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Par lenaig boudig le 4 Juillet 2012 à 00:15
Dans la plume, l’œil sacré, l’ocelle, je suis vous tous. Par nature, j’affiche mon corps, formes et couleurs. Je fais la roue avec des mots sur des lignes et des pages au service de ma suite chatoyante. Sur mon passage, je pavane la séduction. Votre œil me lie en vous. Je deviens votre histoire, vos pensées, votre imagination. Ici, je n’existe pas sans votre regard qui me rend dépendant. Dans la plume, je suis votre regard. De bas ou de haut.
Ailleurs, je vis sans besoin de vous. Je me suffis pareillement à tous les gallinacés. Quelques vers sans pieds, des insectes, des graines et des baies juteuses à mon bec comblent mes appétences au quotidien. Quand vient la saison des amours, entre avril et septembre, je fais la cour à mon harem de paonnes. Ma spectaculaire parade nuptiale met au défi tous les Don Juan qui voudraient rivaliser avec mon art de la séduction. Ils n’en ont pas les atours nécessaires. Il me suffit de déployer ma fabuleuse traîne en formant une large roue, de la faire vibrer par de somptueux frémissements devant mes femelles pour qu’enfin l’une d’entre elles, de désir, se jette au sol. Alors, je replie ma roue avant de grimper sur son dos pour la féconder. L’extase. Tous les paons savent faire des œufs sans les casser.
Nous les paons, sommes de nature sédentaire. Pas de SDF parmi nous. Dans la forêt, nous avons notre dortoir haut perché dans des arbres. Nos prédateurs, les tigres et les panthères, sont ainsi tenus à distance respectable. Si d’aventure, ils nous dénichent, je sonnerai l’alarme par un cri d’une sonorité explicite. Il ne sera pas dit que je fais l’autruche. Je défends notre territoire sans aller jusqu’à guerroyer avec une panthère, mais d’astuces je sais résister et survivre. Il va sans dire que parfois, nous perdons quelques membres de notre communauté.
Croyez-le ou non, certains humains ont la conviction que notre chair délicate les rendra incorruptibles et qu’ainsi, ils auront la vie éternelle. Nous serions aussi le symbole du soleil par l’aspect arrondi de notre queue ouverte en éventail. Par nos multiples ocelles, nous devenons l’œil sacré des dieux. Misérables ! Si je perds mes plumes au printemps, vous les ramassez pour les vendre au Dollar Shop sans m’accorder mes droits de propriété. Qu’est-ce qu’ils peuvent être chimériques ces humains ?
Je ne suis qu’un paon qui se pavane. Je suis un code génétique.
Je nais. Je vis et je meurs. Et vous ?
Marie-Louve
Texte et choix d'illustrations
Lien photo : http://animal-photos.over-blog.com/categorie-10353648.html
Paru dans INCARNATION,
le nouveau recueil du collectif LAT
(clic !)
10 commentaires -
Par lenaig boudig le 27 Juin 2012 à 00:15
Aujourd’hui, c’est le 14 juillet. Sous un soleil de plomb, sur la plage du Ris, Jésabelle Touletan, traîne son mari Ovide La Tinette ex-directeur de la Banque de France.
- Ma biche, j’ai chaud ! On peut s’installer ici ?
- Mais tu le vois bien ! Il y a foule ici et je cherche nos amies Éva Paurée et sa cousine Laura Lapêche. C’est toi-même qui voulais célébrer la Bastille sur la plage de Ris avec ces deux commères de première. Je savais que c’était déraisonnable, mais tu m’aurais dit que j’étais jalouse de leur beauté de Bretonnes nées sur le vent du large. Tu sauras Ovide La Tinette que sans moi, la Belle de Cadix n’aurait jamais été chantée dans toutes les langues. Tu crois qu’on a bien fait de laisser Ti-Pet et Ronron seuls à la maison ? Tu leur as donné des croquettes avant notre départ ?
- Calme-toi, Jésabelle ma poulette adorée. Ti-Pet et Ronron sont au frais à la maison, des croquettes plein le bol et des vidéos de Mickey Mouse pour passer le temps. Oh, j’aperçois nos deux amies là juste devant. Quel charme ! Les couleurs de la Bretagne sur leurs maillots. On a oublié d’apporter nos canards flotteurs ? Non, Jésabelle ! Tu n’as pas oublié les canards !
- Si ! Mais Jésabelle n’a pas oublié le parapluie ! Prends garde d’ouvrir l’œil trop grand. N’oublie pas que Jésabelle est lionne de Lyon !
Marie-Louve,
texte et choix d'illustrations :
- pour Jésabelle et Ovide : les gifs de petitemimine.centerblog.net
- pour les deux beautés bretonnes Eva et Laura : les Bretonnes de Nicole Pastor
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pour Ti-Pet et Ronron : photohumour.net.
