• Souris-Verte-Molinard-132753 L

     

    Avant je sentais bon et on me le disait ...

    J'aimais me parfumer, j'en était stimulée !

    Rien de capiteux, non, une senteur fruitée

    Ou des notes de fleurs, voilà ce qui m'allait.

     

    J'eus ainsi Carita, ce doux parfum d'été,

    Loin du numéro cinq (effluve trop puissante),

    Qui semblait fait pour moi ; son souvenir me hante.

    Mais il n'existe plus ; comme il est regretté !

     

    Puis vint le Magnolia, du monsieur du Rocher.

    Ma peau s'y mariait, sans le musc et sans l'ambre,

    Si entêtants pour moi, et bannis de ma chambre,

    Mon parfum n'était pas exclusif au coucher !

     

    Femme était trop pour moi, je trouvai plus subtil :

    Madame me seyait, ce qui me faisait rire :

    A moi célibataire, on pouvait alors dire :

    Vous sentez bon Madame, fi de l'état civil !

     

    Depuis un long moment, ma peau rejette tout

    Ce qui est étranger ; est-elle xénophobe ?

    Le parfum je ne peux qu'en imprégner ma robe,

    Mes manches de gilet ! Plus de pchitt sur le cou !

     

    Trop de sophistiqué, de produits compliqués.

    Métabolisme obscur, refus du synthétique.

    Et pour se maquiller, cela n'est pas pratique.

    Reste le naturel, très peu d'alambiqué ...

     

    Suis-je la seule ainsi ? Je n'ai pas l'impression.

    Ou mon nez s'est bouché tout en prenant de l'âge,

    Ou moult ont renoncé à l'odorant sillage

    Du parfum favori ; je pose la question !

     

    Deux cadeaux des tilleuls : ombre et consolation !

    Ils sont partout en fleurs ; dans les rues l'air embaume

    Et les joyeux parterres ajoutent leur arôme,

    C'est le mois des rosiers donnant à profusion.

     

    Lenaïg

     

     

    Voici une belle photo de mon quartier, où les tilleuls sont bien présents.

    Auteur de la photo : Minato Ku (Tokyo !)

    Forum skyscraper.com

    Je n'aurais su faire aussi bien. Mais il me faut me remettre à la photo cet été !

     

    Avenue de Flandre Paris 19e - Photo Minato Ku (Tokyo !) 


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  • Note : oserai-je, en complément aux deux essais bien documentés de Margoton sur le sujet des toilettes, proposer aux Croqueurs, ma prière édifiante, consacrée à ce lieu précis ?  Oui, la voici, déjà postée ici mais sur mon blog seulement.

    ***

     

    Attention : narines sensibles s'abstenir !

    abattants-humourInterlude dans le feuilleton multiplume par courriels :
    101 RUE DE LA MAZURKA
    .

    Lenaïg ayant une fois mal rendu sa copie à Manon Guerret pour le regroupement des messages par chapitre, après avoir réparé son erreur, fut reçue en confession par le Curé Tutur, un personnage hors feuilleton, une créature, heu pardon une CREATION de Mona, tellement vivant qu'il s'était carrément émancipé de ses ficelles de marionnette et avait son propre avatar sur Lgdm (à la grande surprise de Mona la première fois ... un certain Dédale y était, murmura-t-on, pour quelque chose ...).



     

    La pénitence consistait à écrire une prière "édifiante"* sur le ...
    ***



    Bien cher Curé Tutur,
    Aves-vous dit "moulin" ?
    D'oreille je suis dure ...
    Hélas, non ! C'est ... boudin !

    Celui qui fait la paire
    Avec le mot "caca",
    Je pense que c'est ça,
    ma pénitence à faire !

    Qu'Hermina Van Der Prout
    Le "Démon des Vents" boute
    Hors d'ici ! Qu'elle balaie
    Constipation, diarrhée !

    Tourner autour du pot,
    Eviter le gros mot
    S'avère difficile ...
    Serai-je assez habile ?

    Etrons, fèces et selles,
    Excréments, sentinelles
    Sont bien mon objectif,
    Je les sens dans le pif !

