• Dictionnaire du malin - Di

     

    Amour : Amour est le nom d’un saint né entre  le vie et le xie siècle. Ses biographes ne sont pas tous d’accord sur la date. On le dit confesseur, on le dit prêtre, on le dit diacre. Il vécu à Maestricht où il devint le saint patron de l’abbaye. Dès sa plus tendre enfance, Amour atteignait des taux élevés d’humilité. Sa vie se passa sans problème et sa mort ne fut pas un martyre. Date de canonisation inconnue. Il est possible que ce saint ne soit pas à un échelon très élevé dans la hiérarchie des saints.

     

    Baiser : Attirance de quatre lèvres qui ne s’en peuvent plus de ne pas se connaître davantage. Lorsqu’elles se réunissent, elles apprennent à se parler et se comprendre dans un langage lingual et corporel.

     

    Cœur : 1. Muscle doté d’un petit moteur parlant par onomatopée (boum-boum) dès le troisième mois de grossesse jusqu’à la mort cérébrale de l’être. 2. Le cœur qui réunit les amoureux est soumis à de nombreux rythmes pouvant provoquer une crise cardiaque de l’arrivée du point d’orgue, ou peu après.

     

    Discussion : Dialogue entre deux ou plusieurs individus qui cherchent tous à prendre la parole et à avoir raison. Une discussion peut dégénérer quand les « sourds » ne veulent plus rien entendre, les « muets » ne parlent plus qu’en signes et que les aveugles ne veulent rien voir.

     

    Etranger : Parfait inconnu que l’on ne connaît ni d’Ève ni d’Adam, ni de loin et ni de près, ni par la rumeur et ni par les médias.

     

    Facebook : Livre de faces de toutes sortes de monde.

     

    Di

     

    Illustration :

    Saint Amour Bellevue : La Commune du Vin et des Amoureux.

    saint-amour-bellevue.fr


    3 commentaires
  • Avertissement: Ces textes sont politically incorrects et ne reflètent pas les opinions des auteures.
     

     

     

    7/2. Josette et Henriette (par DI)


    Théière 4 - mariagefrere-theiereluckystar-095823 LAvant de quitter Henriette Labelle-Rathé au téléphone, Josette lui donna rendez-vous chez elle le lendemain matin vers midi, pour ensuite aller manger un petit quelque chose au restaurant. Elle jeta un coup d’œil rapide vers Roger étendu sur le tapis, encore sans connaissance. Elle chercha du regard un contenant et aperçu sa belle théière décorative, cadeau de mariage de son amie Raymonde, qu’elle n’avait pas revue depuis. Elle haussa les épaules, la remplit d’eau et versa le contenu au visage de Roger, qui en revenant à lui, la regarda comme s’il ne l’avait jamais vue.

    -         Ne prends pas l’habitude de tomber dans les pommes mon vieux Roger. Je ne suis pas équipée en Baby Duck pour te remettre sur le piton comme Cunégonde Brouillette-Légaré.   
     
    Théière 2À ces mots, Roger se souvint pourquoi il avait perdu conscience, c'était lorsqu’il avait vu le français qui habitait chez les anciens Laterreur et que celui-ci lui avait envoyé la main ; il n’en dit rien à Josette. Ils regardèrent les nouvelles à la télévision et allèrent se coucher vers minuit. Mais comment dormir ? Assurément, il se passait quelque chose chez Cunégonde, les murs en tremblaient et des cris résonnaient au-travers.

     

    Josette approcha son oreille du mur qui n’est pas à l’épreuve des indiscrétions orales. Cunégonde ne passait pas la nuit seule, le Poulet n’était pas parti. De son côté, Roger était aux aguets du moindre cri, impressionné du plaisir entendu dans ces cris. Il mit en doute ses meilleures prouesses et essayait d’imaginer comment ce Poulet pouvait atteindre des performances aussi hot. Comment un concombre comme Paul Poulet, si petit à côté de la grande horloge pouvait la faire jouir Coin coin ! - canards-amoureuxautant. Il en conclut qu’elle simulait l’orgasme, ça ne pouvait être autrement. Cela le rassura sur son estime de soi, mais il fit des cauchemars pendant qu’il était dans les bras de Morphée. Tôt le matin, il s’habilla chaudement pour marcher de long en large dans la ruelle. Marcher le détendait, mais il ne désirait pas que personne ne voit les ecchymoses qu’il avait au visage. Il était encore troublé par la nuit d’amour qu’avait fait vivre un poulet à une dinde comme Culnégonde.  
     
    Roger était un bel homme mais c’était surtout la faute de sa mère s’il l’était autant. Depuis qu’il était en âge d’entendre, elle ne cessait de lui marteler dans la tête. « T’es tellement beau mon p’tit gars. » À force de se l’entendre dire et répéter, il avait fini par le croire et se comportait en « beau ». Mais c’était surtout son charme qui le rendait beau. Personne ne s’en apercevait, tous le pensaient beau.

    Coin coin ! - canard-et-ses-canetons-a-Quand il vit Henriette sortir de chez elle par la ruelle, il entra chez lui à toute vitesse, disant à sa femme de ne le déranger sous aucun prétexte. Deux minutes plus tard, Henriette Labelle-Rathé frappa à la porte de la cuisine. Elle avait vu entrer Roger et espérait qu’il lui réponde en personne.

    -         Entrez Henriette, mais restez sur la carpette pour ne pas salir mon plancher frais lavé. Je prends mon foulard de laine et mes mitaines dans le racoin du placard.
    -         Ok. Mais je suis déçue que vous soyez prête.
    -         Vous savez, je ne laisse pas entrer tout le monde dans ma maison. Il y a trop d’écornifleuses qui ensuite vont colporter des commérages. Bon ! On y va ?
     
    Tout en placotant, elles sortirent par la ruelle et se rendirent sur la rue Notre-Dame. Henriette revint sur le sujet des écornifleuses dont parlait Josette.
     
    -         Vous faites ben de fermer votre porte aux commères. En tout cas, moi, quand il s’agit Théière 1de fermer ma gueule, vous me connaissez, je suis une tombe. Zipp … (en faisant mine de fermer une fermeture éclair). A propos, votre Roger est-il revenu ? Je l’ai vu marcher dans la ruelle ce matin. Il avait les lèvres enflées et les joues fouettées.
    -         Oh ça ! C’est juste qu’il a perdu connaissance hier quand je parlais avec vous au téléphone.
    -         Il s’est fait mal ?
    -         Il ne disait plus un mot quand je l’ai arrosé avec ma théière. Je l’ai un peu tapoté ce matin pour le remettre en forme et j’ai dû exagérer un p’tit brin.
    -         Ouin …
    Théière 5-         Roger sait très bien se défendre selon les besoins. C’est loin d’être un fafoin.
    -         Ouin … Mais faut pas maganer sa belle face.
    -         C’est un élément de décoration ancien chez moi, mais j’y tiens.
    -         Ouin.
    -         Arrêtez de parler en canard. Connarde.
    -         Quoin ? Mais j’ai pas le choin.
    -         Pourquoin ?
    -         Je vous réponds en canard parce que vous parlez en canard.
    -         Vous saurez Labelle-Rathé que si je parlais en canard je le saurais moi-même.  
    -         Ouin ! Mais je paierais cher pour l’examiner de plus près encore votre conjoint.
    -         Vous parlez de mon mari ?
    Coin coin ! - canards-pêche-         Ben oui ! Votre conjoint, le beau Roger. Qu’est-ce qu’il fait pour vrai comme métier ?
    -         C’est un professionnel dans les relations humaines. Vous avez déjà payé pour le savoir. Oui ou non ?
    -         J’ai rien payé. Je l’ai gagné pour une heure.
    -         Vous avez gagné Roger, mais où ça ?
    -         Un soir en jouant aux cartes chez madame Bloomfield de Westmount où je fais le ménage deux fois par semaine. Il manquait une joueuse un samedi soir pour son « poker » et madame a doublé ma paie de la semaine et m’a donnée un bonus pour remplacer sa copine. La gagnante de la soirée avait le droit de passer une heure  avec le beau Roger. En temps ordinaire, il parait qu’il coûte cher le vlimeux. Alors j’en ai profité au max.
    -         C’est un bourreau de travail qui aurait besoin de vacances.
    -         Il ne peut pas se faire remplacer ? Vous ne pourriez pas lui donner un p’tit coup Coin coin ! - 5125943-vieux-jouets-canetonsde main, le seconder des fois ?
    -         Non. Roger est un perfectionniste et ne sait pas déléguer son travail. Imaginez ! Il lave ses cheveux un par un et il se plaint que son coiffeur Roberto n’en fasse autant.
    -         Et vous, vous aimez le sexe avec le beau Roger ?
    -         Vous êtes ben effrontée Labelle-Rathé.
    -         Vous faites jamais joujou avec « son p’tit bonhomme qui rentre pis qui sort » ?
    -         Tabarnouche que vous êtes vulgaire !
    -         C’est vrai qu’avec vos cernes sous les yeux, ça ne doit pas lui tenter beaucoup de faire joujou avec vous. Vous devriez vous maquiller un peu aussi. Du make-up ça ne ferait pas de tort.
    -         Vous croyez que ça me rajeunirait ?
    Théière 3-         Non, mais ça cacherait votre peau.
    -         Qu’est-ce qu’elle a ma peau ?   
    -         Ben, on dirait une peau de phoque tannée.
    -         C’est pas la diplomatie qui vous étouffe.
    -         Ça c’est vrai. Mais au moins je suis franche.
    -         Je ne sais ce qui me retient de ne pas vous montrer mon poing. 
    -         Vous voyez, vous recommencez à parler en canard.
     
    Elles étaient sur le pas de la porte du restaurant « Griffintown Café Dining, sur la rue Notre-Dame et sur le point de se tapocher. Le froid leur fit reprendre leur esprit et elles entrèrent pour se réchauffer quelque peu. Le garçon les plaça dans un endroit discret car les ayant déjà eues comme clientes, il craignait que les deux commères ne s’échauffent. 
     
    -         C’est moi qui paye la traite (dit Henriette). J’ai trouvé 0 dans la ruelle ce matin en me rendant chez vous.
    -         Vous m’avez coupé la faim.
    -         Enwaillez donc. Laissez-vous donc gâter Josette. On va parler de Cunégonde.
    -         Pourquoi pas hein ! Ça va nous réchauffer un p’tit brin. Il fait un froid de canard  dehors.
     
    Théière 6 - www.home-deco.lueursdesetoiles.comQuand elles eurent mangé et bu beaucoup de whisky, elles demandèrent l’addition. Le garçon de table ne parlait que l’anglais. Cela fâcha Josette qui le regarda avec des fusils dans les yeux et lui dit d’un ton sans équivoque : « If you want your tip, forget the bill. » « Hic ». Elle jeta un dollar sur la table et lorsque Henriette passa devant, elle le ramassa, le mit dans sa poche et dit au pauvre garçon : I am very sorry. She is very cheap.». Elles se retrouvèrent dans la rue, complètement pafs, bras-dessus bras dessous et chantaient « C’est beau un homme » en se tortillant pour se réchauffer. Cela faisait bien 40 minutes qu’elles tournaient en rond sans trouver le chemin du retour. Pour s’amuser elles faisaient des coins-coins avec leurs mitaines, aux passants qu’elles rencontraient sur le trottoir, et heureusement, le froid cinglant du jour les dégrisa peu à peu. Tout à coup Josette se souvint …
     
    -         Dites donc la moyenne Henriette … Euh non, je veux dire la grosse Henriette.
    -         La moyenne Henriette.
    -         Oui, la moyenne. Enfin … Je veux dire, le paparapluie de Cucunégonde. L’avez-vous revu dans sa poubelle en venant chez moi ce matin ?
    -         Ben non. Il n’était plus là et ce n’est pas Pop-Wineles vidangeurs qui l’ont volé. Ils ne passent jamais avant 3 heures.
    -         Il restait bien les baleines ?
    -         Même pas. Ah oui, m’dame Marchouin. En parlant de baleine, savez-vous que la fille de Cunégonde est revenue par icitte ? Elle était disparue depuis si longtemps que je ne l’ai pas reconnue.
    -         Elle ressemble à sa grosse tante Hortense. Ce serait un miracle si ce que vous me dites est vrai.
    -         Ben, j’vous l’dit. Mais vous mame Josette, pensez-vous que la Cucunégonde peut aimer le sexe ?
    -         Avec Roger, oui. On a eu la preuve hier quand elle s’est jetée goulument sur lui.
    -         Mais avec un autre que le beau Roger ?
    -         Qui voudrait d’elle ?
    -         J’ai entendu des bruits toute la nuite. Vous savez, les murs parlent.
    -         Ha ben - Ha ben – Cunégonde avec le concombre de Poulet ?
    Kimon 1 - kimono-heikemonogatari-         Ben moi, j’ai vu Cunégonde de ma fenêtre de ruelle. Elle portait un kimono en soie rouge, cintré à la taille par une ceinture doré. Il y avait un homme avec elle. Tout à coup, elle a fermé la lumière et tiré les rideaux et j’ai tout raté le spectacle.
    -         Vous n’avez rien vu d’autre ?
    -         Ben j’ai vu l’homme. Il n’avait plus son manteau ni sa tuque. J’ai téléphoné à ma voisine de gauche pour lui demander si elle avait vu autre chose, mais moi vous savez, je suis une tombe. Zipp ...
    -         Cunégonde avec son concombre ? Oui, ils ont fait un bruit d’enfer.
    -         Quoi ? Avec un concombre ?
    -         Oui. Le Poulet est devenu le concombre de Cunégonde. Même Roger était impressionné.
     

    Elles virent qu’elles étaient arrivées au dépanneur « Quinine Couche-Tard » et arrêtèrent pour acheter des billets de loto 6-49, des jeux de hasards de poules aux œufs d’or et de tic-tac-toc. Quinine trop heureuse de voir Josette, lui raconta l’exploit de Cunégonde. Elle lui avait sauvé la vie avec l’aide de son parapluie. La fameuse pièce à conviction que Josette aurait bien voulu retrouver car elle avait su le matin par sa fille Rosette que l’un des voleurs voulait porter plainte contre madame Cunégonde Brouillette-Légaré, pour avoir failli le tuer. Elle n’eut pas le temps de manifester sa désapprobation Gamin - www.lesticoeursdevsp.blogspot.comsur la vénération que Quinine portait sur cette chipie, une petite vénération dont elle ne connaissait pas la raison. La voix d’une femme attira son attention.
     
