• Une enquête du commissaire Rizzoli - Chapitre 20 (fin) - Denis Costa

    Denis Costa - Photo 28

     

     

     

    Quelques jours plus tard, Rizzoli se mit au balcon, respirer l'air de la ville. Du haut des trois étages, il pouvait observer la rue foisonner. Sur le corso Italia, les automobiles se succédaient sans répit en flot continu. Alice rempotait les géraniums Bec de grue qui avaient passé l'hiver sans encombre. Le mois de mai devrait consacrer leur floraison en mille petites corolles blanches, roses et bleues. Le commissaire se dit que de toute façon, il avait fait le maximum, et qu'il fallait passer à autre chose. Le trafic de cannabis qui sévissait dans les bars de la ville, lui donna l'occasion d'enquêter dans le milieu de la pègre. Les trafiquants albanais, installés dans la région depuis plusieurs décennies, voyaient leur suprématie aujourd'hui contester par de nouveaux venus: la communauté marocaine.
    - Ces étrangers, je ne les aime pas, sortit soudain Rizzoli.
    - Tu parles de qui, amore?
    - Des étrangers en général... du moins ceux qui arrivent chez nous pour se vautrer dans la délinquance.
    -  C'est la première fois que je t'entends parler ainsi, s'étonna Alice. C'est bizarre dans ta bouche...
    - Et si je te disais que je n'aimais pas les cuisses de grenouilles ou les moules à... à, je ne sais plus quelle sauce, que ton beau-frère Jean-Michel voulut me faire goûter l'été dernier, ça te paraîtrait également bizarre?
    - C'est l'enquête sur la mort de la petite Lisa qui te met dans un état pareil?
    - Rien à voir... de toute façon, dans ce foutu pays, personne ne me contesterait le droit de ne pas aimer un objet, les lunettes rondes de ma secrétaire, ou bien encore les fleurs que tu rempotes, mais si je déclarais à la cantonade, ne pas n'aimer telle ou telle peuplade, alors là, les foudres du politiquement correct se déchaîneraient contre moi! C'est cohérent pour toi?
    Alice s'abstint d'abord de répondre à cette question rhétorique. Elle se baissa pour ramasser les feuilles desséchées et les morceaux de terre qui jonchaient le balcon, pour se relever une fois le dallage nettoyé.
    - Je te l'ai déjà dis, amore, je n'éprouve ni sympathie, ni antipathie particulière envers les étrangers, poursuivit-elle, mais ceux qui respectent nos lois et nos coutumes, je les accueille bien volontiers!
    - Hum... en fait, Alice, tu dis exactement la même chose que moi, mais dans un vocabulaire acceptable et passe-partout.
    - Non, Guido, je m'exprime simplement comme tu le ferais toi, si tu étais dans un état normal.   
    - Ça ne te dérange pas de devoir toujours contrôler tes paroles, tes émotions, de réfréner les pires sentiments qui habitent le genre humain, chez toi, comme chez tous les individus qui peuplent cette putain de terre?
    - Je sais surtout que tu es malheureux, Guido... la faute à cette enquête qui ne se termine pas comme tu l'aurais espéré.
    - Hélas, les croyances, l'intime conviction ne vont pas de pair avec les faits, la dure réalité des faits...
    - Tu as fait pour le mieux...
    - Arrêtes, Alice, pas ça... ce sont les propres mots de ce charlatan de prêtre, prononcés à peine l'avais-je salué lors de notre tête à tête dans cette maudite cathédrale! Je sais que vous faites au mieux, commissaire... Il s'est joué de moi, il vient de demander à Rome son transfert dans un autre diocèse, le fourbe!
    - Et personne ne peut l'en empêcher?
    - Personne n'en a le courage, en tout cas, et surtout pas ici... dans cette région où l'église est la vache sacrée, où des calvaires et autres stèles religieuses sont érigés à tous les coins de rues et chemins de montagne! Il arrange tout le monde ce départ, crois-moi...
    - Qu'en pense ton ami Farina?
    - Il est croyant, lui... il m'assure que le prélat ne l'emportera pas au Paradis... Toute mon équipe est effondrée, tu sais, ciccia... sans parler du docteur Gruber qui m'a annoncé l'autre jour, la mine défaite que les analyses complémentaires n'avaient permis de déceler aucun indice sérieux à charge du suspect, sur lequel on avait prélevé tout ce qu'il fallait... Pas même mes pelures d'orange n'ont pu prouver quoique ce soit! aucune empreinte, aucun ADN, rien... le néant le plus complet.
    - Et maintenant, que vas-tu faire?
    - Je vais m'employer  à combattre la pègre qui refile de la mort à nos enfants!
    - Non, je voulais dire pour  Matteo?
    - Oh! le gamin... et bien lui... c'est le dernier à avoir vu la petite, vivante, il a laissé son sperme comme carte de visite, il sera par conséquent mis en examen. C'est en tout cas l'info que m'a livré le vice-questeur... Mais t'inquiète pas trop... le procureur se rendra rapidement compte qu'il n'y est pour rien. Il a été incapable de me situer avec exactitude le lieu du crime, et il m'a affirmé que le corps de Lisa reposait sur le dos, alors qu'on l'a trouvé allongée, le nez dans les broussailles... ça, c'est plus qu'un point de détail! Et puis... le gamin sait qu'il peut compter sur nous...
    - Tout n'est pas fini, alors?
    - Rien n'est jamais fini, ciccia, …notre échec n'est pas la victoire du prélat, et le dernier chapitre de cette histoire n'est pas encore écrit!