    Pas de bouse ni fiente
    Ni de tas de fumier,
    Je peux être contente,
    Cela m'est épargné !
    ***

    Ô Grand Concept Divin,
    Toi qui sais tout entendre,
    Voici ma punition,
    Pardon, ma pénitence,
    pour avoir chez Manon
    Au deuxième chapitre
    de notre roman jeu
    Mal rendu ma copie.
    J'ai fait quelques erreurs,
    J'en suis un peu navrée !
    Reçue en confession
    Par Tutur le bon père,
    Je viens intercéder
    Pour le commun bien-être
    De mes frères humains. 

    Au cabinet d'aisance,
    Sur le trône de Jules,
    Rend la poussée aisée !
    Au petit coin secret,
    Que de beaux bronzes coulent ...
    Qu'ils ne soient pas coincés !
    Pour belle matinée,
    Il faut sortir léger ... 
    Donne-leur nourriture,
    Qu'ils mangent à leur faim,
    Pas avec gourmandise,
    Mais qu'ils aient ventre plein !
    Ris-Tu de ma prière ?
    Cela m'étonnerait.

    Une nouvelle idée
    Vi-ent de m'effleurer ...
    Pour les filles trop rondes,
    Dans leurs fringues serrées,
    fais quelque chose aussi !
    Réussir un régime,
    Eviter quolibets ...
    Etait-elle "édifiante"*
    -C'est le terme employé-,
    ma petite prière ?
    En es-Tu satisfait ?
    Oui, Tu m'as exaucée !
    Merci, bien Cher Très Haut,
    Chez moi, chasse est tirée.

    Lenaïg

    ***

    * "Edifiante", et à double sens : à prononcer tout haut plusieurs fois pour mesurer la malice du Curé Tutur !
    Les dix f-----s figurent bien dans la pénitence, ou même plus ...


    Image : abattants.fr


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  • Papa et Kiki 3

     

    Papa était un joueur d'échecs. Je pense à lui en foulant l'herbe ou les planches du Jardin d'Eole : à une table, au frais près de la buvette, deux hommes s'affrontent à ce jeu. Un jeu trop intelligent pour moi, qui n'ai rien d'un prodige en la matière. Papa n'y jouait plus dans ses vieux jours mais je fais un bond en arrière dans le temps, je grimpe au grenier joli de mon enfance. Mes lunettes ne me servent à rien, ma mémoire me trahit, je lui en veux d'occulter les détails.

    Peut-être sous hypnose, images, contours et scènes me reviendraient-elles ? Et le passage se rétablirait ! Je reverrais Papa dans la fleur de l'âge, grand et si droit ... Il n'aimait pas les ravioli, mais les coquillettes et les bonnes côtes de boeuf ! Il était sévère au point d'en être redoutable, mais si gentil et si tendre à sa façon, veillant sur nous comme une deuxième mère poule (coucou, Maman !). Il n'a pas été inhumé, ce n'était pas son souhait. Pourtant il aimait la terre, et jardiner.

    Le premier des jardins successifs où Papa s'exprimait date de la fin des années 50 du siècle dernier. C'est une période quasi légendaire maintenant ! Il rangeait ses outils dans un petit blockhaus (mais oui, un vestige de l'occupation nazie, resté là, dans un coin du jardin !), où nous, enfants, nous descendions rarement (il n'y avait rien de spécial à y voir).

    Je perçois encore la danse vrombissante des bourdons enivrés autour des dahlias, des cosmos, glaïeuls, roses et autres participants du festival fleuri, ou la danse des hirondelles aux cris aigus lorsque l'air annonçait l'arrivée de la pluie. Dans ce jardin, les arbres fruitiers n'avaient rien de famélique. Ai-je éprouvé de toute ma vie une joie plus pure que de recevoir, cueillie par la main paternelle, une poire joufflue, pas forcément belle mais si saine, qui se laissait délicieusement dévorer ? Son goût ne peut pas s'oublier !

    Papa était content d'avoir atteint ses quatre-vingts ans tout ronds mais la consomption triomphait et il le savait. L'ombre le rattrapa peu après. Il s'envola pour le firmament mais son départ est tempéré par le sentiment qu'une partie de lui s'est ancrée en nous. Il ne serait pas surpris que j'emprunte le chemin de la poésie pour le faire revivre comme aux beaux jours, pendant nos vacances, où il était encore plus présent, quand on le suivait le long de vieux murs couverts de mousse et de lierre, jusqu'à la Tétardière, ou pour écouter le chant des crapauds à la tombée de la nuit, guidés par sa lanterne.

    Et quelle belle écriture il avait, ce papa, quand il rédigeait une lettre ! Rien à voir avec mes pattes de mouche. Avec lui, on chantait du Bourvil, plutôt que "Itsi itsi petit bikini" ! De la patience, il en montrait dans son métier et dans la vie, aimant le travail bien fait. "Vite et bien", sauf urgence, ce n'était pas ce qu'il pensait. L'éthologie, il la pratiquait, comme il respirait. Il nous a communiqué son amour et son respect des animaux ; nos "frères inférieurs" comme il disait, en insistant sur le mot "frères".

    En bord de mer, on jouait au ballon et il faisait le pitre en nous le lançant de toutes les façons. Maman alors prenait l'air offusqué, protestant qu'il était aussi gamin que nous, mais c'était pour la forme, aucun risque de ..... rupture. Belles journées d'été, d'une chaleur non caniculaire et sans aucun nuage. Il me faut réussir à mieux m'en souvenir. Il ne nous appelait pas "chaton", mais "mignon", selon la tradition brestoise !

    Ah, que je me sente riche d'une mosaïque de moments heureux, petits bonheurs comme ceux-là et ceux d'après, une plage où aller m'ébattre en liberté, tous soucis envolés !

    Lenaïg

    (Pour un jeu proposé dans "L'Esprit de la lettre", créé par Dominique Bar, sur Facebook - Mots imposés en gras).

     

    Papa et son copain aux échecs

     

    Papa (à gauche sur la photo) et son copain jouant aux échecs.

    On peut remarquer que le jeu d'échecs est posé sur leurs genoux ! 

     


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  • M22458

    Là où certain roy était accompagné

     

    (Chronique historico-étymologique)

     

    J'ai trouvé par hasard quelques renseignements historiques  complémentaires , et susceptibles d'intéresser certains membres de mon lectorat ayant apprécié mon article "LA OU LE ROI SE REND SEUL, certains ayant fort doctement évoqué une exception versaillaise dont je me fais un devoir de vous entretenir  aujourd'hui sans attendre.

     

    Le riche, confortable et luxueux château de Versailles ne comportait point de lieux d'aisance. Courtisans et visiteurs se "posaient" où ils pouvaient : sous un escalier, dans un coin, un fond de couloir, si bien que la somptueuse demeure n'était pas source de plaisirs olfactifs.

     

    Les  rares chaises percées étaient  en nombre nettement insuffisant, n'appartenaient qu'à la noblesse, et leurs détenteurs raffinés  recevaient, sans façons, leurs visites , assis sur ces commodités de la conversation

    .

    Deux serviteurs, titulaires de leur charge, soulevaient les vastes robes des dames pour glisser discrètement ;sous le délicat postérieur; la selle nécessaire à leur'installation (D'où l'expression métonymique "aller à la selle").

    Or, des dames babillant, pérorant, jacassant dessus en toute simplicité, on désigna  malicieusement ces objets du nom d'un fauteuil déjà nommé dans les salons : "caquetoires".

     

    Chez Louis XIV, point de chichis. Il ne s'installait pas, mais ON l'installait sur sa chaise percée et là, il recevait aussi bien ses amis pour jouer aux cartes que des ambassadeurs ou des ministres, pour discuter  avec eux de graves  problèmes politiques.

    Cette installation était réalisée dans un cabinet attenant à  la chambre (deux autres mots à l'origine de ceux que l'on emploie depuis, dans un style plus raffiné, pour désigner au moins une partie de ce qui s'y passait déjà.)

     

    Tous ces gentilshommes (même  parents ou descendants d'anciens frondeurs , anarchistes ou séditieux de même trempe) se seraient volontiers  mutuellement étripés pour obtenir "un brevet d'affaires "qui coûtait très cher : l'honneur disputé d'appartenir au cercle d'intimes  privilégiés ayant le droit de s'adresser au roi, par ailleurs si occupé   "aux dernières misères auxquelles la nature nous assujettit", selon l'expression précieuse de l'époque.

     

    A la fin de la royale opération, le "porte-coton" nettoyait le "couloir à colombins", avec délicatesse mais aussi une certaine dose de négligence - qui n'offusquait personne en dépit de ses conséquences olfactives.

     

    Comme Louis, trop glouton, souffrait d'entérite et aussi d'une certaine fistule, la cérémonie avait lieu souventes fois dans la journée, toujours avec la même solennité.  

