• RETOUR AUX SOURCES - 1/2 - RAHAR

    Je suis assez lucide pour ne pas me considérer comme une grande journaliste, mais j’ai quand même ma place dans la presse. Je travaille pour un quotidien sérieux qui ne donne pas dans le sensationnel gratuit, mais qui exige de ses journalistes une extrême rigueur. Voilà pourquoi je prends mon café dans le commissariat en quête de quelque information intéressante, de quelque chien écrasé, avant de commencer ma journée ailleurs.

     

    RETOUR AUX SOURCES - 1/2 - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    http://www.distributeur-de-boisson.fr/distributeur-cafe-entreprise#0

     

    Tous les agents me connaissent bien et m’apprécient pour ma jovialité, mon humour et probablement surtout pour ma beauté, peut-être classique mais que je crois certaine, et le commissaire m’a à la bonne, il connaît la réputation d’intégrité éthique de mon journal. Nous avons passé une sorte d’accord : il me tolère dans ses pattes, du moment que nous ne sortons rien avant son feu vert. C’est tout bénef, notre journal est celui qui donne les informations les plus exactes et les plus détaillées et évidemment, ne rechigne pas à jeter quelques fleurs à la police.

    Je discutais turf avec l’inspecteur Paluche, quand un beau brun fait irruption et demande à parler à un inspecteur. Je lui donne dans les 22-24 ans. Il est vêtu d’une chemise à carreaux plutôt rétro, de jeans savamment fatigués, et de tennis – pas des baskets – dont la marque ne m’est pas familière. C’est l’inspecteur Duschmol – ça ne s’invente pas – qui le reçoit. Mine de rien, je me rapproche de son bureau et j’ouvre toutes grandes mes esgourdes.

    – Je m’appelle Benjamin Cranflin, j’ai été témoin d’un meurtre cette nuit.

    – Ah, et c’est seulement maintenant que vous le signalez.

    – Écoutez inspecteur, j’étais perdu dans la forêt, à cause de l’orage, et je n’ai pu en sortir que ce matin.

    – Perdu hein, tiens donc ! Tout le monde connaît le bois comme sa poche.

    – Je suis nouveau ici, je suis étudiant, je viens d’emménager au 22, rue des Poulais, vous comprenez ?

    – Je vois. Parlez-moi donc de ce meurtre.

    – Hier soir, j’étais en manque d’inspiration pour mon mémoire. J’ai voulu m’éclaircir l’esprit et j’ai pensé qu’une petite balade dans la forêt proche pourrait me donner des idées.

    – Il était quelle heure ?

    – C’était vers les dix sept heures. Normalement, j’ai un bon sens de l’orientation et je n’avais pas l’intention de m’enfoncer très loin. Il y avait bien quelques gros nuages, mais je ne me doutais pas que les orages étaient soudains ici. J’ai été surpris et j’ai cherché un abri. J’ai aperçu un peu plus loin une cabane et j’y ai couru.

    À cette mention, je vois Duschmol lever un sourcil, et moi-même j’ai tiqué.

    – J’ai eu un peu de mal à ouvrir la porte, et quand je suis entré, j’ai vu quelqu’un en train de glisser un corps sous le parquet et rabattre les planches. L’assassin a pris une boîte et s’en est allé sous la pluie, par une porte de derrière.

    – Et il ne vous a rien fait ?

    – Rien. j’en suis moi-même étonné, il a fait comme s’il ne m’a même pas vu, alors que j’étais paralysé dans l’encadrement de la porte.

    – Et il était comment, le tueur ?

    – Il faisait à peu près six pieds, assez athlétique. Il portait des pantalons gris je crois, un col roulé noir… ou bleu marine, je ne sais pas, il faisait sombre, je n’ai pas bien distingué son visage, mais il était glabre.

    – Et vous êtes resté là-bas toute la nuit ?

    – J’étais terrifié, je ne savais que faire. Si je restais, l’assassin pouvait revenir et me tuer, si je sortais, je ne savais où aller et j’ai craint d’attraper une pneumonie sous la pluie. Alors je me suis accroupi dans un coin sombre de la cabane. J’ai fini par m’assoupir, je crois.

    – Est-ce que vous pourriez situer cette cabane ?

    – Je crois qu’il y a une petite cascade tout près.

    – Vous vous moquez de moi ? Vous vous croyez malin ?

    – Je ne comprends pas. Je vous dis la vérité, inspecteur.

    – Une petite cascade hein ?... Agent Poussète ! Session photo pour monsieur, puis prise d’empreintes, ensuite bouclez-moi cet individu.

    – Mais… mais… que signifie ? Pourquoi m’arrêtez-vous ?

