• 2009_04_16_jacques_tati_Censure.jpg

     

     

     

     

    En ce doux soir de mars 1889, dans un petit village du département du Rhône, Grand-père, assis sur une chaise qu'il avait tirée sur le pas de sa porte, fumait pensivement sa pipe (car, en ce temps-là, on n'avait pas évalué la nocivité du tabac ; la pipe faisait partie du paysage et personne ne songeait à s'offusquer au point de trafiquer affiches et photos et de retirer la sienne à à Jacques Tati ; Lucky Luke n'était pas encore né mais, s'il avait vécu, on ne l'aurait pas vu machonner un brin d'herbe, ni un chewing-gum, d'ailleurs, qui aurait été tout à fait anachronique). Rassuré et attendri par la voix de son petit-fils Jean-Mimi, dont le murmure de la voix dans la grange lui parvenait, Grand-père respectait l'intimité de l'enfant et du lapin et ne serait pas allé les déranger ; Jean-Mimi était occupé à raconter ses secrets à son lapin favori.

     

    484721877.gif Grand-père se mit à se rappeler ses débuts difficiles d'enfant de la balle à Prague, où, malgré les incertitudes du lendemain et le ventre souvent creux, il avait connu une joyeuse bohème. Sur le vénérable Pont Charles, ses pîtreries amusaient les passants les soirs comme celui-ci. Quand la recette dépassait leurs espérances, avec ses compagnons jongleurs et autres Polichinelle, Arlequin et Colombine, il se payait un bon repas au restaurant et c'était la fête jusque tard dans la nuit.

     

    Le montreur d'ours les rejoignait lorsque les autres clients étaient partis car ceux-ci n'auraient pas apprécié de voir la brave bête entrer aussi ! C'était pourtant ce qui se passait : l'ourse débonnaire, et pourtant en représentation très impressionnante comédienne, s'asseyait à table comme tout un chacun. Il fallait l'avouer, c'était elle qui se tenait le mieux : pas de hurlements de rire ni de tapes sur les cuisses, ni de chansons paillardes ; non ! juste quelques grognements discrets de satisfaction en dégustant les gamelles qu'on lui apportait ...Mais personne ne mangeait à sa faim tous les jours.

     

    9293115-le-pont-charles--prague-durant-le-lever-du-soleil-l.jpg Plus tard, Grand-père clown eut son heure de gloire, engagé dans des tournées mondiales de cirques de grande réputation. Retraité maintenant, et sédentaire, il avait actuellement la garde de Jean-Mimi, qui portait toujours son pendentif au cou, cachant sous ses habits un médaillon boîtier contenant un daguerréotype de son papa et de sa maman, un duo de trapézistes qui ne se posaient que rarement. Il aurait voulu que sa fille, la mère de l'enfant, eût un métier sérieux et sans danger et elle avait d'ailleurs poursuivi des études. Il ne l'avait pas écoutée, sa fille, quand elle déclarait ne vouloir vivre que pour le cirque, déjà gamine.

     

    Quand elle avait épousé Zef, trapéziste en troupe, elle exerçait un métier de secrétaire. Mais, quatre ans après la naissance de Jean-Mimi, Zita, qui n'avait cessé de s'exercer pendant ses loisirs, lui déclara : "Terminé le secrétariat, Papa, je ne m'y épanouis pas. Notre numéro à deux est prêt, à Zef et moi, et nous allons partir en tournée". Il avait piqué une colère monstre. "Mais je t'avais prévenu, Papa !" avait-elle répliqué et il avait fini par se calmer. Cet été, Jean-Mimi les rejoindrait pour toutes les grandes vacances. A cette perspective, l'enfant avait plein d'étoiles dans les yeux. Quand il serait grand, Jean-Mimi, quant à lui, serait vétérinaire ... de cirque !

     

    Grand-père se leva et rentra pour allumer la lampe à pétrole, puis se pencha par la fenêtre pour héler l'enfant :

    "Jean-Mimi, dis bonsoir à ton lapin et viens ! Il y a école demain !"

     

     

    Lenaïg

     

     

    prague_4.jpg

     

     

    Illustrations glanées sur Google images :

    • Jacques Tati et sa pipe censurée,
    • Lucky Luke et son brin d'herbe,
    • Sur le Pont Charles à Prague
    • Vue du Pont Charles la nuit. 

