• Qu'est-ce que : prendre soin ? - Lenaïg, Café philo demain !

    Voilà un paysan qui prend soin de sa vache - www.humourger.com

     

     

    C'est la question qui est proposée en débat au Café Restaurant Le Picardie d'Ivry sur Seine demain soir vendredi. Je n'ai pu assister au précédent café, donc je n'ai aucune autre indication ni écho qui s'attachent à cette question et me mettent sur une piste ... Ce soir, je n'irai pas fouiller sur internet, rechercher des éléments pour me construire un petit essai. Je vais en bâtir un, sans filet, si je puis dire ! Un peu de plaisanterie, un tout petit peu de réflexion, on n'ira peut-être pas très loin mais tant pis ! Juste un petit bout de chemin.

    ***

    Adoncques : prendre soin ...

    On peut ... prendre des tas de choses !

    Des vacances !

    Le bus, ou le train !

    La fille de l'air !

     La poudre d'escampette !

    Ses jambes à son cou !

    Mais aussi :

    Ses responsabilités !

    Une décision !

    Son destin en main !

    Ou encore :

    Prendre pension !

    Prendre racine !

    ***

    Quand on prend, on agit, mais si on ajoute soin, on écarte ... des dangers. En effet, prendre débouche, si on n'y prend pas garde, sur la prédation (c'est le nom) et ... arrivent très vite les prédateurs, qui ne présagent rien de bon ...

    Le soin rééquilibrerait-il la balance dans le bon sens ? Ouf, a priori, quand on prend soin, on penche du côté du bien ! Le bien versus le mal, cet essai (qui n'en est pas un, je le sens bien) sera donc manichéen ? Il commence comme ça, en tout cas. A voir, comment il finira ...

    ***

    Assez tergiversé ! Occupons-nous du soin.

    On ne peut juste prendre soin, ça ne ressemble à rien ! On prend soin de quelque chose, ou quelqu'un. Et ce quelque chose ou quelqu'un va être déterminant ... Non ?

    Le soin, c'est du travail.

    D'abord, prenons le raisonnement, tout simple qu'il soit (car je sens l'envie de dormir pointer), en commençant par soi-même. Oui, pour être à même de prendre soin, il faut prendre soin de sa personne, être propre sur soi, douché, correctement habillé, etc, pour pouvoir se regarder dans la glace et se dire qu'on a fait ce qu'on a pu pour être présentable aux yeux des autres, de même qu'à ses propres yeux.

    Et derrière le physique se cache le mental : est-on propre à l'intérieur ? N'a-t-on pas commis de méfaits, s'est-on bien comporté envers sa famille, ses voisins, son chien, son chat et les autres autour de soi ? N'a-t-on pas réalisé des coups bas ?

    Et c'est là qu'on sort de soi pour prendre soin des autres, à condition d'avoir pris soin de soi un minimum. Au pluriel "soins" est souvent relié au monde médical, quand tout est fait pour guérir, soulager blessures et maladies, noble tâche des médecins, chirurgiens, personnel des hôpitaux et des cliniques et les vétérinaires. Tout ce monde prend soin de nous et ne dit-on pas par ailleurs : les soigneurs, pour désigner ceux qui s'occupent des animaux dans les parcs animaliers ?

    Et ... j'aurais bien une ouverture, permettant de voir plus loin (seulement, c'est mon lit que j'aperçois et il me tente bien ...).

    Oui, voilà, un extrait du roman Les Chevaliers du Subjonctif, d'Erik Orsenna (page 43 de l'édition du Livre de poche) :

    "- Si mon métier vous intéresse, je passe vous chercher demain.

    - Pourquoi tant de gentillesse ?

    - Parce que, d'après ce que je vois, nous souffrons, vous et moi, de la même maladie grave : la curiosité. Vous savez que le mot "curieux" vient du latin cura : le soin ? Soyons fiers de notre défaut : être curieux, c'est prendre soin. Soin du monde et de ses habitants. Je serai demain matin chez vous.

    Le temps d'ouvrir la bouche, il avait disparu."

    ***

    Ma foi, que pourrais-je bien ajouter, après cela ? Juste que je pense aussi à l'expression en anglais : Take care ! que se disent les gens quand ils se quittent, en vrai, au téléphone ou par écrit. Littéralement traduit : Prends (ou prenez) soin ! Je la comprends, cette expression coutumière, comme : porte-toi bien ! Ou encore : fais attention à toi !

    Donc, une injonction à surveiller sa santé, par exemple, mais, par extension : se tenir sur ses gardes ! Cela peut sonner comme un avertissement, ou une menace ! D'ailleurs, j'avoue, la première fois qu'elle m'a été adressée, j'en suis restée perplexe et j'en suis encore maintenant à me demander si, cette fois-là, elle n'avait pas été formulée à double sens. Mais par quelqu'un qui ne me voulait pas de mal, bien au contraire.

    Et la balance repenche du côté du mal ! Oui, car si prendre soin peut être faire attention à ses abattis, cela signifie que d'autres prennent un soin particulier à vous vouloir du mal ... Oh oui, les gangsters aussi prennent soin à préparer leurs mauvais coups, et ils prennent soin de bien effacer leurs traces ... J'en suis toute déconfite ! Le mot soin est capable de s'associer à prendre, d'en être complice à des fins louches, redoutables ou maléfiques !

    ***

    Tout seul, pourtant, je ne lui trouve pas de défaut. Je soupèse maintenant tout l'intérêt de cette expression, à double tranchant ! D'ailleurs, il peut arriver qu'elle se vide de son sens, cette expression. Où ça ? Dans un discours électoral, entre autres ! "Mes chers concitoyens, soyez assurés que je prendrai soin de vous !" (oui, mais ensuite, on ne voit rien venir ; comme le fameux "Je m'en occupe !", dont il faut se méfier comme de la peste, hi hi !). Demain, je serai curieuse d'en savoir plus, je prendrai bien soin d'écouter les réflexions des participants, d'élargir mon champ de vision !

     

    Lenaïg

    ***

     

    Oh, mais voici Marie-Louve, qui nous propose sa réflexion, cela va donner du sérieux à cette page et lui conférer un authentique aspect philosophique. Qu'on juge plutôt !

    J'évoquais les soigneurs, elle examine les soignants et les soignés ...

    ***

     

    Coucou Léna,
    j'ai glané quelques idées pour ton café philo.
    Les aidants, ceux qui prennent soin....

    ***
    On présuppose que :
    Une telle action exige une négociation affective, sinon on déshumanise l'action de prendre soin. Bien sûr, nous parlons de prendre soin ailleurs que prendre soin de son rosier ou de son tapis de Turquie :-)))
    On peut aussi présumer ou affirmer que l'aidé doit possiblement ressentir la honte de se retrouver dans une position qui lui enlève une partie de son intégrité...
    *** 
    La personne ayant besoin d'aide ressent son estime de soi à la baisse donc, fragilisée de partout, physiquement et affectivement...Il ou elle éprouverait un sentiment semblable à celui-ci, une certaine honte consciente ou non.
    Une honte posttraumatique qui provoque un effacement du blessé tant et si bien qu'elle finit par gêner le partenaire aidant. Un peu comme : 
      
     « Regardez qui je suis... comment voulez-vous que je reçoive ou mérite ce petit bout d'attention ou d'affection ... ?. Je vais tout lui donner pour mériter pour mériter son attention...»
    Une telle négociation affective dépersonnalise l'aidé qui pour se faire aimer, se place lui-même sur le tapis roulant de la dépression d'épuisement. C'est pourquoi le burn-out est si fréquent dans les relations d'aide professionnelle. Trente % des infirmières  en souffre. Les soignants qui ne sont pas protégés par la distance affective que permettent les machines s'épuisent encore plus. Extrait de Cyrulnik , page 33.
     
    Prendre soin ??? C'est vaste comme champ d'exploration en réflexion. Une certitude: pour prendre soin, il faut en soi, une lucidité à toute épreuve ! C'est un peu comme sauter à l'eau pour sauver de la noyade une autre personne. Faut savoir nager et encore plus...
     
    Cependant, je crois fermement que tous nous pouvons venir en aide ou prendre soin des autres. L'important, c'est de savoir se distinguer lucidement de l'autre, se distancer de la réalité de l'autre et pouvoir agir sainement pour l'autre et soi-même. Savoir respecter nos propres limites et ne pas prendre sur ses épaules le devoir de rendre l'autre heureux, ce que personne ne peut assumer sinon, l'individu lui-même.
    Savoir que chaque petit geste compte et peut faire une différence, mais que cette différence appartient à toute une communauté engagée dans une volonté de prendre soin de ses membres et particulièrement, ceux parmi les  plus fragiles.
     
    On passe notre vie à prendre soin... on entre en relation avec une multitude de personnes. Avec certains, le lien est plus étroit. Prendre soin ne doit jamais virer au drame de culpabiliser, mais c'est souvent le cas. Hélas...

     

    Marie-Louve

    ***

     

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    Illustrations :

    Un paysan qui prend soin de sa vache, www.01humourger.com

    Un chaton qui prend soin d'un caneton ? www.01humours.com

     


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Mai 2011 à 04:35
    Marie-Louve

    J'ai hâte de lire ton compte rendu sur cette rencontre du jour au café philo. Si j'avais su que mes idées lancées à la hâte se liraient sous ta réfléxion, j'aurais " soigné " davantage mon écriture. :-))) Bon vendredi et vivement le café du matin et celui de philo !  

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    2
    Vendredi 27 Mai 2011 à 09:10
    Lenaïg Boudig

    Coucou Marie-Louve ! Je suis en mode "commentaire" aussi, je n'ai pas accès à l'administration du blog pour l'instant. Je suis contente de ta participation et de ton aide dans cette réflexion. Tu sais quoi ? On va mettre le lien sur facebook. Peut-être aura-t-on d'autres avis, d'autres idées ? Bisous !

    3
    Vendredi 27 Mai 2011 à 13:42
    Marie-Louve

    Bon matin Léna ! Voilà une excellente idée. Pour l'instant, je me prends soin: :-)) , j'ai fait un petit feu dans la maison pour tuer l'humidité et le froid du matin ! Je ronchonne contre la "**!!.." pluie froide «mots québécois qui ne se disent pas moralement corrects. Je suis au bord du déménagement . Slévichounet m'a dit qu'il y avait plein de soleil et de chaleur dans le sud de la France. J'hallucine ! Je rêve de morceler le Québec et de le faire dériver jusqu'au sud de la France. C'est là que nous devrions être ! Le roi François 1er a été mal avisé en prenant le nord de l'Amérique. C'est au sud qu'il aurait dû mieux prendre SOIN de ses colonies. Pour le moment, je suis vêtue d'une peau d'ours et je porte son humeur ! Hi,hi,hi.. Bisous, bonne journée.  

    4
    DI le
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:44
    DI															le

    Prendre soin de: A plusieurs sens, comme tu le dis Lena. Je m'attarde cependant à "Prends soin de toi" qui vient d'une mère à son enfant ou d'un ami à un ami, par exemple, j'y vois de l'amour qui parle avec une pointe d'inquiétude. C'est comme un raccourci qui dirait : Tu es important pour moi, je m'inquiète pour toi, je pense à toi, je t'aime. Ma mère me disait quelquefois ces mots ou alors ces autres mots: Fais attention à toi. Mais c'était ma maman et elle ne me voulait que du bien. Venant d'un vilain garnement, un gangster masqué, un monstre sur deux pattes, ces mots peuvent être inquiétants. Ou bien ils veulent dire de faire attention, de la boucler, d'obéir aux ordres, car je risque de passer de mauvais moments si je fais ceci ou cela, si je dis ceci ou cela. Ils préviennent de disparaitre de sa vue, sinon ... Le "take care" in english me semble plus menaçant. Mais en temps normal, je ne pense pas qu'ils aient une signification particulière, sinon une formule de politesse, comme des mots sans conséquence, comme si je disais à l'homme dans face: Monsieur, vous achetez un billet de loterie ? Prend soin de conserver ton billet et puis, eh bien bonne chance monsieur.

    Pour les aidants naturels ou les infirmiers et etc, prendre soin de quelqu'un est soit un acte d'amour, soit un travail non dénué d'affectivité, mais hélas, tous ne peuvent donner de l'affection au malade, au blessé, car il y a tant à faire et tant d'autres personnes à soigner dans un hôpital. Ou heureusement, car s'ils s'attachaient à tous leurs patients, ils n'auraient plus de vie pour eux. C'est à trop penser aux autres qu'on ne pense plus à nous. Et ce n'est pas mieux ni l'un ni l'autre.

    Marie-Louve le dit bien dans son commentaire ce qu'elle veut dire. Ce sont des points importants qu'elle ajoute. Et je termine, car je suis supposée dormir mais le ferai après, qu'il est inutile d'essayer d'aider quelqu'un qui ne veut pas s'aider, même si on l'aime, car c'est de se nuire soi-même et ne règle pas le probleme de l'autre. Comme par exemple, un joueur compulsif, un alcoolique ... ou autre problème irrésoluble.

    Bonne journée à toi, bonne nuit à moi. Deux ventilateurs de chaque côté du lit devraient aider à me rendre jusqu'à demain en souhaitant avoir une autre belle journée de soleil et de vent bienfaisant comme aujourd'hui.

    Au revoir Hélène

     

    5
    DI le
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:44
    DI															le

    Ouf ! Je ne m'étais pas aperçue que j'avais écris autant.

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