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    La pension, l'internat... Ces mots évoquent pour certains d'entre vous de bons souvenirs inscrits dans un contexte paisible ou un lieu en écho à votre tempérament, n'est-ce pas ? Vous serez peut-être choqués par ce récit : pour moi, pour d'autres, la pension ne fut pas cela, elle fut terrible...
     

     

    J'avais dix ans, et je ne savais pas que j'allais sortir de l'enfance. En fait, sait-on ce que veut dire enfance ? Réalise-t-on vraiment cette extase qui s'essouffle dans un temps trop long pour nos petits cerveaux d'alors ? Le brouillard pour moi, oui cette enfance m'évoquait le brouillard bienheureux d'un souvenir au chandail vert. Non ! Une veste brodée par maman qui m'aimait, une veste laissant un monde nouveau m'emporter dans le noir d'un soir à la fin d'un week-end de 1970.

     

    Dimanche, dimanche soir 17 heures : premier souvenir de pension. La pension, je m'y étais glissé par une porte inconnue, celle d'un rêve éveillé. Ma soeur m'avait vanté les avantages d'une vie communautaire où je me ferai plein de copains, où l'on serait tous une sorte de " boys-band " avant l'heure, des scouts aux noms étranges, des êtres libres de leur famille... En vérité, je m'en apercevrai plus tard, ce ne fut qu'un flou inventé par ma soeur afin que je n'aie pas peur, un monde idéal qu'elle avait construit pour mon âme et mes espoirs de gosse. Mais ce n'était pas cela.
     

     

    La Sauque, un nom comme ça près de Labrède à 50 km de Bordeaux je crois, voilà le premier projet dont j'avais entendu parler. Et puis, ce devait coûter trop cher, ou sinon, pour une autre raison, le projet n'avait pas abouti ; que pouvais-je en savoir, moi qui vivait avec un coeur léger et insouciant tout en entretenant une crainte sourde devant le père trop sévère dans une maison austère où je montais en courant les escaliers noirs vers la cuisine en haut, loin de la cave au fond du garage. Oh le rire gras des adultes, genre : « fais gaffe petit, à la sorcière qui se cache dans le noir de la cave ! » Pfff ! Quels idiots ! Et qui se croient intelligents !»
     

     

    Un jour de juin, les parents m'avaient confié leur souhait de me mettre en pension, et qu'ils l'avaient trouvée. Je n'avais pas bien réalisé et je passais l'été sans réfléchir, entre les films du dimanche et les jeux du jardin sous le soleil moite du sud-ouest. Ce soir de septembre, ils m'amenèrent vers la grand-ville dont je ne connaissais que le centre et la rue sainte Catherine. « Tu verras, c'est pas très loin dans le quartier saint-Serein, près de Mériadeck où je travaille ! Oui maman, avais-je répondu distraitement. » Et l'on était arrivé vers les sept heures du soir ou quelque chose de ce genre ; on avait dû manger avant. On monta un escalier énorme dans ce qui me semblait être une sorte d'entrepôt tout au bout de la cour immense du collège.

     

    Maman m'aida silencieusement à faire mon lit au milieu de beaucoup d'autres lits semblables qui sentaient une odeur étrangère, et on était redescendu, et elle était partie l'air grave sans que je me rende compte. Un soir ressemblant soudain à un autre soir, un soir qui resterait...
     

     

    Et puis, le flou du souvenir, les images qui stagnent et qu'on n'effacera pas, la douleur rampante avec les semaines du temps qui dure... — Eh toi, le vert ! Passe moi le ballon ! Était-ce un ballon, ou autre chose ? Je ne me souviens plus. — Eh toi, le rouge, à ton tour ! J'avais répondu. La nuit tombait en recouvrant les images de mes dix ans. Demain serait un autre jour qui mangerait deux ans ; deux longues années...
     

     

    Un lieu différent, tellement différent de celui que j'avais connu alors... Derrière les grands murs où je ne voyais pas l'horizon, mon univers familial s'en était allé. J'avais cru en l'éternité de cet univers couvé dans la bulle de mes camarades d'avant où je courais en criant très fort cette vie fusant au-dedans de mon corps. Oh que j'étais insouciant alors : une pousse vivante et insatiable, une sensation de vie puissante où le temps n'existait pas.
    « Est-ce cela l'enfance ? Avez-vous vécu la même chose ? Oui, vous ! Dites-moi ? »
     

     

    J'y fuyais l'austérité de la maison, dans l'école avant la pension, j'avais peur de ceux qui me dépassaient de la tête et de la voix, ces adultes étranges et lourds aux mystères brumeux qu'on comprend peu. Seule, ma maman ne m'intimidait pas, elle incarnait une tendresse où les bras s'ouvraient selon mes désirs, et mes craintes. Elle parlait peu ma maman. Elle m'aimait.
     

