ma foi.

     

    La vieille dame, habillée, dont les yeux étaient aussi étincelants que le mica, à présent qu'Hélios plongeait dans l'océan lui sourit:

    - ça va aller, monsieur?

    Pol, qui avait 76 ans, lui sourit:

    • Ce n'était qu'un cauchemar...

     

    Ils discutèrent agréablement en marchant vers leurs voitures, et échangèrent leur numéros de téléphone.

     

    Ce fut quand même un bien beau dimanche à la plage pour tous les deux!

      

    Mona

    ***

     

     

     

    Illustration :

    ishopyoushop.com 


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  • crabe outil pinceSUR LA PLAGE

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    Nouvelle

     

    de

     

    Rahar

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Le matin est levé. Un rayon de soleil taquin m’agace l’œil. Je dois donc sortir. Sur le seuil, une petite brise m’accueille, mais je n’en ai cure, elle glisse sur moi comme les gouttes d’eau sur le dos d’un canard. Ce qui me préoccupe, c’est la bouffe : hier soir je n’ai pas fait bombance. J’espère me rattraper aujourd’hui.

     

    Le sable est déjà chaud : les ondes dansantes de chaleur rendent flou l’horizon. Je veux d’abord me réchauffer un peu sous les rayons bienfaisants du soleil. J’en profite pour me débarbouiller sommairement la figure.

    J’aperçois ma voisine de droite qui vient d’émerger. Elle est assez bien foutue, ma foi. Mais ce n’est pas encore le moment de penser libertinage. Ces temps-ci, la mer n’a pas été trop généreuse, et ce qui me préoccupe c’est ma subsistance ; c’est aussi d’ailleurs le soucis des autres. Hier, j’ai failli me battre avec mes voisins de gauche, et même avec un type qui loge un peu plus loin à droite, pour un tout petit poisson.

     

    Je m’avance précautionneusement, un œil à gauche, un autre à droite. Je sprinte un coup et je stoppe. Un coup d’œil vers le ciel vide ; aucun monstre volant en vue. Une vague vient de se retirer, vite je m’élance et scrute fébrilement le sable mouillé. Bingo ! le premier morceau de mon petit-déjeuner : un appétissant petit ver tout frétillant. Ah ! Quel délice, vraiment savoureux.

     

    Mais ne perdons pas de temps, les autres se rapprochent. J’attrape une petite puce avant qu’elle ne s’enfonce. Je savoure un moment sa croustillance. Je décroche, mon colosse de voisin de droite arrive et je préfère ne pas engager de combat ; que mes voisins de gauche se débrouillent avec lui. Je vais prospecter plus loin.

    Maintenant, je n’attends plus que la vague se retire. Je me précipite sur ce qu’elle a apporté de comestible. Pas vraiment de quoi se remplir la panse, mais la qualité compense un peu la quantité. Je me lasse enfin de cette valse disgracieuse avec les vagues et je remonte lentement sur la plage.

     

    Mais que vois-je ? Un attroupement. Il n’y a évidemment que la bouffe pour créer ce genre d’événement. Taïaut ! Je fonce sans un regard à droite ni à gauche. Je freine à temps pour ne pas emboutir ma voisine de droite. Mes aïeux ! Un gros poisson ! Les autres, une bonne douzaine, sont déjà à table. Je bouscule ma voisine (ventre affamé ignore la galanterie) et je bâfre comme un cochon. Ah ! Cette chair putride qui fond délicieusement dans la bouche, et ce fumet si délicat qui vous ferait entrer en transes !

     

    Une ombre, un cri rauque et strident. Sauve qui peut ! Le monstre blanc volant qui arrive. Je m’enfuis à perdre haleine vers mon refuge, mon home sweet home. Je sais que les autres se sont éparpillés comme confetti au vent. Enfin, j’atteins le seuil de mon abri. Je me retourne et contemple avec regret le banquet désormais inaccessible.

    Tout de même, je me suis régalé et aujourd’hui a été bien meilleur qu’hier. L’estomac tranquillisé, il me vient des idées égrillardes en me tournant vers ma voisine qui se tient sur le seuil de son nid. Je vais tenter ma chance maintenant. Je m’approche doucement en dandinant. Elle n’a pas bougé ; je crois que c’est dans la poche, je suis près d’elle.

