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LE MANOIR MAUDIT - Visionné par Rahar
Note de Lenaïg :
Sans vouloir dévoiler quoi que ce soit, je voudrais tout de même avertir les lecteurs sensibles que les effets attendus ne comportent pas le rire. Amateurs de bizarre et d'épouvante, qui ne connaîtriez pas ce documentaire (c'était mon cas), à vous de voir !
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Je viens de visionner un documentaire qui vous dresse les cheveux sur la tête. Je ne sais dans quelle mesure il a été diffusé, mais je l'ai eu sous le manteau. J'ai voulu partager un extrait qui pourrait intéresser, sinon divertir les lecteurs.Signé : Rahar !
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Dans les années 90, j’étais animateur chez WACN d’une émission intitulé "At once". Cette émission trihebdomadaire qui durait deux heures, de 22 heures à minuit, donnait l’opportunité aux gens d’exprimer un témoignage sur une situation ou un événement susceptible d’intéresser les citoyens. Nous disposions d’équipes qui pouvaient se rendre sur place pour que les téléspectateurs assistassent en direct au déroulement de la situation. Je peux dire qu’avant cet événement, nos équipes n’avaient jamais rencontré d’incident pouvant mettre en jeu leur sécurité.
Cette nuit de Mai 1989, à 22h45, j’avais reçu un appel singulier, dans la mesure où la communication n’était pas parfaite, elle était un peu parasitée par des craquements et des grésillements, et la voix était étrangement lointaine.
— Bonsoir, identifiez-vous s’il vous plaît, et exposez-nous votre problème.
— Je m’appelle Anne Ferguson. Venez, vous devez venir, ils sont en train de faire du bruit.
— Quelle est votre adresse ?
— 1036 Sun Avenue East… Je ne supporte plus ce bruit.
— Quel est ce bruit ?
— Je ne sais pas… Ça bouge dans le noir depuis deux semaines. Qu'est-ce que c'est, un animal, un squatter, une conduite d'eau ? Non, non, je ne sais pas, mais ça bouge.
— Avez-vous appelé la police, madame ?
— Oui, mais elle n’a rien trouvé… Ils ont dû se cacher, mais en tout cas ils sont là.
— Est-ce que vous vous sentez en danger ?
— Je ne sais pas… Je ne les ai jamais vu.
— OK madame Ferguson, votre maison fait du bruit, vous ne savez pas ce que c'est, la police n'a rien trouvé…
— Allo ? Écoutez, ils bougent, ils ouvrent la porte…
William était le reporter le plus proche de l’endroit. Je lui avais immédiatement envoyé l’adresse de la dame. Son caméraman a un appareil sans fil qui transmet la vidéo à un appareil relais de la camionnette, lequel relais nous envoie à son tour ce qu’il reçoit.
On pouvait dire que William était un casse-cou, un téméraire qui prenait parfois des initiatives à la limite de la légalité. Il avait assez d’ascendant sur son caméraman pour l’entraîner dans son sillage. Néanmoins, c’était un bon reporter qui nous avait quand même gratifié d’excellents reportages.
Dès que j’eus la confirmation que l’équipe était arrivée sur les lieux, j’avais basculé la vidéo sur leur caméra. Les téléspectateurs voyaient ainsi William avec son micro devant un imposant portail en fer forgé.
— Il est 23h30, nous voici arrivés au 1036 Sun Avenue. L’endroit est plutôt désert et ne semble pas très engageant, l’intérieur de l’enceinte nous montre un jardin broussailleux qui ne semble pas bien entretenu. Nous voyons un grand manoir sombre, il n’y a aucune lumière… Il n'y a pas d'interphone… Le portail est ouvert, nous entrons dans la propriété et approchons de la porte d’entrée… Normalement, madame Ferguson aurait dû voir notre arrivée sur son poste de télévision… Mais personne ne nous accueille.
La caméra montrait un panoramique de la propriété. Le spectacle était assez déprimant.
— Comme vous le voyez, il y a des arbres assez âgés, les haies ne sont pas taillées… L’endroit semble assez lugubre de nuit. Même de jour, cela ne doit pas être très folichon. Le manoir date certainement du siècle dernier, mais semble bien conservé… J’ai frappé à la porte, mais personne ne semble venir. Madame Ferguson a dû se tromper de numéro…
Brusquement, la porte s’était entrebâillée. Probablement sur un signe de son caméraman, William s’était retourné.
— Ah ! Je crois que madame Ferguson s’est décidée à nous ouvrir… Madame Ferguson… Bonsoir madame, c'est l'émission "At once", venez, nous serons ravis de vous rencontrer… madame Ferguson… D'accord, il semblerait que madame Ferguson soit un peu timide… Madame Ferguson, cela vous ennuierait-il de nous laisser entrer ?… Cette porte ouverte est certainement une invite à entrer.
J'avais autorisé William à pénétrer dans la maison.
— Eh bien, nous allons entrer…
Suivi du caméraman, le reporter pousse la porte et se décide à entrer lentement, comme avec une touche d’hésitation.
— Madame Ferguson… Mais où est-elle donc passée ?… Wow! Comme vous pouvez le constater, nous sommes dans un vaste et luxueux salon plein de bibelots et d’œuvres d’art… Regardez ça, de belles fresques au plafond. Tout est éteint, seul le projecteur de la caméra nous éclaire…
William fit le tour du rez-de-chaussée, mais il ne trouva personne. Il se décida donc à monter les escaliers. Je voyais ce que la caméra enregistrait sur mon moniteur de contrôle, en même temps que les téléspectateurs sur leur poste. Nous montions avec William.
— Cet étage est aussi luxueux, sinon plus, que le rez-de-chaussée… Voyez cette décoration, ces objets précieux… Le propriétaire doit être un collectionneur avisé… L’étage n’est pas plus éclairé, mais faisons toujours un tour.
Il était indéniable que l’habitation était la propriété d’une riche famille, au vu des images que montrait la caméra, et elle n’avait pas tout pris. L’étage était également vide de personne. À un certain moment, l’écran et le moniteur de contrôle furent zébrés par des parasites et le son fut interrompu par à-coups. Revenu au pied de l’escalier, William fut de nouveau visible et je l’entendis.
— Je crois que madame Ferguson s’est retirée au second étage… Nous allons monter pour la rejoindre.
J’eus comme un mauvais pressentiment et j’allais enjoindre William de renoncer, quand un autre parasite raya le moniteur et coupa le son. Je basculai immédiatement sur de la publicité et demandai à la régie de faire traîner jusqu’à mon signal. Puis William revint.
Depuis le parasite, ma communication fut coupée et je ne pouvais plus parler avec l’équipe, alors que j’entendais tout ce que disait William. Mon appréhension sourde avait monté d’un cran. Je demandai à la régie d’improviser un programme pour le reste de l’émission. J’assistais alors en spectateur impuissant.
— Nous sommes maintenant au deuxième étage… Tiens, c’est curieux, le plancher semble recouvert par quelque chose… On dirait une mince couche de neige… beige. Cela a une consistance de barbapapa, très léger. C’est absolument insolite… Regardons dans les pièces… Il n’y a personne.
Au vu de la couche de… « neige », j’avais senti qu’il y avait quelque chose d’anormal. Cela me rappelait une précédente émission sur les chasseurs de fantôme qui avait montré un truc analogue. Je décidai de dépêcher une autre équipe sur place, en lui recommandant de ne pas monter au deuxième étage ; la communication avec William était toujours impossible.
— La lumière du projecteur commence inexplicablement à faiblir, mais nous allons voir au bout de ce couloir… C’est étrange, j’ai comme l’impression que ce couloir est bien trop long pour faire partie de la maison où nous sommes entrés… je dois vous dire que je ne me sens pas très à l'aise dans cette situation, il y a quelque chose d'irréel, de malsain dans cet endroit… Je distingue comme une forme vague là-bas… On dirait une personne allongée sur un canapé… Peut-être que les personnes sensibles devraient s’éloigner de l’écran… Eh bien, non, je me suis trompé, ce n’était rien… Tiens, j’entends du bruit… Ça semble venir de derrière ce mur… Oh ! Voyez ça… La maison semble se décomposer…
À ce moment, le moniteur fut zébré de parasites, puis la neige de coupure d’émission remplit l’écran, le son fit place au bruit blanc : la transmission fut définitivement coupée.