     

    « Vous me le tiendrez bien le gamin, avait demandé mon père au directeur. »
    « Oui, oui, soyez tranquille, je l'aurai à l'oeil. Vous pouvez compter sur moi ! » avait répondu le cerbère. Cet homme était violent, mon père ne le sut jamais.
     

     

    Derrière les grands murs, est-ce que je vis le soleil ? Ils encadrèrent ces deux ans de ma vie comme une parenthèse hérissée d'un morceau d'existence en forme de plomb, en un éveil douloureux aux arêtes sans fin. Les jours qui vinrent après mon entrée en enfer, je ne m'en souviens plus vraiment. En fait, il subsiste dans ces lignes quelques images fortes comme des clichés rouge-sombre ou ceux que l'on ne peut nommer parce qu'ils n'ont plus de couleurs. Des photos, oui voilà : des photos sépia accompagnées d'odeurs et de prières figurant la vie d'un petit garçon perdu dans un monde dur et froid.

     

    Mais je m'étiole dans ce récit, je m'épanche, je m'apitoie au moment de vous faire découvrir une pension en 1970 à Bordeaux dans la France du général de Gaulle qui allait mourir. J'entendis, par une radio je ne sais où, j'entendis Sardou, ce chanteur que je ne connaissais pas encore et qui fredonnait : « Le rire du sergent, la femme du régiment, la préférée du capitaine des dragons, talala, la... » Belle musique sur des paroles phonétiques et entraînantes, mélodie de ma pension, entracte, souvenir...
     

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    Mercredi matin, tous les mercredis matins : quatre heures de colle de huit heures à midi. Punition ? Oui, non..., occuper les pensionnaires qu'ils disaient, meubler leurs heures creuses sans cours ni professeurs. Les études, voilà le mots exact. Dit-on encore cela de nos jours ? Études le soir de 18 à 19 heures 30, et repas, et montée vers le dortoir noir où un pion crachait une prière qu'il lui avait fallu apprendre par coeur : le Notre Père, le Pater Noster. C'est dans cet endroit honni que j'entendis pour la première fois parler de Dieu, entre les cris des copains et le chahut mortifié par la venue d'un directeur dont le surnom rappelait un conte de Walt Disney : Jeannot. Les pas, les pas de Jeannot : ils raisonnaient dans nos peurs d'enfants qui faisaient semblant de ne pas avoir peur, ils montaient peu à peu dans l'escalier et chacun des 23
    pensionnaires tremblaient, même le pion...

     

    Jeannot... Grand, maigre, l'air sinistre, une moustache fine..., je ne sais plus... Un seul souvenir tenace : la présence sèche d'un regard vide sous le rictus du devoir à accomplir aux ordres d'une mission fonctionnariale soumise aux geôles de la rigueur disciplinaire, ouf... Était-ce mon regard d'enfant qui grandissait cet homme en faisant d'un petit fonctionnaire un monstre des abîmes ? Sans doute, sans doute ; quelle importance à présent, le mal étant fait ? Un mal qui me suivra jusqu'à la tombe par des effets collatéraux...

     

    Un éclair de lumière au milieu de ces années sombres.
    La douleur brûlait mon coeur d'enfant trop attaché à sa mère. « Maman, maman je t'aime ! » Ces mots raisonnaient davantage en moi le premier jour de la semaine comme un appel au secours sans réponses. La réponse vint, inattendue, et je ne la compris que bien plus tard.

     

    Je me souviens de ce surveillant qui venait nous garder la nuit pour payer ses études, un étudiant jeune et imberbe, presque innocent. Le premier jour de son arrivée, il nous demanda de lui dicter le « Notre Père » qu'il ne connaissait pas afin de nous le faire réciter matin et soir. Cet élément religieux influença-t-il l'expérience mystérieuse que je vécus peu après ? Je ne sais.
    Un soir de lundi où je sanglotais dans mon lit, je ressentis le besoin de prier, de lancer un cri à ce Dieu que je ne connaissais pas ; quelque chose comme : « Si tu es notre Père, fais que je revienne chez moi ! » Je m'étais habitué au genre de réponse qu'un silence peut donner, mais ce silence me calmait, m'apaisait en transformant mes questions en autre chose...
     

     

    Peu à peu, je sentis cette nécessité étrange de prier, demander aussi pour les autres, ici, ailleurs, partout, pour le monde entier, en prenant de notre douleur commune une énergie bienveillante à tous ; et peu à peu cette douceur presque odorante enveloppa mon être sans que je l'analyse, en enfant que j'étais... Et doucement, cette présence au parfum féminin prit corps et m'accompagna jusqu'au bout de ce séjour des morts, jusqu'à mes 12 ans où je quittai ce lieu pour toujours. Un sillon se creusa, qui ne s'est jamais fermé depuis. Ce que je compris de ce miracle m'appartenais, il me soutint avec force comme un ciel bleu filant sous l'orage, comme une bouée de feu dans ma jeune existence.
     