     

    Mais horreur ! Qu’est ce filet qui s’est abattu sur nous ?

    ***

     

    Tiens, mon petit, mets ces crabes dans ton seau et va jouer avec ta sœur sans vous disputer. Maintenant, papa va aller bronzer près de maman.

       

    Rahar

    ***

     

     Note de Lenaïg : On ne trouvera ici : ni mains moites, ni pieds poites, ni le Radeau de la Méduse, ni Hélios, les trois conditions pour relever le défi ; on comprendra pourquoi si on s'arrête un peu sur cette plage pour lire la petite nouvelle de Rahar.

    En effet, l'angle de vue ici est inattendu, les personnages aussi, qui ne connaissent pas la mythologie grecque (Hélios est inconnu au bataillon chez eux, mais, vous l'allez voir, bien présent !), le Radeau de la Méduse pour nos héros se situera hors de l'eau. Anatomiquement, pas de mains moites ni de pieds poites et pour cause ! Ils n'ont ni mains ni pieds ...

    Illustration provenant de blogspot.com

     

     


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  • 280px-Dernier-mohican-giffeu-delagrave 1937

     

     

    1960.Télé-antenne Radio Canada. Mercredi 16 h 30

     

    Me voilà bien embêtée. Il me faut vous raconter [pour un défi de Marc Varin sur Plumes au vent, note de Lenaïg] une histoire qui ne ressemble en rien aux souvenirs que j’en ai gardés. Comment faire pour atteindre mon objectif ? 

    Commençons par le début. J’ai six ans,sept ans et huit ans. Tous les mercredis après l’école, je cours vite à la maison pour ne pas rater mon feuilleton préféré qu’on présente aux enfants à la  télévision. Je verrai sans avoir peur, des Indiens et des animaux dangereux qui vivent au cœur de la forêt.

     

    Notre famille habite sur le côté nord du fleuve St-Laurent, mais juste en face de nous, de l’autre côté, je sais qu’il y a de vrais Indiens qui y vivent. Quand nous allons au chalet chez mon oncle, nous devons traverser cette réserve qui me terrorise. Je me cache et me colle le dos au fond de la banquette arrière. Mon cœur bat la chamade et je risque un œil sur ces gens étranges qui ne font rien sinon de nous regarder passer sur leur territoire. Mais à l’école, la maîtresse nous a raconté la terrible histoire des Iroquois et des Indiens qui ont torturé des prêtres et scalpé les premiers colons Français. Pire, le fameux massacre de Lachine eut lieu dans la ville à côté de chez nous. Quand on a six ans, l’histoire avant nous c’est juste hier. Et j’ai peur des Indiens pour ce qu’on m’en a appris. Ma mère me dit que maintenant, ils ne sont plus dangereux. Mon père conduit la voiture, mais je sens une tension. Probablement celle de mes sœurs qui éprouvent la même terreur que moi. Je vous jure qu’on était calme dans cette voiture pendant qu’on passait sur la route principale du village indien.

     

    Mon feuilleton me raconte des batailles avec des Indiens,  mais il y en a plusieurs sortes. Des bons et des pas bons. A dire vrai, je ne sais plus lesquels sont les méchants et lesquels sont gentils. Ils y a aussi des hommes en costumes d’armées. Des rouges et des bleus. Ils se battent tous entre eux et je ne sais pas pourquoi.

    J’aime regarder ces émissions et rien ne me ferait en perdre une. On court dans la forêt, les Indiens se battent avec des ours, des loups et aussi avec des soldats qui allaient en mission avec des cavaleries. Les Indiens sont toujours cachés au sommet d’une montagne et patiemment, ils attendent que les soldats tombent dans leur embuscade.  Ils sont forts. Ils savent attraper des poissons à mains nues et décocher des flèches qui vont droit à la cible. Ils sont rusés. Dans une forêt, ils ne se perdent jamais. Ils lisent les signes et suivent les traces encore mieux que les GPS d’aujourd’hui.