Le matin, la police vint, passa la maison au crible, mais même avec les moyens employés, on ne trouva personne. Le manoir était vide. On ne revit jamais plus William, ni son caméraman. Ils n’avaient pas pu s’éclipser, la deuxième équipe était sur place, n’ayant pas osé franchir la porte d’entrée, et avait assuré que personne n’était sorti. La porte de derrière était verrouillée et la serrure était rouillée.
Plus tard, après quelques recherches sur l’historique du manoir, il s’était avéré que la dame Ferguson avait vécu dans les années 30. En ce temps-là, l’expansion urbaine avait été très rapide, tellement rapide que certaines infrastructures avaient eu du mal à suivre, notamment les égouts. Les rats avaient alors pullulé dans le quartier et avaient posé problème pendant deux ans. Le quartier était devenu par la suite résidentiel et où chacun s'occupait de ses propres affaires. Anna Ferguson n'avait pas d'héritier et le manoir était resté vide depuis un demi-siècle. Le plus étonnant était la propreté relative des lieux, comme si quelqu'un y habitait et entretenait la maison. On aurait pu penser que des squatters avaient investi les lieux, mais d'une part ils auraient dû laisser des traces, et d'autre part leur nature même les aurait fait piller la maison et la dépouiller de ses oeuvres d'art. Par on ne savait quel sortilège spatio-temporelle, la communication téléphonique de madame Ferguson avait abouti à mon émission, voilà donc pourquoi j’avais eu l’impression d’une communication lointaine. En fait, elle appelait un dératiseur.
Après que la municipalité eût visionné la vidéo intégrale, impressionnée par la disparition inexpliquée de William et de son caméraman, elle décida de démolir le manoir. Elle fit couler une couche de plomb sur l’emplacement, la recouvrit d’une bonne épaisseur de béton, et l’endroit avait été déclaré zone interdite.
Jusqu’à aujourd’hui, je me demande toujours où sont passés William et son caméraman. Ils ont dû basculer dans une dimension que je ne peux et n’ose pas imaginer. Avaient-il rencontré leur destin ? Si c'était une autre équipe, le manoir l'aurait-il avalée ? Toutes les personnes qui ont vu la vidéo, n’ont pu expliquer le phénomène.***
Mais, Rahar, nous ne laisserons pas les lecteurs parvenus jusqu'ici sur leur faim !Mystère et drame non élucidés, ou ... supercherie ?
Deux liens pour découvrir la vérité !
C'était un extrait de Documents interdits, d'Arte ( la 7).
http://www.arte.tv/fr/1252798,CmC=1270156.html
http://videos.www4.arte.tv/fr/videos/les_documents_interdits_11_12_-3449992.html
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Illustrations :
1) Gravure de Mauritz Cornelis Escher, www.postershop.fr
2) Documents interdits, Arte, www.cinetrange.com
3) Bâche de chantier trompe l'oeil, www.flickr.fr
Tags : , william, ferguson, madame, personne
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Commentaires
Bonjour Jill, bonjour Rahar ! Hé hé, bizarre oui et c'est ce qui a attiré Rahar, lui qui a écrit et publié bien des histoires sur ce genre de sujet ! MAIS, il y a un gros MAIS ! Le vrai fond de l'histoire n'est pas celui que Rahar fait malicieusement apparaître sur cette page, c'est pour cela les liens ont été rajoutés !
Cette histoire fait partie d'une série télévisuelle de 13 du même type, ayant un but qui n'est pas celui de nous laisser plonger dans la terreur ou l'épouvante ! Jean-Teddy Filipe est l'auteur de cette série, qui voulait insister sur le pouvoir de la télévision.
Merci beaucoup de ta lecture, Jill, merci Rahar pour le divertissement ! Bises à vous deux.
Je regarde souvent Arte mais je n'ai pas vu cette série de documents. Ton texte est dans le ton et le lien explicite bien cette inquiétude qui vient de celui qui regarde plutôt que du document lui-même. Notre imagination au travail en quelque sorte. Belle fin de journée
Une histoire surprenante ! Merci Rahar ! Je n'ai pas vu cette série sur ARTE, dommage car elle semble très intéressante !
Bonne soirée Léna - gros bisous
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Bonjour Rahar, bizarre autant qu'étrange oui... Il y a sur terre des mystères inexpliqués et celui-ci en est un... Merci Lena, merci Rahar... Bon W-E à vous deux ! Bizzz jill