     

    Fin de la parenthèse enchantée, retour dans la réalité brutale :
    Il marchait, comme un serpent vers le dortoir, pas à pas ; Il rentrait dans le dortoir, en silence, et satisfait de son effet, un sourire aux lèvres que je n'ai jamais vu, sourire que j'imaginais. Jean, Jean D, Jeannot. Je te pardonne à présent, le temps te pardonne ;mais quand même, quand même cette violence lorsque tu t'attaquais aux enfants mis à la porte d'un cours et que tu secouais, quelle violence lorsque tu balançais ton poing retenu (?) dans la figure d'un adolescent de 14 ans, lorsque tu pénétrais à l'intérieur des classes le samedi matin afin d'asséner les bonnes et mauvaises notes du petit carnet vert au zéro de conduite. Chacun tremblait le samedi matin. Oui, en 1970 les coups de règles sur les doigts ou placés sous les genoux, les notes de conduite ou de morale que sais-je, tout cela existait encore en bravant un mai 68 qui n'avait pas encore tout emporté dans l'autre sens... Oh monde insensé des adultes, adultes qu'il me faudrait rejoindre un jour, fusionner, exécrer !
     

     

    Le souvenir des frites les meilleures du monde effacerait-il les heures de colle du matin et la promenade morne au parc Bordelais les mercredis après midi, tous les mercredis après midi ? La joie de quitter cette pension deux ans plus tard annihilerait-elle l'absence des parents, vus au lance-pierre, le père qui, sur le trajet du lundi, ne disait mots dans la voiture en préférant mettre la radio ? Une Audi bleue fugace, une chanson de Joe Dassin sur l'Amérique qu'il voulait avoir et qu'il aurait, lumière, sons ; à moins que ce ne fut maman m'amenant à quatre heures du matin ce même lundi dans la salle d'attente des chèques-postaux et conduisant un petit garçon pleurnichant à l'heure de sa pause entre sept et huit et demi ? A moins que d'oublier mon père m'oubliant le samedi midi en arrivant à 13 heures ou ces weekends, embarqué chez une amie de travail où je me gavais de bande-dessinées pour ne pas de nouveau pleurer ? Lumière, sons étouffés...
     

     

    Pension, pension, bite au cirage un soir de juin, excitation du pion invitant dans son boxe adossé au dortoir une des femmes de ménage et qu'on ne revit plus, ni l'un, ni l'autre... Pension, pension, dont la marque m'avait blessé en me construisant un visage que mes anciens copains ne reconnurent pas lorsque je revins parmi eux banni de leurs coeurs... Pension où j'ai laissé mon enfance s'éteindre afin de devenir adulte trop tôt sans le vouloir, et sans jamais l'assumer pleinement...

     

    Lorsque quatre années plus tard je demandai à mes parents de retourner en pension, ce ne fut pas pour revivre tous ces traumatismes, non bien sûr, ce fut peut-être pour les exorciser, peut-être fuir ces parents que j'aimais malgré tout, en allant vers un monde que j'idéaliserai et dont le profane brisera lui aussi mes élans poétiques.

     

    Peut-être, allez savoir ! Enfin, avant d'envoyer vos enfants en pension, pesez le pour et le contre, posez-leur au moins la question et enquêtez sur le directeur, surtout le directeur ! ...

     

     

    Dominique Biot

     

     

    Illustrations :


    Pensionnat en manga,

    Nom : Kaze to Ki no Uta SANCTUS – Sei Naru Kana -
    Auteur : Keiko Takemiya
    Magazine : Shôjo Comic
    Réalisateur : Yoshikazu Yasuhiko
    Durée : 1 OAV de 59 minutes
    Année : 1987

    www.gemini.neetwork.net

     

    Pas de fine moustache, mais : un adulte effrayant et nuisible,

    Le Comte Olaf, ici Jim Carrey

    dans Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire

    www.toutlecine.com

     

     

     


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    - Et la Corse ? lui demandais-je un soir.

    Il me regarda alors avec un sourire et ses yeux brillèrent un peu. Une sorte de tristesse revint ensuite, il s'excusa en me disant bonsoir.

     

     

    La vie continuait. « Oh oui, oh oui... » avait donné son congé et le Tunisien la remplaçait. C'était moins romantique. Le corse, lui, vivait dans la petite chambre, celle que j'avais laissé pour la plus spacieuse des quatre dès que l'occupant de l'époque partit. J'étais le locataire le plus ancien maintenant. Je venais de trouver un stage en comptabilité avec des horaires de père de famille. Le corse ne sortait plus de sa chambre qui sentait le fromage rance et le tabac froid ; la fenêtre semblait ne jamais s'ouvrir.

     

     

    Un jour, il vint me voir en souriant :

    — Tu connais les chevaux ? me dit-il doucement, je t'emmène sur un hippodrome si tu veux.

    — Pourquoi pas, répondis-je innocemment, tu m'expliqueras, je n'ai jamais joué.