     

    Allez savoir pourquoi, malgré le fait que tout était confus dans mes perceptions de cette histoire, j’avais des héros que j’admirais. Pour moi, c’était  les bons dans ces aventures extraordinaires. Œil de Faucon était mon préféré. C’était aussi l’ami du chef Chingachgook et de son fils Cerf Agile. Il y avait aussi la jolie Perle de Rosée. Je ne me souviens plus qui elle aimait.

     

    *Sources Wikipedia

    2010-05-14                  http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dernier_des_Mohicans_(roman)

    Le récit a pour théâtre l’Amérique du Nord, pendant la guerre de Sept Ans. Les affrontements entre Français et Anglais en forment la toile de fond. Cooper décrit notamment la bataille de Fort William Henry qui oppose, en juillet et août 1757, les troupes du général français Montcalm (et de ses alliés indiens) à celles du colonel britannique Munro.

    Intrigue    

    En juillet 1757, Montcalm remonte le lac Champlain et se dirige avec des soldats « aussi nombreux que les feuilles de la forêt » vers le fort William Henry, tenu par le colonel Munro qui dispose de faibles moyens de défense. C’est le moment que choisissent Cora et Alice, les filles de Munro, pour s’en aller rejoindre leur père. Elles sont accompagnées de David La Gamme, maître en psalmodie, du major Duncan Heyward et d’un guide indien, Magua, qui a tôt fait de les égarer.
    Fort heureusement les voyageurs rencontrent le chasseur blanc Œil-de-Faucon, éclaireur des Anglais, et ses deux amis
    Mohicans : Chingachgook et son fils, Uncas. Le guide, Magua, est objet de soupçons. Il prend la fuite.
    Réfugiée pour la nuit dans une caverne du
    rocher de Glen, la petite troupe est assaillie par des Hurons menés par Magua. Œil-de-Faucon et les deux Mohicans arrivent à s’enfuir. Les deux jeunes filles et leurs deux compagnons sont capturés et emmenés.
    Magua, ou Renard Subtil, est un chef huron qui cherche à se venger de Munro. Il propose à Cora de l’épouser, car il a besoin de quelqu’un pour tirer son eau, cultiver son maïs et cuire son gibier. Cora refuse. Au moment où les captifs vont être exécutés, ils sont délivrés par Œil-de-Faucon et les deux Mohicans. Tous gagnent le fort William Henry assiégé. Mettant la brume à profit, ils parviennent à s’y glisser.
    …………………………………………………………
     
    Oups ! Méchante différence entre mes perceptions d’enfant de 7 ans et la réalité historique de ce roman télévisé que j’ai tant aimé regardé tous les mercredis après l’école. Pire, j’aimais les méchants…. Mais non ! J’aimais ces récits d’aventure. 

     

    Marie-Louve


     


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  • Note : reprogrammation du Défi ce lundi 17 mai car, indication de Pascale la Tricotineuse, c'est bien aujourd'hui le Jour J ! 

    jpg Dubout-Plage -Psst-apporteLa proposition de défi de Hélène le Calame et la Plume :

     Pour le défi n°29, Chez les "Croqueurs de Mots", je vous propose de passer une journée d'exception... AU BORD DE LA MER.

     ... Sujet presque libre.

     Que ce soit Vincent, Paul, Caroline ou vous, votre récit peut mettre en scène le nombre de personnes que vous voudrez.

     Vous aurez tout loisir de parler en tant qu'acteur, ou spectateur de l'histoir

    VOTRE MISSION, SI VOUS L'ACCEPTEZ: On ne se moque pas de la vieille dame tannée et fripée qui fait bronzette à côté de votre serviette, ni de quiconque d'autre!

    ... Et dans votre texte, doivent paraître 3 mots ou expressions que voici:

    - "J'ai les mains moites et les pieds poites",

    - "Le radeau de la Méduse",

    - Hélios.

    Oh, le petit plus qui peut faire la différence: récit à deux ou plusieurs plumes bienvenus, mais ne vous y sentez pas obligés...A bientôt,

    Hélène 

    ***

    Au bord de la mer

     

    -          Albeeeeeert ! Tu as mis la glacièèèèr…dans le coffre arrièèèèreee ?  Tu n’as pas oublié mon gonflable ? Ah ! Non. Tu ne vas mettre ce beau pantalon à carreaux vert lime ! Tu deviens fou ou quoi ? Si ma sœur te voyait ? Elle s’en fâcherait. Un dernier cri Esprit qu’elle a payé la peau des fesses à son dernier shopping pour ton anniversaire. Va m’enlever ce pull en coton et cachemire jaune citron. Ma parole, il est dingue !

