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Par lenaig boudig le 1 Avril 2010 à 14:11
No1
Ménalque n’était pas une lumière, mais bon il savait conduire une quatre chevaux sans vapeur. N’aimant pas le prénom désuet que sa mère lui avait fait tatouer dans un cœur saignant sur son torse pas encore velu pour célébrer son premier anniversaire de naissance, quand sa poitrine se couvrit de poils noirs la recouvrant telle une forêt vierge en pleine nuit, il claironna à tout vent que dorénavant, il était Bill. Ainsi affublé par ce nouveau prénom, il pourrait se dissimuler dans la foulée des Bill qui pleuvaient de partout sur la planète.
Ce jour-là, ce beau nouveau Bill Stilton tout en muscles seulement, roulait fièrement à la vitesse de sa force musculaire qui appuyait sur la pédale de l’accélérateur. Heureux comme un roi libéré de son cœur saignant perdu dans la nature, Bill écoutait la radio en chantant à-tue-tête avec Gainsbourg son idole, le Cha-Cha-Cha Du Loup.
Soudain, la musique s’arrête au beau milieu du mot genou. Un flash spécial lance un message d’alerte sur les ondes radiophoniques à tous les automobilistes qui roulent sur l’autoroute Aix-Marseille.
La voix affolée de l’animatrice informe qu’un fada roule à contresens sur cette route.
Bill regarde droit devant, écarquille les yeux, met des accents circonflexes à ses sourcils et hurle comme un putois en faisant faire de peine et de misère du slalom à sa quatre chevaux :
« Tu rigoles ou quoi ? Putain ! Ils sont tous fadas ! »
No2
Trois jours plus tard, Bill se retrouve au tribunal devant l’honorable juge. Il attend sa sentence.
-Vous êtes coupable de conduite dangereuse sur une voie publique. Hélas, vous ne pouvez invoquer l’excès d’alcool. C’est ailleurs qu’il manquait quelque chose d’impossible à mesurer dans votre cas précis. Par clémence, la cour vous condamne à dix mille euros ou à un mois de prison.
-Merci votre honneur de monsieur le juge ! Je vais prendre les dix mille euros. Ça tombe pile, j’ai des « arriérations » à mes loyers. C’est mon proprio qui sera content…
No3
Bien sûr Bill retourna en tôle. Après une semaine, enfin arrive sa permission hebdomadaire d’utiliser le téléphone. Avec nervosité, il empoigne le récepteur et compose le numéro de son meilleur ami pas encore majeur.
- Allô ! C’est Bill. Écoute, je vais te confier un secret, mais avant, jure-moi que tu ne le diras à personne. C’est trop grave.
- Allez Bill, tu me connais ! Je t’écoute.
- Je suis dans de sales draps. Je n’ai plus un seul centime ! J’aurais besoin qu’on
m’avance dix mille euros. Maintenant !
- Tu as bien fait de m’en parler. Sois sans inquiétude, je ne le dirai à personne. Même que j’ai déjà tout oublié de ce que tu m’as dit. Tu peux dormir en paix mon Bill. Tu me connais. Je serai une tombe.
Bizzzzzzzzzzz. Votre temps est écoulé, annonça une voix automatisée.
Marie Louve
***
Image : genieminiature.com/Renault.htm
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Par lenaig boudig le 12 Mars 2010 à 09:08
London Bridge is falling downFrench cancan is running around
I’m coming back with a funny monkey spring Time
News waiting for a warm candy man on a dime
Flying in the sky, on a French sugar kiss cancanLooking-glass and Rolex roller-time-keeper, now, is’ it the end?
I am a cracker-jack in a match box over the snow
Lighting up the fireman like in a great American show
No one can satisfy my need for flings, not even the famous Sting
In a golden submarine, I, Carla want more than just little things
Singing like a dove on a French cancan, Nicolas lost his poor baby
In the arms of another angel, pretty karate-woman, French cancan, let it be
The spring is rising up; the black bear is climbing on the top of the hill
Nothing else matters for me, the sun is shining and I’m going to pay my bill.
Pot pour rire:
On the road again, Scarborough Fair, Sultans of swing, the way we are,
Le Pouding à l’Arsenic… The show must go on! Let’s go to the next whisky bar.
Auteur : Marie-Louve.
Images :
Coudreetbroder.com : French cancan, costumes traditionnels
Tower Bridge.
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Par lenaig boudig le 6 Mars 2010 à 09:14
L’horloge ouvrit sa cage d’oiseau qui chanta quatre coucous annonçant la fin de la séance. Libéré de sa peine en milieu carcéral, Hercule Tougas sortit du local et prit la décision de sa vie : devenir un homme avant de finir dans une bière comme son père.
Les yeux encore mouillés par cette dernière et douloureuse séance de thérapie qui venait de percer le mystère de son histoire, il les essuya du revers de la main. Avec insistance, le docteur Araquiree l’avait amené à raconter aux autres participants pourquoi il avait choisi la patte de cerf servant de support à une lampe artisanale pour frapper sa conjointe jusqu’au trépas. En effet, il lui eut été plus simple de prendre plus près de lui, ses poings. Pourquoi un pied de biche ? Là, tout devint clair. Cette relique sabotée vestige d’une partie de chasse mémorable symbolisait le pied de guerre de sa rivalité avec son père.
Hercule débobina le film du drame qui l’avait conduit derrière les barreaux. Ce jour-là, alerté par des cris sauvages, un sans-abri lové dans le portique de leur condo cherchant un peu de chaleur, avait couru jusqu’à la caserne des pompiers pour demander du secours. Ce dernier ne souhaitait devoir passer une nuit blanche à cause du tintamarre des occupants. La police arrivée promptement sur les lieux, avait saisi la patte ensanglantée, menotté l’agresseur et une ambulance avait conduit la victime à l’hôpital où on constata son décès.
Il se souvenait avoir raconté aux enquêteurs les circonstances entourant cet écart de conduite. Sa Ginette revenait du KMarkette avec des boîtes pleines de souliers de peau de castor. Des babioles à cent dollars pièce dont un escarpin de porcelaine, des crèmes pour effacer les rides et une petite chaîne en or. Il a perdu les pédales à la vue de la nouvelle lampe Davy Croquette achetée par sa folle qui voulait remplacer son souvenir de chasse : sa première prise, un magnifique cerf de Virginie. Renoncer à ce trophée si chèrement disputé à son père dans les bois du Basketown ! Jamais !
Une vive discussion s’ensuivit. Des gros mots fusèrent de part et d’autre. Le panier déborda quand elle arracha du mur le fil électrique de sa relique et que son bel abat-jour finement taillé dans une pelisse de raton laveur dont la queue servait à l’allumage fit un vol en tire-bouchon dans l’espace. L’objet poilu rehaussa le crépitement des flammes du foyer où il atterrit en émettant un bruit mou. «Petit Jésus en spoutnik !» Hercule sauta sur ses deux bottines et se précipita vers le feu pour sauver sa pièce de collection. Catastrophe, il trébucha. Dans sa chute, il brisa la tranche d’arbre sur laquelle le bout de membre postérieur du gibier était fixé jusque là. Les deux pièces divorcées plongèrent leur propriétaire dans un état de choc furibard.
Sans qu’il ne puisse se l’expliquer, la patte de cerf esseulée se réfugia dans sa main. Hercule la leva et l’abattit sur le corps de celle qu’il tenait responsable du bris. « Ça ne va pas la tête ? T’es mal… » Le mot fut fracassé par la pointe fourchue du sabot heurtant la bouche de Ginette. Le crâne, les épaules, un avant-bras, le dos, encore le crâne, les coups pleuvaient en faisant jaillir des cris de douleur.
Il n’avait pas compté les frappes, on lui avait appris plus tard au procès. Le médecin appelé à la barre des témoins avait révélé au juge que madame avait sur le corps une piste de chevreuil cumulant douze pas. Le regard noir des membres du jury et du juge était loin de le blanchir de son crime. Personne n’avait compris sa détresse. C’était lui la victime.
***
Hercule fut condamné à trois ans de prison pour avoir asséné à la tête et au corps de son épouse, douze coups bien comptés de cette arme poilue comme on en fit la preuve. Aujourd’hui, jour de sa libération, il était infiniment reconnaissant envers son psychiatre. Sans lui, il n’en mènerait pas large. Araquiree connaissait le drame des hommes victimes des femmes dépendantes de leur amour. Plus lucide que jamais, Hercule avait en main sa clé des champs. Devant lui, une vie nouvelle annonçait le meilleur à venir pour lui.Dehors, un ciel sans nuages et un soleil pile poil à la bonne température, firent surgir en lui l’idée d’une partie de bâtons en l’air sur un terrain de golf. Il grimpa dans son 4X4 rouge feu, sa Rolex lui confirmait qu’en adaptant sa vitesse à l’allure urgence, il avait le temps de rejoindre ses amis au petit bar avant le départ sur le terrain. En lui, monta un immense sentiment de satisfaction. Pour célébrer ce moment tant attendu, il tendit la main sur le coffre à gants et sortit sa fiole de Cognac extra-fine de Napoléon. Goulot à la bouche, il s’en fit couler une généreuse rasade derrière la cravate. Ragaillardi par cette coulée d’or dans son gosier, un sourire béat se dessina sur son pâle visage demeuré trop longtemps à l’ombre.
Une dernière fois, il se retourna vers son génie, son bon docteur Araquiree, il lui klaxonna une généreuse quinte en guise de salutations et démarra sur les chapeaux de roue. Ainsi, Tougas était devenu un nouvel homme. Si le temps lui avait permis, il aurait bien aimé s’arrêter pour fleurir la tombe de sa Ginette. Au diable, une autre fois !
On entendit le bolide rouge feu s’éloigner à vive allure. On l’aperçut enfiler les lacets de l’Alpe D’Huez. Le pied d’Hercule à fond la caisse, il ne vit pas la biche au milieu de la route. Puis un grand trou vide l’avala.
***
Auteur : Marie-Louve.
Note de Lenaïg : images provenant de animated-gifs.
7 commentaires -
Par lenaig boudig le 24 Février 2010 à 20:44
Communauté
"Croqueurs de mots"Pour la quinzaine
du 15 au 28 Février 2010
Voici
les
"Mots de Tête"
n°23
"Queue à la boulangerie"
Ecrivez un récit
sur la base du lieu, du moment, des circonstances
et des personnages suivants :
Dimanche matin l'été à 11 heures
La boulangerie place de l'église
Une longue file d'attente
la boulangère
une personne âgée essaye de resquiller
une mère de famille n'en finit plus de choisir des gâteaux
un homme envoyé par sa femme ne sait pas quel pain acheter...***
Baguette dorée, pâtisserie Céleste, cent ans à votre service !
Paris au mois d'août.
Je sortais de l’église la tête remplie de prières et de honte. Le curé nous avait bien mis en garde de ne pas susciter volontairement la concupiscence en se dévêtant courtement pour lutter contre la vague de chaleur du temps des canicules qui faisait rage sur Paris au mois d’août. Le soleil de onze heures déjà haut dans le ciel, nous plombait sur place. Je m’empressai de traverser la rue avec un ventre creux salivant juste à l’idée de dévorer mes croissants au beurre du dimanche. Ce n’est pas une hostie qui pouvait me repaître de cette faim de loup que je retenais depuis minuit la veille, pour avoir la chance de recevoir le corps du Christ dans mon estomac. Je ne pouvais retenir ma colère devant ce fait que le curé faisait des économies de bouts de chandelles en distribuant une rondelle de papier de soie plutôt que le vrai petit pain rond que j’avais vu sur le tableau de la dernière Scène. Pourtant, je lui payais ma dîme en plus de lui faire des aumônes tous les dimanches à sa quête devant tous les paroissiens. Par orgueil, je versais cinq euros multipliés par cinquante-deux, plus 10% de mon salaire annuel, faites le compte, je crois bien qu’il pourrait me donner plus qu’un cercle de soie quand je communie pour nettoyer mon âme avec le Christ dedans.
Les baleines de mon corset écorchaient mes os appuyés sur ma peau meurtrie, mes nombreux jupons empêchaient l’air de couler dessous mes cuisses et surtout les regards effrontés du vieux Tophile Caventou, que j’avais sur mes talons depuis mon premier pas sur la rue. Ce Caventou, notre pharmacien que je soupçonnais de s’adonner aux substances telles le Flying Magic ou la mouche de quelque chose comme me l’avait expliqué discrètement ma voisine Lucia, s’accrochait à mes basques partout où je le croisais. Mais là, sous cette chaleur infernale, j’aurais mis mon corps à nu pour ressentir un peu d’air à faire passer sur moi. Je m’enhardis en déboutonnant mon corsage qui cerclait mon cou. Trois boutons, puis finalement dix. Ouf ! Je respire. Et mon ventre crie famine. J’allonge le pas pour arracher des mains de la vieille boulangère Florilda Céleste, mes six croissants au beurre qui feront ma semaine. Le vendredi, je fais pénitence. Je pousse la porte moustiquaire de la boulangerie et je suis pétrifiée devant la file des Parisiens qui ne devaient pas être là en août ! Pire, Tophile me pousse dans le dos en m’empalant les baleines de mon corset dans les côtes et dans ma colonne vertébrale. En bonne croyante et ayant toujours pas encore digéré le corps du Christ en moi, je réprime ma souffrance et demande à Monsieur Tophile avec mon beau sourire, de me laisser quelques centimètres de distance pour protéger ma bulle vitale. Ce qu’il fit avec diligence et mille excuses à mon égard.
Nous étions pris au piège devant cette cohue inattendue du dimanche en août chez Baguette dorée. Fulgence Laprise, le maire de la ville attendait impatiemment entouré de sa marmaille courant dans tous les sens en bousculant les citoyens qui n’osaient les envoyer valser ailleurs. Sa dame, madame la mairesse n’en finissait pas de questionner Florilda sur ses quarante choix de gâteaux. « C’est gras ? Quel parfum celui-ci ? Puis-je goûter ? Ah non ! Vous n’y pensez pas ? Tout ce sucre ! Les enfants deviendront agités ! Vous avez plus léger ? … »
La file d’attente tournait des yeux ronds à Madame Florilda qui coupa court à la discussion en répondant à Madame Laprise que pour le plus léger , il fallait traverser de l’autre côté de la rue. Le curé en donnait gratuitement. Choquée Madame la mairesse sortit en faisant une crise de nerfs. Elle empoigna son mari lui jurant ne plus jamais revenir dans cette boulangerie qui ne servait que de la mort aux rats en ne négligeant pas de tous nous regarder avec des poignards dans les yeux.
« Quelle punaise me souffla Tophile à l’oreille.»
Je n’osais lui répondre, mais je lui souris poliment. Puis, ce fut le tour de Monsieur Clairambault qui s’approcha du comptoir l’air indécis. À jeun depuis plus de trente heures, j’avais la tête qui tournait et je voyais des papillons noirs. Je respirai profondément pour tenir le coup.
J’entendais au loin, Florilda annoncer que dame Clairambault achetait toujours une fesse de pain massif et une baguette …Un grand trou noir m’aspira.
Quand je repris mes sens, j’étais dans la cour arrière de la pharmacie. Sous l’épais feuillage rafraîchissant des tilleuls, étendue sur une chaise longue recouverte de coussins confortables, Monsieur Tophile à mes côtés m’épongeait avec des serviettes glacées. Je me vis délassée, non, délacée de mon corset et détroussée de mes jupons, mais enroulée dans une large serviette de plage.
« Restez allongée encore un moment. Le médecin vient tout juste de quitter. Vous avez eu une chute de pression. Tout ira bien. Je vous ai pressé un jus d’orange frais et un plateau gourmand pour vous requinquer. Ce n’est pas raisonnable de vous torturer ainsi dans cet affreux corset et de ne pas manger ! Vous ne comprenez pas que votre corps est en révolte. »
Depuis ce jour, je porte des maillots sexys et des dessous affriolants pour les beaux yeux de Tophile et je n’ai plus jamais quitté sa demeure. Je mange des croissants sur notre lune de miel et j’ai du miel sur la peau, pas juste les os dessous.
Marie-Louve
8 commentaires -
Par lenaig boudig le 7 Février 2010 à 20:00
A… L…S…M…V…V…C…D…V…L’…
B…E…F…R…T…
P…N…O…J…I…
Sous le thème des menus romantiques à la Cupidon !1»
Assaisonnez les saucissons, mélangez votre
Veau coupé de vin. L’assiette
Bien essuyée fera rissoler toutes
Patates noires ou jaunes ibis.
2»
Aladin ! Lampe sortilège, merveilleuses visions
Volcaniques convoitées, diffuse vaillamment l’amour
Béat. Érotise Fabius, Richard, Titien
Provoque nuages : oniriques jouissances illicites !
Auteur : Marie-Louve
8 commentaires
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