     


     

    Ci-dessous, l'énoncé du défi de Lilou-Fredotte,

    qui a réalisé une très jolie photo-montage,

    à voir chez elle !

     

     

     



     

    Défi   69       « Les huit éléments » 

    Pour ce défi,

    je vous propose d’écrire une histoire

    vers ou prose

    en utilisant les éléments suivants.

    Peut importe l’ordre.

     

    des personnages : un grand-père et un enfant,  Jean-Mimi

    une profession :   clown

    une période :       mars 1889

    des lieux :            Le pont Charles à Prague

                                 et le département du  Rhône  

    un objet :             un pendentif

    un animal :          un  lapin

     

    Mais ce n’est pas tout vous devrez aussi placer la phrase  

    «  et pourtant, je t’avais prévenu(e) »

     


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  • Charlie perroquet du Gabon - hpim0210 - www.forum.doctissimo.fr

     

     

     

     

    Entrons discrètement dans un labo où s'étudie l'intelligence animale ...

     

    La dame :

    Coco, tu es prêt à jouer ?

     

    Le perroquet gris du Gabon  :

    Crooocc ! Coco veut jouer !

     

    La dame :

    Voici la boîte. Tu la connais, cette boîte, hein ?

     

    Coco bat un peu des ailes et se dandine sur son perchoir.

     

    La dame :

    On recommence l'exercice de l'autre jour, tu veux bien ? Montre-moi si tu sais faire ! Tu vois, il y a toujours les trois trous dans la boîte (un trou rond, un rectangulaire et un autre en forme d'étoile). Et voici les objets, à côté. Il faut que tu arrives à en loger un dans chaque trou.

     

    Coco, sur la grande table, s'active et cherche, prend un objet cylindrique et vient le déposer directement là où il faut. Même manège avec un des objets en forme d'étoile, que Coco réussit tout de suite à placer, applaudi par la dame et quelques spectateurs. Ensuite, Coco va et vient, fouille et farfouille, saisit puis écarte d'autres objets, s'énerve et s'immobilise, visiblement très perturbé.

     

    La dame :

    Qu'est-ce qu'il y a Coco ? Tu ne trouves pas le dernier objet ?

     

    Coco :

    Crrr, Coco perrrdu ! Coco sait pas !

     

    La dame :

    Attend, Coco, ce n'est pas ta faute ! Regarde pourquoi tu ne trouves pas ! Je rajoute des objets ! Essaie, essaie encore !

     

    Coco  observe attentivement le nouveau tas d'objets déversé d'une corbeille sur la table. Il penche la tête et un oeil vers les objets qui s'y trouvaient déjà et, plop, vole sur son perchoir, se met la tête sous l'aile.

     

    La dame s'approche de lui, tend le bras pour qu'il se juche dessus, voulant le ramener sur la table, en lui adressant des paroles douces et réconfortantes. C'est un nouveau jeu, Coco ! Reviens nous prouver que tu as compris ! Tu vas pouvoir combler le dernier trou ! Avant, tu n'as pas pu parce que les objets qu'il fallait n'étaient pas là ! (des parallélépipèdes rectangles).

     

    Coco sort brusquement la tête de dessous son aile et, plop ! punit le bras tendu d'un petit pincement du bec.

     

    La dame :

    Aïe ! Non, Coco ! Tu es méchant ! Pourquoi tu as fait ça ?

     

    Coco tournant le dos :

    Coco pas méchant ! Coco ... crooocc ... vexé !

     

    La dame, faisant taire immédiatement les rires :

    Pardon, Coco, Elodie pas fait exprès de vexer Coco ! Mais c'était très bien, Coco, Coco pas perdu, Coco a vu, Coco sait !

    Et les quelques spectateurs d'applaudir avec elle.

     

    Coco :

    Coco veut compter, Coco veut crrr ... couleurs !

     

    Ma petite histoire s'achève. Coco dit vrai ! Il n'est pas méchant mais il ne se laisse pas faire et n'aime pas du tout qu'on se moque de lui. La nouvelle expérience ne se voulait pas un piège, elle avait pour but d'observer son comportement devant l'inattendu, mais c'est comme un piège que Coco l'a vite perçue. Son humaine l'a déçu, même s'il sent qu'elle ne l'a pas fait exprès.

