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Par lenaig boudig le 21 Mars 2012 à 00:29
L'honorable juge Pompatour
- Votre Honneur, je jure sur votre Honneur que je dirai toute la vérité.
- Sur mon Honneur, je ne jure de rien. Je suis l’outragée victime de l’épouse de ce Chat pitre qui fait pitié à voir.
Coup de marteau sévère qui résonne en écho dans la salle. Le juge Pompatour rappelle à l’ordre Dame Souris Dingue. Il lui ordonne de jurer de dire toute la vérité, rien que la vérité !
- Si son Honneur insiste, je dirai la vérité comme je la vois à ma façon.
- Procédons maintenant ! La cour est ouverte. Griffier à vos marques ! Madame Dingue, admettez-vous que Monsieur Charivari ici présent est votre amant depuis des lustres et que tous les soirs vous vous endormez dans ses pages déliées de son histoire d’homme marié à une jalouse marâtre qui musèlerait votre amant ?
- Oui votre majesté Monsieur le juge ! Cette mégère abuse de tous les charmants de son entourage. Elle les séduit, les oblige à porter le voile et une muselière. Elle les cache sous ses cotillons de peur de les perdre. Elle n’en laisse aucun aux autres sereines Souris du canton. Ne serait-ce de mon audace et de mon caractère de Zorelle passionnée, mon amant ne jouirait jamais de mes gracieuses attentions pour le sauver de la dépression. J’implore donc la cour et vous votre Honneur d’occire sur le champ cette vamp, pire que Frankenstein pour toute la communauté du canton des Plumozovieux. Je suis prête à me battre sur la place publique pour dénoncer cette vermine. Je ne suis pas la seule à le penser, mais je suis la seule ayant assez de valeur morale pour la dénoncer. Cette vipère mérite la potence. Ainsi, nous tous, Sourissiennes de Plumozovieux pourront recevoir enfin toute l’attention méritée pour nous seules.
- Madame Dingue, pouvez-vous me dire combien de Sourissiennes vivent à Plumozovieux ?
- Euh… je crois que nous sommes une.
- Monsieur Charivari, qu’avez-vous à déclarer pour votre défense ?
- Je suis accusé de quoi votre Honneur ? C’est ma Souris Dingue qui se raconte des histoires. Une petite pilule et une petite granule et elle ira bien mieux sans lui tirer la queue.
Dame Souris Dingue se soigne.
Marie-Louve
posté d'abord sur le forum Plumes au vent
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Par lenaig boudig le 14 Mars 2012 à 05:02
En couverture, il dirigeait depuis plus de vingt ans le célèbre atelier de fabrication de costumes de danseuses nues connu sous le nom de BBDoll. Tous le nommaient Raoul The Big Red Machine et tous le respectaient sans mot dire ouvertement ni sous le manteau.
Ce matin-là, quand Raoul se présenta au bunker qui servait d’atelier de haute couture qui ne jouait pas dans la dentelle, tel que prévu, le bunker avait disparu sous un amas de cendre et de pierres projetées çà et là. De sa poche, il sortit son portable et composa le numéro de téléphone de son assureur.
- Mademoiselle ! Vous êtes qui vous ?
- J’insiste Monsieur, pas de mademoiselle avec moi ! Bernadette Dejeu pour votre service. Que puis-je faire pour vous ?
- Je veux parler avec mon ami Bart Haba. C’est avec lui que je fais affaire.
- Je regrette, mais monsieur Bart Haba ne travaille plus avec notre compagnie, Les Assurances Tourisque-Zéro.
- Ah oui. J’avais oublié. Il a été congédié le lendemain de la signature de mon contrat d’assurance avec Tourisque-Zéro. Ok ! Je déclare une perte totale de mon entreprise de couture le BBDoll. Ajoutez aussi une perte de 30 kilos d’une valeur de 500 000 euros. Quoi ? Meuh non ! Je n’ai pas maigri. C’était dans une valise.