     

    Voilà donc un récit très instructif qui, je l'espère, aura participé  à enrichir votre culture générale.

     

     

    Margoton

     

    wc-decore

    Notes de Lenaïg :

    Les charmantes illustrations de commodités agrémentant la superbe chronique de Margoton évoquent d'autres lieux et d'autres époques que celle du Roi Soleil.

    Pour voir à quoi ressemblait la chaise percée de Louis XIV, un peu de travail personnel sera suggéré au lecteur, qui ira faire une petite recherche lui-même sur le net ou dans des ouvrages dignement documentés.

     

    2ème image : www.deco5.com


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  • 471463438

     

     

    Là où le Roi se rend seul…

     

    (Chronique historico-grammaticale)

     

    Les synonymes sont nombreux, variés, parfois délicats, parfois pittoresques, souvent grossiers mais… toujours au pluriel.

    Pourquoi ?

    Et de quoi s'agit-il ?

     

    Classement par ordre de bienséance.

     

    Les toilettes

    Les petits coins papier-toilettes-sudoku-3

    Les cabinets

    Les pipirooms

    Les WC

    Les waters

    Les water- closets

    Les lavabos

    Les commodités

    Les lieux d'aisance

    Les lieux

    Les ouatères

    Les latrines

    Les tinettes

    Les feuillées

    Les gogues

    Les goguenots

    Les chiottes

    Les tartisses (plus rare et passé de mode )

     

    J'en ai oublié ? Possible.

     

    Mais pourquoi tous ces mots, désignant une seule réalité, sont-ils toujours exprimés au pluriel ?

     

    Les latrines romaines étaient des salons où l'on s'entretenait de tout   - non seulement de ragots mais de sciences comme l'astronomie ou la mathématique – de littérature , de poésie, de musique, de politique, que sais-je encore ? chacun assis sur son trou dans une grande pièce carrée qui en comportait une bonne vingtaine. Le pluriel était alors de mise.

     

    ( A une époque intermédiaire qui fit exception à la règle, on vidait le pot de chambre par la fenêtre  après l'avertissement souvent trop tardif de : "gare  à l'eau ! " ou, dans les fermes, on allait s'accroupir dans l'écurie ou dans l'étable. Ceci explique pourquoi les actuels manipulateurs de "poêles à frire" –en français "détecteurs de métaux" -  trouvent tant de pièces de monnaie  démonétisées  dans les champs : car, à l'époque, on fertilisait les cultures avec le fumier sorti des étables, dans lequel se trouvaient donc piastres, écus, louis,ducats, deniers, sequins, florins, mailles, piastres et pistoles tombés accidentellement lorsque l'on posait braies.)

     

    Plus tard, toujours dans la France profonde, rurale et mieux organisée, on conçut un dispositif astucieux : une grande caisse oblongue percée de deux trous de la circonférence d'un postérieur moyen. Sous chacun d'eux un grand récipient, d'abord en terre cuite puis en métal, qu'une fois rempli on laissait fermenter quelques semaines pour en faire de l'engrais dont on fertilisait les salades et les poireaux du jardin (bio à cent pour cent).

    Durant cette nécessaire fermentation on utilisait l'autre trou, afin de remplir le second récipient, voué à la même destination. Et le cycle recommençait.

    Cette méthode très rationnelle continua longtemps. En ma petite enfance, lors d'un voyage d'agrément nommé "évacuation", nous avons dû faire étape à Barbezieux et nous y déjeunions dans un petit bistrot- restaurant pas très cher où une telle installation se situait à même la cave, parmi les barriques, sans porte et sans même un rideau de séparation. Cela nous amusait beaucoup, nous les enfants – les parents… un peu moins (ils prenaient leurs précautions : nous surtout pas !)

     

    Plus tard, les engrais ayant changé de formule, l'eau potable étant sortie électriquement du puits, et la population un peu plus initiée à l'hygiène, les installations furent quelque peu modifiées, selon le principe actuel.

     

    (Cependant, voici quelques années, lors d'un voyage dans le nord de la Norvège, j'ai pu admirer de mes yeux, sur un site touristique, un très coquet édifice abritant deux cuvettes émaillées et pourvues de chasses d'eau)

     

    Et voici donc l'origine, quelque soit le langage employé, raffiné ou vulgaire, de l'indication de ces lieux, traditionnellement toujours au pluriel.

     

    (article très sérieusement documenté)

     

     

    Margoton


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