     

    Il faut prestement faire disparaître la boîte, il n'est plus question de le faire rejouer à placer des objets dans des trous selon leurs formes. Coco a de la mémoire et il est rancunier. Pas de rancune contre Elodie, qu'il aime bien mais la boîte, s'il la revoit, il risque de la déchiqueter. Nous le laissons à sa nouvelle occupation, exigée par lui. Eh oui ... c'est lui le vrai maître des jeux !

     

    Elodie :

    Coco, 1 + 2 ?

    Coco aligne 3 souris en plastique sur la table et ne choisit que des jaunes, sans qu'on lui demande.

    Elodie :

    Ah oui, j'oubliais ! Merci Coco !

    Coco, 5 souris bleues !

    Coco dépose 5 souris bleues devant sa dame.

     

    Crooocc de satisfaction et de fin.

     

    ***

     

     

    J'écrivis un jour une histoire

    Qui évoquait un perroquet.

    Il me faut sonder ma mémoire

    Car je n'ai rien sauvegardé.

     

    Mais quelle imprudente je fus

    De poster mes mots sur un site

    Qui malheureusement n'est plus !

    Mon p'tit Coco je ressuscite !

     

     

    ***

     

     

    Lenaïg

     

     

    Photos du net : le perroquet s'appelle Charlie (voir Album photos animaux).


     

    Et un jour, peut-être les p'tits chevaux, puis les échecs ... Un perroquet a la vie aussi longue que celle d'un humain ...

     

    jeu-des-petits-chevaux.jpg

     

     

     


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  • Alastair

     

    Voici la suite et la fin de la Malédiction du double six ! Je n'interviens, bien sûr, que pour mettre aussi en forme que possible le récit de notre petite fille, dont le prénom est, au fait, Emilie, et qui écrit déjà pas mal, pour son âge (enfin, je trouve !). Alastair, mon fantôme, un de mes tout premiers essais en dessin à l'ordinateur, me prête son concours pour l'illustration. Il donne un indice sur la tournure des événements, non ? Si fantôme il y a, est-il gentil, est-il méchant ? On le verra, mais aucun drame affreux ne se déroulera ...

    Lenaïg

    ***  

     

    Ce que papa avait déclaré, enthousiaste,lors de sa visite d'inspection, c'est que le site était magnifique pour des excursions à vélo dans la nature, quand les arbres commenceraient à reverdir tout comme les talus, sur les sentiers, les petits ponts sur les nombreux ruisseaux ; que, par ailleurs, la maison était très intéressante à explorer dans ses moindres recoins, qu'on pourrait y jouer à cache cache et que, je le cite : "fantôme ou pas, il n'y avait absolument aucun danger" ...Maintenant cela me revient : il n'a jamais dit qu'il n'y avait pas de fantôme ! Et moi, qui aime bien les histoires de fantôme dans les livres ou les films, j'en ai pourtant très peur, je n'ai donc entendu que ce que je voulais entendre !

     

    Lorsque nous sommes arrivés, vers 6 h 00 du soir la semaine dernière, je suis entrée avec appréhension dans la maison mais je n'ai rien éprouvé ni senti de particulier, sauf un curieux courant d'air, qui est venu serpenter entre nous quatre à plusieurs reprises. Tout de même, on avait laissé la porte d'entrée entrouverte pour que papa, qui déchargeait les bagages puisse entrer à son aise et il a eu la surprise de voir ladite porte s'ouvrir en grand devant lui ! Or, aucun d'entre nous ne se trouvait à proximité ! Il nous a rejoints en nous le racontant et en donnant son avis que nous avions l'air d'être acceptés par le terrible maître des lieux ! Maman ne l'a pas cru et il a juste souri ...

