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- Alors tu vois, le chevalier s’approche du méchant monstre obèse, puis il sort son épée d’or. Ensuite, il met la pointe de son épée sur la gorge du gros… dis, tu m’écoutes ?
- Hmmm ?... Mais oui, mais oui.
- Donc le chevalier s’approche et lui décoche un terrible coup de poing dans la panse…
- Attend, tu as dit que l’épée avait deux mètres, et qu’il a mis sa pointe au cou de l’ogre, et puis qu’il lui a donné un coup de poing ; dis donc, ton chevalier doit avoir le bras très long pour pouvoir faire ça !
- Tu m’embêtes, j’te dis qu’il est très fort. Et puis il a fait tournoyer l’épée d’or, et puis il a tailladé le ventre du monstre…
- Ah, et alors ?
- Ben les tripes du monstre se sont répandues par terre…
- Beuh, quelle horreur ! Et qui va faire le ménage après ?
- Oh, les lévriers s’en sont occupés… J’t’ai dit que le chevalier avait deux grands lévriers ? Ils sont très méchants et ils lui mangent dans la main…
- Mais si tes chiens sont si méchants, ils boufferaient aussi la main de ton chevalier.
- Mais c’que t’es bête ! Tu vois, quand tu caresses toujours un chien, il te bouffera jamais.
- Au fait, tu as dit que ton monstre était obèse ?
- Bah oui, et alors ?
- Alors un coup de poing ne ferait que rebondir sur sa graisse.
- Euh… Ah mais c’est un coup à la Jet Li, tu comprends ? Ca assommerait un bœuf. Et puis laisse-moi continuer, va ! Alors la vieille fée
- Elle est jolie au moins ta fée ?
- M’enfin, on s’en fout qu’elle soit jolie ou non, elle a des pouvoirs, c’est ce qui est important !... Bon, alors la vieille fée… Mais laisse donc ton livre et écoute.
- D’accord, d’accord, je t’écoute.
- Alors la fée sort de sa poche la bague enchantée…
- Tiens, elle est en jeans, ta fée ?
- Bin oui, c’est qu’elle suit la mode, tu sais. Des jeans bien délavés avec quelques déchirures.
- Super ! Continue. Donc ton chevalier va recevoir une bague qu’il va offrir à sa fiancée, je suppose ?
- Ké fiancée ? T’es pas fou, non ? Qu’est-ce qu’il ferait d’une fille ?
- Alors il est homo ?
- Décidément, tu comprends rien. La bague lui donnera des pouvoirs estrordinaires, comme Green Lantern, tu vois ? C’est un justicier… Ca fait rien, je vais raconter l’histoire à papa.
J’ai balancé entre le remords et le soulagement. J’aurais dû écouter patiemment les élucubrations de mon petit neveu. Mais d’autre part, j’ai un mémoire à préparer ; je repris mon livre en soupirant.
Rahar
plplplpl
Illustration naïve de Lenaïg :
le prince à l'épée de deux mètres et au bras élastique contre le gros monstre.
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Les fleurs des jardins
ceux qu'on aime bien
cadres de plein air
où je vois ma Mère ...
Fleurs à l'intérieur
réunies avec bonheur
pensant à Maman
que nous aimons tant
Il y a toutes ces fleurs, et derrière,
Reste la belle ombre de notre Père.
Toute notre tendresse à eux deux.
Lenaïg
***Une info !catiechris a organisé un petit jeu : faire un haïku, ou trois lignes à sa fantaisie sur le thème de la coccinelle !Cliquer sur Croqueurs de mots, on trouve rapidement son blog, puisqu'elle le met à jour en permanence et le republie en fonction des poèmes qui arrivent.On met sa fantaisie en commentaire chez elle, elle l'inclut dans sa page et ... les lecteurs peuvent voter pour celui qu'ils préfèrent !***
3 commentaires -
UNE JOYEUSE FÊTE
J’étais en train de penser à ce que je vais offrir à la mère, quand le carillon d’entrée me fit sursauter. Je n’attendais personne, et de toute façon, les gens étaient en train de préparer la fête des mères. À moins que ce ne soit un créancier impatient, mais il avait mal choisi son moment : je n’avais pas de liquide et de toute manière, un chèque ne pourra être touché que lundi. Surprise ! c’étaient les enfants de ma sœur.
- Salut, tonton.
- B’jour, t’ton.
- Hey ! Salut, les enfants. Entrez, entrez. Que me vaut donc le plaisir ? Vous ne deviez pas être à la piscine ?
- Ben oui, mais c’était un prétexte.
- Ah, vous avez pensé à tonton, ce sac est pour moi ?
- Beh non, c’est pas pour toi.
- Ah…
- Tu sais tonton, que demain c’est la fête des mères.
- Euh… oui. Mais je ne suis pas votre mère, que je sache.
- Mais puisqu’on t’dit qu’c’est pas pour toi.
- On a besoin de ton aide, tonton.
- D’accord, d’accord. En quoi puis-je vous aider ?
- Ben voilà, on voudrait offrir un gâteau à maman…
- Eh bien, vous n’aviez qu’à voir chez le pâtissier…
- On y est allé ce matin, t’ton. Nos économies ne sont pas assez.
- Mais on y trouve des gâteaux de tous les prix…
- Pfff ! Tu nous a appris à ne pas être mesquins, tonton.
- Et pis, on n’aura qu’une toute p’tite part.
- Tais-toi nigaud, c’est pour maman, pas pour toi.
- Quand même, t’sais bien qu’elle va partager.
- Allons, allons les enfants. Qu’avez-vous donc en tête ?
- Ben je me suis dit qu’avec ce que nous avons, on pourrait faire un gâteau maison.
- Voui, on va faire nous-même le gâteau, une forêt noire. On a fait le marché.
- Écoute tonton, si on défalque le bois de chauffe, la main-d’œuvre et la marge bénéficiaire du pâtissier, on pouvait s’en sortir.
- Très bien. Et quel rôle vais-je donc jouer ?
- Comme c’est une surprise, nous ne voulons pas faire ça chez nous. Et puis, on veut profiter de ton savoir-faire.
- Et pis on veut pas salir la cuisine, ça pourrait énerver m’man.
- Et donc vous voulez salir la mienne de cuisine ?
- Tonton ! Je te promets qu’on va tout nettoyer après.
- C’est bon, voyons ce que vous avez… Tiens, pourquoi faire cet œuf de caille ?
- Ben y en avait plus, c’est à croire que tout le monde a besoin d’oeufs, alors… Mais c’est un œuf, non ?
- Heureusement que j’en ai encore dans mon frigo.
- Tu sais t’ton, on te remboursera mercredi prochain, quand p’pa nous donnera notre argent de poche.
- Ne t’en fais donc pas, mon p’tit gars, c’est rien.
- J’ai… euh nous avons pensé aussi que tu nous avancerais un peu de beurre.
- D’accord poulette, vous avez de la chance que je viens de m’approvisionner.
- On sait.
- Quoi ? Mais vous êtes machiavéliques !
- S’il te plaît, tonton.
- Très bien, sortez le matériel… Et toi, qu’est-ce que tu fous ?
- Ben elle sait où sont les trucs dont t’as besoin, moi pas.
- Bon toi, tu vas casser les œufs et isoler les jaunes.
- Eh le jojo ! arrête de manger le chocolat, y en aura pas assez pour le gâteau.
- Ben faut bien que j’goûte, pour voir si c’est assez noir.
- Allez p’tit gars, va voir dans le buffet, il y a une tablette, sers-toi.Les enfants sont enfin partis. Ils vont revenir demain prendre livraison de leur « œuvre »… Enfin, j’ai plutôt fait le plus gros du boulot, sacrés gamins ! Heureusement qu’ils avaient nettoyé comme promis. Je vais ranger le fameux gâteau. Tiens, qu’est-ce que c’est que ce petit truc qui dépasse ? Je tire un peu. Horreur ! c’est une patte de cancrelat ! Il était probablement dans la farine. Il y a bien des gens qui bouffent des insectes, mais je ne crois pas que ma sœur apprécierait. J’ai l’esprit ouvert, mais pas assez pour goûter au cafard. Et si je l’enlevais tout simplement ? Non, il y a l’odeur, subtile peut-être, mais il faut compter sur le nez fin de mon beau-frère.
Tant pis, je vais me fendre d’une forêt noire chez le pâtissier. Pourvu qu’il en reste. Heureusement, les enfants n’y verront que du feu, ils ne décèleront aucune différence. Évidemment, les enfants allaient se faire mousser, mais ma sœur ne sera pas dupe, elle connaît très bien mes talents. mais c'était parti d'un bon coeur, ah, les chers anges !Rahar
Note de Lenaïg :Un p'tit air de Men In Black s'impose, non ? Voilà deux hommes qui ont affaire à des cancrelas, cafards et autres blattes venus de l'espace et d'une taille bien plus imposante qu'une pauvre petite bestiole cuite dans un gâteau ...Illustration du début : Petit Ours Brun offre des fleurs à sa Maman.Site : je ne rappelle plus. Demandez "Petit Ours Brun offre des fleurs à sa Maman" et vous trouverez. Suis-je bête, on peut lire le site en bas à droite de l'image : coloriez.com.
6 commentaires -
J'ai comme un manque,
J'dois le cerner
Est-ce à ma banque,
Pas de monnaie ?
Je n'suis pas sur la paille
Et j'ai toujours un toit
Qu'est-ce donc qui m'assaille
Quel est-ce malaise sournois ?
Légère nostalgie
Qui s'insinue sans bruit
Y a un p'tit quelque chose
Qui ferait voir la vie plus rose
Mais qu'est-ce que c'est
Sous ce joyeux soleil de mai
Ce p'tit rien que j'ai oublié ?
Est-ce senti, vécu, pensé ?
J'crois que j'ai compris
Rire en cascade à l'infini
Au théâtre où on répétait
Je me rappelle l'atelier
Qu'est-ce qu'on riait
Qu'est-ce qu'on riait
L'un de nous se trompait
Et les autres pouffaient
Le fou rire montait
Irrépressible à en pleurer
Le fou rire est absent
Ou alors c'est très rare
Voilà qui est bizarre
Serait-ce dû à l'air du temps ?
C'est très troublant
Plus d'hilarant défoulement
Sans aller chercher l'hystérie,
N'est-il pas vital que l'on rie ?
Une pratique
Qui ne donne rien en solo
On essaie, on se sent idiot
Si on est seul, ça tombe à l'eau
Pour quelle raison
N'y a-t-il plus rien ?
C'était si bon
d'rire en commun
De nombreux clubs du rire
En font une technique
Qui arrive à séduire :
Plus de spontané, un déclic !
On adhère ou on fuit,
Un des choix de la vie
J'ai toujours préféré
Des spasmes non prémédités !
Rire sans peur,
Glousser en chœur
d'un petit rien,
c'est encore mieux,
Ça rend heureux,
Ça rend heureux !
*****
La vraie chanson : si on l'écoute, j'espère qu'on voudra bien me pardonner la fantaisie que j'ai commise car si j'ai osé en faucher l'air, les paroles ont une toute autre dimension. Le rire s'y est arrêté net.
Image : jlhuss.blog.lemonde.fr
6 commentaires -
C'était maintenant devenu un évènement annuel : le petit bal rétro du 14 juillet à Vieillesouche en Terre, charmante localité de la France dite profonde, douillettement entourée de verdure, de rivières et de lacs. Josiane et son mari, tous deux en retraite, venaient de s'installer dans la commune, après avoir eu le coup de foudre pour une vieille bâtisse du cru, qu'ils comptaient retaper et aménager afin d'y recevoir enfants et petits-enfants pendant les vacances.
L'une de leurs petites-filles était déjà là pour une semaine, avant de s'envoler vers d'autres cieux pour le reste de l'été. Géraldine était tout excitée à la perspective du bal, dont la réputation n'était plus à faire dans la région. Toutes les générations se rassemblaient à ce fameux bal et cette année, le thème était les années 60. Josiane et Géraldine s'étaient bien diverties : d'abord en se choisissant les tenues vestimentaires adéquates, jupe à carreaux Vichy, corsage à manches ballon et ballerines, couettes à la Sheila pour Géraldine, robe droite en soie imprimée, chignon postiche et escarpins pour Josiane ; ensuite elles avaient appris ou revu les mouvements du twist, les pas du madison et du rock. Géraldine, plus habituée aux teufs de son époque, trouvait cela "cool !" Grand-père Philippe assistait à ces répétitions à la fois amusé et méfiant. Il n'aimait plus danser, le bruit l'incommodait ; il avait prévenu : "Vous irez à ce bal sans moi !" mais il sentait bien que Josiane n'avait pas renoncé à le persuader.