     

    -          Qu’est-ce que tu m’embêtes Philomène ! C’est toi qui dis toujours que je ne sais pas te mettre en valeur quand nous sortons ensemble. On s’en va à la plage des Grillons Sautés et tu m’as encore hululé hier soir que tous tes amis de ton club de golf y seraient présents pour le pique-nique annuel au profit du couvent du Saint-Corps du Christ. C’est pas chouette de ta part de ne pas reconnaître mes efforts. Si, et re-si. La glacière et ton coussin gonflable sont déjà embarqués. Ne manque que toi.

     

    -          Albeeeeeeeeeert ! Tu joues avec mes nerfs ! J’ai dit pas ce costume-là ! Mets ton maillot hawaïen et ton pull tennis. L’asymétrie ne manque pas d’effet cette saison. Tu ne viendras pas à mon pique-nique déguisé en nappe à carreaux. Suffit ! Accélère le rythme sinon je me retrouverai sur les galets en haut de la falaise. Tu as pris le parasol et ma chaise transat dans le hangar ? Il faut tout te dire. Comment veux-tu que je fasse ta mignonne le soir venu ?

     

    -          Quoi ? Tu feras ma mignonne ? Donne-moi cinq minutes et je te reviens habillé en «  ton style me ressemble». Après tout, ma beauté est ton état d’esprit. Je reviens Mignonne. Tu seras la première au  balcon sur le sable. Promis. A l’abri du soleil et de la soif. Ta chaise et tes crèmes. Tout est là. Va t’asseoir ma Lolo, ma Biquette sur la banquette avant de la Peugeot. J’ai mis le vin blanc sur la glace.

     

    -          T’as intérêt à te magner. Je ne veux pas que Lucienne Payenne se place devant moi. Je ne verrai plus la mer devant.

     

    Aussitôt dit, aussitôt revenu, Albert mit la clé dans le démarreur et le moteur de la vielle Peugeot ronronna comme un chat ayant avalé un serin. Philomène calmée enfonça son chapeau de paille sur sa tête de peur que le soleil n’abîme sa peau de lait pendant qu’elle écoutait Bach, Brandenburg Concerto no 1 en F majeur et le deux et le trois en G majeur.

    Albert rêvait et sifflait dans le vent de l’air salé du bord de la mer.

     

    Sans peine, il trouva un espace tombé du ciel tout au bord de la mer sur la plage des Grillons Sautés et gara sa voiture dépenaillée tout autant que lui. Philomène reprit ses esprits et prit conscience qu’ils étaient enfin arrivés à bon port.

     

    -          Albeeeert !  J’ai les mains moites et les pieds «  poites » !  Sont-ce mes chaleurs qui reviennent ? Albeeeeert ?  Dis-moi. Mon maillot, tu ne trouves pas qu’il me grossit ? J’aurais dû choisir le rouge. Il me va mieux non ?

     

    -          Mais non ma mignonne ! C’est moi qui te dévore du «  poite-rail». Tes petits petons sont à la fine pointe. Descends avant que la foule ne prenne place. Tu vois le radeau de la Méduse ? On va s’y installer confortablement et le sable ne saura  poncer la peau fine de tes pieds de biche veloutée.

     

    -     Albeeeeert ! Parfois, vous me faites chavirer par vos mots si délicats que j’en oublie qui vous êtes. Ce Concerto m’a envoûtée.

     

    Philomène et Albert prirent place sur le radeau de la Méduse après avoir  traîné tout  leur attirail de plage autour d’eux. Alanguie sur sa chaise transat, Philomène vida la bouteille de petit blanc rafraichissant et se laissa flotter comme un nénuphar  sur l’eau. Elle s’endormit ainsi. Albert en profita pour faire trempette et plonger au fond de la mer en recherchant des étoiles. C’était sa pêche. Philomène sera sa mignonne.