- Euh… vous avez le rapport des policiers ?
- Je ne négocie jamais avec les poulets ! Bart le savait. Cessez vos niaiseries !
- Je regrette monsieur Raoul, mais votre assurance ne couvre pas les valises.
- Je dis que oui ! Si vous persistez, je me rends en personne régler cette affaire devant vous !
- Non, non ! Je n’insiste pas. Cependant, je dois vous informer que vous avez un déductible de 200 euros sur votre prime de couverture. Mais pour vous, nous nous cotiserons au bureau pour la payer dans sa totalité.
- Parfait ! Je passe prendre mon chèque cet après-midi en allant chercher mon fils Raoul Junior chez sa maitresse d’école.
- Note : dans ce monde d’humour, ainsi va le monde des affaires.
- Texte sous inspiration de l’humoriste québécois Daniel Lemire.
Marie Louve
Texte et choix de photos du net
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Par lenaig boudig le 7 Mars 2012 à 05:00
Face aux portes du Parc des Princes, gelée, Daisy Dénoir ouvrit un œil frileux sur ce jour à peine debout. Recroquevillée au creux de son banc public boulonné, un vieux Figaro sous le popotin, elle broyait son statut de SDF. Elle en avait marre de cette vie de mauvaise fortune.
Devant elle, un jeune pigeon révisait sa leçon. À cet instant, une idée d’enfer lui vint à l’esprit. Elle empoigna son coussin de papier, chercha la rubrique des petites annonces classées et des yeux repéra la colonne des offres d’emplois.
Son regard se posa sur cette dernière :
«Cherche femme de ménage propre, discrète, avec expérience ou sans, habile au plumeau, manuelle et pas manchote avec un aspirateur. Avantages sociaux enviables. Présentez-vous en nature au Complexe Social DSK, place Versailles, entre midi et minuit. Demandez Strauss, joueur de violon expert en musique de chambre.»
Face à la porte, Daisy hésita. L’immeuble sentait le fagot…
Marie Louve
Texte et choix de photos
http://www.universdugratuit.com/viewpic.php?id=1056
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Par lenaig boudig le 4 Mars 2012 à 05:00
Debby Goudy prend les grands moyens
Jeune sexagénaire, Debby Goudy se mourait de connaître l’amour avant que mort ne vienne. Le nouveau curé John Deuf de l’église Des Vierges et Martyres lui plaisait à la faire damner aux enfers. Elle se confessait à chaque jour juste pour sentir sa présence et son odeur derrière la moustiquaire du confessionnal. Mais ce dernier demeurait dans sa coquille en tournant son regard vers le ciel et lui marmonnait toujours la même rengaine : Récitez dix fois « Les invocations au Saint- Esprit ».
Ce remède n’avait aucun effet. Son idée fixe la hantait toujours : faire l’amour à son prochain avant de mourir. En sortant du confessionnal, elle aperçut les croque-morts portant le cercueil de la défunte épouse du notaire Jules Uffet. Euréka !
Au pas de course, elle se précipita à la bibliothèque municipale. Là, elle prit soin de sélectionner trois œuvres incontournables pour réviser ses matières de bases. Son but : faire bon effet devant le nouveau veuf, Jules Uffet. Elle en ressortit avec le Manuel de l’histoire du monde, celui de l’Histoire de la Littérature et celui de l’Histoire de l’art.
De retour dans son appartement, elle se voyait déjà, altière, marchant dans sa robe blanche là où le cercueil venait de quitter la grande allée de l’église. Elle chassa cette pensée et se mit à l’étude de ces Histoires à connaître pour arriver à sa fin : séduire le notaire par l’esprit pour finir dans son lit.
Après un mois d’étude intensive, Debby prit un rendez-vous avec le notaire sous prétexte de faire son testament.
Quand vint le moment tant espéré, elle se présenta devant le notaire Jules Uffet. Sans tarder, elle déballa son arsenal de savoirs à tout vent comme un moulin à vent.
- Quel plaisir Monsieur de l’Uffet que d’être reçue par vous. Bien sûr que j’accepte une tasse de thé. C’est du ming chinois ? Ces Chinois ! Ils ont l’art du thé. Quel dommage qu’ils ne savent compter que sur leurs boules. Ils doivent assurément ignorer que Galilée a donné sa vie pour que la Terre continue de nous tourner sur la tête. Vous aimez la littérature ? Les pauvres sans culottes de la France, ils en ont beaucoup de chance. Sans Victor Hugo et sa grande publicité, ils seraient encore des misérables. Ma préférence va à Baudelaire et ses fleurs du mâle. Que pensez-vous de Marius Pagnol qui écrivait en parlant avec son accent ? Il ne faut pas oublier la science moderne qui nous a libérés du papier russe encombrant. Sans Gutenberg, les livres de poche ne meubleraient pas nos bibliothèques et nous en serions encore aux rouleaux impériaux. Je suis folle de géographie et des voyages. Quand j’ai visité la Normandie, je fus surprise de la voir bordée par les plages bretonnes et par toutes ses rivières qui coulent dans le sens de l’eau. J’ai pu constater que la Normandie est une montagne en forme de plaines vallonnées propices aux vaches, à ses habitants et à l’élevage de différentes fromageries…
Nerveuse, Debby demeurait concentrée sur son objectif : étaler sa culture pour séduire l’esprit du notaire. Elle parlait, défilait son discours appris par cœur et par amour avant d’en mourir. Elle reprit son souffle et sa bourse devant une chaise vide. Le notaire Jules Uffet avait quitté les lieux sans qu’elle ne sache à quel moment.
Pauvre Debby Goudy !
Marie Louve
Texte et choix d'illustration
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Par lenaig boudig le 29 Février 2012 à 05:00
C’est pas ma faute ! C’est Gaylor
Monsieur ou Madame de mon Assurance Protégée
Je vous écris pour vous dire que votre répondeur m’a demandé amicalement de vous écrire personnellement.
Je suis assuré que vous êtes mon assurance depuis ma jeunesse avec ma femme et votre compagnie. Je me pose des questions pour mon intérêt. J’ai une assurance-vie que je pourrai toucher à ma mort, mais en attendant, pourrais-je obtenir une avance ? Pas sur ma mort, mais sur la prime de ma survie pour ma femme. Laissez-moi vous donner les explications de ma cause.
Depuis deux jours, la chatte noire de notre voisine vient terroriser notre chien Gaylor sur son balcon. Au début, ma femme ne voyait rien, elle n’était pas là. Moi, je me disais que c’était normal entre chien et chat jusqu’à ce que mon chien saute sur la voisine venue sur son balcon qui est celui de Gaylor. C’est là que le pire est arrivé. Nous habitons au troisième étage et Gaylor a jeté la voisine au bas du balcon. Un malheur n’arrive jamais seul. Ma voisine n’est pas morte. Elle a basculé sur la banquette de cuir de ma belle décapotable rouge garée sous le balcon. Ma voiture a subi de graves dommages corporels et ma voisine est à ma poursuite parce que ses deux jambes cassées la privent de soutien à sa survivance alimentaire puisqu’elle était danseuse aux tables chez Bobino.
Ce matin, un expert en remorqueuse avait convoqué mon automobile à son garage pour lui montrer sa carrosserie afin de la dédommager. Ma voiture ne s’est pas rendue au rendez-vous parce que pendant la nuit, un inconnu me l’a volée.
Hier, la police a mis Gaylor dans une fourrière de force. J’ai besoin de mon assurance-vie pour payer toutes les cautions afin de sauver la vie de mon Gaylor. C’est un bon chien. Il ne mérite pas ça.
Recevez mon assurance en votre bonne foi,
Gérard Mendufric
149 Rue Mouille-les-Secs
Rio Les Écuries, Qc.
Marie Louve
20 commentaires
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