• Epitaphe, titre éponyme - Lenaïg

    Enclume - KankaAnvil02
     
     
      
    L'esprit ailleurs, sentant lui planer au-dessus l'épée de Damocles, ou la menaçante enclume de certains dessins animés, la nuque frôlée par le nez crochu et puant comme un cloaque d'une marionnette croquemitaine prête à lui asséner un baiser empoisonné, abattue en fait par la perspective d'avoir à suivre un régime alimentaire sévèrement restrictif où le suave n'aurait que très peu de place, la narratrice triturait distraitement sa longue tresse blonde en tentant pour la énième fois de remplir sa page d'un quelconque texte qui inclueraient tous les mots de la liste de la semaine pour le jeu d'écriture qu'elle affectionnait ...
     
    Allait-elle y renoncer ? Ce serait bien la première fois. Non ! Il fallait s'accrocher, sinon ce serait aussi le commencement de la fin, le craquèlement de la mince cuirasse de confiance en elle dont elle disposait. Comment transformer les diverses notes gribouillées sur son agenda ou les petits mots vite jetés à la poubelle en quelque chose qui tiendrait la route, qui intriguerait ou amuserait, ou les deux à la fois ? Elle trouvait cette fameuse liste bien gratinée ce coup-ci, mais elle avait assez atermoyé. Ce n'était tout de même pas la mer à boire et on ne lui demandait pas de grimper au mât de misaine pendant la bourrasque ! Elle aurait dû rendre sa copie mardi si l'inspiration, souvent délicieusement tentaculaire, avait été au rendez-vous, mais on arrivait au samedi ... Huit jours qu'elle avait pris connaissance de ces mots, qui la narguaient et dansaient dans sa tête quand elle marchait dans la rue, cherchant d'autres mots afin d'obtenir des vers rhopaliques !
     
    Au fond c'était amusant de compter les lettres des mots en essayant de les aligner pour que l'ensemble prenne du sens, mais avant qu'ils ne deviennent une mélopée qui l'obsèderait, l'heure était venue de les fixer sur l'écran de l'ordinateur. Mine de rien, depuis qu'elle avait commencé la frappe, dans l'urgence, son fardeau se faisait moins pesant car il ne lui restait plus sur les bras que trois mots à caser ! Alors, elle allait faire entrer en scène -enfin, façon de parler- un personnage en uniforme à double rangée de boutons, qui ne pouvait être que la quintessence de l'héroïsme et de la fraternité, puisqu'il lui fut dédié cet éponyme du titre, rhopalique :
     
    A un ami vrai,
    Notre borgne rugueux capitaine,
    Courageux combattant,
    Salutations fraternelles.
     
    Pour un peu je m'émeuvrais ! De qui s'agissait-il donc ? Nelson était borgne, si mes souvenirs sont bons, mais il était amiral, pas capitaine ! Un personnage inventé, vision personnelle bâtie peu à peu en comptant les lettres des mots, de une à douze ! Qu'on ne me reproche pas l'humeur sombre de ce court billet, qu'on reconnaisse que le mot épitaphe ne prête pas spécialement à rire et qu'on veuille bien m'excuser d'avoir placé en premier un mot de la liste qui ne sentait pas la rose. Si je n'ai pas bien saisi le sens du mot rhopalique, on sera gentil de me le préciser, au cas où par chance pour moi, on venait à me lire. Mais rose ma propre humeur se fait, j'ai terminé !
     
    Lenaïg,
    pour le jeu des Mots ... tion du magazine L'Esprit de la lettre,
    sur facebook (Dominique Bar et Freddie Sailor).
     
     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 19 Mars 2011 à 08:27
    stellamaris

    C'est plein de vie, j'aime beaucoup Lénaïg ! Bises.

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    2
    Samedi 19 Mars 2011 à 08:48
    jill-bill.over-blog.

    Bonjour Lena, excellent comme tjs, deux mots que je découvre...  Rien ne te reste sur les bras !  Bisous de jill 

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