     

    Lucienne Payenne arrivée après les douze coups de midi sonné au clocher du couvent resta loin des buissons ardents. La chaleur d’Hélios incendiait la plage désertée. Tous les invités du pique-nique annuel s’étaient réfugiés sous le chapiteau protecteur pour les dégustations de circonstance.

     

    Quand Albert sortit de l’eau salée, les cloches de quatre heures sonnèrent. Horrifié, il retrouva sa Philomène toujours endormie, couleur rouge pompier dans son maillot blanc coquille d’œuf. Il comprit sur le champ ou plutôt sur ce radeau, qu’il n’ira plus au bois ce soir avec sa mignonne. Il entrevoyait déjà la scène.

     

    -Albeeeeeeeert ! La glacièèèèèèreeeeeeeeeeee !

     

    Marie-Louve

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    L'illustration :

    DAUMIER & DUBOUT

    Deux caricaturistes marseillais

    Voir Le catalogue de l’exposition Du 28 septembre 2007 au 31 janvier 2008

    A l’occasion de la commémoration du bicentenaire de la naissance d’Honoré Daumier, la Fondation Regards de Provence présente un ensemble de 170 peintures, caricatures, dessins, affiches et sculptures de Honoré Daumier et Albert Dubout.

    La Fondation Regards de Provence rapproche Honoré Daumier (1808-1879) et Albert Dubout (1905-1976) le temps d’une rétrospective - deux artistes originaires de Marseille, qui à près d’un siècle d’intervalle, choisirent d’exprimer leur art en s’inspirant du monde dans lequel ils ont évolué. Cette exposition présente plus de 170 dessins, affiches, tableaux et sculptures des deux artistes, du vendredi 28 septembre 2007 au dimanche 20 janvier 2008 dans les salons du Palais des Arts.


    jpg Dubout-Plage -Psst-apporte


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    Note : cette suite reste inspirée par l'idée de jeu de Marc Varin sur son forum Plumes au vent.
    Elle a bien sûr été postée en priorité sur Plumes.

    ***

     

      Souris du Chat Botté

     

     

    Preux Chevalier Stellamaris, vos désirs sont des ordres : voici la suite et la fin de l'histoire.


    Un jour, il y eut un grand remue-ménage dans l'habitation attenante au moulin : le meunier était mort. Notre souris, curieuse de nature, avide de connaître le monde autour d'elle, décida de faire incursion discrète dans la cuisine, où la famille humaine s'était d'abord rassemblée et qui était maintenant désertée. Désertée ? Par les humains. En effet, Damoiselle Souris y vit le chat, qui ne dormait pas au coin de l'âtre comme à son habitude. Il se tenait debout au milieu de la pièce, la queue agitée de grands mouvements de balancier, signe d'extrême perplexité.

    "Nerveux comme il est, s'il m'aperçoit, il risque de me sauter dessus sans que j'aie le temps de dire ouf et il me croquera toute crue". Elle se trompait en l'occurrence, car Messire Chat avait complètement perdu l'appétit : l'affaire était trop grave. Damoiselle Souris n'aurait pu le deviner, d'où sa prudence. Du fond de son petit trou, la souris siffla ! Le chat, grandement surpris, déjà tout électrisé par l'émotion, s'approcha du trou dans la plinthe en crachant, poil hérissé.

    "- Salut Matou ! Serais-tu dans l'embarras ?"

    A ces mots, le chat, oublieux qu'il parlait à une proie, déballa son fardeau :

    "- C'est bien peu dire ! Le meunier vient de mourir. Voilà qu'il m'a cédé à son plus jeune fils et celui-ci, qui n'a pas un sou, ne sait guère où il va aller loger, il envisage en plus de me faire en civet !"

    Messire Chat s'interrompit brusquement et s'écria :

    "- Mais qui es-tu, avec qui je converse comme si on se connaissait depuis toujours ? Une souris, si j'en crois l'endroit où tu te terres ... Une souris qui sait parler l'humain ? Je croyais qu'il n'y avait que moi qui savait accomplir cet exploit, car ainsi m'a fait mon créateur Charles Perrault."