    Nous sommes partis aussitôt vers une « cabane », ces maisons de jeux sur les bords des terrains de courses, et, dans la voiture, il s'ingénia à me décrire la procédure des débutants, les combinaisons les plus simples, les paris sans risques... En fait, je n'ai joué qu'une fois, au grand désappointement de mon camarade soudain devenu plus familier. « Non, non, je ne suis pas fan de ces choses, je n'aime pas les jeux d'argent. Et puis, perdre 100 francs, ça me suffit : j'ai pas un sou... »

       

     

    Il commença alors à me parler de son pays : la corse, l'île de beauté, des Seigneurs :

    « Si tu voyais le maquis, à perte de vue, le gibier, le romarin, les odeurs ; elles me manquent les odeurs... »

    Le temps passait, et il disparaissait par intermittence.

    T'aurais pas 50 francs à me prêter. Je suis un peu juste en ce moment.

    Oui mais pas davantage, moi aussi je suis fauché.

    Sa chambre sentait de plus en plus et je m'habituai à l'inviter chez moi, par

    commodité. Il paraissait de plus en plus renfrogné. Un jour, il lâcha :

    J'peux pas revenir chez moi, en corse. J'ai..., j'ai...

    — T'as quoi ? Demandais-je, curieux.

    — Ah rien, rien...

     

     

    La logeuse le regardait d'un oeil bizarre. « Y'a d'l'eau dans l'gaz... » Ces pensées me revenaient régulièrement mais je n'osais aborder le sujet avec un gars aussi fuyant que le Corse, cet homme changeant comme la météo, fuyant et jovial à la fois, attachant et presque repoussant. Un jour, il arriva avec un sourire radieux.

    — Tiens, voilà 150 francs pour le total, plus 50 avec les intérêts. Je vais même pouvoir payer mes deux loyers de retard, je me suis refait.

    Refait ?

    T'occupe. T'es pas content ?

    — Si, si. Garde tes intérêts, je n'en veux pas.T'as trouvé du boulot ?

    — Non, non. Ce sont des amis...

     

     

    Les locataires changèrent, lui restait dans sa chambre rance et noire où la

    fenêtre n'ouvrait jamais. Il allait et venait, débraillé et les cheveux en épis, l'air hagard en me disant à peine bonjour depuis que j'avais essayé d'en savoir plus sur sa vie. Il ne me demanda encore qu'une fois 50 francs jusqu'à ce que je ne le revois plus. Un jour où son absence s'attardait depuis près de trois semaines, la propriétaire

    vint me voir en me demandant si je l'avais vu :

    — Vous n'avez pas de nouvelles du corse, Dominique ? Il me doit trois mois de loyer et je n'arrive pas à le joindre au téléphone. J'en ai marre de lui faire crédit et puis, vous ne sentez pas l'odeur ?

    — Bôh, c'est pas grand chose, dis-je pour la rassurer.

    — S'il ne m'a pas répondu à la fin du mois, je le vire, glapit-elle. J'en ai marre !

     

     

    J'espérais naïvement qu'il réapparaîtrait, qu'il sauverait la situation. Au premier du mois suivant elle vint devant sa porte avec appréhension. Elle m'avait demandé de l'aider, au besoin. En ouvrant, l'odeur contenue surgit comme une vague de chaleur d'un quinze août (on était en février) et nous submergea en emportant avec elle un relent de gruyère fermenté à l'ail et au jus de chaussettes encrassées depuis des lustres. Une poussière s'éleva tel un tsunami dans un noir presque opaque sur des vêtement crasseux entassés. Çà et là, des papiers gisaient au milieu de bouteilles entamées et de slips couleur de merde. Le lit, pas fait, s'ouvrait sur des sacs décharnés, et un cendrier rempli trônait sur le drap brûlé par endroits. La sueur, le

    renfermé s'évaporaient lentement par la porte...

    Il fallut une journée entière pour nettoyer et assainir la pièce ( désinfecter

    diraient les mauvaises langues). On apprit un peu plus tard que la police le

    recherchait pour dettes de jeux dans la région, et d'autres exactions plus grave en Corse. L'homme figurait parmi les truands dangereux du milieu.

     

     

    Devant la nouvelle, notre logeuse faillit s'évanouir mais se remit de son malaise en se vantant d'avoir résisté victorieusement aux avances d'un bandit... Je l'aimais bien, le Corse, je crois que j'aurais pu l'aider en dialoguant davantage. Il ne m'a pas laissé le temps. Le voulait-il ? Le voulais-je ? Et qu'aurais-je fait à sa place ? Je ne sais pas, après tout. Il y avait comme une fatalité dans son regard, comme une malédiction.

     

     

    On ne l'a jamais revu.

       

     

    Dominique Biot

     

     

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    On l'appelait le Corse comme on aurait l'aurait surnommé François ou le Bordelais. En fait, on ne connaissait pas son nom et, s'il nous l'avait dit, ce fut si doucement, si insignifiant, qu'on ne l'avait pas retenu. Il parlait peu, au début.
    Lorsque je le croisai comme colocataire, les premiers jours, je ne remarquai qu'un visage frustre, fuyant mais poli :
    — Bonjour, me dit-il avec pudeur.

     

     

    Depuis deux ans, je vivais dans une des chambres meublées d'un pavillon cossu encastré en banlieue d'une grande ville. Un petit jardin entretenu entourait la maison, et sa porte arrière ouvrait sur un couloir bordé des quatre logement loués qui changeaient régulièrement de pensionnaires. Les merles, la pelouse verte, les hortensias sous un ciel du Sud, tout portait à la légèreté, le sourire, si les incidents de la vie ne venaient ternir le tableau... Lors de l'entretien d'embauche, la propriétaire nous recevait avec bonhommie, elle s'appliquait une humeur joviale à nous mettre à l'aise, elle nous dorlotait même, comme pour compenser sa solitude de retraitée ;
    c'était la " mama " du quartier. Quand un locataire partait vers d'autres lieux, elle versait presque sa petite larme, elle faisait son deuil, à moins que le protégé l'eut ennuyée, combattue, truandée auraient dit les jeunes. Alors la vieille dame sortait ses griffes, tempêtait, lançait des regards indignés et furieux, des regards de louve...
    « Après tout ce que je fais pour lui, pour elle ; enfin... »

     

     

    Moi, elle m'avait à la bonne, elle m'aimait presque comme un fils, j'avais mes entrées et nous nous voyions à chaque occasion sans arrière-pensées. Pour autant, elle ne me demandait rien sur mes compagnons de chambre, son avis lui suffisait. C'était une brave femme.
    De l'autre côté du mur, je vivais ces évènements, ces cohabitations, plus
    intimement, si j'ose dire, avec leurs avantages et leurs inconvénients... En arrivant, j'héritai de la plus petite chambre venant de se libérer. En fait, elles se composaient toutes d'un lit rectangulaire et d'une armoire en face d'un lavabo encadré d'un lino anti-humidité. Une fenêtre éclairait l'ensemble.
    « Vous ne devrez pas cuisiner compte tenu de l'étroitesse du logement, intimait la propriétaire. »

     

     

    Son bon coeur arrondissait les angles la confiance venue, mais il fallait faire ses preuves. Quoi de plus naturel ? Les murs étaient en carton : des cloisons mince de quelques centimètres, et il suffisait d'un mot trop haut pour que les habitants du rez de chaussée communient aux mêmes aventures, aux mêmes odeurs, aux même drames quelquefois. Encore novice en matière sexuelle, hors quelques flirts un peu poussés, ma libido tirait plus aux fantasmes qu'à la réalité du moment. Les cris endiablés de la voisine s'employèrent à m'enseigner quelques mystères cachés qui eussent fait rougir un bataillon de jeunesses :
    « Oh oui ! oh oui ! oh mmm ! Encore, encore ! »
    Le vendredi soir sonnait la charge lorsque l'amoureux rencontrait sa belle à partir de 22 heures jusqu'à..., je ne me rappelle plus... Et le matin :
    « Bonjour, vous allez bien ? Je ne vous ai pas dérangé hier soir ?
    « Non, non, ça va... » répondais-je, gêné.
    Hum, mon savoir vivre m'empêchait de dormir, mais que pouvais-je dire, ou faire ?

    Elle frisait les 20 ans, la voisine insouciante et vive : une fois sur deux, elle hurlait de jalousie, d'indignations, de colère et l'homme mûr de lui rétorquer l'air navré: « mais ma biche, ma femme ne voudra jamais... »

     

     

    Les autres locataires se faisaient plus discrets, comme cette esthéticienne en
    stage qui se mourait de solitude et me racontait ses déboires sentimentaux quelques soirs de cafard. Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours eu la vocation de confident, un homme servant de grand frère à défaut de servir d'amant. Quoique, je n'ai peut-être pas su voir, comprendre autre chose ? Elle me glissait son chagrin à devoir côtoyer un homme marié un soir de semaine, subir cette maladie presque universelle qui les touchait toutes après la libération sexuelle... Mais je suis libre moi, avais-je envie de leur dire, vous comprenez ? Libre ! M'entendaient-elles à cette époque ?
    Lorsque qu'une chambre abritait un homme, c'était souvent un marginal tel que ce Tunisien asthmatique que j'amenai une nuit en urgence à l'hôpital vers trois heures du matin sur le dos cahoteux de mon deux-roues, et qui me prédisait la libération du Maghreb un grand soir en vomissant Bourgiba et les siens. « Khadafi, kadhafi,
    répétait-il sans cesse. » Sinon il ne pensait qu'aux femmes, il fut même remercié par la propriétaire parce qu'il courtisait assidûment sa petite fille de quatorze ans en voulant l'initier au Kama-sutra... Notre logeuse n'affectionnait pas les parasites du sexe, elle tolérait plus volontiers les chômeurs comme moi qui payaient leur loyer malgré tout, même avec retard. « Vous vous en sortirez mon petit, tenez bon, va ! Me disait-elle gentiment.»

     

     

    Et puis, il y eut le Corse. Le fameux Corse.
    — Bonjour, me dit-il avec pudeur le premier jour.
    L'homme se voulait discret, petit, invisible. Dans la semaine qui suivit son arrivée, il frappa timidement à ma porte pour me demander comment trouver les administrations, prendre les bus les plus rapides vers le centre-ville, joindre tel endroit. « Merci, me disait-il, merci beaucoup, vous êtes sympa. » .
    Je ne le revis plus un temps, il semblait affairé à des tâches importantes, très occupé, très pris. Il ne m'avait pas dit quel métier il exerçait, ou quel job il cherchait. J'aurais peut-être pu l'aider, j'avais tout mon temps à cette époque de chômage attrapé, d'oisiveté existentielle, d'errance personnelle, j'étais du pays, de la région. Il faut dire qu'à cette période je vivais la nuit et rentrais me coucher sur les 6 heures du matin.  Sitôt le soir, j'enfourchais ma mobylette pour rejoindre mes copains au même sort, mes frangines un peu zonardes. Ah ! jeunesse, jeunesse...

     

     

    Son type physique avoisinait les traits nordiques : cheveux blonds et rêches de lavages au savon, visage coupé à la serpe sur une barbe mal rasée, yeux farouches, avec un corps râblé et un peu voûté, mais d'une vivacité surprenante. Ce ne fut que des mois plus tard qu'il commença réellement à me parler, se confier même. Je crus comprendre qu'il ne travaillait plus, mais il n'abordait pas ce sujet ni ceux qui le gênaient. Une atmosphère mystérieuse l'enveloppait.

     

     

    A suivre

     

     

    Dominique Biot

     

     

    Image du net (voir Album Fantaisies 5).

     

     

     


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    - Le crime ne paie plus. Non vraiment, y a de quoi pointer au chômage là aussi.

     

    - Vous allez pas me croire si je vous raconte.

     

    - Ben raconte.

     

     

    ***

     

    - Quand je suis arrivé chez Mario, la file était longue, à croire qu'il y avait distribution de prix genre cadeaux de fin d'année. Enfin, ce fut mon tour. Pourtant j'étais bien rencardé, mais je ne croyais pas qu'il était si connu le Mario. De là à se faire repérer dans une file... Je me suis présenté devant lui, comme qui dirait pour une affaire, et il m'a demandé mes références. Si vous aviez vu ma bobine devant le Mario :

     

    - Décidément, je trouve pas de boulot, je tâche de devenir malhonnête, et même là...

     

    -  Quoi même là ! Comment voulez-vous que j'ai confiance si vous n'avez rien fait, du style voler le porte-feuille à votre voisine, hein ?

     

    - Ben quoi, y a un début à tout, on peux apprendre sur le tas non ?

     

    - Sur le tas, sur le tas ; c'est vous qui le dites ! Faites voir votre CV. 

     

    - Mon CV ? Parce que maintenant il faut présenter un CV pour votre job ? Et vous voulez pas des feuilles de sécu avec ?

     

    - Ecoutez, y a du monde sur le marché, surtout maintenant... 

     

    - De là à présenter un CV, faut pas pousser !

     

    - Oui un CV à la parker et Badger, tu connais ? Répondit Mario en le tutoyant soudain.

     

     - Genre  embauche tueur dix ans d'expérience, pas qualifié s'abstenir   ?

     

    - Exactement, et pour les débutants je prends seulement les puceaux afin d'intimider la clientèle en la poussant à consommer, ça te va ? Alors, qu'est-ce que t'as fait ? Reprit Mario, l'air plus grave.

     

    - Quoi fait ? J'étais comme tout le monde, je bossais, enfin j'essayais. 

     

    - Ouais c'est la crise. 

     

    - La crise la crise. À force de faire des trous dans mon CV, le vrai, y s'ont préféré embaucher des sans papiers, combine plus sûr paraît-il.

     

    - Tu veux dire que ton CV de travailleur a des manques ? 

     

    - Ben, entre les contrats précaires et les concurrents, j'ai démotivé. 

     

    - Win, the yes needs the no to win against the no... 

     

    - Quoi ? 

     

    - Raffarin : la positive attitude... 

     

    - Ouais ouais. Bon j'en ai eu marre et j'm'suis dit qu'il y avait plus que vous. 

     

    - Ecris-moi là toutes tes aptitudes puisque t'as pas de CV

     

    - Ca s'fait comme ça maint'nant ?

     

    - Et t'as pas tout vu ! Les mecs qu'ont pas au moins trois contrats passés en bonne et due forme je les prends pas, les gars qui ont une trace de mauvais garçon, j'les refoule ; à l'heure de la police scientifique faut plus tergiverser. 

     

    - Tergivers quoi ? 

     

    - Tiens, les micros, les GPS, les hackers, faut tout vérifier, faut tout éprouver à l'heure d'aujourd'hui comme ils disent.

