• Une enquête du commissaire Rizzoli - Chapitre 15 - Denis Costa

    Denis Costa - Photo 22

     

     

     

     

     

    - C'est à peine croyable! s'écria le commissaire, furibond. C'est même insupportable d'entendre pareilles balivernes!

    - Et pourtant, je vous le dis tel qu'il en est, répondit le vice-questeur, Matteo est venu avec son père, tout à l'heure à la questura pour se livrer à la police et confesser le crime. Ça n'a pas duré longtemps, je l'ai reçu et il a tout avoué...

    - Pourquoi ne pas m'en avoir aussitôt averti? s'emporta Rizzoli.

    - Calmez-vous, commissaire! Je vous rappelle que je suis vice-questeur de Bolzano, et c'est à ce titre, que ce jeune homme a demandé à me parler... En outre, le questeur Alessandro De Stefani qui arrive lundi, souhaite que je poursuive la direction de l'enquête jusqu'à son dénouement. J'en prends donc le total contrôle et l'entière responsabilité...

    Walshofer avait répondu au commissaire de façon à lui rappeler clairement l'infériorité de sa position ainsi que les convenances inhérentes aux rapports hiérarchiques. Rizzoli s'enfonça dans son fauteuil et croisa les chevilles. Il enchaîna, après un long silence de méditation qui ne l'avait pas tempéré.   

    - Ah, certes, monsieur... Et... vous avez cru le jeune homme? Je veux dire... il a précisé les circonstances de son meurtre?

    - C'est à vous de vérifier ses allégations... Tout est inscrit dans ce procès-verbal, tenez, lisez... Il affirme en substance, que leur dispute s'est prolongée sur le chemin du retour. Puis, Lisa aurait fait une crise de nerf et aurait lâché son vélo, à hauteur de la chapelle. Elle aurait continué à pied, alors que lui était à ses côtés, pied à terre... Ils se dirigèrent droit devant eux, sans autre but que celui de poursuivre leur discussion... c'est ainsi qu'ils se retrouvèrent sur les rives de l'Adige. Là, il aurait craqué et il l'aurait étranglée... Il l'aurait laissée sur place sans penser qu'il l'avait tuée...  puis, il aurait regagné Merano à vélo.

    - Hum! fit Rizzoli, et les gants, il a parlé de ses gants?

    - Je lui ai posé la question, figurez-vous, commissaire, répondit Walshofer, sur le ton de quelqu'un qui n'apprécie pas d'être pris en défaut. Il en a toujours une paire qui ne quitte pas son sac en toile, m'a-t-il précisé, et le dimanche du meurtre, il l'avait sur le dos... le sac. Cela corrobore d'ailleurs les résultats de la perquisition que vous avez faite avant-hier dans sa chambre, n'est-ce-pas commissaire?

    Rizzoli fit la grimace. Il se souvint parfaitement que la fouille de la chambre du gamin avait permis aux policiers de recenser un ballon de foot, des piles de CD, une PlayStation puis, sur le lit défait, des vêtements éparpillés comme des blessés sur un champ de bataille, et surtout le sac à dos, avec, dans l'une des poches extérieures, une paire de gants élimés en cuir, même si ce n'était pas, à proprement parlé des gants de motard.

    - Commissaire, il y a suffisamment d'indices, tout un faisceau d'indices concordants, devrais-je préciser, qui justifient l'inculpation du garçon, ne trouvez-vous pas?

    Le commissaire comprit que le gamin avait menti, une fois de plus, mais là, vraiment, il avait fait fort, c'était un énorme mensonge qui pouvait le conduire tout droit en prison, et pour longtemps... Mais dans quel but faisait-il ça, se demanda Rizzoli? Pour disculper le jeune homme, il ne restait plus au commissaire que sa force de persuasion et les présomptions relevées contre le prélat.

    - Monsieur, vous savez aussi bien que moi, qu'un aveu de culpabilité ne signifie rien... Moi, je vous affirme que ce gamin est innocent, et je découvrirai les mobiles de son attitude que je trouve tout à fait ridicule! J'ai une autre piste, et vous le savez bien... Don Roberto Moser, le prélat sulfureux qui a ses entrées chez les Innerhofer...

    - Oui, en effet, le prélat dont vous m'avez parlé ce matin, mais je ne vous suis pas, commissaire, un prélat! ce n'est pas possible... vous ne vous rendez pas compte de l'impact chez nos concitoyens!