    " - Eh oui, je ne suis qu'une souris mais je parle aussi, même si ma voix est bien tremblotante et faiblarde car je n'ai pas trop l'habitude et jusqu'à présent, ma famille n'a fait que s'en moquer ... Je veux bien sortir si tu promets de ne pas te jeter sur moi. Allons, ne te désespère pas, je te connais : même le meunier t'admirait pour tes prouesses. Tu as déjà plus d'un tour dans ton sac, comme : quand pour prendre des rats et des souris, tu te pends par les pieds ou tu te caches dans la farine pour faire le mort [termes exacts du conte de Perrault]. Tu es en forme, bien nourri (bien des membres de ma famille en ont fait les frais), athlétique, tu ne manques certainement pas d'idées ... Et moi ! J'en ai plein qui fourmille !
    Je te propose une alliance, toi et moi pour sauver la mise à ton nouveau maître et nous dessiner à nous aussi un brillant avenir !"

    " - Tope là, Souricette, rejoins-moi au grenier, tenons notre premier conciliabule !"

    Ce soir-là, un premier plan d'action fut élaboré et mis à exécution dès le lendemain. Messire Chat fit sa demande de bottes à son nouveau maître, qui se rendait bien compte, déjà, qu'il n'avait rien à y perdre mais plutôt à gagner et misa ses derniers deniers auprès du cordonnier.

    Re signé : Lenaïg, qui ignore si c'est la fin du texte du parchemin. C'est pour le moment tout ce que Fée Dodue lui a fourni, en lui cachant s'il restait encore quelques lignes, ou pas ! Fée Dodue, fée têtue ? Alors, à suivre, peut-être !

    ***

     

     

      chat botte11

     

     

     

    Voilà, voilààà ! Suite ... et FIN !

    Une fois chaussé de ses bottes, Messire Matou se sentit ... un autre homme et la confiance lui revint.
    "Il faut attirer à ton maître les faveurs du roi" lui souffla la souris, qui n'avait pas les oreilles dans sa poche. Au chaud dans la botte gauche du chat, elle avait en quelques jours voyagé plus qu'elle n'avait eu l'occasion de le faire dans sa jeune vie et beaucoup appris sur ce qui se passait dans le pays. Messire Chat fit le reste, tendit ses pièges : un lapin, deux perdrix en perdirent la vie. Le roi se montra ravi de ce comestible cadeau.

    Ce fut aussi le Chat Botté qui eut l'idée de nommer son maître Marquis de Carabas, mais ce fut Souricette qui remarqua la jolie princesse royale à marier et inventa le stratagème de la fausse noyade, pour que le dit marquis fût remarqué de la fille du roi, ensuite ... noblement vêtu !
    Messire Matou prit l'initiative de terroriser les faucheurs puis les moissonneurs pour qu'ils affirmassent au roi qu'il était sur les terres du Marquis de Carabas. Là, Souricette, dans sa botte, n'était point d'accord avec la méthode employée mais elle n'en voyait pas d'autre.

    Et Souricette poussa le chat à se rendre chez l'ogre, à qui les terres en fait appartenaient ; le temps pressait, le jeune fils du meunier allait bientôt se faire mettre à la porte par son frère aîné ... Souricette calma la frayeur du chat quand il vit l'ogre se transformer en lion pour l'épater et lui intima l'ordre de demander à l'ogre, doué mais pas futé, de prouver qu'il pouvait se faire aussi ... souris. On sait ce qui arriva : plus d'ogre, place au Marquis de Carabas, dignement relogé.

    Les événements se précipitèrent : Carabas épousa sa princesse royale, Messire Chat et la désormais Dame Souricette connurent une existence longue et dorée. Souricette, généreuse, exigea qu'on traitât mieux les travailleurs dans les champs, qu'on cessât de les gréver d'impôts. Elle obtint satisfaction, elle, petite ombre grise, si petite mais si puissante.

    Sans que Chat Botté n'eût démérité, il n'était que justice que le parchemin retrouvé complétât la vérité.

    Signé : Fée Dodue, qui n'allait pas garder pour elle seule cette superbe facette de la réalité. Ceux qui voudront bien y croire se sentiront un peu moins niais a-t-elle décrété ! Nounoursette Lénaïg ? Epuisée, elle est allée se coucher.

    ***

    Illustrations :

    Souris => coloriage.gulli.fr

    Chat Botté => mescoloriages.com

     

     

     


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