     

    - Comprends rien

     

    - Les aptitudes mon petit, les aptitudes ... Qu'importe les origines, les couleurs, la race : l'heure est à la mondialisation !

     

     

    *** 

     

     

    - Tant qu'vous y êtes, prenez des immigrés alors, ils sont au rabais  à l'heure d'aujourd'hui.

     

    - Chut ! Faut faire gaffe avec ça, tais-toi ! 

     

    - Même dans le milieu ils ont la trouille ?

     

    - Dis donc, t'as intérêt à moins la ramener si tu veux bosser quelque chose toi. D'abord qui t'as recommandé vers mézigue ?

     

    - Excusez-moi, monsieur Mario. Le bouche à oreille, mais discret, discret. A la fin c'est Albert vous savez ?

     

    - Bon, écris-moi tes références. Je reviens.

     

     

    Entretien d'embauche - www.agence.ucciani-dessins.com

     

     

     

    De grosses gouttes perlaient sur ma face de  demandeur d'emploi,

    je commençais à me demander si le Mario s'en était allé vérifier mes abattis, mon Albert. Dans quel coup je m'étais encore fourré ? Je voulais juste un petit job malhonnête, rien de plus. A défaut de grives on mange des merles, hein? Et puis pour les références, avec de la bonne volonté, j'étais pas plus idiot qu'un autre non ? Si maintenant il fallait des références, de l'expérience..., et pourquoi pas une période d'essai en prime ? Tiens j'ai qu'a lui demandé si on cotise pour la retraite. Si ça s'trouve, après la première sélection, il recrute du genre : « T'en as tué que deux ? Mais c'est pas bon, il faut être plus performant ! » ou encore « T'appelle ça un casse ? Moi j'appelle ça une embrouille de troisième catégorie ! Remballe ta marchandise ! » Peut-être même qu'il prend les plus diplômés d'Harward, qui sait ?

     

     

    ***

     

     

    - Alors, c'est pas folichon ton papier je vois.

    J'ai sursauté.

     

    - Oh je ne vous avais pas vu monsieur Mario. En fait, à part piquer dans le portemonnaie du père, j'ai pas fait grand chose, j'ai même pas pu flouer les impôts vu que j'étais pas imposable. 

     

    - Et tu crois que tu vas réussir comme ça dans l'arnaque ? 

     

    - Bien encadré, y a pas de raisons, y a des débouchés... 

     

    - Parce que tu crois que tu vas être encadré en plus ? C'est fini ce temps là, faut

    s'adapter : on est au vingt et unième siècle ! T'as pas truandé un peu sur le net, à la CAF, aux assédics ? T'as pas mordu sur un collègue, un chantier, un voisin, au moins un petit peu ?

     

    - J'aimais l'honnêteté, c'est tout. 

     

    - Et tu crois que tu vas t'en sortir avec l'honnêteté ? 

     

    - Je croyais. 

     

    - Ecoute mon gars, à l'heure d'aujourd'hui comme ils disent, faut des aptitudes ; et le vol et le crime n'échappent pas à la règle. Si tu veux pas mourir de faim faut te former, mais tout seul. Fabrique-moi un bon petit CV en filoutant adroitement, et on verra. Reviens me voir dans un an p'tit gars.

     

     

    ***

     

     

    Il m'a raccompagné gentiment le Mario, et il a crié derrière moi :

      - Au suivant ! 

     

     

    Dominique Biot

     

     

     

    parkeretbadger 17012003 - www.zonelivre.fr

     

     

     

     

    Sources des illustrations :

    Voir album Fantaisies 4, à "Entretien d'embauche".

    Page de Parker et Badger dans Fantaisies 4, à "Parker ..."


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  • gros-smiley-triste - www.tlmp.net

     

    J'attends. J'attends le, la contrôleuse de la CAF et il ou elle tarde. Une visite de la caisse des allocations familiales : laps de temps demandé de 10 heures à midi, fin de matinée, travail bouclé,

    pour le meilleur ou pour le pire. Cette souffrance que je vis deviendra un souvenir dont je rirai

    bientôt ; j'espère... Elle m'a pris sourdement avec l'angoisse de la lettre reçue samedi dernier :

    deuxième contrôle en deux ans ! les petits Rmistes, Rsa, rst, xy..., doivent justifier l'obole qu'on leur donne. Sont-ils plus suspects que les autres, et donc plus vérifiables, " flicables ", justifiables ?

     

    Mercredi, il est 10 heures 35. Je " tomberai " peut-être sur quelqu'un d'humain, charitable, ou sur un fonctionnaire qui fonctionne, inhumain, glacé. A la grâce de Dieu, pour moi qui croit en Lui, à la

    chance pour les autres. Pourquoi ces craintes ? N'ai-je pas la conscience tranquille ? Ma famille vit-elle en dehors de la loi ? D'abord il y a la peur d'une dénonciation de jaloux : nous vivons dans un lotissement huppé où le chômeur que je suis rase les murs des jugements éternels du coeur mauvais de l'homme..., lorsqu'il se laisse aller... Deux contrôles une année sur l'autre, est-ce normal ? Je poserai la question quand il arrivera, l'autre. Pour l'heure j'écris ce texte en calmant mes nerfs de cette corvée insipide avant Noël.

     

    J'ai bien prié ce matin :

    - ô mon Dieu, faites que tout se passe bien !

    - Et pourquoi cela ne se passerait-il pas bien ? m'a-t-il répondu, ne t'ai-je pas prouvé tant de fois que je te protégeais, toi, petit enfant qui marche bien malgré tes faiblesse ?

    - Oui, oui. Pardon Seigneur.

    La paix a pénétré mon coeur, mais l'instant d'après le stresse est revenu, qui ne cessera qu'au départ du " gendarme ". Nous sommes humains, tellement humains...

     

    10h45. Il, ou elle, devait arriver bientôt. Sera-ce le monsieur de 2009 compréhensible des quelques sommes offertes par une amie pour améliorer le quotidien du don de l'état ? Il eut pu les signaler, son coeur le refusa face à des "petits authentiques ", une famille dont les yeux fatigués ne pleurent pas l'abus de biens sociaux (sic). Nous sommes à présent presque culpabilisés, non par fierté (c'aurait pu) mais parce que le beurre dans les épinards de la providence nous rend suspects, parias, honteux. Je vais terminer un "ènième " contrat ce 31 décembre, mon coeur lourd et fatigué accuse cette épreuve supplémentaire où il me faut passer. On ne s'habitue pas...

    Il va arriver : je sens l'ombre venante de sa silhouette derrière le carreau de la porte. Lorsque je me lèverai de ma chaise d'écrivain triste, le temps cessera d'exister ; enfin.

    Alors il vient, il vient pas, le conquistador des droits sociaux ? Il m'a fait écrire, moi qui bloque sur

    un roman depuis des mois. Un mal pour un bien, une angoisse pour source, un stress créatif ! Dois-je souffrir pour accoucher d'un écrit vivant, vrai, stylé de mon sang, de mon âme ? Lorsque les contrôleurs ne viendront plus, peut-être deviendrai-je fade ? Sérénité, douleur, qu'importe, même si mon coeur endure en silence. Il est encore jeune.

     

    11h. Alors, t'arrives ?

    Je me lève, range le papier que vous lisez, le met dans le télé 7 jours de la semaine, à l'abri.

    Manquerait plus qu'il le lise ce texte, lui ou elle. A propos, vaut-il mieux avoir affaire à un homme,

    ou une femme avec des yeux d'ordonnance ? Qu'importe.Sa beauté que j'espère risquerait de me

    troubler. Et ma femme à côté, que penserait-elle ? Je reprends le texte, j'écris ces mots avec une

    sensation désagréable dans les poumons descendant jusqu'au ventre, je lâche un gaz qui ne me

    libère pas et... Drinnng, le téléphone !

    - Allo, monsieur B ? Je ne vous trouve pas.

    - Vous êtes le contrôleur de la CAF ?

    - Oui, s'écrie-t-il ravi.

    - Où êtes-vous ?

    - Au centre de Fréjus et mon GPS n'indique pas votre adresse.

    Explications du trajet, accords, rendez-vous. Encore 20 minutes à attendre : le but se profile au bout de la lorgnette. Ouf : cela devrait bien se dérouler : l'attente provoque l'ulcère, le départ soulage la bile. Allez je vous l'ai écrit tel que je le vis, à chaud. Je vous reprend après le passage.

    _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

    Ça y est : il vient de partir. Ne vous avais-je pas dit : " l'autre, c'était un homme, un brave type qui a fait son travail sans histoires, sans me chercher des poux dans la tête " ?

    Lui aussi : plus de peur que de mal, ouf ! Il n'a même pas regardé les relevés bancaires, il a noté le livret de famille, les justificatifs de domicile, nos regards polis et attentifs. J'ai parlé, il a écouté, il a répondu, il a souri.

    La visite d'une année sur l'autre qui se répète ? Il a expliqué, confus, le zèle de l'ordinateur

    Toulonnais ressortant mon cas typique d'une famille ayant encore un fils chômeur de 23 ans à

    charge ; cas douteux à vérifier... Il n'a pas pris un verre, pressé qu'il était d'aller se reposer sur les midi, quelque part. On s'est salué, il est parti.

    Je gamberge encore : cette visite si facile tiens; à moins que ce fut la poisse ou une dénonciation ?

    Que nenni, m'a-t-il répondu tout à l'heure. Et si une femme m'avait contrôlé ?

    Et si ?...

    Ah ! Ne recommençons pas les hypothèses ! C'est passé, fini, tout va bien : oui, c'est Noël ! Enfin.

     

    Dominique

     

    Gros smiley serein - www.goeland.fr

     


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