    FIN

     

     

    Denis Costa,

    Texte et photo

     


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  • Commentaires

    1
    Mardi 13 Septembre 2011 à 20:36
    jill-bill.over-blog.

    Bonsoir Denis, lenaig... Tout ceci laisse un goût amer... Le transfert du prélat couvert de plus haut... Mouais !  Merci de nous avoir permis de suivre une enquête... même si rien n'est jamais fini...  Bonne nuit à vous deux !  Bizzz jill

    2
    Mercredi 14 Septembre 2011 à 05:10
    Marie-Louve

    Oh Shocking ! Monseigneur monte en grade ? Ou, le Saint Siège tente de noyer le poisson malodorant ? L'histoire n'est donc pas finie sur cette fin... Tant mieux ;-)) on peut la finir à notre guise ? Alors, ce sera pour moi :

     Lu dans le journal du matin " Un pauvre prêtre au mauvais endroit au mauvais moment assassiné bêtement au moment d'un règlement de compte entre les trafiquants de cannabis albanais et ceux de la communauté marocaine. En effet, son corps calciné et criblé de balles fut découvert par Rintintin, le chien pisteur de la police d'Altopiano di Folgaria bla, bla, bla... / ouf ! Ça m,a fait du bien ! hi,hi... Merci Denis de m'avoir fait rêver sur ce polar. Bisous et bonne semaine.  

    3
    Mercredi 14 Septembre 2011 à 08:43
    Lenaïg Boudig

    Bonjour Denis, Jill et Marie-Louve ! Hé hé, c'est bien ce que je pensais, voici une fin qui n'en est pas une, même si le mot s'inscrit au bas de ton texte ! Je te remercie ici aussi pour nous avoir fait partager ta première expérience d'écriture d'un roman policier. Ne reste plus qu'à l'éditer, comme te le suggère Marc Varin sur facebook ! En attendant, j'ai pris grand plaisir à vivre à Bolzano, à partager les réflexions et les états d'âme de Guido Rizzoli, les conversations avec ses collègues et avec sa femme, tout un monde fourmillant de vie dans une fiction reflétant bien la réalité avec un grand souci de détails et d'informations crédibles.

    J'ignore si la suite sera postée un jour ici aussi, mais, si le coeur t'en dit, bien sûr, reviens quand tu veux et on postera d'autres choses de toi, des nouvelles, peut-être ? Quoi qu'il en soit, bizzz à toi !

     

    4
    Mercredi 14 Septembre 2011 à 09:54
    flipperine

    tu aimes le policier

    5
    denis
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:41
    denis

    Ahahah, Marie-Louve, ne dévoile pas la suite de l'histoire qui fera l'objet du second tome!! Bises à tous!

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    6
    denis
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:41
    denis

    Merci à toi  chère Lenaïg de m'avoir hébergé pour cette histoire, grosses bises et à bientôt pour de nouvelles aventures!

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