    -         Viens icitte mon p’tit criss. C’est pas poli de tirer sur les robes des madames.
    -         Maman regarde …
    -         Ce ne sera pas long mon chéri. Où c’est qu’elle peut bien être ma criss de carte?
    -         Maman, à côté, la saine Vierge est là.
    -         Oui ? Ben voyons … Tu sais ben que la Sainte-Vierge reste au ciel avec le p’tit Jésus.
    -         Non non, maman. Mais putain de bordel de merde, elle est bien là ! Elle me fait un sourire.
     
    Josette regarda la femme dont parlait le gamin qu’elle estimait âgé d’environ 7 ans. Il tirait sur son manteau. Le peu qu’elle vit de son visage s’arrêtait aux yeux.
     
    -         Tu veux dire cette madame-là?
    -         Oui maman.
    Kimono 2-         Non mon ti-boutte, cette dame n’est pas la Sainte-Vierge et tu ne peux pas voir son sourire car sa bouche est cachée. On ne voit que ses yeux.
    -         Oui maman. C’est la sainte-Vierge. Comme celles que l’on examine dans les cathédrales quand on voyage dans notre pays maman. Elle bouge ici et elle sourit avec ses yeux. Pourquoi n’a-t-elle pas sa robe bleue ?
    -         Attends que je la trouve ma putain de carte et je vais t’expliquer ça.
     
    Quand Josette reconnu la voix de la fille de Cunégonde, elle se dessaoula d’un coup et perdit connaissance.   
     
    Remise de ses émotions, celle qu’elle avait toujours appelée « Eille » se penchait vers elle. Josette ne comprenait plus rien et pensa qu’elle était encore sous l’influence du whisky. C’est alors qu’elle entendit Henriette dire tout haut.
     
    -         Eille, c’est dommage que la chirurgie ne puisse changer la voix. Han Quinine ?
     
    Mais Quinine remettait la monnaie à un client. La fille de Cunégonde n’entendit pas l’offense mais elle jeta son sac à main derrière le comptoir et donna une claque sur les fesses de son fils.
     
    Coin coin ! - Canards-siffleurs-         Arrête de brailler comme ça. Tout le monde te regarde. Pis, arrête de parler mal comme ça. Ç’est laid. J’va te passer la langue au savon !
    -         Mais maman, c’est la sainte Vierge.
    -         Non Ti-boutte. La sainte Vierge elle habite au ciel.
    -         Mais oui, regarde, elle me sourit encore avec ses yeux.
     
    Henriette, ne sachant se taire, dit encore à l’intention de la fille de Cunégonde :
     
    -         C’est dommage que les docteurs ne puissent pas refaire la démarche non plus.
     
     Cette fois, l’enfant pleurait et « Eille » implorait Josette et Henriette de ne pas faire savoir à sa mère qu’elle était par ici.
     
    -         Pourquoi ? demanda Josette.
    -         C’est pas de vos affaires sacramant.
    -         Bon d’accord Eille. Mais tout ce que je veux c’est son parapluie et il est disparu.
    -         Ma criss de mère ? Jamais elle ne pourrait se débarrasser de son parapluie. Elle l’a gagné dans un concours de mangeurs de hots-dogs et ne s’en est jamais séparé.
    -         Qu’est-ce qui vous est arrivé « Eille ». Et d’abord c’est quoi votre vrai prénom ?
     
    Coin coin ! - canards H104414 LOn se serait cru dans un cubicule où se déroule un interrogatoire serré de police. Josette faisait office de méchante, Quinine de l’amie qui vous veut du bien. « Eille » c’était l’accusé et le gamin tapait des pieds en criant : Je hais les Québécois. Je veux retourner dans mon pays. Tant qu’à Henriette, elle feuilletait une revue de potins de vedettes dans un coin. Un article semblait l’intéresser particulièrement car on la vit arracher deux pages et les cacher dans sa sacoche. Elle finit tout de même par dire tout haut en se parlant :
      
    -         C’est quand même de valeur que le beau Roger se fasse maganner par Josette Marsoin.
     
    Finalement, Josette appris peu de choses de « Eille ». Dès qu’il s’agissait de sa mère, elle réagissait comme si elle n’avait jamais existée. Elle fuyait la réalité.
     
     
    DI
     
                                                        À suivre (trois petits points)

     

     


    4 commentaires
  •   Charlie Chaplin - image-charlot

     

     

     

    Charlie Chaplin connu mondialement, toujours la canne et les petits pas sur les écrans muets, avait une écriture que je ne connaissais pas. Ce texte est superbe et tout le monde peut le lire avec sa propre histoire, son passé à lui ou à elle. Je vais l'encadrer chez moi pour ne jamais l'oublier.

    Di

     

    ***

     

     

     

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai


    Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
    j’ai compris qu’en toutes circonstances,
    j’étais à la bonne place,
    au bon moment.
    Et, alors, j’ai pu me relaxer.

    Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle Estime de soi.

     

     Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
    j’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle,
    n’étaient rien d’autre qu’un signal lorsque je vais à l’encontre de mes convictions. Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle Authenticité.

     

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

    j’ai cessé de vouloir une vie différente
    et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive contribue à ma croissance personnelle.

    Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle Maturité.

     

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

    j’ai commencé à percevoir l’abus
    dans le fait de forcer une situation, ou une personne,
    dans le seul but d’obtenir ce que je veux, sachant très bien que ni la personne ni moi-même ne sommes prêts et que ce n’est pas le moment.

    Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle Respect.

     

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

    j’ai commencé à me libérer
    de tout ce qui ne m’était pas salutaire,
    personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie.
    Au début, ma raison appelait ça de l’égoïsme.

    Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle Amour Propre.

     

    Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

    j’ai cessé d’avoir peur du temps libre
    et j’ai arrêté de faire de grands plans,
    j’ai abandonné les mégaprojets du futur.
    Aujourd’hui, je fais ce qui est correct, ce que j’aime,
    quand ça me plait et à mon rythme.

    Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle Simplicité.


    Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

    j’ai cessé de chercher
    à toujours avoir raison et me suis rendu
    compte de toutes les fois où je me suis trompé.

    Aujourd’hui, j’ai découvert l’Humilité.


    Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
    j’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir.
    Aujourd’hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe.

    Aujourd’hui, je vis une seule journée à la fois, et ça s’appelle Plénitude.


    Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
    j’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir,
    mais si je la mets au service de mon cœur,
    elle devient un allié très précieux.


    Charlie Chaplin

    ***

     

    Charlie Chaplin - Les petits pains

     

     


    10 commentaires
  • Chaussures ! chenille-multicolore-peluche-40-cms-baskets-16800734 

    Le prix de l’essence ne cesse de monter et j’en ai le vertige lorsque je paie la facture 05 Montréal balconsaprès avoir fait le plein. C’est encore les gros pétroliers qui s’emplissent les poches et nous qui devons nous serrer la ceinture en payant la note. On a beau rouspéter, boycotter les grosses compagnies, rien n’y fait, les prix sont insultants. C’est ce que je me disais en revenant du centre ville au début de l’été dernier, alors que j’étais prise dans la circulation dense et que je prenais tous les feux rouges. J’écoutais distraitement une ligne ouverte à la radio où l’on parlait de la montée du prix de l’essence. Je tempêtais intérieurement sur ce prix qui monte et qui monte, quand soudain j’eus l’étrange idée de sortir de ma voiture, de la laisser sur la rue et de marcher  jusque chez moi. Mais une nouvelle idée poussa cette dernière pour laisser place à la suivante. Pourquoi ne pas profiter de ce non sens des hausses de prix pour mettre de l’essence dans mes pieds et visiter ma ville dans un sens et dans l’autre sur mes pieds.

     

    Montreal 

     

    Mes pensées voguaient, voyager dans ma ville, la découvrir, me mettre dans la peau d’un touriste, sac à dos et cheveux au vent, profiter du beau temps, tout en mangeant un mets succulent dans un bistrot-terrasse en Body Family - The foot - Adaregardant passer les gens, leur inventer une vie, ne rien faire, comme si j’étais seule en Amazonie, en Italie ou à Paris. L’idée faisait plus de chemin dans ma tête que ma voiture qui ne roulait pas plus vite qu’une tortue essayant de gagner un marathon. Lorsque je suis arrivée chez moi, ma décision était murie et prise. Le lendemain matin, la météo annonçait du beau temps et légère possibilité de pluie. Rien à faire pour me faire changer d’idée. Cette menace météorologique aurait pu me faire abandonner mon projet, mais en transportant mon parapluie jaune pour remplacer le soleil et que seul le vent pourrait m’arracher, je me sentais à l’abri de tout.

     06 Montréal balcons

    Ce jour V est le début d’un grand voyage. Marcher c’est bon pour la santé, bon pour le cœur, cet exercice fait travailler tous les muscles et ça garde la forme et la taille. Je n’ai pas de plan précis, pas d’itinéraire établi, mais peu importe, mes pas sauront me conduire car je les programme avec ma volonté. Je mets de l’énergie dans mes pieds avec un déjeuner rempli de vitamines, je chausse mes souliers les plus performants, j’enfile mon habit de touriste, jeans et T-shirt, sans bijoux, sans maquillage, mais avec un peu d’argent que je camoufle sous ma ceinture. Je laisse ma voiture reposer au nord de la ville, près de la rivière des Mille Îles. Je mets le pédomètre à zéro et c’est le Grand Départ.

     

    En marchant je remarque des choses jamais vues lorsque je circule en automobile. Ici une garderie dans le sous-sol de cette maison qui aurait bien besoin de rénovations. Deux petits garçons me regardent par la fenêtre, l’un m’envoie la main et l’autre Human Family - Grand Dad - Adame fait des grimaces. Je souris au premier et je ris au deuxième. Le premier est gêné et le deuxième me montre son poing. Je leur envoie la main en souriant. Les deux me répondent en riant. Peu de gens sur le trottoir, il faut dire que ce n’est pas le quartier le plus fréquenté de la ville, même s’il est populaire.  Puisque mes pieds sont pleins d’énergie, je profite de ce peu de citadins pour développer des tactiques afin de les faire avancer de différentes façons. En fait, je joue avec mes pieds en m’amusant.

     

    Quand je veux accélérer la cadence, je m’identifie au Général qui marche à la tête d’une troupe d’endormis. Je presse le pas et je leur dit (tout bas pour que personne ne m’entende) d’un ton autoritaire : « Avancez gang de nouilles, plus vite, allez, étendez la jambe plus en avant et faites suivre l’autre immédiatement. Faites la même chose avec vos bras. Une deux, une deux, une deux. Ceux qui ne peuvent me 08 montreal-souterrain-2suivre éplucheront les patates à tous les soirs pendant un mois ». Ça marche, j’avance bien plus vite. Mais lorsque je regarde derrière et que je constate qu’ils se sont essoufflés et m’ont tous abandonnée, je ne suis pas fière d’eux et je ne m’en soucie plus.

     

    Ainsi, de pas en pas, parfois je change de tactique. Je fais des petits pas mais ça me fatigue trop vite. Je marche en imitant la danse du twist. Je fais l’aveugle en fermant à demi les yeux. Elle marche bien cette méthode lorsque je suis en ski. Mais comme j’ai fait une petite collision avec un homme sur le trottoir qui ne regardait pas plus que moi où il allait, je l’ai mise au rancart. Si personne ne me voit pour me croire folle, je fais parfois le canard ou le pingouin. Enfin, je ne m’ennuie pas et j’observe l’architecture des maisons, les escaliers en colimaçons dans les ruelles maintenant dites « vertes » car très jolies. Cela me rappelle le temps où j’étais enfant et jouais à la cachette avec les ami(e)s, défiant les dangers qui pouvaient nous attendre mais y avait toujours des petits coins et des hangars pour nous faufiler en cas de danger ; les nombreux chats de ruelles qui y élisaient domicile ; les guénillous ; mon 03 montrealN1507premier tricycle, ma première bicyclette. Le jour où mon père m’a aperçue sur la rue en patins à roulettes quand je devais être à l’école est un souvenir encore présent car il n’était pas content, m’a ramenée chez la directrice bien plus vite à pieds qu’en patins. J’aime revoir les balcons devant les maisons qui sont particuliers à Montréal. Jamais je n’en ai vu des pareils ailleurs au monde. Plus tard, quand mes parents ont acheté une maison dans la banlieue, j’avais le cœur en larmes de quitter Montréal.

     

    Plus mes pas me conduisent au centre-ville, plus je me passionne pour mon voyage. Et plus je descends et plus je rencontre des personnages étranges habillés de façon bizarre. Il y a plus de circulation, plus de vélos, plus de klaxons. Les filles portent 11 Montréal - Tam tam du Mont Royalfièrement la nouvelle mode de l’été un peu trop sexy pour des petites filles à peine âgées de 12 ans. C’est triste et c’est dommage que la publicité vise ces enfants pour faire dépenser de l’argent à leurs parents qui iront dans les poches des riches de la mode. Certains sont préoccupés en marchant, ça paraît dans leurs fronts, les rides sont froncés. Les amoureux se tiennent par la main et se bécotent comme s’ils étaient seuls au monde. Je vis cette escapade comme si je n’étais pas dans mon pays, pas dans ma ville native. Je m’imagine tombée d’une autre planète. J’observe tout avec attention.

     

     

     Montréal - Rivière des Mille Iles - www.quebec-tourisme.ca

     

    Près de l’université du Québec, rue Berri près de Ste-Catherine, il est facile de remarquer que Montréal est une ville très cosmopolitaine. Je rencontre des personnes de nationalités différentes. Chacune a un quartier qui leur appartient et où ils sont Body Family - The leg - Adabien. Je les entends parler avec des langues que je ne connais pas. C’est beaucoup plus vivant et animé près du centre ville. Les cafés terrasses sont tous attirants. Au parc du Carré Viger, je repose mes pieds en y ajoutant de l’énergie naturelle avec une orange ou des noix. Je retourne ensuite chez moi par le métro quand  mon pédomètre atteint le maximum de ma capacité pour ce premier jour.

     

    Ayant plus d’expérience, les fois suivantes, je circule en métro jusqu’au centre ville et je descends à différentes stations. J’explore les alentours. Je découvre des églises que je n’avais jamais vues en voiture, j’entre à l’intérieur et je regarde la beauté liturgique, les chemins de croix sont différents d’une église à l’autre, même si l’histoire se répète. Ce sont les artistes qui la peignent dans leurs styles. Parfois je parle au curé et je lui demande de me raconter les origines de sa 12 Montréal - Tam tam Mont Royalparoisse. J’apprends énormément de choses et même si j’en oublie la moitié, je suis plus riche de culture. J’entre dans des petits musées dont le nom m’est inconnu et je me culture davantage. Pour la première fois, je visite le musée des Beaux Arts, la beauté de la gare Windsor. Un certain dimanche je découvre les Tam-Tam du Mont-Royal. Des artistes dans leur musique qui jouent pour leur plaisir et pour le nôtre. Je monte jusqu’au sommet de la seule montagne en ville, le mont Royal, sur laquelle est construite l’oratoire St-Joseph où grâce au frère André, de nombreux miracles ont eu lieu, où est situé le plus beau cimetière Notre-Dame des neiges, l’université de Montréal. Seulement 250 mètres d’altitude, mais comme elle est belle, je veux tout savoir d’elle.

     

     montreal mont-royal-park-in-foreground

     

    Un autre jour je vais dans le sens contraire et je visite le Biodôme. Je passe devant le state Olympique et je traverse la rue pour visiter le jardin botanique. Un lendemain, je visite le beau cimetière Notre-Dame des Neiges, situé sur la montagne. Les rites de la 09 Montréail - a-tourisme-montraal-daniel-choiniaremort diffèrent d’un peuple à l’autre. Par exemple, chez les ukrainiens les tombes sont entretenues par la famille et régulièrement elles les fleurissent, c’est de toute beauté. Dans la section des chinois c’est différent. Tout est propre et bien entretenu par les familles mais je distingue parfois de l’argent chinois sur des monuments où des lettres d’or sont sculptées. Parfois on aperçoit des oranges que les familles laissent afin que leurs disparus ne souffrent de faim dans l’au-delà. Des personnages célèbres sont enterrés sous des monuments de grande richesse. Une section est réservée pour les soldats inconnus morts à la guerre. Et j’en oublie pour les Space family - The sun - Léobesoins de la longueur de ce texte. Un autre jour je visite le quartier des riches à Westmount et je scrute à la loupe des maisons magnifiques. La semaine suivante je reste dans les quartiers démunis et plus pauvres. J’explore un peu de tout. Un jour de pluie et je visite Montréal sous la terre dans le plus grand réseau souterrain au monde. Plus de 30 kilomètres de corridors intérieurs sous terre sans se mouiller les pieds, sans se geler les orteils l’hiver, c’est fantastique. Dix stations de métro relient ce réseau du Montréal souterrain, des centaines et des centaines de boutiques, des restaurants, des logements, des lieux de travail, des portes qui ouvrent la porte à des édifices à bureaux, à des appartements qui y sont accessibles par des tunnels. On s’y perd, c’est un labyrinthe, mais on s’y retrouve toujours. Il n’y a qu’à repérer une station de métro pour nous ramener au point de départ.

     

    Par beau temps, quoi de mieux que de longer la rivière des Mille-Îles au nord de la ville, laquelle Montréal et Laval, et au vieux port au sud où le fleuve St-Laurent est si beau et si grand, qu’il se transforme en mer et en océan.

     

    Je connais beaucoup mieux ma ville grâce à mes pieds dans lesquels je mets de 15 Montréal - Un habitant, aussi : raton laveurl’énergie les matins de sortie et j’économise par le fait même mes visites aux stations-service. Grâce à la montée du prix de l’essence, l’été dernier j’ai visité Montréal de plus près. Je la trouve extraordinaire. Elle est unique.

    Cet été je me réserve quelques journées pour continuer ma visite, comme si je revenais encore visiter Montréal. Je n’ai pas tout vu car il y a tant à voir mais je suis curieuse de nature, j’aime mes pieds qui aiment mes souliers et je suis chanceuse de profiter de quelques mois de vacances pour faire des voyages à Montréal.

    

    DI

     

     Chaussures ! Baskets qui marchent toutes seules 

     

     

    Illustrations :

    • Un mille-pattes en baskets, pour la petite Laurie, dont Di est la grand-mère.
    • Vues de Montréal, de Mont Royal, de la Rivière des Mille Iles, des tam tam du plateau de Mont Royal, des jolis balcons, de la ville souterraine et d'un raton-laveur, habitant lui aussi cette belle ville !
    • Pied, grand-père marchant, jambe bravant les flaques et soleil :
      par les artistes Ada et Léo.
    • Petites baskets rigolotes qui marchent toutes seules.

     


     

    8 commentaires
  • Albert Dubout -91643Revoici Josette et Cunégonde, plus fringuantes que jamais ... Il est toujours question du terrible parapluie de Cunégonde, comme on pourra le voir, mais si on dressait un inventaire à la Prévert, on pourrait y ajouter des gants de boxe, une porte de confessional arrachée dans le feu de l'action, un requin-marteau mangeur de jeune épousée, pour ne citer que ces quelques exemples !

    Divers portraits de femmes d'un certain âge et de caractère agrémenteront en illustration les nouvelles aventures de nos héroïnes déjantées (album à côté).

     Lenaïg

    ***

     

     

    5) 2011 rue Barré                 

    Avertissement: Les personnages créés par Marie-Louve et Di sont "politically incorrects" et ne reflètent pas les opinions des auteur(e)s.


    La chicane est pognée chez les Marsoin (par DI)


    Quand Josette vit Cunégonde entrer chez elle avec l’enquêteur Paul Poulet, elle claqua la porte et chercha Roger mais il était déjà sous la douche. Elle faisait les cent pas en allant et venant du salon à la ruelle d'en arrière pendant qu’il se pétrissait énergiquement pour ne laisser aucun relent d'effluve déposée sur lui par Cunégonde, alors qu'elle l'embrassait goulument et qu'il était sans défense. Il en pleurait de rage en se frottant. Quand il sortit enfin de la salle de douche, il était temps, car le réservoir d’eau chaude était vide. Il s’était lavé les jacques-faizant-les-vieilles-dames-coffret-6163473dents deux  fois mais l’odeur persistait. Il ouvrit la porte du réfrigérateur et pris une bière qu’il décapsula avec ses dents. Josette attendait le bon moment pour crier sa colère mais pour l’instant elle en était incapable. Le cri restait bloqué à l’intérieur, tellement il était gros à sortir. Elle fulminait tant dans son ire qu’elle écorchait les oreilles de sainte Cunégonde au ciel.


    Soudain, son attention fut attirée par un homme installé à la fenêtre du 2013 rue Barré, en face de chez elle. Il lui lui donnait l’impression de l’observer avec intérêt. Elle ne l’avait jamais vu mais elle se souvint que la famille Laterreur avait déserté leur appartement en catastrophe et en pleine nuit le mois dernier et personne dans ses réseaux de commères ne savait pourquoi. Pftt ! pensa Josette. Les Laterreur ! Une famille de tarés qui se marient entre eux de génération en génération et qui à l’âge adulte font de nouveaux tarés. Même mademoiselle Hétu-Guay n’en savait rien du pourquoi de leur départ et pourtant elle le demandait à tous les clients de la boutique « Viens faire joujou avec nous », où elle travaillait, sur la rue Notre-Dame ouest, près de la rue Stanly. Elle comprit que c’était le locataire qui avait remplacé les Laterreur. C’est donc lui le français dont lui parlait le facteur la semaine dernière. Celui-ci s’arrêtait parfois chez elle quand il livrait le courrier et qu’elle lui offrait un café, car il aimait commérer aussi. Lorsqu’il restait trop longtemps, il remettait l’ouvrage au lendemain, peu importe que les citoyens attendent des nouvelles, un chèque ou des comptes à payer.


    Elle lui montra son poing, lui fit signe avec son index de l’attendre une minute, fouilla dans le tiroir à la recherche des gants de boxe de Roger, les revêtis et retourna à la fenêtre lui montrer ses deux poings en faisant mine de le combattre à la boxe. Comme il ne réagissait pas, elle ouvrit la fenêtre et cria de toutes ses forces :
    alice-aux-pays-des-merveilles-la-reine-et-une-carte

    -         Eille le fife l’autre bord. Ça pense faire des crottes en or mais il parait que tu pues. Maudit français !

    Contente de sa trouvaille, elle se mit à rire, ce qui lui permit de dégager l’obstruction psychologique qui l’empêchait de crier son exacerbation et lâcha un de ces Aaaarrrrrrrgggghhh tonitruant et en MAJUSCULE, tellement fort que Roger sursauta en échappant sa serviette qu’il enroulait autour de lui, de la taille aux pieds, pour se sécher. Elle se déganta rapidement et ferma la fenêtre avant de se diriger d’un pas décidé vers Roger.


    -         Roger Marsoin.
    -         Quoin ?
    -         Arrête avec tes farces plates.
    -         Ben quoin ! Tu oublies qu’il y a une heure à peine, j’étais pris dans un coin comme un pauvre fafoin avec une sorcière qui me semblait un vampire. Tu l’as vue la Cunégonde comme elle me happait ?
    -         Ouin !
    -         Ben moi, je l’ai l’ai pas juste vue, je l’ai sentie. En plein dans face. T’as pas senti toi-même les effluves épouvantables qui émanaient d’elle ?
    -         Pour ça ouais ! Je me demande si c’est juste du Baby Duck avec des relents de gyn. J’ai reconnu l’odeur du parfum qu’elle achète au magasin à une piastre. Ça s’appelle Crocrodile gueulard.
    -         Ce serait pas plutôt Tentaculesssssssssssssssssssssss.
    -         Roger, arrête de siffler comme un serpent.
    -         Nez en moins, elle m’aurait épargné son pif dans ma face Jolie galerie de méchantesque ça aurait été moins pire. Et d’ailleurs, regarde-moi. Ça saigne ici. Ça doit être son nez ou ses dents qui m’ont éraflé. Je vais me plaindre à la police pour port d’arme illégale.
    -         Ben non, c’est un poil de barbe que tu as oublié de raser et qui devient furoncle et puis son nez est déjà installé dans sa face et on ne peut pas lui enlever. C’est une arme naturelle.
    -         Je parle de son parapluie.
    -         Elle ne l’avait pas avec elle quand elle a sauté sur toi.
    -         Ce serait ben la première fois.
    -         Oui, c’est étrange. Elle va même pisser avec lui.
    -         Quoin ? ……….   Quoin ?
    -         Arrête de parler en canard Roger Marsoin et rase toi donc les cheveux pour enlever les empreintes de ses doigts sur ton coco, sous tes cheveux. Elle y a touché pas mal longtemps aussi.
    -         Es-tu folle toi Djozette ? Mes cheveux sont un outil de travail et sont faits pour se faire humer et picoter et caresser. Tu oublies que mon coiffeur Arthuro Del Venchy les traite aux petits oignons et qu’il demande pas mal de pognon pour les soigner. Ce serait d’offenser ma beauté que de les raser. Ils sont là et vont y rester pour se faire chouchouter par ces dames.
    -         Chouchoutés par les femmes. C’est ça oui et … par les hommes ? Comme au Limelight où je t’ai suivi sur la rue Peel, près de la rue Ste-Catherine ouest.
    -         QU’EST-CE QUE TU DIS ?
    -         RIEN. Ta cire d’oreille est encore coincée dans tes oreilles ?
    -         Je me sens sali Josette. Tu ne comprends pas ? Elle m’a agressé et une agression, c’est un crime. Appelle la police et passe-moi le téléphone.
    -         Personne ne va te croire.
    -         Mais Josette. Elle s’est jetée sur moi alors que je ne pouvais pas me défendre.
    -         Tu sauras Roger Marsoin que je ne suis pas ton garde du corps.
    -         C’est un crime infâme Josette. Elle m’a attaqué avec sa bouche et son nez.
    -         Ça aurait pu être pire si l’enquêteur Paul Poulet ne s’était pas montrer la bette. Tu devrais le remercier de t’avoir sortie des griffes de son appétit sexuel qu’elle semblait découvrir.
    -         Paul Poulet, la tapette ?
    Soeur-marie-therese - Une sacrée bonne femme-         Oui.
    -         Il ne s’est pas grouillé assez vite. Et puis celui-là, avec ses petites manières autoritaires, il m’énerrrrrrrrrrve.
    -         Eh que t’es matcho Roger Marsoin. Tu ne serais pas jaloux de la conservation de son corps plutôt ?
    -         T’es pas bien dans ta tête Djooooozettttte ? Moi jaloux ? Non non. Veux-tu bien me dire qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça ?
    -         Tant pis, ainsi tu as payé pour tes anciens péchés.
    -         Peut-être, mais c’est payé bien trop cher.
    -         Ça t’emmagasinera des indulgences pour tes prochains péchés d’œuvre de chair.
    -         Djoooozette. Baiser des femmes, ce n’est pas un péché, c’est un travail. Qu’est-ce que tu penses que j’aurais pu exercer comme métier pour nous faire vivre toi et moi avec la belle face que j’ai ? Allez Josette. As-tu seulement une idée ?
    -         Thanatologue ! Personne ne t’aurait jamais attaqué. Et puis tu sauras Roger que j’ai travaillé trente ans dans un magasin anglais avant de prendre ma retraite. Tu te souviens pas ? Sur la rue Ste-Catherine chez Ogilvy’s ? Je me suis fait suer pendant 30 ans pour servir des anglaises de Westmount qui ne voulaient pas parler en français, dans notre pays, notre Québec. Ni bonjour, ni oui et même ni non. Tu penses que c’est pas humiliant ça de courber sa langue contre son gré pour travailler ? J’aurais donc du travailler chez Dupuis Frères dans l’est sur la Catherine. Au moins là on parle encore français aujourd’hui.
    -         Moi Roger Marsoin, je n’ai rien contre les anglaises en autant qu’elles soient riches et qu’elles paient cash. Des fois, elles me paient en double ou en triple pour un travail d’une heure. Ça dépend de la job à faire.
    -         Idiot.
    -         Tu ne comprends pas ma honte Josette. La vieille Cunégonde à côté, elle m’a agressé dans mon intimité la plus grande. Ma bouche. Elle me donnait des french kiss à qui mieux mieux.
    -         Tiens Roger, regarde, j’ai de l’eau bénite ici dans mon bénitier. Mets-en sur tes doigts et frotte ta bouche avec. Ça va te purifier.
    -         L’eau de ton bénitier ? Non, mais t’es malaaaaade ? Et puis tu la prends où cette eau bénite ?
    -         C’est le diacre de la paroisse qui me l’offre.
    La Fosse Croquis 2 by martinpm-         Le diable ?
    -         Non, le diacre.
    -         Comment ça ?
    -         Quand je paie ma dîme à la paroisse.
    -         Criss de bout d’criss ! Tu paies la dîme souvent ?
    -         Ça peut arriver des fois. J’ai à cœur d’entretenir le bon fonctionnement de notre église paroissiale, même si c’est l’église Ste-Cunégonde. En contrepartie, le diacre me fournit gratuitement l’eau bénite pour laver mes dentiers.
    -         Et tu acceptes l’eau bénite sans la payer ? Le diacre te fait des cadeaux et tu les acceptes ? Il te paie combien pour que tu paies la dîme à la paroisse ?
    -         J’ai une libido moi aussi et c’est pas toi qui peut me relaxer en ce domaine.
    -         Mais, mais, mais … mais Josette, t’es une salope ?
    -         C’est toi qui dis ça ? Salaud toi même.
    -         Tu sauras Djozette Marsoin qu’être un salaud c’est bien moins pire que d’être une salope.
    -         Alors pourquoi les fréquentes-tu ?
    -         Mes clientes ne sont pas des salopes.
    -         Je t’ai suivi un jour jusqu’au club échangiste « Bleu d’étoiles », sur la rue St-Laurent un jour. C’est vrai que c’était un jour férié et que tu as bu beaucoup avant de me remarquer, mais …
    -         Viarge. Quessé tu veux dire ?
    -         Ben tu as couché avec moi sans me reconnaitre tellement tu étais gelé par la cocaïne et tu n’avais certainement pas pris ta pilule bleue quotidienne « au besoin », parce que ça montait pas très haut ton outil de travail.
    -         Ah ben ça c’est le boutte de toutte.
    -         Tes performances d’homme font de la chaise longue souvent comme ça ?
    -         Fous-moi la paix. Je t’avais reconnue mais je n’ai pas voulu t’offenser en t’avouant que c’était ta « boite à joujou » qui n’était pas Méchante reinehuilée.
    -         Menteur. Ma boite l’était tout à faite. Ben continue à te couper les ongles d’orteils devant moi si tu veux, mais ramasse tes rognures.
    -         Ah ben sacramant, je suis pas ta bonne moé icitte. Je suis le mâle et ce n’est pas pour rien que je le suis.
    -         Tu ne veux pas ramasser tes rognures ?
    -         Non.
    -         Ok le marsoin. Tu vas retrouver tes rognures dans le pâté chinois que je prépare pour le souper. Mais juste dans ta portion à toé.


    Josette se retenait pour ne pas sacrer. Elle était respectueuse des choses liturgiques, ayant été éduquée par des religieuses à la poigne sévère et ferme. Dans sa jeunesse, elle allait à la messe et à la confesse sans problème. Elle y allait par habitude mais surtout pour entendre les potins et rumeurs courants dans le quartier et surtout en été quand les gens traînaient un peu sur le perron de l’église à la sortie de la messe. Elle avait la conscience élastique. Mais la dernière fois qu’elle s’était confessée au curé St-Mars, il la menaçait d’absoudre ses péchés seulement si elle les regrettait sincèrement. Elle était sortie du confessionnel en furie lui disant de faire de l’air. La semaine suivante, le curé lui envoyait une facture en notant de payer la porte qu’elle avait arrachée en sortant du confessionnal. Elle voulait bien payer sa dîme, mais pas la porte dont elle ne se tenait pas responsable, sachant très bien qu’elle était usée et ne tenait plus que par magie. 


    Roger s’habilla d’un pantalon jogging rouge pompier et enfila un t-shirt d’un rouge un peu plus pâle. Il cherchait sa revue préférée et commença à la feuilleter, debout devant la fenêtre d’où le français pouvait le voir. Josette en prit ombrage et lui dit :


    alice-au-pays-des-merveilles-la-redoutable-reine-de-coeurs-         ROGER JE-TE-PARLE. Vas-tu la lâcher ta revue de KU ?
    -         Ma revue de King of Univers ?
    -         Oui.

    Il la jeta sur un fauteuil et se rendit à la fenêtre voir si le français dont avait parlé sa femme y était encore. Josette l'entendit tomber. Il était encore dans les pommes. D’un coup rapide, elle attrapa le téléphone.

    -         Allo.
    -         Hello ! C’est moi, votre voisine de ruelle, Henriette.
    -         Henriette ? Laquelle ? Vous voulez-dire la femme de Nestor ou l’autre ?
    -         Henriette Labelle-Rathé. Celle qui n’est pas petite mais pas grosse non plus. Ne me dites surtout pas la grosse Henriette. Ça m’insulte.
    -         Eh bien ! C’est votre avis qui compte après tout. Vous tombez un peu mal, Roger vient de perdre conscience à cause du voisin d’en face, un maudit français. Vous savez comme ils sont quand ils perlent très bien. Ils font ch… Mais il va revenir lui-même, ça commence à être une habitude de tomber dans les pommes.
    -         Je voulais juste vous demander pourquoi votre voisine Cunégonde a jeté dans la poubelle dehors dans la ruelle, un parapluie en lambeaux, quand il fait aussi froid dehors et qu’il neige encore ? Je l’ai vu faire. Elle aime tellement son parapluie. Elle doit être en détresse pour faire une telle chose.
    -         Comment ? Vous dites UN PARAPLUIE ?


    Auteur : DI (à suivre ...)

    _________________________________________________________________________________________________________________

     

    6) Paul Poulet tombe sous le charme de Cunégonde (par Marie-Louve)

     Chargé des cinq gros sacs de mets chinois, Paul Poulet pénétra dans le portique de la demeure de son héroïne du jour. Son logis  fleurait bon les odeurs des îles du Sud. Il reconnaissait le capiteux effluve vanillé de la fleur de tiare de Tahiti. Il se sentit envahi par la chaleur des lointains souvenirs rapportés de son voyage de noces du temps que le bateau partait encore pour Tahiti en chanson. Lui et sa douce Lulu y Jacques Faizant - Réunion de vieilles damesavaient connu ensemble le paradis et tous les premiers septièmes cieux qu’on puisse rêver. Hélas, les dieux de l’enfer lui avaient ravi sa perle d’eau douce. Dès la septième journée après leur arrivée dans ce paradis, un monstre marin, un requin-marteau inconnu avait avalé tout rond sa Lulu qui barbotait dans les vagues chaudes de l’océan. Des larmes lui montèrent aux yeux. Cunégonde aux aguets, saisit son regard, le déchargea de son fardeau en déposant les paquets sur un banc de bois de chêne qui lui servait de chaise pour chausser ses bottes à crampons. D’un geste faussement maternel, elle le prit dans ses bras faisant mine de le consoler, elle sortit de sa brassière un mouchoir de dentelle parfumé du crocodile écarlate pour essuyer les larmes de Poulet.  

    -          Allons, allons, mon bon monsieur Poulet, faut pas vous en faire. Les Marsoin sont de solides vieillards. Grincheux soit, mais j’e me suis attachée avec grande amitié depuis plus de quarante ans passés auprès d’eux. Pour sûr, ils perdent occasionnellement la boule, mais je suis là, moi ! Je les garde à l’œil et je les protège. Il m’arrive même de les nourrir quand ils oublient de manger.

    Le policier pleurait à chaudes larmes dans les bras de Cunégonde qui riait sous cape. Il se moucha et confessa :

    -          C’est pas les Marsoin ! Je n’aime pas les vieux barjots. Ils me les cassent à tous les jours avec leurs fugues. C’est ma Lulu. Elle me manque tant. Je hais les requins. Tous les requins !

    Soeur Marie Thérèse Déconcertée, Cunégonde prit peur. Promptement, elle le prit par la main et le conduisit à sa poubelle sur le balcon arrière.

    -          Calmez-vous, mon bon Monsieur Poulet. Il n’y a pas de requins ici. Voyez ! Ce ne sont que les baleines de mon pauvre parapluie ruiné par le lavage vigoureux qu’il a subi après ce malheureux incident chez Quiquine Couche Tard. Je n’avais pas le choix ! Vous imaginez mes risques encourus avec  ce bandit des Bloods, sûrement un drogué  infecté par le sida. J’ai tenté de le récupérer, mais peine perdue. Je le réclamerai à mes assureurs quand vous me signerez la déclaration de victime d’un acte criminel. Pour l’instant, laissez-moi vous requinquer avec un bon verre de vin Baby Duck. Il m’en reste un fond de bouteille. Sinon du bon gros gin. Cela réconforte solidement.
    -          Vous êtes une femme forte pareille à ma Lulu.

     Il se remit à chialer de plus belle. Dans sa cuisine, Cunégonde lui versa un triple gin avec un peu de miel comme sa mère en donnait aux bébés en pleurs qui perçaient leurs dents. Paul Poulet lui raconta tous ses malheurs et sa vie de solitaire qui lui pesait si lourd sur son cœur de rockeur écrasé par le mauvais sort. Plus elle écoutait son Poulet, plus Cunégonde ressentait en elle une attraction fatale pour cet homme que le destin mettait sur son chemin. Dans sa tête, elle entendait la voix de Diane Dufresne, les seins nus, chantant : «  Aujourd’hui, j’ai rencontré l’homme de ma vie… »  Pour en avoir la certitude, elle plongea sa main dans le sac de biscuits chinois offerts en dessert. Elle en sortit un au hasard et en retira l’oracle : «  Ce que femme veut, Bouddha le veut. » Elle traduisit ainsi : «  Ce que Cunégonde veut, Cunégonde le prend. »  Paul Poulet serait son amant. Ses entrailles s’ouvraient telle une porte de poêle à bois, pas de calvaire, qui  répandait un feu de braise en elle.  Elle sut contenir sa passion soudaine. Surtout, ne pas effaroucher son Poulet en brûlant les étapes. Cela risquait de couper les ailes à ses rêves. Elle lui remplit un second ballon de cette Morticia Adamsdélicieuse eau-de-vie et s’en versa un autre pour elle-même en y allant mollo pour le sien.  Sachant que son garde manger donnait sur celui de ses voisins les Marsoin et qu’un trou d’aération permettait d’entendre aisément ce qui se disait de l’autre côté du mur mitoyen, elle ouvrit ce dernier et laissa la porte entrouverte. Avec patience on arrive lentement, mais sûrement. Ses deux nigauds ne tarderaient pas à rompre ce silence inhabituel. Elle revint à sa table pour rouler des yeux doux à son nouvel espoir. Enfin un homme d’imposante stature dans un beau costume de police ravivait ses désirs d’adolescente pâmée. Une idée l’obsédait : posséder l’amour et l’admiration de cet homme pour elle. Il était taillé sur mesure pour elle qui fut reine de tombola de la Petite Bourgogne autrefois. Elle se voyait en Alice au pays des merveilles et son lapin était là devant ses yeux. Lui, il pleurait encore quand on entendit un hurlement sortant du garde manger :

    -         Aye le fiffe ! Ça pense faire des crottes en or mais il parait que tu pues. Maudit français !...

    Affichant une physionomie chagrine, Cunégonde satisfaite, raconta au policier qu’il en était ainsi jour et nuit avec sa voisine Josette qui pourtant était sa meilleure amie avant que la maladie ne l’affecte. Puisque Paul Poulet ne comprenait rien de ces propos malveillants à caractère discriminatoire à l’égard des gais et des Français, la belle Cunégonde se releva de sa chaise et juchée sur ses mules vert lime, à talons hauts s’approcha de lui pour lui chuchoter à l’oreille qu’assurément, Josette s’adressait aux nouveaux locataires du 2013 en face de leur demeure. Deux escogriffes sortis de nulle part, des Français, pas des lumières, plutôt des moufettes de ville tant ils empestaient l’air de la rue Barré. Elle les avait aperçus devant leur fenêtre se faisant des galipettes mutuellement avec l’intention d’exhiber leur déchéance bestiale. Encore pire, son voisin Roger ayant perdu la carte le soir de la Saint-Valentin et en état d’ébriété, s’était joint à eux avec une escorte peu recommandable. Une greluche du quartier, la grosse Henriette Labelle-Rathé. Si Josette savait ça, Roger finirait haché dans la bouche de Boulette. Par esprit de charité, jalbert-dubout2amais elle ne dirait à Josette ce secret honteux. Pauvre Josette ! Heureusement, le curé de la paroisse lui rendait souvent visite et la soutenait moralement. Peut-être Josette avait-elle appris l’odieux secret et cela expliquerait sa colère contre ces deux miteux personnages. Des gales de France, des sarcomes que Sarko a dû expatrier pour nettoyer la France. Rien de nouveau dans ce nouveau monde. N’est-ce pas Louis XIV qui avait envoyé ses voyous coloniser sa nouvelle-France ?  Et dire qu’il fallait faire un pays avec  cette galère ! Heureusement qu’on a eu des saints martyres que les sauvages ont écorché pour le salut de la patrie. Paul Poulet écoutait la savante Cunégonde et en restait médusé devant cette grande dame qui n’avait pas froid aux yeux comme sa Lulu. A cette pensée, sa peine reprit de plus belle laissant couler une rivière de larmes. Cunégonde l’enveloppa de ses longs bras et lui caressa le dos pour le consoler en lui murmurant :

    -          Pleurez mon bon Poulet. Cela vous fera du bien. Votre chère Lulu doit se retourner dans le ventre de ce maudit requin qui vous l’a ravie. Lulu vous aimait et j’ose croire qu’elle ne souhaite pas vous savoir aussi souffrant. Son amour pour vous ne désire que votre bonheur. Il est temps de penser à vous. Vous êtes un bel homme, plein de vie et de nouveaux bonheurs s’offrent à vous. Sortez de ce sarcophage qu’est la mort de votre déesse. Je suis là. Je comprends votre désarroi ayant perdu également l’homme de ma vie, mais pas dans la gueule d’un requin. Un malicieux crabe me l’a enlevé. Je me suis fait une raison de vivre : faire du bien autour de moi. 

    Cunégonde n’en croyait pas ses oreilles de s’entendre dire de pareilles choses. Au mieux, elle espérait dire cette fois la vérité. Etait’ elle dans les bras d’un saint ?  Elle pressa les siens contre la poitrine de Poulet et sentit une onde de chaleur monter jusqu’à ce qu’elle n’osait dire même en pensée.
    Jacques Faizant - Demande en mariage
    -         Ma Lulu avait un beau corps de fusée comme le vôtre. C’est pour cette raison que ce maudit requin-marteau me  l’a pris. Dans vos bras, je me sens comme dans les bras de ma Lulu. J’ai honte. On dirait que je la trompe.  
    Boulette mit fin à cette déclaration en miaulant autour d’eux. Cunégonde lui lança un regard bouleversé par les mots qu’elle venait d’entendre et s’arracha des bras du beau Poulet.  
    -         Viens Boulette ! Maman t’a préparé ton Paris Pâté. Ton préféré Mange ma belle Boulette.
    -         Boulette se précipita dans l’assiette sans demander plus.
      
    Pendant ce temps, le diable était encore aux vaches chez les Marsoin qu’on entendait se disputer encore une fois. Josette parlait de son bénitier et de sa dîme. Roger se plaignait d’être agressé par elle probablement. Paul Poulet ne put que rendre hommage à Cunégonde de sa grande patience envers ses pauvres voisins visiblement en détresse. Il en ferait rapport aux intervenants sociaux de la communauté par le biais de CSSS. Puis, il annonça qu’il avait une faim de loup. Il proposa à son hôtesse de se mettre à l’aise et de profiter de ces bons moments en partagent les mets chinois avec elle. Sur le champ, la vieille adolescente en elle ne sut comment réagir. Elle rougit et timide comme une jeune jouvencelle, elle questionna :

    -          À quelle heure finissez-vous votre quart de travail ?
    -          C’est déjà fini. À mon arrivée, j’en avais pour cinq minutes. Mais, vous dire la vérité, je n’ose. Ce soir, acceptez-vous de sortir  avec moi dans votre maison ? Nous ferons comme si c’était notre premier rendez-vous surprise. Comme avec ma Lulu la première fois.
    -          Oh ! Je suis… je ne sais… Comment faire. Il y a si longtemps. ..Mais je le veux bien sûr ! Accordez-moi quelques instants pour être digne et présentable à ce premier rendez-vous de nous deux. 

    Elle fila comme une fusée dans sa chambre et en ressortit aussi vite avec un peu de poudre au nez.et un kimono de soie rouge et or. Dessous, des dessous affriolants.  Elle se sentait l’âme d’une geisha. 

    Auteur : Marie-Louve

    (à suivre)

     

     

     

     Il y en a sous la coiffe et aussi dans les doigts de pieds !

     


    7 commentaires
  • umbrella-105-lgSuite des aventures de Cunégonde et Josette ! Liées à vie par leur balcon et leur haine farouche réciproque ...

    Rentrons à nouveau dans l'arène de ce monde foisonnant très remuant, peut-être en nous munissant d'un parapluie nous aussi, comme un bouclier (ou une arme ?) !

    En accompagnement des ahurissantes péripéties créées par une Di et une Marie-Louve très inspirées, Lenaïg propose une petite revue du parapluie dans tous ses états.

    Mais les trois coups sont frappés, le rideau s'ouvre, place à Cunégonde et Josette.

    ***

     

     

     

     

     

    Avertissement : Cunégonde est un personnage qui n’a rien de «  politically correct ».

    No 3 Marie-Louve   2011 Rue Barré

    Le chemin du retour «suite»

    Parapluie bulgare 2Cunégonde agitait son gros parapluie noir dans tous les sens tant sa colère était grande. Elle avait bravé le froid du matin, marché plus de deux kilomètres pour renouveler ses pilules du mois et se trouvait prise au dépourvu sans son pharmacien qui lui seul connaissait ses ordonnances selon sa connaissance. C’était à lui qu’elle avait remis les documents explicites signés par son docteur Bellemare. Il lui faudrait retourner chez son médecin le plus rapidement possible et changer de pharmacie. Quels poisons ces Chinois qui envahissaient son quartier ! Elle avait lu qu’ils étaient l’opium des peuples ou c’était le curé qui avait déjà dit cela. Que dire de  tous les autres de toutes les couleurs comme cette femme enroulée dans de longs jupons noirs avec des foulards partout qu’elle voyait s’avancer vers elle en poussant un landau bourré d’enfants empilés les uns sur les autres. Elle ne put tenir sa langue quand la mère passa à ses côtés, elle lui persiffla :

    -          Si ce n’est pas honteux de fabriquer des bébés à la chaîne comme une chatte en chaleur ! Bien sûr, pour vous les importés, ce sont mes taxes qui paient pour tout ça !
    Elle se retint de ne pas lui asséner un bon coup de parapluie dans les jambes pour soulager sa colère, mais surtout parce qu’elle vit sortir du parc, une bande de vauriens bruyants. Sûrement parapluies-enfantsdes gangs de rue. Elle les toisa d’un regard sévère et passa son chemin pour revenir vers la rue Richmond. Là, elle s’arrêtera chez son épicier Liboiron. Quiquine devrait y être pour la servir, il en était ainsi depuis toujours. Encore enfant, Quiquine aidait au service dans la boucherie de son père. Depuis la mort du père Liboiron, la boucherie avait fermé, mais Quiquine l’avait transformée en dépanneur du quartier. D’un pas déterminé, s’appuyant sur son gros parapluie, elle redoubla le rythme de sa cadence. Le froid  cinglant et le vent  transperçaient ses vieux os. Enfin, elle déboucha sur la passerelle de l’entrée du commerce Quiquine-Couche-Tard. Elle poussa la lourde porte de bois massif peinte en vert chaloupe, celle du Québec. Quiquine était seule et travaillait à replacer les billets de loterie sur son comptoir.

    -          Bonjour Cunégonde ! T’as l’air de mauvais poil aujourd’hui. C’est le froid ? Si le printemps peut arriver ça nous fera au moins ça de plus !
    -          Ce n’est pas le froid !  C’est les Chinois ! J’arrive de la pharmacie. Tu savais toi que la pharmacie était vendue aux Chinois ? Je n’ai pas eu mes pilules, mais j’ai vu la Frisette à Josette. Crois-le ou non, c’est une poule de luxe !
    -          Attends, attends ! La pharmacie sur la rue Notre-Dame ? Non. Je t’assure, c’est toujours le même Jean Coutu le propriétaire. Le vieux pharmacien Laprise a pris sa retraite la semaine dernière. Je le sais, il me l’a annoncé au dernier souper de la Chambre de Commerce le jour de la Saint-Valentin. Et Frisette est une vraie avocate qui travaille à temps plein pour Quebecor. Tu as dû tout mêler encore une fois…
    -          Bon ! Aucune importance Quiquine. Là, j’ai besoin d’une cruche de vin Baby Duck si je veux dormir ce soir. Je n’ai pas mes pilules !
    -          Du Baby Duck ! Voyons Cunégonde, c’est de la piquette. Plus personne n’achète ce vin. Tu vas être malade avec ça. Viens avec moi, je vais t’aider à trouver autre chose.

    C’est à ce moment qu’un jeune blanc-bec de noir masqué, coiffé d’une casquette rouge surgit dans leur espace en brandissant un long couteau. Il intima à Quiquine devenue blanche comme un drap, de donner l’argent de la caisse et les billets de loterie. Tremblante de tous ses membres, la pauvre Quiquine s’approcha de sa caisse pour obtempérer au souhait de ce malfrat issu des Bloods certainement. Cunégonde n’en croyait pas ses yeux. Ce voyou à peine sorti des couches de sa mère venait leur édicter ses ordres. Quel toupet ! Elle ne fit ni un ni deux. Furieuse, elle lui asséna vigoureusement sa bourse briquetée sur la tête et un violent coup de parapluie aux entrailles. Aussitôt, le malfaiteur ensanglanté s’écroula sur le sol. Quiquine hurlait en voyant l’horreur de cette scène qui tournait au cauchemar quand elle aperçut un complice faisant le guet dehors s’approcher de l’entrée. Rien n’avait échappé à Cunégonde. Elle chargeait déjà le deuxième cambrioleur qui ne demanda pas son reste et pris la fuite par la ruelle. Elle revint vers le moribond étendu sur le plancher et du pied, le rouant de coups, elle lui cracha :

    -PARAPLUIE - Le Blog d'une Jeune Retraitée, sur OBDehors maudit quêteux !  Fainéant ! Va travailler pour gagner ton pain !

    Quiquine vint au secours du bandit en saisissant les bras de Cunégonde pour la sortir de son état digne d’un tyrannosaure. 
    Quand les policiers appelés sur les lieux arrivèrent, on appela vite fait les ambulanciers. On informa Cunégonde qu’elle devra se présenter devant les enquêteurs policiers pour élucider les faits de cet acte criminel. Son heure de gloire. Elle se ferait un malin plaisir d’apprendre aux policiers comment venir à bout de ces gamins appartenant aux gangs de rue. Des journalistes locaux accourus sur les lieux prirent des photos. Elle ferait la une du journal local. Fièrement, elle afficha sa besace et son beau sourire selon son intention. Elle quitta Quiquine sans oublier son gallon de vin St-Georges qui coûtait moins cher que Nuits Saint Georges produit de France.

    Sur le chemin du retour, se dirigeant vers sa demeure, elle s’arrêta devant une boîte de téléphone public. Une malicieuse idée lui était venue en tête. Pourquoi pas ? Elle consulta sur son i’ phone les numéros de téléphone de cinq restaurants chinois des alentours. Elle nota sur une enveloppe trouvée dans sa bourse. Après, à partir du téléphone public, elle commanda un menu pour dix personnes à chacun de ces restaurants qu’elle fit livrer à l’adresse de sa voisine Josette Marsoin en prenant soin de donner le numéro de téléphone de cette dernière sachant bien qu’on ne vérifie jamais. Satisfaite, elle jubilait. La Marsoin recevrait les foudres des Chinois. On la mettrait sur une black list.

    Elle gravit les marches de l’escalier menant à son logis et ramassa son courrier dans sa boîte aux lettres. Elle s’étonna d’apercevoir une enveloppe brune de seconde main qu’elle suspecta sur le champ. Pour en avoir le cœur net, elle ouvrit l’enveloppe et vit son contenu. La Marsoin ! Choquée, elle vida le tout sur la contremarche de la porte de sa voisine puis, elle rentra chez elle attendant la ronde des livreurs chinois chez les Marsoin.

    Pauvre parapluie après sa première sortieEn refermant sa porte, Cunégonde avait des frémilles dans les jambes tant sa joie était grande. Elle affichait un sourire semblable à celui de Boulette qui aurait avalé le serin des Marsoin. Josette, la codinde d’à côté fera du boudin c’est certain, mais cela la réjouissait. Elle se précipita dans sa cuisine pour étendre sur la table, sa nappe des grands jours et dessus, elle déposa son vase de fleurs en plastique avant que les enquêteurs et les journalistes n’arrivent à sa porte.  Du pied, celui des mauvais levées, elle repoussa Boulette qui miaulait comme une mendiante affamée. Puis, elle se ravisa. Fallait faire bonne figure. De son garde-manger, elle sortit une boîte de Paris Pâté veau et poulet en conserve, la vida dans une soucoupe de porcelaine made in England by Johnson Brothers, volée autrefois à la gare de l’Hôtel Windsor. Elle servirait la chatte devant les journalistes. Avec cette mise en scène, Cunégonde ne serait pas à côté de la carte, bien au contraire, elle en mettrait plein la vue. Elle courut jusqu’à sa chambre et devant sa coiffeuse, elle se farda pour les photos et ajouta du rouge pompier sur ses lèvres ridées, enleva ses bottes à crampons et mit ses nouvelles mules à pompons vert lime. Un rapide regard dans son psyché lui rappela sa maigreur. Elle bourra sa brassière de quelques mouchoirs de dentelle pour mieux s’équiper et ajouta son collier de fausses perles à sa toilette de femme distinguée. Pour en faire foi jusqu’au nez des plus fins, elle s’aspergea généreusement  de son eau de toilette, Tentacule, ce parfum qui affichait un crocodile écarlate sur son emballage.  
     
    En collant son oreille au mur qui donnait sur la cuisine de la Marsoin, elle entendait des bruits de dispute de couple entre Josette et son bon à rien. Même édentée, Josette pognait le mors aux dents facilement. Son p’tit matamore menaçait d’aller voir ailleurs si elle ne baissait pas le ton en persistant de ne pas vouloir probablement lui faire un gros pâté chinois pour le souper. Puis, elle entendit la sonnerie du téléphone chez les Marsoin.  Là, une vision la fit frémir ! Les enquêteurs. Les pièces à conviction. Oh My goodness !
    Vivement, le cœur battant la chamade, elle retourna dans sa chambre. De la patère, elle décrocha sa lourde bourse et fit basculer son contenu sur son lit pour en extraire la grosse brique rouge incriminante. Elle cacha cette dernière sous son matelas et ajouta à sa sacoche une lampe de poche qu’elle gardait dans le tiroir de la table de chevet de son lit. Elle repéra le parapluie meurtrier et s’empressa de le glisser dans la vieille housse bleu marin de sa robe de mariée enfouie dans son coffre en cèdre pareil à un cercueil. Après, elle fouilla méthodiquement le fond de sa garde-robe à la recherche de l’ancien  parapluie noir du défunt nais Alphonse. Quand elle eut mis la main dessus, elle se dirigea d’un pas alerte vers la baignoire, elle fit couler aParapluie bulgarebondamment l’eau en ajoutant un litre de Monsieur Net avant de plonger la relique couleur d’ébène au fond. Avec la brosse à plancher et une laine d’acier, elle ponça la tige pivot du parapluie et sa toile. Question de mise en scène auquel cas l’inspecteur réclamerait une pièce principale pour son enquête. Quand elle releva l’objet proprement récuré, il ne restait que les baleines qui retenaient un amas de tissu en lambeaux. Mission accomplie, se dit’ elle. La propreté et le bon ordre dans sa demeure avaient toujours été son premier souci. Tous le savaient. Inutile de garder cette dépouille. Elle vida l’eau du bain, épongea ses mains mouillées, les enduit de Nivea pour adoucir sa peau fine et vaporisa du Freefreze Hawaïen pour masquer l’odeur tenace de Monsieur Net.  Affichant, satisfaite, un dernier regard  dans la glace au-dessus du lavabo, elle replaça une mèche rebelle qui lui tombait sur le nez. Avant d’aller dehors pour jeter aux ordures dans sa poubelle grise, la carcasse de ce parapluie, elle prit le temps de se verser  un double gros Gin et le but cul sec. Ainsi requinquée, elle ouvrit la porte arrière da son logement et devant les voisins qui épiaient la ruelle, elle bascula l’objet détruit dans le fond de sa poubelle. Elle vit la grosse Henriette Labelle-Rathé qui faisait mine de balayer la neige sur la rampe de son balcon. Cette commère était bien la pire de leur ruelle. Un panier percé d’où sortait des mensonges de vipères. Pour la faire enrager, elle lui fit une lune et revint dans sa cuisine.  
     