    Duschmol n’est pas un mauvais bougre, mais il est un tantinet atrabilaire sur les bords ; il se lève, enfile son veston et appelle deux agents. Je m’empresse de prendre mon sac et file le train aux trois policiers. Je crois qu’ils vont aller vérifier, par acquis de conscience. Ou bien ce Benjamin Cranflin est un type complètement barjot, ou c’est un assassin atteint de crétinisme. Comme l’a dit Duschmol, tout le monde dans le patelin connaît bien le bois classé réserve spéciale, chacun ayant participé au moins à l’une ou l’autre randonnée dominicale. Il n’y a pas de cabane, près de la Cascade aux Lutins… Enfin, il n’y a plus que des ruines calcinées depuis une dizaine d’années, personne ne pourrait s’y abriter, avec les quelques planches pourries des deux-trois murs encore debout. Ma petite smart d’occaze a pu rattraper les policiers, malgré la limitation de vitesse, et je me gare près de leur voiture. J’échange mes talons pour des baskets, toujours prêts dans ma voiture, et je me lance sur les pas des trois zigotos.

    Comme prévu, les ruines près de la cascade ne se sont pas changées miraculeusement en une jolie cabane. Les policiers s’engagent précautionneusement sur le plancher pourri délavé par l’orage et qui risque de s’effondrer à tout moment. Moi, je m’arrête au chambranle encore debout. Rien n’indique que des planches aient été soulevées récemment.

    Un agent, au milieu des planches disjointes, en avise une et la soulève avec facilité… et découvre un squelette en position fœtale. L’inspecteur se gratte la tête, puis sort prestement son portable et appelle le légiste. Il ne fait aucune objection à mon approche : il n’y a pas de public pour qu’il prenne la peine de respecter les règles, et je peux regarder à loisir les restes. Je prends discrètement un cliché avec mon portable aussi performant qu’un vrai appareil photo, et je m’écarte, ne voulant pas être surprise par le légiste et son aide sur le lieu du crime, préservant ainsi mes bonnes relations avec la police.

    À l’évidence, le meurtre n’est pas récent, je dirais même qu’il date, mais de combien d’années précisément, il faudrait attendre le verdict du légiste. En l’attendant, je vais fumer une cigarette près de la Cascade aux Lutins.

    – M’est avis que ce Ben est une sorte de medium, avance l’un des agents.

    – Pas du tout, rétorque l’autre, il l’a buté et comme les individus de son genre, il revient sur les lieux de son crime. N’est-ce pas inspecteur ?

    – Ne nous mettons pas à spéculer avec des données incomplètes. Retenez bien ça… Y a-t-il autre chose ?

    – Non inspecteur.

    Le van du légiste arrive. Le toubib et son assistant se précipitent sur le squelette, dame ! ça les change des macchabées habituels et le challenge posé par l’absence de toute chair va leur exciter agréablement les neurones.

    – Premières impressions doc ?

    – Squelette d’un homme, jeune, je dirais entre vingt et vingt cinq ans… Cette entaille sur l’arc costal… et sur le processus xiphoïde indique que le sujet a été poignardé au cœur de bas en haut… Tiens donc ! Vous avez bâclé votre boulot, inspecteur…

    – Quoi, quoi ?

    – Voilà là votre arme du crime… Enfin, je suppose.

    – Où ça, où ça ?

    – Eh bien là, sur le côté. Un poignard.

    – C’est pas ma faute, inspecteur. Il était dans l’ombre et sa manche est noire.

    – Très bien doc, pouvez-vous me dire à quand remonte le meurtre ?

    – Pas ici, mais d’après une première estimation, je dirais de six à sept ans.

    – Vous m’en direz tant. 

    A suivre

     

    RAHAЯ

      

    RETOUR AUX SOURCES - 1/2 - RAHAR

     

    http://assets.passionperformance.ca/photos/1/6/5/165764_Les_Smart_ForTwo_et_ForFour_2015_sont_la.jpg

     


  • Commentaires

    1
    Dimanche 21 Juin 2015 à 12:23

    Il arrive que quelqu'un conserve le corps d'un parent décédé... macabre découverte aussi, ici l'homme au cadavre... qui que quoi, à suivre...

    2
    Dimanche 21 Juin 2015 à 13:41
    Josette

    le mort est encore vivant ???

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    3
    Dimanche 21 Juin 2015 à 14:22
    renee

    ha ha un énigme qu'il faut suivre. Bisesssss

    4
    Dimanche 21 Juin 2015 à 14:23

    cool   Ah, j'adore!! C'est super bien écrit, on est pris dedans tout de suite, c'est drôle et intriguant...! Bravo!! J'attends la suite... On peut la lire quelque part?????? Bonne journée!

    5
    Dimanche 21 Juin 2015 à 19:04
    colettedc

    OH ! Je suivrai certainement ! Douce soirée ! Bisous♥

    6
    Dimanche 21 Juin 2015 à 23:59

    Bonsoir Jill, Josette, Renée, Rebecca et Josette. Ce Benjamin Cranflin a-t-il tout dit, ou ment-il et pourquoi ? Qui sait, Josette, en effet ... Mais la suite et fin va maintenant être postée. Si vous faites déjà dodo, rendez-vous demain, merci de suivre cette nouvelle histoire de Rahar. Bizzz !

    7
    Marie Louve
    Jeudi 25 Juin 2015 à 20:00

    Je vais à la suite. yes

    8
    Jeudi 2 Juillet 2015 à 22:10

    MAIS OU SE TROUVE LA SUITE??? J'avais bien accroché! Dommage...

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :