• La malédiction du double six - 2/2 - Lenaïg, pour le défi n° 53 de m'annette

    Alastair

     

    Voici la suite et la fin de la Malédiction du double six ! Je n'interviens, bien sûr, que pour mettre aussi en forme que possible le récit de notre petite fille, dont le prénom est, au fait, Emilie, et qui écrit déjà pas mal, pour son âge (enfin, je trouve !). Alastair, mon fantôme, un de mes tout premiers essais en dessin à l'ordinateur, me prête son concours pour l'illustration. Il donne un indice sur la tournure des événements, non ? Si fantôme il y a, est-il gentil, est-il méchant ? On le verra, mais aucun drame affreux ne se déroulera ...

    Lenaïg

    ***  

     

    Ce que papa avait déclaré, enthousiaste,lors de sa visite d'inspection, c'est que le site était magnifique pour des excursions à vélo dans la nature, quand les arbres commenceraient à reverdir tout comme les talus, sur les sentiers, les petits ponts sur les nombreux ruisseaux ; que, par ailleurs, la maison était très intéressante à explorer dans ses moindres recoins, qu'on pourrait y jouer à cache cache et que, je le cite : "fantôme ou pas, il n'y avait absolument aucun danger" ...Maintenant cela me revient : il n'a jamais dit qu'il n'y avait pas de fantôme ! Et moi, qui aime bien les histoires de fantôme dans les livres ou les films, j'en ai pourtant très peur, je n'ai donc entendu que ce que je voulais entendre !

     

    Lorsque nous sommes arrivés, vers 6 h 00 du soir la semaine dernière, je suis entrée avec appréhension dans la maison mais je n'ai rien éprouvé ni senti de particulier, sauf un curieux courant d'air, qui est venu serpenter entre nous quatre à plusieurs reprises. Tout de même, on avait laissé la porte d'entrée entrouverte pour que papa, qui déchargeait les bagages puisse entrer à son aise et il a eu la surprise de voir ladite porte s'ouvrir en grand devant lui ! Or, aucun d'entre nous ne se trouvait à proximité ! Il nous a rejoints en nous le racontant et en donnant son avis que nous avions l'air d'être acceptés par le terrible maître des lieux ! Maman ne l'a pas cru et il a juste souri ...

     

    Nous avons choisi nos chambres. Moi, on m'a laissé choisir celle qui est dans l'angle et dispose de trois fenêtres et de trois vues différentes, j'étais ravie ! Il y avait deux lits jumeaux ! Papa et maman ont pris celle qui donne sur la façade, disposant de deux fenêtres ouvrant sur le balcon. La troisième chambre n'a qu'une seule mais grande fenêtre ; angle droit pour les murs de ce côté-là, adossé à l'ancienne écurie, qu'on rejoint par l'extérieur, en ouvrant une barrière au milieu d'une haie touffue. Cette pièce, devenue chambre, où trône un grand lit,  le propriétaire ne nous l'a pas caché que c'était autrefois le bureau où son aïeul avait mis fin à ses jours ...On a laissé Paul décider laquelle il voulait : soit celle-là, du même côté que les nôtres, soit une autre, qui donnait sur le jardin en friche derrière. Il a dit péremptoirement : "Je veux la chambre du fantôme !'

     

    Pendant que maman préparait les couchages et rangeait nos affaires et nos vêtements, papa et nous deux sommes allés faire le plein de nourriture à l'épicerie du village avant la fermeture. Quand la marchande a su où nous étions hébergés, elle s'est écriée : "Ah ben, vous, vous avez bien du courage ! Déjà, monsieur, il paraît que vous avez passé une nuit tout seul au manoir ? Il s'y passe pourtant de drôles de phénomènes parfois et tous les touristes jusqu'à présent ont décampé rapidement ! De l'extérieur, il arrive qu'on aperçoive comme une lumière, ou  une lueur qui se déplace de pièce en pièce. Jusqu'à présent ces étranges phénomènes se sont produits seulement la nuit, c'est pour cela que Madame Sylvette s'y risque, en plein jour, pour entretenir les lieux ; le propriétaire la paie bien et cela complète sa pension de veuve ... Je vous souhaite un bon séjour et des nuits calmes, mais, moi, on me paierait que je ne dormirais pas là-bas !"