    Parapluie beau dans sa détresseLe bordel était encore pris chez les Marsoin. Le vieux Gino fort en gueule faisait le coq dans sa basse-cour avec sa mémère qui brassait la cage. Son chaud lapin devait  être au pain sec avec sa grenouille de bénitier. Pauvre Roger. Une accalmie au milieu de leur tempête surgit quand Cunégonde entendit un bruit d’une porte qui s’ouvrait devant. Elle courut à sa fenêtre pour apercevoir le premier livreur de mets chinois repartir en glissant une liasse de gros billets verts dans le sac noir attaché à sa ceinture. Quel con ! Comme un enfirouapé, il avait accepté la commande pas commandée. Cunégonde riait aux larmes derrière ses draperies de lourd velours émoussé par le temps.  Puis, commença la ronde des livraisons. Une comédie digne du meilleur vaudeville qu’elle n’ait jamais vu. Encore mieux, elle en était l’auteure. Sur ce balcon, se jouait un théâtre dont les guignols étaient son voisin et les Chinois pris au jeu. La Marsoin poussa l’audace jusqu’à sonner à sa porte afin de diriger la quatrième livraison chez elle. Insultée, elle empoigna son ombrelle fleurie posée dans la corbeille de son hall d’entrée et la pointa telle une escrimeuse de fortune devant le livreur et la Marsoin en leur lançant l’ordre de cesser de l’importuner avec leur tracas. Violemment, elle referma sa porte au nez des deux innocents. Rapidement, la situation dégénéra et elle aperçut Roger étendu de tout son long sur les planches de ce balcon. Voyant enfin sa chance venue, elle sortit de chez elle et se précipita sur le corps inanimé du beau Roger. Une pulsion, un volcan de feu puisé au gros Gin sûrement, la fit l’embrasser goulument d’un puissant french kiss jamais offert à personne d’autre. N’eut-ce été du bras ferme qui la retint, celui  de l’enquêteur Paul Poulet qui arrivait au même instant, elle l’aurait déshabillé sur le champ. Des mots à ses oreilles la remirent sur terre :
     
    Parapluies de Renoir-          Faites place Madame ! Je vais prendre la relève. Sainte madone ! Quel  sang froid. Sachez  que je vous admire beaucoup chère Madame Légaré. À votre âge, avoir une telle  vivacité et un tel esprit de charité, on ne voit plus ça de nos jours. Vous êtes une femme d’exception. Deux sauvetages le même jour ! Une richesse pour notre quartier qui manque lamentablement de bonnes gens pareilles à vous.
    -          Oh ! Vous êtes là ! Mais non, mais non. C’est dans ma nature. J’ai toujours eu pour principe que mon devoir était de venir en aide à tous. Quand il est nécessaire, je ne crains pas d’intervenir promptement et avec sagesse.
     
    Sur ces mots, les flashs de la caméra du journaliste de la Petite Bourgogne immortalisaient les exploits de l’héroïne du jour pour en faire la une de son journal. Cunégonde appréciait que sa conscience ne soit pas visible sur des photos.
     
    Paul Poulet paya le dernier livreur furieux parce que Josette refusait la commande. Avec autorité, il lança :
    -          Allez mon brave garçon donnez-nous la facture et la commande, on a du travail à faire et pas de temps à perdre. Je profiterai de ce délicieux festin à partager en agréable compagnie. Il nous faut bien  nous sustenter pendant mon quart de travail. Bonne soirée et soyez prudent jeune homme.  Les routes sont glacées ce soir.
     
    Bouche-bée, Josette et Roger rentrèrent chez eux en refermant leur porte avec fracas. Sur quoi, Cunégonde ajouta à l’intention du journaliste et du policier :
     
    -          Faut pas faire attention à eux. Avant, c’était de bonnes personnes, mais avec l’âge, leurs humeurs changent et ils oublient vite. La maladie frappe fort chez les gens âgés. Les Marsoin me font pitié. Je fais de mon mieux pour les aider en surveillant à distance. Vous comprenez, ils ont leur dignité quand même. Venez, entrons chez moi, on gèle dehors.   

    À suivre.

     

     

    Marie-Louve

    ____________________________________________________________________________________________________
    Avertissement : Josette est un personnage qui n’a rien de «  politically correct ».

    4. Les livreurs de mets chinois (par Di)

    parapluie-rose-         Roger
    -         Quoi ?
    -         Qu’est-ce que tu fais ?
    -         Je me gratte les oreilles. Tu sais, les bouchons de cire qui bloquent à l’entrée du labyrinthe, ça pique.
    -         Je suis avec notre fille Rosette au téléphone. Ça sonne à la porte. Va donc répondre au lieu de te plaindre.
     
    Contrarié, Roger se leva de son fauteuil et alla répondre à la porte vêtu d’un pantalon fuseau et d’une camisole sculptée sur lui. À part sa dépendance à la cocaïne qui lui coûtait beaucoup d’argent, il en dépensait follement chez les créateurs de rêves qui donnent l’illusion de la jeunesse éternelle. Durant ses temps libres, il fréquentait les salons de culturisme et de massage afin d’entretenir son corps et il est était fier d’exhiber ses pectoraux et ses bras musclés. Il revint vers Josette pour chercher de l’argent dans un tiroir du comptoir qu’il gardait sous clé, en lui jetant un coup d’œil interrogateur, mais elle ne le remarqua pas, trop éberluée du scoop que Rosette venait de lui donner en primeur. Mais quand elle vit Roger revenir avec des mets chinois plein les bras, elle dit à sa fille qu’elle la rappellerait.         
     
    Parapluie nippon - Le blog Objectif Le Havre --         Qu'est-ce que tu penses Josette de commander des mets chinois pour 10 personnes ? On attend tu de la visite à soir ?
    -         Ben non ! Y’a que notre Rosette et son dernier chum, le photographe du Journal de la Petite Bourgogne, mais c’est pas certain encore.

    Elle regarda Roger déposer des sacs encore fumants d’odeurs de cuisine chinoise du restaurant « Fleuve jaune de Chine ».

    -         Ah ben non Roger ! Tu sais que je n’aime pas les mets chinois. Qu’est-ce qu’on va faire avec ça ?
    -         C’est pas toi qui les as commandés ?
    -         Saint-Esprit du saint Liège. Non. Sûrement une erreur de numéro de porte. Mais enfin Roger, c’est incroyable ce que me dit Rosette au téléphone. Incroyable ! Écoute bien ça : Cunégonde Brouillette-Légaré va faire la une du journal demain matin. Pfft … Elle a assommé un bandit à l’ancienne épicerie du père Liboiron, chez Quiquine-Couche-Tard et a fait fuir un complice. C’est terrible Roger, la face de batte de Cunégonde va être dans le journal et elle va passer pour une héroïne alors qu’elle ferait fuir le diable en personne.
    -         Ah c’est vrai ça ! Mais je me demande pourquoi le diable voudrait d’elle. Elle a tout de même une coche de plus que lui. Ben moi ça me fait penser à ma cocaïne.
    -         Je te dis Roger, cette mégère n’a rien d’une héroïne, c’est un boss de bécosses, une bête sur deux pattes, une grande horloge sans tictac, c’est une torrieuse de broche à foin …
     
    Roger était habitué de l’entendre parler de Cunégonde en ces termes à propos de tout et de rien et ne l’écoutait pas tout le temps. Il pensait qu'il venait de perdre un tas d'argent en payant le chinois pour des chats qu'ils ne mangeraient pas et il devait sortir pour en chercher d’autre  au guichet de la banque afin de voir un dealer et payer sa cocaïne. Cette dépendance lui coûtait la peau des fesses. Heureusement qu’il avait fait affaire avec des clientes millionnaires. Ils se regardaient chacun et l’autre désemparés, lorsque la sonnette de la porte tinta à nouveau.
     
    -         Je vais répondre Roger. Toi, fais ce que tu as à faire.

    Avant d’ouvrir la porte, elle tira le rideau de la fenêtre et vit le livreur du restaurant « The best of the China » attendre sur le balcon, avec une commande qui lui semblait aussi grosse que la précédente. Elle se douta alors que c’était Cunégonde qui lui jouait un sale tour.

    parapluie-grenouille-pour-enfant-37650180Elle enleva ses dents à nouveau, les déposa dans le bénitier que le diacre de la paroisse de Ste-Cunégonde lui avait offert voici quelques années, quand elle lui avait raconté que Cunégonde avait lavé la langue de sa fille avec du savon, simplement parce que sa Rosette s’enrageait qu’elle l’appelle Frisette et la traitait de vieille chouette. Le diacre s’occupait personnellement de l’approvisionner en eau et de la faire bénir par le curé de la paroisse. Il venait lui livrer au litre mais seulement lorsque Roger partait plusieurs heures. Sa langue à elle ne serait pas sale, elle se l’était jurée. Foi de Josette, elle serait toujours bénie des dieux. Elle chercha dans la console ses lunettes grossissantes où les yeux semblent être pour l’observateur aussi gros qu’une pièce de un dollar et ouvrit la porte. Elle fixa le chinois dans les yeux et lui fit un numéro où elle excellait lorsqu’elle pratiquait des vocalises et des sons dans ses cours de diction à l’Académie des Saints-Anges sur le plateau Mont-Royal, où elle avait reçu une excellente éducation donnée par les sœurs des saints noms de Jésus et de Marie. Sans ses dents et avec ses lunettes-loupes, c’était plus spectaculaire à voir.

    -         Chang roll bif m’sieur. Wouf woulé laï chi wuang mo wolf win et ching et chang et chong ? Woune tchéchoung xé xéwinwin toctoc ?

    Les yeux exorbités, l’homme la regardait baragouiner un chinois qu’il ne connaissait pas. De plus, cette langue qu’elle entrait et sortait de ce trou béant qui faisait office de bouche, l’affola. Il prit peur, laissa tomber la commande sur le trottoir et s’enfuit à toute vitesse en oubliant de reprendre sa voiture de livraison.

    -         Bon débarras ! Be careful et watch out. Et ne t’avise pas de revenir icitte.
     
    Elle reprit ses dents baignant dans son bénitier, rangea les monstrueuses lunettes dans son tiroir et revint vers Roger, occupé à pincer des comédons qu’il cherchait sur son visage dans un miroir grossissant.
     
    -         Franchement Roger. Comment penses-tu encore plaire aux femmes à ton âge ? Bientôt tu seras septuagénaire. 
    -         Ben voyons. Je connais un tas de femmes qui s’ennuient avec leurs maris et qui m’engagent pour m’avoir dans leur lit. Elles me paient pour ma conversation, ma culture, mon expérience en matière de plaisirs et je suis en forme malgré mon âge, ma libido est forte et quant à mes performances d’homme, on pourrait les comparer facilement avec celles d’un jeune de 40 ans.
    -         Wouis wouis Roger. Mais moi je m’ennuie avec toi et je cherche un homme de 35-40 ans qui me ferait connaître le paradis au lit, comme tu le faisais avant que je ne découvre ton métier. Ça sonne encore, attends moi, j’y vais. C’est peut-être Rosette qui arrive.
     
    Elle alla au salon et vit que c’était un livreur du restaurant chinois « La maison des nouilles », tenant dans ses bras avec peine, une nouvelle livraison. Nul doute ne subsista dans sa tête, c’était une mauvaise blague de la terreur ambulante Cunégonde Brouillette-Légaré. Elle ouvrit tout de même la porte mais commençait sérieusement à en avoir ras le bol.

    -         Miss Wosette Warchouin ? Qǐng wû jiuang ?
    -         Josette Marsoin. Répétez après moi. Jos-set-te Mar-sou-in.
    -         Miss Vouvouchouette Warchwhoin ?
    -         Laissez donc faire pour mon nom. Que voulez-vous ?
    -         Woici la cômande m’dame. C’est 142$ et tip à part sivouplè. (en lui montrant la facture)
    -         Madame Marsoin habite la porte à côté. Tenez, je vais sonner pour vous. Vous en avez déjà plein les bras.
    -         Wessie wessie m’dame.

    Elle tint la porte entr’ouverte et entendit Cunégonde crier un tas de jurons au livreur et la vit le provoquer avec son parapluie. Le chinois apeuré lança les sacs de livraison de tous côtés et fila jusqu’à son auto de livraison, d’où il partit vite comme un boulet de canon. Josette sourit et retrouva Roger qui s’habillait pour se rendre au guichet de la banque.

    -         Roger, tu te rends compte. Cette chipie vole des chinois en leur faisant livrer des commandes qu’ils doivent payer de leur poche ensuite, les pauvres. Oh la garce. Et tu sais pas ça toi Roger, non tu sais pas ça encore, mais moi je vais te le dire. La grande horloge Cunégonde n’a aucun scrupule à brandir son maudit parapluie et s’en sert comme une arme offensive.
    -         Woui woui ma Djosette.


    C’est le nom qu’il lui donnait quand il était fatigué de l’entendre s’outrager envers cette voisine dont il ne faisait aucun cas, sachant bien que d’un seul regard, il aurait pu faire tomber toutes les femmes dans ses bras, mais elle, il n’en aurait voulu pour rien au monde, même si elle avait été milliardaire. Il était peut-être gigolo mais il estimait avoir de la classe.

    -         Roger, tu dis rien ? Mais où vas-tu ?

    Il ne répondit pas. Elle le suivit jusqu’à la porte avant. Il tourna la poignée et en sortant, glissa sur les crottes de la Boulette que Cunégonde avait lancées au retour de sa sortie et sur lesquelles les chinois avaient eu la chance de ne pas piler. Roger gisait par terre inconscient et ne se relevait pas. Josette appela le 911 pendant qu’un livreur de la pizzéria chinoise « The best of the China » se stationnait en face de la maison et voyant l’attroupement qui commençait à se faire, traversa la rue en prenant des photos. Lorsque les policiers virent Roger étendu sur le palier du balcon, ils firent venir l’ambulance. Les photographes des journaux locaux alertés par les ondes faisaient de même.

    On vit alors Cunégonde sortir de chez elle légèrement enivrée en criant au monde de se tasser parce qu’elle sauverait la vie de cet homme. S’étant déjà mise au Baby Duck, pensa Josette, elle alla vers Roger étendu de tout son long et lui fit un bouche à bouche personnel, comme si elle était seule au monde, dans son monde. Josette faillit avaler ses dents tant elle était horrifiée pour Roger, mais ne dit rien sur le coup. Son mari était peut être un gigolo, oui, mais il pouvait se permettre de ART-Fleur-Arbreparapluie - www.easydoor.over-blog.comchoisir ses clientes.

    Soudain on vit Roger repousser Cunégonde en expulsant de l’air et en lâchant un gros « Pouah ! »

    -         Qu’est-ce que c’est que cette haleine de canard géant ?

    Il ouvrit les yeux et vit Cunégonde étendue sur lui, son nez caressant sa peau et sa bouche s’activant sur la sienne. Cela le révulsa et il la repoussa avec force. Quand les ambulanciers s'apprêtèrent à le déposer sur une civière pour l’amener à l’hôpital, il devint mauve et se sentit humilié.

    -         Foutez-moi la paix les polices. Allez jouer aux cartes avec les pompiers et vous les ambulanciers, aller manger des beignes au Dunkin Donuts. Et toi l’inspecteur Paul Poulet, ne me touche jamais plus.