    - Un prélat, et bien alors? cela ne change rien à l'affaire. Il aurait très bien pu être menuisier, notaire ou cadre commercial dans une usine de conserves! Il se fait juste que Moser est un prêtre, je ne choisis pas la profession, ni la classe sociale de mes suspects! … Cela ne suffit pas à ébranler vos certitudes, de savoir que Don Moser possédait un vieux scooter au moment des faits, et qu'il s'en est débarrassé, précisément mardi, deux jours après le meurtre? Lisez bien ce fax provenant de l'agence automobile de Merano qui s'est occupée du transfert de propriété... Regardez... en haut sur la carte grise, le nom de l'ancien propriétaire Moser Roberto, en bas, l'identité du nouveau propriétaire, un certain Megalazzi Umberto... Examinez bien la date! le transfert de propriété du scooter 125cm3, immatriculé BS286NC, date d'il y a trois jours à peine! C'est un hasard, selon vous?

    - Pour dissiper toutes traces éventuelles et brouiller les empreintes, vous voulez dire? Pourquoi pas, c'est une piste à ne pas écarter en effet... mais à titre personnel, je suis plus que sceptique... Ça peut être une simple coïncidence, c'était un vieux scooter après tout...

    - Les flics ne doivent pas se fier aux coïncidences, vous le savez aussi bien que moi, monsieur le vice-questeur! L'existence de ce scooter est un élément matériel de première importance, c'est même l'élément qui nous manquait pour comprendre la succession des faits qui ont conduit à cette tragédie. Le prélat a embarqué la fille pour une promenade en scooter qui a mal tourné... Ne balayez pas d'un revers de main la vente de ce véhicule, qui tombe bien opportunément pour le prélat, ne trouvez-vous pas?

    - Non, cette fois-ci, commissaire, vous ne m'aurez pas. On a suffisamment d'éléments à charge pour saisir le procureur. Matteo passera le week-end dans nos locaux, je vous demande de mener à bien les derniers interrogatoires. Lundi matin, Matteo Degasperi s'expliquera devant le juge, et croyez-moi, commissaire, aucun doute à avoir, le jeune homme sera mis en examen!

     

     

    Denis Costa

     Texte et photo

     

     


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  • Commentaires

    1
    Samedi 27 Août 2011 à 11:49
    jill-bill.over-blog.

    Bonjour Denis, Lena....  Pourquoi s'accuse Mathéo... quel intérêt si innocent !!!  Le prêtre gardons un oeil dessus.... Merci pour la suite... Bon W-E à vous deux !  Bizzz de jill

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    2
    Samedi 27 Août 2011 à 11:52
    Lenaïg Boudig

    Salut Denis ! Quelle joie de revoir le commissaire ... Mais, on n'y croit pas non plus, comme le commissaire qui va avoir fort à faire !

    J'aime beaucoup ta photo : des musiciens de fanfare en culotte dans la pure tradition tyrolienne (mais pas en culotte de peau, comme les Munichois ...) devant un superbe bâtiment d'architecture italienne.

     

    Il faut que je relise pourquoi Don Roberto s'est présenté spontanément à la police, se jettant dans la gueule du loup, grrr je ne me souviens plus ! Il veut défendre les intérêts de la famille de Lisa, il est proche de sa mère, mais pourquoi s'est-il exposé, surtout si c'est bien lui le loup ...

     

     

    Bizzz !

     

    3
    Samedi 27 Août 2011 à 11:53
    Monelle

    J'ai retrouvé avec grand plaisir le Commissaire Rizzoli qui, j'en suis sûre va trouver la parade pour le jeune fou... qu'elle idée de se dénoncer !

    Gros bisous pour une bonne journée

    Gros bisous

    4
    Samedi 27 Août 2011 à 16:10
    Marie-Louve

    Non ! Impossible. Matteo n'est pas coupable. Son mobile: aider sa famille ? ??? Je persdiste à croire que ces agents qui distribuent des contraventions auraient possiblement émis une contravention au meurtrier le jour de l'assassinat. Ces fouines qui voient tout savent, mais ne relient pas l'incident... Enfin, je suis désolée Denis :-)) Je me prends en fla«grand» " flagrant délit de créer une autre histoire... Pardonne à mon imagination de joueuse de meurtres et mystères. C'est un plaisir de retrouver ce polar !

     

    5
    Samedi 27 Août 2011 à 19:03
    flipperine

    bon week end

    6
    denis
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:41
    denis

    Un grand coucou aux fidèles lecteurs de mon récit, quelle joie de vous retrouver après une si longue absence... Merci à Lenaïg de m'inciter ainsi à conclure cette histoire dont le dénouement est proche... Au pays de Rizzoli, la canicule de ces dernières semaines laisse place aux éclairs d'orage et à la tempête de vent, à décorner les boeufs, comme on dit en France. Mais, bon, rien de comparable avec Irène. Calfeutre-toi bien Marie-Louve! et surtout, continue à flagrandélire, c'est bon pour le moral!

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