     

    Nous avons choisi nos chambres. Moi, on m'a laissé choisir celle qui est dans l'angle et dispose de trois fenêtres et de trois vues différentes, j'étais ravie ! Il y avait deux lits jumeaux ! Papa et maman ont pris celle qui donne sur la façade, disposant de deux fenêtres ouvrant sur le balcon. La troisième chambre n'a qu'une seule mais grande fenêtre ; angle droit pour les murs de ce côté-là, adossé à l'ancienne écurie, qu'on rejoint par l'extérieur, en ouvrant une barrière au milieu d'une haie touffue. Cette pièce, devenue chambre, où trône un grand lit,  le propriétaire ne nous l'a pas caché que c'était autrefois le bureau où son aïeul avait mis fin à ses jours ...On a laissé Paul décider laquelle il voulait : soit celle-là, du même côté que les nôtres, soit une autre, qui donnait sur le jardin en friche derrière. Il a dit péremptoirement : "Je veux la chambre du fantôme !'

     

    Pendant que maman préparait les couchages et rangeait nos affaires et nos vêtements, papa et nous deux sommes allés faire le plein de nourriture à l'épicerie du village avant la fermeture. Quand la marchande a su où nous étions hébergés, elle s'est écriée : "Ah ben, vous, vous avez bien du courage ! Déjà, monsieur, il paraît que vous avez passé une nuit tout seul au manoir ? Il s'y passe pourtant de drôles de phénomènes parfois et tous les touristes jusqu'à présent ont décampé rapidement ! De l'extérieur, il arrive qu'on aperçoive comme une lumière, ou  une lueur qui se déplace de pièce en pièce. Jusqu'à présent ces étranges phénomènes se sont produits seulement la nuit, c'est pour cela que Madame Sylvette s'y risque, en plein jour, pour entretenir les lieux ; le propriétaire la paie bien et cela complète sa pension de veuve ... Je vous souhaite un bon séjour et des nuits calmes, mais, moi, on me paierait que je ne dormirais pas là-bas !"

    ***

     

    Le premier matin, en sautant de mon lit, qu'est-ce que j'ai aperçu, dans ma chambre ? Pas le fantôme, mais les cheveux en broussaille de mon frère Paul, qui dépassaient de la couette du lit du lit jumeau ! Il dormait profondément. A la cuisine, j'ai retrouvé mes parents et je me suis mise à rire, en leur annonçant que Paul avait dû avoir peur dans sa chambre hantée, puisqu'il s'était réfugié dans la mienne ! Paul a dormi une bonne heure de plus et quand il a fait son apparition, mes parents m'avaient fait la leçon et je ne me suis pas moqué de lui car, moi, je n'avais même pas osé y entrer, dans la fameuse chambre ! Tout ce que Paul a dit, c'est : "Oh la la, il faisait un froid de canard dans cette maudite chambre. Malgré le radiateur chaud et ma couette, j'avais des frissons et je me suis senti angoissé. Oh, ça va, vous pouvez rire, c'est sûrement que j'ai trop d'imagination !" Nous n'avons pas ri et il a été rassuré quand maman lui a dit que du moment qu'on ne se disputait pas, on pouvait très bien dormir dans la même chambre.

     

    La nuit suivante, Paul s'est encore couché dans ma chambre. Seulement, au matin, il n'y était plus ! J'ai fait un effort et je suis allée entrouvrir la sienne : Paul était dans son lit, endormi, son téléphone portable posé sur le grand lit, écran allumé ! J'ai pensé avoir la berlue, j'ai prévenu maman et quand nous sommes remontées, le téléphone était éteint. Maman l'a posé sur la table plus loin. Il a plu et Paul a passé une bonne partie de son temps au grenier. Dans la soirée, il a apporté au salon un jeu de petits chevaux ancien aux couleurs passées mais auquel aucune pièce ne manquait, et aussi un très vieil album de photos. Il nous a montré le portrait d'une famille des années 1900, un père, une mère, un garçon et une fille, comme nous quatre, posant en souriant. Il a mis le doigt sur le père en affirmant : "Le fantôme, c'est lui l" Papa, très intéressé, s'est penché sur la photo en disant qu'on demanderait confirmation au propriétaire du manoir.

     

    Un rond de lumière a tout à coup pris possession de l'endroit de la photo où se tenait le père, cheveux clairs et barbichette. Le soleil venait de se montrer, comme pour nous narguer avant la nuit et ses rayons éclairaient le salon en oblique. Pourtant, la tache lumineuse avait l'air d'être indépendante ! Papa a passé la main dessus, l'air intrigué. Elle s'est estompée lentement. Maman a interrogé Paul : "tu te sens bien dans ta chambre, maintenant ?" Paul s'est illuminé : "Oh oui ! Je suis fier, j'ai vaincu ma peur ! Le fantôme, qu'il soit dans mon imagination ou pas, je m'en suis fait un copain ! D'ailleurs, j'ai envie de m'entraîner aux dés, je veux réussir des doubles six !" Il s'est emparé des dés du jeu de petits chevaux et il a essayé, en pestant car il n'y arrivait pas ! Papa l'a taquiné et mis en garde : "Attention, Paul, n'en fais pas une obsession, c'est comme ça que les ennuis commencent !" Paul a rétorqué : "Mais non ! Il m'a ... heu, j'ai fait un rêve la nuit dernière à propos de la malédiction ! Elle sera levée si, dans cette maison, quelqu'un rejoue à nouveau aux dés, à condition que ce soit la même personne qui réussisse dix fois le double six ! A la dixième, le fantôme sera libéré !"

     

    A ce moment-là, le téléphone a sonné. "Tu veux bien aller répondre, Emilie, c'est toi qui est la plus près ?" a demandé maman. J'ai bondi. J'ai pensé que c'était un correspondant qui s'était trompé, j'ai eu le temps d'entendre la voix d'un vieux monsieur qui avait des difficultés d'élocution, mais qui avait un ton joyeux, puis plus rien. Sans être coupée, la ligne a semblé se perdre dans l'infini ... En cette deuxième semaine de vacances, où j'ai appris des choses importantes et en soupçonne bien d'autres, je frémis mais pas d'épouvante ! Non, d'excitation et de plaisir ! A moi aussi il a parlé, cette fois-là. La voix, en effet, disait : "Je veux vous remercier pour votre aide. Je ne suis plus seul et c'est déjà beaucoup ..."

     

    Pfou, je tombe de sommeil et je veux conclure de mon mieux mes révélations. Maman pense que son fils a vraiment beaucoup d'imagination, papa n'arrête pas de seriner qu'il n'a jamais passé des vacances aussi extraordinaires. Paul en est à sa troisième réussite de double six et m'a fait jurer de ne parler à personne de son secret. Mais écrire ici ce n'est pas pareil ! Il m'a dit qu'il s'est renseigné à propos des fantômes sur le net et que nous avons eu énormément de chance de tomber sur un gentil et de comprendre qu'il l'était ! Le nôtre n'a rien de vicieux et n'a jamais cherché à produire des illusions effrayantes ou à nous pousser vers la folie, comme d'autres ... En tout cas, nous avons plu à celui-ci ; même s'il reste invisible, la communication s'est établie et il se pourrait même qu'on soit triste quand Paul achèvera sa série de dix doubles six : notre fantôme ne sera plus rattaché à notre monde et disparaîtra ! Où, cela je ne le sais pas ! En attendant, je crois qu'il converse réellement avec Paul par l'intermédiaire de son téléphone portable et qu'il lui donne des conseils pour lancer les dés ! Nous allons revenir au manoir aux prochaines vacances et je me demande si le fantôme va nous suivre à Paris entre temps, ou rester ici ... Paul ne veut rien me dire, mais je saurai bien !

    ***

     


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  •  

    Fantôme et Alice 2

     

    La quinzaine de m'annette link 
    est consacrée au jeu, aux jouets pour la poésie et ...

    au jeu de dés pour le défi des Croqueurs n° 53 de ce lundi.

    Je ne connais rien aux jeux de dés, sauf que je les ai fait rouler quand j'étais petite et qu'on jouait aux petits chevaux ou au jacquet !

    Pourtant, j'ai quelque chose à raconter, enfin pas moi,

    ma petite narratrice ...

    En illustration, je viens de retrouver dans mes vieux cartons à dessin

    une reproduction en grand d'une page d'une aventure d'Alice détective (que je dévorais dans la Bibliothèque verte) et que j'avais pris plaisir à dessiner et colorier, je vais la glisser ici, hi hi ! Le fantôme dessus est vraiment effrayant, j'ai oublié l'histoire (policière) et ce n'est pas la même que celle-ci, mais fantôme il y a, j'espère que cela conviendra !

     

    ***

     

    Je viens d'avoir huit ans et mon frère en a quatorze. Pour mon anniversaire, maman m'a acheté un cahier secret, avec un cadenas, celui qui a un magnifique cheval blanc en gros plan au recto de la couverture et plusieurs petites photos d'autres chevaux, gris et marron au verso et, surtout, il a un cadenas ! J'aime écrire en m'appliquant pour former de belles lettres, contrairement à mon frère qui fait tout sur son ordinateur et si j'ai voulu ce cahier secret, c'est pour y inscrire une histoire fantastique, qu'on croira imaginée alors qu'elle nous est arrivée, en vrai !

     

    Ah mais, que je n'oublie pas de dater ce que j'y mets. La maîtresse nous rabâche cela, à l'école, que nous devons dater le moindre bout de papier ! Il paraît que, si nous n'en voyons pas encore l'intérêt, plus tard quand nous serons vieux, nous nous en mordrons les doigts si nous relisons nos écrits et regardons nos dessins et ne sommes pas capables de nous souvenir de l'époque où nous les avons réalisés. Voilà, c'est fait !

     

    Avec papa, maman et mon frère, nous sommes en train de passer des vacances extraordinaires. C'est mon frère qui est le plus marqué par ce qui s'est passé la première semaine ; c'est lui qui a tous les éléments pour raconter, mais pour le moment il se tait. Alors, moi je vais me dépêcher de déposer sur mon cher cahier tout ce que je sais.

     

    Sur internet, pour les vacances de Noël, papa avait repéré la location d'une grande propriété dans la Creuse, à un prix étonnamment bas. Un week-end, il s'y est rendu seul pour voir, il est revenu enchanté, enfin au sens figuré, car il n'y a pas plus rationnel que papa et pourtant ... Le propriétaire, qu'il a rencontré, ne lui a rien caché : la demeure était hantée ! L'un de ses aïeuls s'y était suicidé, il y a de cela un siècle, ou même deux et son fantôme ne se décidait pas à quitter les lieux. L'aïeul était un drogué du jeu ! A quel jeu jouait-il ? Je ne m'y connais pas bien, mais il fallait des dés et il était devenu champion des doubles six ! Il avait étrangement acquis une technique pour obtenir un lancer de doubles six et quand il le désirait, il était rare qu'il rate son affaire ! Sa trouvaille et sa réussite lui étaient monté à la tête. Un jour de folie, il paria une énorme somme d'argent sur son magistral coup de dés et ... il perdit ! Ce jour-là la chance et son tour de main n'étaient pas au rendez-vous ...

     

    Il s'enferma dans son bureau, écrivit une déchirante lettre d'adieu à sa femme et ses enfants et se tira une balle dans la tête. Heureusement, sa femme, elle,  avait la tête bien posée sur les épaules et toute la fortune familiale n'avait pas été dilapidée. Malgré la douleur de perdre ainsi un père et un mari gentil quoique vantard et fantasque, femme et enfants purent continuer à vivre au mieux dans la belle propriété. Petit à petit, la famille s'est agrandie et s'est éparpillée dans le monde entier, à New York, à Milan ou à Paris !

     

    Le dernier des héritiers de la propriété s'efforce de louer celle-ci et c'est une brave dame du village qui vient faire le ménage. Mais les quelques touristes qui se sont aventuré par là avant nous n'y sont pas restés, soit parce que la maison leur a fichu la frousse, soit parce que les bavardages des villageois les ont fait fuir ! Au cours de sa première visite, papa a décidé d'y dormir tout seul, pour voir, condition posée avant la location. Il ne s'est rien passé de bizarre, et il a topé là pour qu'on y vienne tous pour les vacances.

     

    Zut, il est midi passé, maman m'appelle pour aller mettre le couvert, on va déjeuner pour partir en excursion après ! A ce soir, donc, cher cahier, tu devras attendre quelques heures pour mériter ton nom, de cahier secret ! Eh oui, le fantôme du joueur de dés s'est manifesté ! Moi je ne l'ai pas vu, il a dû se dire qu'il me ferait trop peur et sans doute il n'aurait pas eu tort ! Une chose est sûre, il n'est pas méchant, ou plutôt il ne l'était pas ...

     

    Avant de fermer et de tourner la petite clé dans le cadenas, une petite formalité, écrire ceci :

     

    A suivre !

    ***

     

    Lenaïg

     


    19 commentaires
  •  

    Lampe aquarium - www.touslescadeaux.comFred ne sait pas que son père n'a pas voulu de lui. Il est encore tout petit mais il porte un secret trop grand pour lui. Vu de l'extérieur, c'est un bambin qui pleure souvent, un peu capricieux. Mais s'il pleure souvent, ce n'est pas par caprice, c'est parce qu'il est malheureux. Oh, bien sûr, il lui arrive de rire aussi, à gorge déployée, musique bien délicieuse alors à qui sait l'entendre. Il rit avec sa soeur Fanny, quand elle lui fait des chatouilles en jouant à "Moustique tic tic" !

     

    Il rit avec Mémé Louise quand c'est elle qui s'occupe de lui et que Mémé lui fait la "bébête qui monte qui monte", ou cache cache avec ses doigts. C'est Mémé Lou sa préférée, mais en ce moment il est doublement inquiet. Voilà plusieurs jours que Mémé n'est plus là. Il ne comprend pas. Il a beau demander : "Mémé ? Mémé ?" dans son jargon de bébé, on le comprend mais on lui répond : "Partie faire des courses, Mémé !" Seulement, il trouve qu'elle met longtemps, Mémé, à revenir.

     

    Ce n'est plus Mémé qui lui fait manger sa bouillie, ou son p'tit pot de quatre heures, c'est Madame Guerret. Elle est douce avec lui, Madame Guerret, mais elle ne le regarde pas ; il comprend qu'elle ne lui veut pas de mal mais qu'elle ne l'aime pas. Heureusement que Maman vient encore le coucher, le border dans son lit le soir, sinon c'est à peine s'il la voit. Heureusement qu'il a ce câlin et ces bisous du soir, qui calment son angoisse et l'aident à glisser dans le sommeil. Nounours, y sait tout, lui, tout ce qui ne va pas ; c'est pour ça qu'il se laisse mordiller l'oreille, présence rassurante, tout comme les petits poissons colorés qui nagent dans sa lampe de chevet allumée toute la nuit.

     

    Cette lampe, Papa l'avait éteinte, une fois, une des rares fois où il était là, quand Fred sombrait doucement dans le sommeil. Fred s'était réveillé, alerté par des éclats de voix, Maman qui grondait Papa très fort dans leur chambre, Papa qui rétorquait sur un ton méchant. Outre cela, pour Fred, ce fut vite l'épouvante : il était dans le noir complet, une obscurité insoutenable qui voulait l'avaler, pleine de monstres bizarres qu'il pensait voir se dessiner, parce que tout ce noir, ce n'était pas normal !

     

    Il avait tellement hurlé, sangloté que tout d'un coup c'est la lumière du plafonnier qui avait jailli, ainsi que Papa et Maman, tous les deux. Maman avait encore grondé Papa ; Gobelet pour bébé - www.choukapi.comPapa avait l'air tout penaud et il avait rallumé la petite lampe aux poissons. Cette fois-là, Papa et Maman s'étaient allongés tous les deux contre lui, chacun d'un côté. Papa avait même raconté une histoire d'éléphant mais Fred s'était endormi avant la fin, en savourant la chaleur de ses deux parents.

     

    Depuis, Papa n'était pas là souvent, Maman avait souvent l'air contrarié, c'était bien embêtant. Il n'avait rien fait de mal, pourtant. Il arrivait à se tenir debout un peu tout seul, pas encore à marcher, mais la prochaine fois que Papa serait là, il arriverait à faire ses premiers pas pour lui montrer qu'il pouvait et, même s'il s'emmêlait les pieds et risquait de tomber, au moins Papa le rattraperait dans ses bras ...

     

    Lenaïg,

    Ecrit le 19 septembre 2008,

    Portrait du nourrisson Fred,

    inséré dans la grande "Histoire à continuer" initialisée par l'écrivaine Ariane (Fabienne),

    sur feue Lgdm. Un souvenir d'écriture en commun extraordinaire.

     

    On comprend ici que des événements se déroulent qui échappent à la compréhension de l'enfant, que les parents ne s'entendent plus. Un fait important qui peut être révélé : Mémé a été ... enlevée, kidnappée !

    Que les lecteurs se rassurent : Fred retrouve sa Mémé saine et sauve.

     

    Références des illustrations : voir album photos "Bouts de choux".

     


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