    ***

     

    Le premier matin, en sautant de mon lit, qu'est-ce que j'ai aperçu, dans ma chambre ? Pas le fantôme, mais les cheveux en broussaille de mon frère Paul, qui dépassaient de la couette du lit du lit jumeau ! Il dormait profondément. A la cuisine, j'ai retrouvé mes parents et je me suis mise à rire, en leur annonçant que Paul avait dû avoir peur dans sa chambre hantée, puisqu'il s'était réfugié dans la mienne ! Paul a dormi une bonne heure de plus et quand il a fait son apparition, mes parents m'avaient fait la leçon et je ne me suis pas moqué de lui car, moi, je n'avais même pas osé y entrer, dans la fameuse chambre ! Tout ce que Paul a dit, c'est : "Oh la la, il faisait un froid de canard dans cette maudite chambre. Malgré le radiateur chaud et ma couette, j'avais des frissons et je me suis senti angoissé. Oh, ça va, vous pouvez rire, c'est sûrement que j'ai trop d'imagination !" Nous n'avons pas ri et il a été rassuré quand maman lui a dit que du moment qu'on ne se disputait pas, on pouvait très bien dormir dans la même chambre.

     

    La nuit suivante, Paul s'est encore couché dans ma chambre. Seulement, au matin, il n'y était plus ! J'ai fait un effort et je suis allée entrouvrir la sienne : Paul était dans son lit, endormi, son téléphone portable posé sur le grand lit, écran allumé ! J'ai pensé avoir la berlue, j'ai prévenu maman et quand nous sommes remontées, le téléphone était éteint. Maman l'a posé sur la table plus loin. Il a plu et Paul a passé une bonne partie de son temps au grenier. Dans la soirée, il a apporté au salon un jeu de petits chevaux ancien aux couleurs passées mais auquel aucune pièce ne manquait, et aussi un très vieil album de photos. Il nous a montré le portrait d'une famille des années 1900, un père, une mère, un garçon et une fille, comme nous quatre, posant en souriant. Il a mis le doigt sur le père en affirmant : "Le fantôme, c'est lui l" Papa, très intéressé, s'est penché sur la photo en disant qu'on demanderait confirmation au propriétaire du manoir.

     

    Un rond de lumière a tout à coup pris possession de l'endroit de la photo où se tenait le père, cheveux clairs et barbichette. Le soleil venait de se montrer, comme pour nous narguer avant la nuit et ses rayons éclairaient le salon en oblique. Pourtant, la tache lumineuse avait l'air d'être indépendante ! Papa a passé la main dessus, l'air intrigué. Elle s'est estompée lentement. Maman a interrogé Paul : "tu te sens bien dans ta chambre, maintenant ?" Paul s'est illuminé : "Oh oui ! Je suis fier, j'ai vaincu ma peur ! Le fantôme, qu'il soit dans mon imagination ou pas, je m'en suis fait un copain ! D'ailleurs, j'ai envie de m'entraîner aux dés, je veux réussir des doubles six !" Il s'est emparé des dés du jeu de petits chevaux et il a essayé, en pestant car il n'y arrivait pas ! Papa l'a taquiné et mis en garde : "Attention, Paul, n'en fais pas une obsession, c'est comme ça que les ennuis commencent !" Paul a rétorqué : "Mais non ! Il m'a ... heu, j'ai fait un rêve la nuit dernière à propos de la malédiction ! Elle sera levée si, dans cette maison, quelqu'un rejoue à nouveau aux dés, à condition que ce soit la même personne qui réussisse dix fois le double six ! A la dixième, le fantôme sera libéré !"

     

    A ce moment-là, le téléphone a sonné. "Tu veux bien aller répondre, Emilie, c'est toi qui est la plus près ?" a demandé maman. J'ai bondi. J'ai pensé que c'était un correspondant qui s'était trompé, j'ai eu le temps d'entendre la voix d'un vieux monsieur qui avait des difficultés d'élocution, mais qui avait un ton joyeux, puis plus rien. Sans être coupée, la ligne a semblé se perdre dans l'infini ... En cette deuxième semaine de vacances, où j'ai appris des choses importantes et en soupçonne bien d'autres, je frémis mais pas d'épouvante ! Non, d'excitation et de plaisir ! A moi aussi il a parlé, cette fois-là. La voix, en effet, disait : "Je veux vous remercier pour votre aide. Je ne suis plus seul et c'est déjà beaucoup ..."

     

    Pfou, je tombe de sommeil et je veux conclure de mon mieux mes révélations. Maman pense que son fils a vraiment beaucoup d'imagination, papa n'arrête pas de seriner qu'il n'a jamais passé des vacances aussi extraordinaires. Paul en est à sa troisième réussite de double six et m'a fait jurer de ne parler à personne de son secret. Mais écrire ici ce n'est pas pareil ! Il m'a dit qu'il s'est renseigné à propos des fantômes sur le net et que nous avons eu énormément de chance de tomber sur un gentil et de comprendre qu'il l'était ! Le nôtre n'a rien de vicieux et n'a jamais cherché à produire des illusions effrayantes ou à nous pousser vers la folie, comme d'autres ... En tout cas, nous avons plu à celui-ci ; même s'il reste invisible, la communication s'est établie et il se pourrait même qu'on soit triste quand Paul achèvera sa série de dix doubles six : notre fantôme ne sera plus rattaché à notre monde et disparaîtra ! Où, cela je ne le sais pas ! En attendant, je crois qu'il converse réellement avec Paul par l'intermédiaire de son téléphone portable et qu'il lui donne des conseils pour lancer les dés ! Nous allons revenir au manoir aux prochaines vacances et je me demande si le fantôme va nous suivre à Paris entre temps, ou rester ici ... Paul ne veut rien me dire, mais je saurai bien !

    ***

     


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 20 Avril 2011 à 07:18
    Reinette

    il existe donc bien de gentils fantômes, je l'ai toujours pensé.

    j'aime beaucoup cette histoire qui me rappelle mon père.

    il adorait les fantômes et à chaque fois qu'il entendait dire qu'il y en avait quelque part il les mettait au défi. mais n'en a jamais vu ni entendu.

    il en a conclu que c'était l'imagination

    gros bisous

    2
    Mercredi 20 Avril 2011 à 08:03
    jill-bill.over-blog.

    Bonjour Lenaïg...  Comme quoi quelques double six aux dés peuvent libérer un fantôme !!  Une belle suite au défi 53...  Et paul à raison de ne rien dire, on le traiterait de fou...  Bises de jill et bravo pour cette trame.... 

    3
    Mercredi 20 Avril 2011 à 22:09
    Tricôtine

    c'est une très belle histoire enfantine, j'aime beaucoup, les fantômes ont tellement envahi notre imaginaire, qu'on se demande parfois s'ils n'existent pas !! Merci AliceLéna, j'ai passé un très bon moment avec double six !! bizzzoux

    4
    pimprenelle
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:45
    pimprenelle

    Les fantômes, mais ils font partie des vieilles maisons. Dans la nôtre enfants, nièces et petis enfants ont toujours senti une présence. Au début, ils ne voulaient pas monter dans les chambres seuls puis ils ont dû apprivoiser le fantôme à qui chacun a donné un nom différent.

    Cette histoire m'a bien plu, merci.

    5
    Mona de plumes au v
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:45
    Mona  de plumes au v

    Vivent les gentils fantômes! Un joueur qui plus est? Aurait-il triché aux cartes pour avoir mérité un tel sort? Et c'est qu'il est moderne, en plus! Utiliser le téléphone portable pour se faire entendre!

    6
    DI le
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:45
    DI															le

    Pour libérer le fantôme, le défi est grand. Ce que je sais des fantômes, c'est qu'ils ne quittent pas les lieux de leur séjour parmi nous. L'histoire est belle pour les enfants et les grands. En fait, c'est une histoire de fantôme sympathique comme celle d'une famille heureuse où les dialogues parents/enfants sont importants et précieux. J'aime beaucoup cette histoire de fantôme. Au revoir Hélène.

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