• Défi des Croqueurs n° 81 chez Jeanne Fa Do Si : Enfants, enfance - J'ai fini, ça y est ! - Lenaïg

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    Il subsiste une loi en France qui interdit le pantalon à la gent féminine, une loi surannée que les féministes s'emploient actuellement à faire disparaître. Bon, d'accord, elle n'est pas appliquée mais on ne sait jamais, vive la liberté ! et il est bon qu'elle soit supprimée. En y pensant, j'évoque avec amusement le défilé sur le fauteuil de Laurent Ruquier dans son émission tardive On n'est pas couché de samedi dernier sur France 2, de trois figures féminines connues du monde politique français lancées dans la bataille électorale en cours : Rachida Dati, Marielle de Sarnez et Clémentine Autun.

     

    Rachida, juchée sur d'invraisemblables et vertigineux talons très très aiguille, en chemisier bleu pâle sage et superbement ajusté, Marielle toujours chic mais aussi garçon manqué, veste antracite ceintrée, chemisier bleu marine dessous, soquettes grises et basket kaki à lacets blancs, Clémentine en petite veste rouge et chemisier blanc, escarpins plus ronds et talons haut pas du tout menaçants, toutes trois portaient le pantalon, celui à jambes étroites qui fait fureur chez les femmes, qu'il soit jean ou en autre toile.

     

    Oh, j'ai bien écouté ce que nos dynamiques porte-paroles de trois tendances significatives déclaraient mais, comme pour les présentatrices de la météo à la télé, nous, femmes, nous aimons détailler leurs tenues vestimentaires et je dois avouer qu'en ce qui concerne la météo, je suis très souvent trop distraite par leurs tenues et la grâce étudiée qu'elles montrent dans leur gestuelle expliquant les cartes pour prêter oreille attentive au temps qu'elles nous annoncent ... La championne de ce ballet météo, est, ce me semble, Evelyne Déliat (d'ailleurs son homologue masculin, sur la même chaîne TF1, me paraît avoir tout appris d'elle en ce domaine).

     

    Oups, c'est vrai, ne pas faire long a demandé Jeanne ! Et moi qui digresse avant même d'être entrée dans le vif du sujet ... J'y viens, juste le temps encore de me remémorer les hommes en jupes des pittoresques collections de Jean-Paul Gaultier qui, ma foi, doivent également se trouver hors-la-loi mais pourtant peuvent avoir fort belle allure ! Oh, et au passage, c'est Gaultier qui va habiller notre candidate au Concours eurovision de la chanson, Anggun, comme il habillait Yvette Horner avant qu'elle ne prenne sa retraite bien méritée, un régal pour ceux qui aiment la fantaisie. Même si je ne suis pas le concours, je serai contente de voir le résultat, de la tenue veux-je dire car le résultat du concours, c'est connu d'avance, rien pour la France, la majorité des gens des nouveaux états de l'Est  ne votent plus pour la qualité des chansons mais pour leur pays ou leurs voisins, ce n'est pas bien mais je n'y attache pas grande importance.

     

    Oui, oui, la gravure de mode à commenter ! Cette gravure de mode enfantine, un regard hâtif nous y fait voir une fillette jouant sur un tapis, sa poupée auprès d'elle. Que nenni ! Un coup d'oeil aussi sur la légende tout en bas nous détrompe bien et là, comme je m'étais mise un peu à rimer pour commencer à relever le défi de Jeanne, je livre simplement les premiers vers de ce début interrompu :

     

    Que voit-on sur cette image ?

    Une fillette bien sage ?

    Qu'on fasse bien attention

    Car c'est un petit garçon !

     

    Et pourquoi n'ai-je pas continué à rimer ? Parce que ce que j'écrivais me semblait pompeux, artificiel et non avenu ! Et j'avais envie de m'exprimer en prose, je n'allais pas m'en priver !

     

    Cette gravure de mode enfantine est datée de 1870, l'année de la défaite de Sedan contre les Prussiens, l'année où l'empereur Napoléon III a dû partir en exil en Angleterre et où la IIIème République s'est installée ...

    A cette époque, comme la légende de la gravure nous renseigne à ce sujet, les enfants, garçons et filles en âge de ramper sur les tapis, portaient la robe ! Mais comme on peut le constater, cette robe pour petit garçon est dénuée de fioritures, confortable, galonnée, rappelant un peu les dignes robes de chambre à revers de soie et croisées des messieurs sérieux, devenues intemporelles. Le côté masculin est déjà marqué : point de dentelles ni de frou-frous ! Et ce petit garçon de la gravure, a échappé, de justesse sans doute, aux cheveux longs et au passage du fer à friser pour discipliner ses jolies boucles.

     

    Maintenant je me rappelle que mon grand-père aussi s'est vu infliger ce genre de robe, qui plus est jusqu'à l'âge de cinq ans au moins. Il en était furieux, il voulait qu'on l'habille en garçon et sa mère a tenu bon ! Je crois même qu'il avait aussi des cheveux bouclés longs. Comme il fut content le jour où on décida enfin qu'il pouvait se vêtir en "monsieur", enfin déjà en petit garçon et avoir une coupe de cheveux de garçon !

     

    Merci beaucoup à Jeanne (clic !)

    de nous avoir offert un si joli trésor de sa collection ! Pour les amateurs de fantastique, on pourrait imaginer qu'il s'en passe des choses sur ce tapis, enfin dans la tête de ce petit garçon, manifestement en train de se construire un monde à lui en observant les motifs du tapis ... Et si on observe bien la poupée, n'a-t-elle pas un air inquiétant ? Déterminé, comme si elle vivait ... Bizarre, qu'elle tienne ainsi serré dans sa main un long ruban qu'en poussant un peu on pourrait déjà voir préparé en noeud coulant ... Puis-je profiter de l'occasion pour conseiller aux amateurs deux nouvelles de Stephen King intitulées Le Singe et Le Chenal, qui se suivent, parues en Librio ? Mais il ne faut pas craindre d'avoir froid dans le dos !

     

    Nul doute que le petit garçon de la gravure n'est pas quitté des yeux par des adultes aimants et qu'il ne lui arrive rien de fâcheux, d'autant plus qu'il n'est qu'un dessin ! Et la poupée, en fait, est là pour mettre aussi l'accent sur ce tapis d'enfant, qui est à vendre, tout comme le patron de la robe de petit garçon ! Le tapis d'enfant n'est pas destiné qu'aux petits garçons, c'est à mon avis ce que signifie la présence de la poupée ! Avant de terminer, je soulignerai que je n'ai absolument rien contre les petits garçons qui veulent jouer à la poupée, ni contre les petites filles qui aiment les autos et les camions de pompiers miniatures !

     

    Lenaïg

     

     

    Et un accompagnement musical ?

    Les paroles sont de ... Victor Hugo (vrai !).

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Lundi 14 Mai 2012 à 12:17
    jill-bill.over-blog.

    Oups Lenaïg, on en a pour ses sous ici !!!!  Un vrai défilé.... Merci à toi....  J'ai bien aimé te lire.... Bises de jill

    2
    Lundi 14 Mai 2012 à 12:41
    Jeanne Fadosi

    une image qui t'as bien inspirée ... robe de chambre sans doute et confortable tu as raison. pendant que les grands "jouaient" à la guerre.

    bien vu le tapis pour tous les genres

    merci de cette agréable fantaisie pleine de sagacité et de sagesse

    bises et belle journée

    3
    Lundi 14 Mai 2012 à 13:51
    mamazerty

    j'adore cet  article en escaliers, on y suit très bien ta pensée, enfin, ton parterre de pensées, LOL...et oui en 1950, petits garçons encore à cheveux longs,entré à l'école des soeurs, s'est fait scalpé (le père d ema fille) par une nonne irrespectueuse, le lendemain, sans ses boucles inscrit dans le public!!!!

    j'ai trouvé çà chez google (tu en auras fait autant peut être)

    http://barboteuse-culotte-courte.over-blog.com/

    en ce qui me concerne, je pense que dans les classes laborieuses c'était une question d'économie, vêtements insexués jusqu'à 8/10 ans passaient d e l'un à l'autre sans souci de sexe de la personne, le dernierd e la lignée avait moins de chance que le premier....ensuite les rôles étaient déterminés par sexe socialement et du coup les vêtements marquaient la différence, sans parler que physiologiquement çà finissait par s'imposer.... quand on voit nos rois si querelleurs avec leurs ors, leurs rubans et dentelles, on n'a pas l'impression que leurs vêtements si atourés les féminisent forcément ou les empêtrent beaucoup...(bon, pour certains,si,et à raison!)...alors pourquoi pas la jupe pour les hommes, pas mini SVP....perso un beau jeune type bien fichu en hakama,mi jupe mi pantalon, c'est un beau jeune type bien fichu....mais je m'égare...les hormones je pense....bisous

    4
    Lundi 14 Mai 2012 à 14:18
    Hauteclaire

    Quelle verve Lénaïg, pour suivre le cheminement de la mode enfantine, avec son aspect pratique comme le souligne Mamazerty. J'ai croisé quelques garçons en jupe au moment de la mode Gauthier, et ils ne perdaient rien en charme.
    D'ailleurs pour continuer sur ce terrain (glissant ?) je dirais qu'en tant que femme, quand il y a des cheveux (oups) vive les longueurs ! Marre de ces têtes de bagnards !

    Mais je m'égare aussi.
    Je ne connais pas ces deux nouvelles de S. King ... Je vais faire des recherches ! Moi, c'était camions avec les cousins

    Gros bisous, merci pour ce moment de belle humeur

    5
    Lundi 14 Mai 2012 à 14:19
    Monelle

    Le moins qu'on puisse dire est que ce dessin t'a drôlement inspirée. J'ai bien aimé ton billet qui développe beaucoup de choses sur ce dessin et fait remonter des souvenirs (ton grand-père, par exemple) !!

    Bon début de semaine - gros bisous

    6
    Lundi 14 Mai 2012 à 14:52
    Plume

    De fil en aiguille, tu as fait le tour de pas mal de questions ... les conventions, l'air du temps, le lâcher-prise par rapport aux préjugés, la liberté d'assumer ses choix ...

    J'aime bien te lire, et découvrir le regard que tu poses sur l'histoire, les cultures et la société .

    Merci Lenaïg, bonne journée !

    Bisous, Plume .

    7
    Lundi 14 Mai 2012 à 15:15
    Clio48

    Hé bien , tu en as des choses à dire et c'est tant mieux !

    C'est sûr que bien des habitudes ont changé .

    Quand j'étais instit , le pantalon était strictement interdit !!

    On aurait donc préféré une robe très très sale à un pantalon super propre et bien repassé !! Nous avons dû longtemps lutter pour enfin avoir le droit de porter un pantalon  pour donner cours ; jeans , la bataille fit rage !! Mais arriver avec une jupette "ras-du-cul" , là , rien à dire    !!

     

    Quant au texte lui-même qui parle du petit garçon , nous avons presque eu la même idée   .

     

    En bref , j'ai tout lu avec grand plaisir !!

     

    Bisous et bonne semaine .

     

    8
    Mardi 15 Mai 2012 à 08:27
    unsoirbleu

    C'était long, mais vraiment bon ! Bravo !

    9
    Mardi 15 Mai 2012 à 09:43
    Lolita

    Bonjour,

    J'avais peur de me lasser de votre écrit avant d'arriver au bout, mais j'avoue avoir bu votre prose écrite avec fluidité, j'ai appris des choses intéressantes et regardé l'image d'une autre façon. Merci.

    10
    Mardi 15 Mai 2012 à 14:09
    flipperine

    une jolie gravure

    11
    Mardi 15 Mai 2012 à 14:53
    mansfield

    Un bel exposé sur la mode et au delà sur la ressemblance hommes femmes, adultes d'aujourd'hui, et garçons, filles chez les enfants d'autrefois. Merci pour cette jolie chanson.

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    12
    DI le
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:33
    DI															le

    Il est intéressant ton article Lénaïg. En passant par les goûts vestimentaires de dames politiques et de Miss Météo de France, tu nous ramènes à l'époque de ton grand-père qui portait la robe par obligation, comme ce petit garçon qui s'amuse sur ce tapis où la poupée ne semble pas l'intéresser. C'était la mode. De nos jours, il me semble que ce ne serait pas possible que cette mode revienne dans les pays occidentaux. Mais sait-on jamais, la mode a un cycle qui tourne, tourne et tourne. 

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