Jeu de la cour de récréation « 26 juin 2012 », chez Jill
20 commentaires -
Par lenaig boudig le 25 Juin 2012 à 08:28
10 Le tour de soi. Quoi ! Faire le tour de moi ?
10 Un tête à queue sans fesse qui perd la face.
10 Je préfère fermer les yeux, ne pas regarder le passé
10 Composé d' indicatif tracé comme des tatoos sur ma peau
10 Rien de simple ni de compliqué, juste du futur conditionnel.
10 Autour de moi, personne ne me voit, je suis là
10 Cachée ailleurs, au présent qui fuit le temps, ici gît
10 Ma mémoire blottie dans sa boîte, cache des images précieuses.
80 motsMarie-Louve
pour le défi chez Annick ABC (clic !)..
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Par lenaig boudig le 20 Juin 2012 à 05:00
Tarcisse Poudrier Dali
Nous voici en fin d’année scolaire. Avant les longues vacances d’été, maîtresse devra subir l’épreuve des tests soumis à ses ouailles. Les meilleurs et les pires.
Le vingt juin, à l’école du Saint-Accordéon-Des-Angelots, tous les élèves et les professeurs tremblent devant les terribles copies des examens du ministère de l’Éducation qui savent mesurer les connaissances acquises par les jeunes ignorants de la société. Gare aux mauvais maîtres qui échouent dans leur mission. Tout cancre a droit au succès dans ses études.
Après dix minutes de gribouillage sur sa copie, le jeune Tarcisse Poudrier Dali, arrière-petit-fils du grand artiste Dali, dépose sa copie d’examen de lecture sur le bureau de maîtresse devenue plus blanche qu’une page vierge.
- Tarcisse Poudrier Dali, retournez à votre table de travail et relisez votre copie d’examen de lecture. Corrigez vos fautes d’orthographe !
- Quelles fautes d’orthographe ? C’est un examen de lecture, z’avez rien compris vous !
Prise dans un embarrassant dilemme d’éthique professionnelle, maîtresse ne savait plus comment sortir de cette délicate situation en présence de tous les élèves de sa classe. Elle risquait de perdre sa réputation en trichant si elle soufflait ou orientait les réponses de Tarcisse. Elle maudit le mauvais sort de lui avoir confié ce cancre pouilleux en début d’année scolaire. Même au cours de dessin, il coulait tout. Narcisse lui aurait mieux convenu.
Tarcisse sortit du local en maugréant ainsi :
- Vous ne comprenez rien de la persistance de la mémoire !
Marie Louve
Texte et choix d'illustrations
22 commentaires -
Par lenaig boudig le 6 Juin 2012 à 00:15
Un homme à marier
Célibataire involontaire , Damon ne supportait plus les plaisirs solitaires. Conscient de sa beauté, il souhaitait l'offrir en partage. Après mûre réflexion, il prit la décision d'aider le destin afin de changer sa vie plate de monotonie quotidienne. Il empoigna fermement sa plume tremblante et traça les mots nécessaires pour lancer un SOS aux aventurières des jeux du hasard et de l'amour.
Il adressa son courrier en prenant soin de glisser son autoportrait dans la précieuse enveloppe destinée au journal Le Figaro ainsi que l'expression de sa volonté de faire paraître sa réclamation dans la colonne des affaires mondaines. Au diable la dépense, une pleine page le rendra visible. On ne pourra manquer sa cible. Par les grands moyens, il fera la primeur du jour: une aubaine à ne pas rater pour la gente féminine.
Voici ce que tous les abonnés du Figaro virent le lendemain en page treize du célèbre quotidien.
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Homme cherche jolie femme de race pure.
Bonjour à toi mon auguste et solonnelle étoile de rêve,
Je suis si plein de toi et de mes attentes qu'enfin,j'ose croire en la clémence de ce ciel immense qui te fera choir dans mes bras. Oh toi ma déesse, ma Vénus ou ma Jupiter, je saurai t'allumer sous tous mes feux.
Je serai l'homme et tu seras la femme. Je te regarderai tendrement de l'aube jusqu'au soir. Tu feras la lessive, le ménage et la cuisine. Je mangerai chacun des repas que tu me prépareras avec les succulentes recettes de ma mère. Je salirai la maison, les draps, mes caleçons et mes chaussons avec entrain pour que ton plaisir soit entier dans ce partage équitable. Aucun stress jamais ne connaîtra. Je serai ton maître et ton galant. Je te guiderai et te dirai comment faire ou comment ne pas faire.
Je joue au golf tous les lundis en après-midi. Ces précieux moments seront pour toi ma fée, l'occasion idéale d'aller au pressing à ma place. N'hésite pas. Ne laisse pas passer la chance d'être aimée par un vrai homme.
J'ai une Rolex, une moustache et toutes mes dents. Somme toute, un beau parti !Damon Lepion
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Marie-Louve
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