    Il dit à Josette qu’il allait se doucher et qu’il irait faire ses provisions plus tard. Quand le cinquième livreur du restaurant « Chang Cha' Ding Dinner » arriva, elle vit l’inspecteur Paul Poulet payer la note pour clouer le bec de cette folle à lier et entrer chez elle afin de l’interroger sur le vol survenu à l’épicerie Liboiron. Elle lui demanda de l’attendre un court instant, le temps de se refaire une beauté. Josette était sur les nerfs, elle entra chez elle en claquant la porte, entendit couler l’eau et Roger se laver. Elle poussa un cri de rage en criant si fort que Roger l’entendit sous la douche.

    -         Maudite cul-nez-gonde. Je prête Roger pour le bien de dames de haute société, mais pas à elle. Ok là, Cunégonde Brouillette-Légaré ?

                                                                                                                      À suivre ...

     

    DI

     

    ***

    Les illustrations sont à retrouver dans l'album photos Parapluies. Le parapluie cassé noir et rouge appartient à la Jeune Retraitée, dont on peut aller visiter le blog icitte même, sur OB !

    Le Nippon au parapluie peut se retrouver sur le blog: Objectif  Le Havre.

    L'arbre aux parapluies s'admire sur : www.easydoor.over-blog.com !


    10 commentaires
  •  

     400 F 8926742 sb9a36nStTRgS7FXttpZISAbMuLTqdHY

     

    Préambule

    Les conjugaisons affectives : « C’est avec le monde intime de l’autre que chacun devra composer, se sécuriser, pactiser et parfois guerroyer. Tout éclopé de la vie s’y engage avec son passé, ses rêves et sa manière de donner un sens. »


    Boris Cyrulnik 


    Cunégonde et Josette sont  liées par le temps et elles  partagent le même balcon depuis plus de quarante ans. Allons rencontrer Cunégonde Brouillette-Légaré et Josette Marsoin, les mariées du désespoir.

    Portrait de Cunégonde Brouillette-Légaré


    Femme, veuve, solitaire, âgée d’environ 65 ans. Peu amène, grande et mince, elle a du caractère. Un volcan difficile à contenir et surtout difficile à satisfaire. Un chapelet de frustrations illustrerait bien sa vie. Elle a mené sa famille et ses voisins selon ses règles. Pas toujours gagnante, mais là était toujours son intention : soumettre les autres à sa manière.


    Née à Saint-Henri dans la Petite Bourgogne de Montréal, elle a toujours vécu au sein de cette communauté. Elle connaît ce quartier par cœur. Ses racines et sa mémoire de tous les jours baignent dans cette réalité ou vivent ses fantômes.

    Avec les années, la belle Cunégonde d’autrefois est devenue une femme amère portant ses déceptions sur tous ses regards par des pensées qui lui traversent l’esprit et des mots assassins pour son entourage. Elle anime sa conscience et nous raconte par cette histoire ce qui nous permettra d’entrer chez elle. Suivons-la. 
     

    1. Sur le chemin de la pharmacie par Marie-Louve 

     
    « Cette maudite chatte est la pire qu’il m'ait été donnée dans ma vie ! Je l’appelle une dernière fois et tant pis pour elle si elle ne rentre pas. Elle gèlera dehors ! »

    Cunégonde ouvrit la porte de son logement, celle qui donnait sur la ruelle et ses poubelles. Cela faisait plus de quarante ans qu’elle habitait le même logement. C’est ici que le théâtre de sa vie de jeune mariée, d’épouse et de mère parfaite s’était joué. Depuis la mort de son Alphonse, elle hantait les lieux en faisant comme d’habitude. Dans un grand cri, elle s’époumona une dernière fois avant de quitter son logis pour aller faire ses courses du jour.

    « Boulette ! Boulette, viens icitte et vite ! »

    À cet instant, la porte de sa voisine de galerie s’ouvrit et voilà sa pire rivale, la Josette Marsoin, édentée, qui lui présenta sa Boulette pour lui rendre la pauvre bête encore frigorifiée.

    « La voici votre pauvre Boulette. Je me suis permise de la rentrer dans ma maison. A votre porte, elle miaulait à fendre l’âme pendant toute la nuit. Au petit matin, n’en pouvant plus d’entendre ses pleurs, je lui ai offert le refuge. Le bruit de votre lessiveuse en marche dès avant l’aurore devait couvrir ses plaintes. Vous ne trouvez pas qu’elle est maigre pour son âge ? »

    400 F 10968531 78jt3IHfsE1EYZVNmkZLBbrGvnzzrAzoMa Boulette est une excellente chasseuse ! Elle mange à sa faim tout aussi bien que mon défunt mari Alphonse ! Les souris courent les ruelles et les poubelles des Italiens débordent tous les jours.  Viens Boulette, on rentre à la maison, lança froidement Cunégonde en refermant sa porte. Cette voisine qu’elle subissait depuis plus de quarante ans, avait le don de la faire sortir de ses gonds. Son Alphonse ne cessait de lui rendre mille services, mille sourires. L’insoutenable effronterie de sa voisine n’avait de cesse. Dieu soit loué, son petit manège tourné sous ses yeux, avec son Alphonse était mort et enterré.

    Boulette, le ventre vide, alla se réfugier sur le dos d’une vieille bergère usée par le temps. Le fauteuil abîmé baignait dans la lumière du soleil de ce début du mois de mars. Là, devant sa vitrine, elle se pelotonna et s’endormit sans chichi. Cunégonde chaussa ses bottes à crampons. La glace des trottoirs mal déneigés par les employés fainéants de la ville l’obligeait à se munir de solides mesures préventives contre les chutes. En preuve, l’an dernier, le malheureux voisin d’en face, celui qui battait sa femme, Monsieur Gourdin, en état d’ébriété, y avait laissé la vie sur une de ces chaussées glacées. Une fatale fracture du crâne. Depuis, madame Gourdin portait le deuil et s’enfermait chez elle. C’était son fils Gaston, son  plus vieux, un bon à rien qui lui faisait ses commissions. Cunégonde ne lui aurait pas donné le bon Dieu sans confession, mais bon, il aidait sa mère et s’occupait généreusement de ses finances. Ce voyou prétendait vouloir mieux servir sa mère en s’achetant une première auto neuve. Cunégonde n’était pas dupe. Il roulait carrosse doré depuis la mort de son père et l’été, la veuve éplorée se berçait bouche cousue sur son balcon.

    Enfin vêtue des pieds à la tête pour affronter le froid polaire du jour, elle fit tourner sa clé dans la serrure de sa porte avant et s’assura que cette dernière était solidement verrouillée. Pas de risques à prendre depuis que toutes sortes de races étrangères se promenaient dans les rues de son quartier. Des jeunes avec des têtes d’âne mauve, les cheveux coiffés en sauvage avec des clous aux oreilles et d'autres avec des têtes de mort circulaient comme si de rien n'était. Quel monde de fous était devenu sa rue Barré !  Pour sa sécurité, elle traînait toujours son gros parapluie noir à pointe affûtée et dans sa bourse, elle dissimulait une lourde brique rouge incommodante, soit, mais qui lui servirait d’arme dissuasive auquel cas, un malotru viendrait tenter de lui ravir sa besace.  

    Avant de descendre l’escalier qui la mènerait sur la rue Barré, elle jeta un dernier regard du côté de  la fenêtre de sa voisine qui, comme il se devait, l’épiait derrière un rideau légèrement écarté. Cunégonde fronça les sourcils et pointa son gros parapluie vers la fenêtre indiscrète avant de délier sa langue : « Vieille fouine ! Tes draperies sont sales. Va les laver plutôt que de m’espionner ! » 

    Elle tourna les talons en maugréant. Arrivée sur le trottoir, elle prit la direction de la rue Guy. Ce nom de rue évoqua en elle la mémoire de son frère ainsi nommé par sa mère du temps de son enfance. La belle époque où elle et sa famille vivaient sur la rue Richmond. Son père travaillait à la manufacture Ogilvie Flour Mills, sa mère lavait les beaux habits des gens riches de la rue Sherbrooke. Des Anglais, bien sûr. Elle se souvenait surtout des gros rats qui couraient dans la cour de leur résidence. Guy s’amusait à la terroriser en lui balançant les cadavres de ces bêtes répugnantes. Son frère unique, mais surtout malicieux, était mort depuis plus de dix ans, terrassé par  un cancer du foie, lui qui n’allait jamais à la messe. Elle n’avait pas versé une larme. Guy lui avait volé son premier 400 F 1625109 RkTdmRF2ZMWpz8JycHabk0WJ7mRkOCamour, le beau ténébreux Roméo Blondin. Sans les ripoux de la Petite Bourgogne  qui suivaient partout son  frère, Roméo ne se serait pas laissé entraîner dans les beuveries des tavernes de bas fonds  et les bordels véreux de Montréal. Par la faute de Guy et du charme qu’il exerçait sur son Apollon, son Roméo lui avait échappé. Elle avait dû se rabattre sur Alphonse Légaré, le frère de sa meilleure amie Hortense, une grosse laideronne qui n’avait jamais trouvé mari. Hortense savait écouter et exécuter ses volontés quand Cunégonde se faisait harceler par les autres enfants dans la cour de l’école. Jamais, Hortense n’avait hésité à battre violemment les filles qui la ridiculisaient en lui chantant des chansons grivoises à cause de son prénom. Quelle idée ridicule était venue à sa mère de la prénommer ainsi ?  Était-ce raisonnable et justifiable, ce fait d’être née le jour de la fête de Sainte-Cunégonde sur le calendrier liturgique ? Non. Le curé aurait dû mettre un holà sur ce baptême en refusant de bénir ce prénom aux consonances obscènes.

    Parfois, elle croisait son Roméo, devenu célèbre drag queen sur la rue Sainte-Catherine. Alphonse n’avait pas l’envergure ni le charme du grand Roméo déchu par la très grande faute du malin Guy de sa famille. N’eut-ce été d’elle, son dadais, son Alphonse, n’aurait pas fait un pas devant sinon devant les avances de cette sorcière, la Josette qui vivait sur le même palier de leur demeure. Ces deux andouilles faisaient bien la paire. La Josette ne savait même pas étendre convenablement son linge sur une corde. Une vraie Marie Quatre Poches. À chaque grand coup de vent, ses nappes et ses draps s’enroulaient et bloquaient les poulies. Ah ! Monsieur Alphonse ! Seriez-vous assez aimable pour me venir en aide ? Cunégonde plaignait son pauvre Roger marié à une telle timbrée. Sa voisine, cette Josette-chipie savait comment flatter son «  mieux que rien », son Alphonse !  Pourtant, Cunégonde Brouillette avait été la reine du Tombola de la paroisse Saint-Henri en 1958. C’est aussi elle qui faisait l’ange dans les processions de la Fête Dieu sur la rue Notre-Dame. Comment en était-elle venue à marier cette punaise qui avait ruiné sa vie : Alphonse Légaré. De cela, elle ne parlait jamais. Pour son honneur et son bien. Par chance, sa mort la laissa avec une bonne pension de veuve et la paix de ne plus devoir partager son lit avec lui. Après la naissance de leur fille unique, plus ronde qu’une bille, une quille eut donné meilleure résultat, Cunégonde avait refusé de se laisser engrosser une seconde fois. Son nabot pouvait dormir dans son lit, mais le devoir conjugal s’arrêtait là. 

    À l’intersection de la rue Guy et Notre-Dame, elle emboîta le pas vers l’ouest de cette dernière. Au fil des années, les rues de son enfance disparaissaient sous des décors défigurant le paysage. La pharmacie Bourque, celle fréquentée du temps de son enfance par sa mère et les familles du quartier, abritait aujourd’hui une « piquerie » clandestine fréquentée par les policiers assurément. Elle les voyait sortir de là, l’air marabout avec des sacs dans les mains. Elle soupçonnait sa voisine, Josette, d’être une cliente régulière de ce dépanneur. Sinon, comment expliquer cet éternel sourire béat, mais surtout troué sur son visage ? Un coup de klaxon la sortit de ses pensées. Grand Dieu !  Elle crut reconnaître Frisette, la plus jeune des filles de sa voisine. Grimée comme une catin grimpée sur des talons plus aiguilles que talons, fringuée comme une poule, elle montait dans une BMW conduite par un faux jeton dont on ne voyait que le blanc de ses dents derrière son sourire. En tout cas, elle ressemblait presqu’à Frisette. Avocate, mon œil ! La Josette lui cachait certainement ce déshonneur. Cunégonde 4149833113 fdf3bdbf6aannoncerait la bonne nouvelle à ses voisines. La Frisette à Josette était une catin de luxe, pas une avocate. Cette petite serpente semait toujours la zizanie dans la ruelle au milieu des jeux des enfants. C’était toujours injuste selon ses règles de jeu. Un jour, la Frisette à Josette l’avait traitée de démente et de vieille chouette. Furieuse, Cunégonde lui avait servi une leçon à sa manière. Outragée, elle était descendue en pantoufles à pompon dans la ruelle, armée d’une barre à savon. Vigoureusement, elle lui avait lavé sa sale langue de Frisette devant tous les enfants du quartier. Frisette vomit tout son saoul. Ce qu’elle méritait largement pour ses effronteries.  On aura beau dire : Tel père, telle fille ! En y voyant de plus près, elle se dit que sa propre fille était une tarée qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à son éléphantesque tante Hortense, mais en plus laid encore. Elle avait hérité des yeux croches de son père. Pour ces raisons, elle préférait ne pas la voir trop souvent et lui avait fait comprendre clairement. Après la mort de son niais, inutile de venir lui rappeler son calvaire en lui rendant visite.

    Sur ces dernières pensées, elle se retrouva arrivée à sa destination, devant la pharmacie Jean Coutu, sur la rue Notre-Dame. Elle poussa la porte d’entrée et se dirigea au comptoir des prescriptions. N’apercevant pas son pharmacien, elle demanda à la petite Chinoise qui avait une épinglette avec son nom dessus où était Monsieur Laprise.

    -         Bonjour Madame. Puis-je vous aider ?
    -         Je viens de vous dire que je veux voir Monsieur Laprise, pas une Chinoise !

    -         Désolée Madame, Monsieur Laprise a pris sa retraite. Il ne travaille plus ici. Je suis la nouvelle pharmacienne. Puis-je vous aider ?

    -         Quoi ! Ma pharmacie est devenue chinoise ? C’est Monsieur Laprise qui connaissait mes pilules. Je ne veux pas de pilules chinoises. Allez me chercher votre patron ! Non ! Laissez faire. Je vais voir mon docteur moi-même. C’est quoi ton nom ?  On dirait un nom de païenne. Ça dépasse les bornes !