Soudain, alors que Josiane passait devant la chambre de Géraldine un soir, en fredonnant "La plus belle pour aller danser", ce fut "Love me tender" qu'elle capta, en se figeant. Une intense émotion l'envahit : ce garçon dont elle était amoureuse au lycée, avec qui elle avait tant espéré danser lors de la boum de fin d'année … ce garçon en avait invité une autre sur ce slow d'Elvis et sur tous les autres après. Elle s'était enfuie, torturée par le chagrin, en avait pleuré toute la nuit, ou presque. Elle avait tout à fait occulté ce poignant souvenir et le voilà qui la reprenait à la gorge ! Elle haïssait cette chanson !
Elle se secoua, se rappela que ce n'était plus elle qui avait seize ans, éprouva le besoin de rejoindre Philippe au jardin. L'entourant par surprise de ses bras, submergée par la tendresse, alors qu'il était en train de regarder ses tomates cerise pousser, elle lui déclara : "Tu sais, en fait, je n'irai pas non plus au bal, finalement, je préfère rester avec toi !" Philippe, ému, garda le silence mais, au dîner, il annonça à Josiane et Géraldine médusées :"Bon, les filles, je ne vais pas continuer à jouer les vieux barbons, je vous accompagne à ce bal, histoire de voir de quoi il retourne, mais je ne veux pas m'y éterniser. J'ai envie de vous admirer dans vos jolies robes aussi !"
Ce qui fut dit fut fait. Josiane et Philippe, pris par l'ambiance, effectuèrent un madison en règle et même un rock avant de quitter les lieux des festivités bras dessus bras dessous, laissant Géraldine en conversation animée avec les jeunes du village, dont un grand escogriffe qui semblait bien lui plaire. Auparavant, Grand-père avait juste indiqué à sa petite-fille : "j'aimerais que tu ne t'attardes pas jusqu'à la fin, choupette. On sait que l'alcool, ou je ne sais quoi aidant, l'atmosphère finit par se gâter. En cas de problème, tu nous appelles. Sinon, fais-toi raccompagner jusqu'ici. Promis !"
Au petit déjeuner, Josiane et Philippe commentaient le fameux événement annuel, favorablement impressionnés par la qualité de l'orchestre et la jovialité de l'ensemble. Géraldine finit par faire surface, traînant les mules, dans son pyjama short. Grand-père risqua une petite remarque : "Alors, tu as fait une touche ? Y avait un grand gaillard avec qui tu discutais sec quand nous sommes partis !" Géraldine s'assombrit quelques secondes en même temps qu'elle grommelait : "Ah, celui-là … nul, sans intérêt ! Au premier slow, "Love me tender", il a invité la fille de l'épicière et je ne l'ai plus revu ! Mais j'aime bien Justin, le fils de vos voisins ; c'est lui qui m'a raccompagné ; je pense qu'on va se revoir."
Josiane dissimula le choc que la brève confession de sa petite-fille lui apportait et, bizarrement rayonnante, s'écria : "Ah ah ! Et il est bien mignon ce Justin !" Géraldine, au lieu de rougir comme elle-même aurait fait, haussa légèrement les épaules et , devant l'air réjoui de sa grand-mère, éclata de rire.
Géraldine avait pris l'avion en destination d'un chantier de fouilles en Grèce. En l'attente d'autres visiteurs qui débarqueraient bientôt, avec Philippe, Josiane continua à rendre la demeure aussi accueillante que possible avant les grands travaux de septembre.
Elle rassembla les CD des Sixties ; sur une vive impulsion, elle saisit celui des tubes de Presley, le fourra dans son sac et sortit faire des courses. Les Chaussettes Noires, les Surf, Sylvie, Françoise et compagnie eurent la vie sauve mais, en passant, elle jeta Elvis dans un conteneur à ordures.
Lenaïg
***
Nouveau jeu : le texte sandwich !!!
Première phrase : C'était maintenant devenu un évènement annuel.
dernière phrase : Elle jeta Elvis dans un conteneur à ordures.
Ces phrases sont les première et dernière de Millénium 1 de Stieg Larson, à vous d'en faire votre propre histoire...
Amicalement vôtre
MarcForum Plumes au vent.
Image : salers-tourisme.fr/infolive/agenda/_bal.gif
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