    -         Elle tourna les talons en frappant le sol avec la pointe de son gros parapluie et sortit de la pharmacie en bousculant les clients sur son passage sans oublier de les mettre en garde contre le danger des Chinois.


    Auteure: Marie-Louve
     


    2. En attendant le retour de Cunégonde (par DI) 
     
    Josette Marsoin entendit claquer la porte avant et la clé tourner dans la serrure de sa voisine 400 F 9403001 DwYylAZUiA4i3eoNfe6A5SGtuptHl1Upde palier Cunégonde Brouillette-Légaré, signifiant ainsi qu’elle sortait de chez elle. Elle s’empressa de tirer le rideau pour regarder comment elle s’était attriquée. Il y a des jours où elle avait l’air ridicule du haut de ses six pieds point 5. Elle n’était pas aimée des enfants et elle leur rendait bien, ne cessant de chialer après eux pour des vétilles. Pour la faire enrager, ils l’appelaient « la grande horloge » et lui demandaient l’heure. Cunégonde la vit la regarder par la fenêtre et elle lui tira la pointe de son parapluie en lui criant de laver ses rideaux plutôt que d’écornifler. Josette  ouvrit la fenêtre et lui dit : « Boutte de bougrine ! Commence donc par te laver toi-même de tes péchés. » Elle se tourna vers son mari qui à ce moment clouait un trou au mur pour y attacher un cadre et le prit à témoin du geste déplacé de cette voisine, qu’elle endurait depuis 40 ans.
     
    -         Ah la Cunégonde ! Regarde Roger ce qu’elle a fait.
    -         Enlève-toi donc aussi de derrière les rideaux et mets donc ton dentier avant de lui parler de ses péchés.
    -         Tu sauras que mes dents sont dans leur bénitier pour se faire nettoyer. Et puis, monsieur Lapierre a les dents croches et ça ne l’empêche pas de regarder par la fenêtre et d’épier tous nos gestes, lui.
    -         Monsieur Lapierre c’est pas pareil. C’est un homme et les hommes n’écorniflent  pas, ils observent.
    -         Pftt … Monsieur Lapierre c’est une commère et la Cunégonde c’est pas du monde. Tu as vu sa face de batte ?
    -         Elle n’est pas responsable de sa face.
    -         Non ! Seulement de la face qu’elle fait.
    -         Cela veut dire que si elle n’a pas une belle face, elle peut faire une belle face ?
    -         Oui.
    -         Cela veut dire aussi que si elle a une belle face, elle peut se défaire de sa face ?
    -         Oui.
    -         Si elle se défait de sa face, elle n’aura plus de face ?
    -         Non. Et cela ferait de la place.
    -         Il est donc possible d’effacer sa face sans efface et sans laisser de trace.
    -         Si seulement c’était possible … !!!
    -         Même ceux qui ont une grosse face ?
    -         Oui, c’est juste un peu plus long à effacer. Ah et puis laisse faire Roger. Laisse faire.
     
    Elle se tut un moment, chercha sa lime et se cura les ongles avant de reprendre l’attention de Roger.
     
    Par tous les saints du ciel Roger, écoute-moi. Cette grébiche colporte dans le quartier que le voisin d’en face battait sa femme et qu’il est mort l’an dernier en tombant sur la glace. S’il est tombé sur la tête en se tuant, c’est parce qu’il s’était shooté à l’héroïne mais il n’était pas violent. Madame Gourdin  a témoigné devant les avocats que la chute de son mari était causée par la négligence des employés de la ville attitrés au déblayement de la neige. Cunégonde Brouillette-Légaré a fait un faux témoignage en se disant témoin de l’accident et en corroborant les dires de la Gourdin. C’est ainsi que les assurances lui ont versé double indemnité, pour les cas de mort accidentelle. Je suis sure que la Cunégonde a partagé la cagnotte de l’assurance avec la veuve. Gourdin fils n’est pas très futé mais au moins lui il pleurait lors des funérailles de son père. Il fait de menus travaux et quelques commissions pour sa mère et les voisins avec la BMW qu’elle lui a 341payée avec les assurances. C’est pas sa faute s’il n’a pas eu la chance de continuer ses études, c’est parce qu’il était trop nul. La Cunégonde propage que c’est un grand escogriffe n’ayant pas d’ambition et qu’il se fait vivre par sa mère à l’âge de 40 ans.
     
    Roger ne l’écoutait plus. Il lisait dans le journal de Montréal que malgré l’embourgeoisement datant d’une vingtaine d’années de la petite Bourgogne, des poches de pauvreté se découvraient encore dans leur quartier. Cela le contrariait, car avec l’argent que lui rapportait son travail de gigolo, il aurait pu vivre à Westmount, le quartier le plus riche de Montréal, mais étant accroc à la cocaïne, il dépensait le fruit de ses labeurs dans la drogue et se sentait confortable malgré le déplaisir qu’il avait à vivre avec Josette. De plus, il apprit que de plus en plus de jamaïcains et d’Africains s’y installaient, ce qui eut l’air de lui déplaire.
    Mais enfin Roger. Elle a tué son mari à la tâche. Jamais contente, jamais assez, elle trouvait des bêtes noires à tout ce qu’il faisait et disait. Pauvre Alphonse, pris avec cette femme insatiable, il a bien mérité son ciel celui-là.
     
    Elle repensa au jour où elle et Roger Marsoin s’étaient rencontrés alors qu’elle vivait encore sur la rue Fabre dans le plateau Mont-Royal, d’où elle était native. Elle en était tombée tout de suite amoureuse lorsqu’il lui parla chez le juif du coin où elle achetait ses légumes et ses fruits. Le soir même il l’invitait au cinéma Bijou et deux mois plus tard, ils se marièrent obligés, Roger lui ayant fait un enfant le lendemain de leur première rencontre. C’était le plus bel homme du quartier, les femmes le dévoraient des yeux et la jalousaient. Sept mois plus tard naissait Normand, un enfant qui ressemblait à son père. Et encore trois ans plus tard, naissait une petite fille qu’elle appela Rosette et que la garce d’à côté appelait depuis toujours Frisette, ce qui la mettait hors d’elle. Roger était un charmeur qui ne se gênait pas pour se répandre ses charmes. Il était conscient de sa beauté le bougre et en profitait en trompant Josette avec des femmes d’âge mur, riches, ne sachant que faire de leur argent et ne se privant d’aucun plaisir de la vie. À peine remise de ses couches après la naissance de Josette, elle apprit les infidélités de son mari et alors mis des holàs sur le devoir conjugal. Roger ne s’en formalisa pas et continuait à courir la galipette pour satisfaire ses besoins. Elle prit son ordinateur et chercha sur Google le site de la SPA. Elle s’inscrivit à la page des dénonciations contre les abuseurs d’animaux. « Tiens, je vais la dénoncer cette tarée. »
    Monsieur ou Madame,
    Société protectrice des animaux,
    Montréal, province de Québec.
     
    Il est de mon devoir de dénoncer les torts que l’on fait à nos petits animaux de compagnie, n’ayant pas demandés à vivre et qui comme de pauvres errants doivent payer de leur qualité de vie, les bêtises que font leurs maîtres. Je déplore le fait que madame Cunégonde 19-au-20-fevrier-Valparaiso-Chi-448Brouillette Légaré, sise au 2011 de la rue Barré de la petite Bourgogne, Montréal, P.Q., laisse miauler son petit chat Boulette la nuit et au matin, alors que nous connaissons un hiver avec des froids de canard où on ne laisserait pas un chien dehors. Connaissant le cœur de pierre de sa maîtresse, à plusieurs reprises depuis le début de l’hiver, je l’héberge et la nourrit pour lui éviter de souffrir de la faim et afin d’éviter à tous les voisins de se faire déranger par ses cris dans leur sommeil la nuit. Je crierai éternellement à l'injustice déversée contre les animaux de compagnie. Ma plainte devra rester anonyme, il va de soi. C’est ce que vous dites dans votre publicité.
     
    Elle cliqua sur « envoi » et se frotta les mains. Elle s’habilla chaudement et sortit dans la cour arrière où elle cueillit les déjections de Boulette qu’elle avait vu déposer sur la neige le matin, les mit dans une enveloppe brune oblitérée qu’elle avait gardée d’un français rencontré au Québec et avec qui elle avait couché pendant que Roger était aux Séchelles avec une vieille riche, colla un carton brun sur son adresse et l’adressa  au nom de madame Brouillette-Légaré, 2011 rue Barré, Montréal. Elle sortit sur le balcon déposer l’enveloppe dans la boite à lettre de Cunégonde. Elle se lava les mains, remis ses dentiers et lut la nécrologie, son horoscope, le courrier de Louise et entama des mots croisés : en verticale un : méchante personne, en six lettres. Elle repensa à Cunégonde et les mots se posèrent comme allant de soi : «S-A-L-O-P-E».

    Auteure: DI

     

     

    immeubles-anciens-a-paris-2499409 1703

     

     

     


    7 commentaires
  •  cardinal-rouge-male-sol
    <== Le cardinal rouge (photo signée)
    arton443-0d008







     

     

    Le geai bleu (site des Parcs naturels du Québec) ==>
    ***

    Mona nourrit le rouge-gorge de son jardin (elle nous l'a montré, voir la rubrique Du côté de chez Mona). Marie-Louve, sur Facebook, nous fait voir le restaurant qu'elle a ouvert pour "son" geai bleu et espère voir bientôt le cardinal rouge, auquel Di m'a présentée !
    ***
    Nous savions déjà que Di "met de l'énergie dans ses pieds" ...
    Di met aussi de l'énergie dans sa plume.
    Voici regroupés ses commentaires toniques et dynamiques.
    ***

    plp Ma mère me disait : Si tu rends service à un ami, ne t'attends pas à ce que cet ami te rende un autre service plus tard, un jour ou l'autre. Fais le par plaisir. Un jour, tu auras besoin d'aide et c'est peut-être un autre qui viendra t'aider. Je le vois ainsi aussi. Mais on ne peut pas aider quelqu'un qui ne veut pas s'aider. Alors là je laisse tomber.

    Pour ce que dit Mona au sujet de ceux qui écrivent et ne commentent pas, j' ai souvent lu et commenté des auteurs qui ne me lisaient pas. Parce que j'aimais leur écriture. Mais c'est vrai qu'il y a un moment où on se demande s'ils ne rient pas de nous. En tout cas vous n'avez rien à vous reprocher sur ça.


    plp La violence existe depuis toujours. Aujourd'hui à la télé on peut la voir en direct, des gens assassinés avec froideur, des enfants qui pleurent, des mères désespérés, des peuples soumis à une dictature, des petites filles brutalement privées de leur féminité par l'excision et etc ... On la regarde, les médias repassent les pires scènes, les plus sanglantes possible, ça attire le public, mais peu l'avouent. Pourquoi pouvons-nous supporter des scènes qui se passent dans la réalité, à l'heure où j'écris ? Je pense qu'on s'habitue à voir ce qui se passe ailleurs que chez nous. On devient indifférent ou on a une bonne pensée mais ensuite on pense à nos soucis, quoi faire pour souper, pendant que ceux qui souffrent continuent à souffrir. De toute façon, qu'est-ce qu'on peut faire? Han ? On est désolé et on oublie. Personne ne se sent coupable. Tandis que dans un livre on s'investit personnellement plus fort, puisqu'on entre dans le monde de l'auteur qui use de violence parce que c'est comme cela que ça se passait. Ça ne veut pas dire que l'auteur est violent. Si je lis Bernard Werber, même au deuxième ou troisième ciel après la mort des tanautologues, la guerre est encore de mise, mais je ne penserais pas que lui-même est violent. C'est comme dit Marie-Louve pour Agatha Christie ... Son talent parlait, c'est tout. Enfin, j'oublie les femmes. Les femmes peuvent autant que les hommes diriger un pays mais assises sur le trône de présidente, je ne pense pas qu'elles pensent en femme ou en homme, elles pensent pour le bien du pays.


    plp Et si on me demandait mon poids? Mes mensurations? C'est pas un peu la même chose que demander l'âge? Je les donnerais volontiers à une amie mais pas à tout le monde. Notre visage, notre prénom, notre âge et notre poids, c'est tout ce qui nous appartient. Le sujet de la chirurgie est abordé de plus en plus souvent. Les chirurgiens font des affaires d'or. Qui n'aimerait pas retrouver le visage de ses trente ans. Comme chante Jean-Pierre Ferland dans une de ses plus belles chansons, pour sa blonde qui disait adieu à sa vingtaine : "C'est à trente ans que les femmes sont belles, après ça dépend d'elles." Plus tard il a composé une chanson où toutes les femmes se sentent belles en l'écoutant. Elle s'appelle "T'es belle". Mon âge varie selon les personnes avec qui je suis. C'est-à-dire que je peux avoir cinq ans avec un enfant ou 16 ans avec un adolescent, ou être adulte avec un adulte, quelque soit son âge. Au Brésil aussi, rares sont celles qui ne passent par le bistouri, si ce n'est aux seins c'est à la graisse en trop, la cellulite et etc ... mais il y a encore injustice. Seuls les riches peuvent se le permettrent. Si la chirurgie ne coûtait rien, ne faisait aucun mal et nous rendait une certaine jeunesse, qui dirait non? Personne n'aime vieillir mais tout le monde n'a pas cette chance et tout le monde ne vit pas en santé. Alors que les gouvernements se grouillent. Ou bien ils construisent des hopitaux, engagent du personnel et soignent les gens pour qu'ils vivent le plus vieux possible en santé ou bedon qu'ils construisent des Centres qui ne sont que des corridors de la mort où des personnes âgés attendent leur tour, espérant que leurs enfants viendront les visiter un jour avant qu'ils ne soient dans leur cercueils.

    Les gouvernements devraient se faire des liftings. Ils tournent en rond et quel que soit le parti au pouvoir, ils vieillissent sans se regénérer.

    Je plaisante bien sûr, mais il y a tellement à répondre suite à ton article. Mais je suis contre cette phrase que les femmes qui ne disent pas leur âge ne savent pas garder un secret. Elle est ironique à mon sens. Doit-on juger les gens parce qu'ils ne donnent pas leurs mensurations ou leur âge?

    Il y a bien plus dans une personne que l'apparence et l'habit ne fait pas le moine, mais tous les moines ne se rendent pas au monastère.

    Bisous
    plplplplplplplplplplplplplplplplp

    Bisous à vous deux, Di et Marie-Louve, du Québec.


    11 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique