Par le précieux vélo de l'amiral Brunô link, me voici en train de plancher sur le sujet que j'ai moi-même choisi, de faire mon devoir de vacances pour reprendre le commentaire malicieux de Dan link, un autre pro du vélo et … bouououh, rien ne vient !

 

Bon, j'exagère, je veux faire ma comique ! Si si, j'en ai de la matière. Maintenant il me faut malaxer ce magma d'idées, le mettre sur un tour de potier, me transformer en souffleur de verre pour obtenir … un joli vase, si possible, puis le garnir de fleurs qui réjouiront l'œil … Hum, pas gagné ! Je me jette donc à l'eau, en imaginant, pour m'encourager, que je plonge dans les rouleaux rarement méchants mais si amusants d'une plage de la Presqu'île de Crozon (ce que je n'ai pas encore réalisé cet été …).

 

Et je repense d'abord au vol de mon sac de voyage, dans mon quartier, le jeudi précédant la Toussaint de l'an dernier, avant 7 h 00 du matin et avant que j'aie eu le temps de m'engouffrer dans le métro pour Montparnasse … Un grand gaillard pas malin m'a sauté dessus, sans doute pensant avoir trouvé la poule aux œufs d'or, lorsque je passais sur le trottoir ; il m'a ceinturée ; je me suis défendue ; pas le temps d'avoir peur ; comme je ne lâchais pas prise, il m'a asséné trois coups sur la tête, mais mon beau nouveau chapeau que j'arborais fièrement, m'a sauvée, tel un casque protecteur !

 

Alors, il s'est écarté et a tiré de toutes ses forces sur mes sacs : ma besace que je portais à l'épaule et mon sac de voyage à grande bandoulière que j'avais mis en travers ! Il n'aurait sans doute pas imaginé que je tirerais moi-même de toutes mes forces décuplées par la colère ! Il a réussi à avoir le sac de voyage, mais pas ma besace, car je tirais bien ! Il a détalé comme un lapin, s'est même pris un sérieux gadin sur le trottoir au loin, ayant piétiné la longue bandoulière qu'il avait gardée en main ! Je vociférais comme un putois (mais pourquoi dit-on cela, au fait ? On dit même "gueuler comme un putois" … Déjà qu'on leur reproche leur odeur, pauvres bêtes !) et je me savais incapable de courir vite dans mes ballerines un peu grandes mais confortables comme des chaussons ! D'ailleurs, c'était préférable de ne pas le rejoindre car, bien que sonné trente secondes, il s'était ressaisi et avait réussi à disparaître à gauche au carrefour … Furieux, il m'aurait peut-être tuée, si je l'avais rattrapée … Est-ce utile de préciser que les quelques témoins, eux, marquant juste un bref arrêt pour regarder, ont poursuivi bravement leur chemin, comme de rien ? Ma besace, je constatai plus tard que la lanière en avait souffert mais mon ours sut me la réparer !

 

Le sac de voyage, en lui-même, ne valait pas grand-chose, mais je le trouvais très pratique. Ce qui était dedans, en revanche, c'était une autre paire de manches ! Entre autres, mes verres de contact (qui ne pouvaient servir qu'à moi !), deux ou trois bijoux auxquels je tenais beaucoup (mais si peu d'or et pas de diamants), une petite trousse de toilette et quelques vêtements seulement car j'allais chez ma maman et j'y ai du change dans ma commode là-bas, et surtout, mon cahier en cours, celui sur lequel j'avais un certain nombres d'idées non exploitées … Grrr ! Je filai à Montparnasse, tremblant après coup sur ma banquette de métro, me précipitai à l'antenne de police de la gare, y trouvai un accueil chaleureux, ri même avec l'agent qui me reçut lorsqu'il remarqua : "Déjà à pied d'œuvre à cette heure-là !". Je déclinai l'assistance psychologique à la victime que j'étais et pris mon train une heure après. Je sentis aussi le ton désabusé avec lequel l'agent me déclara : "nous vous tiendrons au courant dès que nous aurons du nouveau" …

 

Lorsque j'arrivai chez Maman, j'avais eu le temps de récupérer mes esprits dans le train et décidai de changer le drame en farce. Je laissai Maman s'étonner de mon peu de bagages et lui déclarai : Hé oui, en vieillissant, je voyage de plus en plus léger !"

 

Et "voyager léger", c'est effectivement mon rêve ! Ma vieille valise à roulettes ayant déclaré forfait après avoir bien bourlingué, je me suis offert, depuis, le grand luxe -pour moi- d'une valise gris perle à quatre roues, celle qui roule tranquillement debout à côté de vous, comme un animal familier, qui vous devance presque dans les pentes et qui se fait très légère si vous devez la soulever !

 

 

 

 

 

Puisque je parle de Maman, grande touriste voyageuse, bien plus que moi depuis sa retraite, quelques anecdotes nous font rire encore à propos des bagages qui sont supposés nous suivre … et ne le font pas forcément ! La valise à roulettes de Maman, elle la reconnaît de loin, l'ayant décorée de signes bien visibles … Un jour que nous revenions d'Angleterre (car là, j'étais du voyage), du hublot dans l'avion qui allait décoller pour la France, Maman (disposant depuis toujours d'une excellente acuité visuelle) a eu la stupéfaction de voir sur un chariot sa valise qu'on allait embarquer dans l'avion pour … Jersey ! Elle a eu beau essayer de prévenir, on lui a répondu de ne pas s'inquiéter, que tout serait certainement réglé avant le départ … Hé non, sa valise n'était pas à l'aéroport de Guipavas, elle avait raison ! Ce n'est qu'une semaine après que la fameuse valise a pu être récupérée et nous nous sommes toujours demandé où était l'intérêt d'avoir fait faire un détour par Jersey à un tas de linge à laver et une bouteille de whisky Glenfiddish destinée au cousin Jean (à cette époque-là, on n'en trouvait pas encore en vente partout !). Heureusement que les petits cadeaux ou autres choses précieuses ne voyageaient pas dedans …

 

Encore plus fort ! Toujours avec Maman, nous avons fait un tour d'Ecosse enchanteur, mais nos bagages ne nous ont pas suivi ! A l'arrivée à Edimbourg, tout notre groupe attendit près du tapis roulant, en vain ! Rien de tel pour rapprocher des gens qui ne se connaissent pas et la Compagnie aérienne responsable nous fournit à tous un kit pour une nuit : grand T-shirt, nécessaire de toilette, d'après mes souvenirs … Le lendemain soir, on nous demanda d'attendre avant le dîner, nos bagages allaient enfin arriver … Maman, soit défaitiste soit habitée par une sorte de préscience, me marmonnait : "tu vas voir, ils seront tous là, sauf ma valise !" J'en riais, mais, hélas, elle avait raison ! Il fallut encore trois jours avant que sa valise lui soit rendue ! La Compagnie responsable -et peut-être pas coupable, on était en alerte rouge pour le terrorisme- arrangea quand même les choses : Maman eut le droit d'aller faire les emplettes qu'elle voulait avec la garantie que la Compagnie paierait ! Nous passâmes ainsi quelques bons moments de shopping, Maman n'en abusa d'ailleurs pas et la Compagnie fit bien ce qu'elle avait promis ! Je redis encore bravo à ma mère de n'en avoir pas fait un drame, de s'être intéressée comme si de rien n'était aux excursions, elle, la plus âgée de nous tous, alors qu'elle était mal remise d'un lumbago et que la disparition de Papa n'était pas très loin dans le temps …

 

Bon, ne faisons pas trop long ! Pour préparer un départ, je suis de celles qui font leurs bagages à la dernière minute, la valise ou le sac n'est sorti que la veille ! Seulement, j'ai un secret, de paresseuse : sur ma table de nuit, quelquefois trois semaines ou quinze jours avant, j'ai un calepin et le soir, sous la couette, je note ce qui me passe par la tête, ce que je souhaite emporter … Je lâche mon livre ou mon sudoku dès qu'il me vient une idée ! Et la recette me réussit plutôt ! La veille donc, prise par la frénésie de l'urgence, je fais enfin mes bagages ! Au fond, je ne suis peut-être pas si paresseuse que cela, car ce n'est pas la veille que j'ai fait tourner ma machine à laver pour avoir propres les vêtements que je veux emporter, ni pour faire quelques dernières emplettes …

 

Et pour finir, un petit peu de magie ? Comme Cap'tain Tricôtine link a son Néon, moi j'ai Fée Dodue, mon personnage, mon double qui ne me ressemble pas, la fée aux longues boucles rousses, au joli minois tacheté de son, aux yeux verts, ma fille éternellement jeune comme Tintin, est passée me voir hier soir ! Son fils est né ! Mais, chut, ça c'est une autre histoire ! Alors, nous avons passé un bien doux moment car, après m'avoir donné des nouvelles secrètes de Marie-Louve en vacances avec sa famille sur une grande île, et de Di au vert dans son chalet, elle m'a fait ma valise imaginaire. Voyons, voyons, que m'a-t-elle mis dedans ? De jolies robes fleuries comme elle les affectionne, qui font taille fine quand on les met, qui font sautiller plutôt que marcher, qui donnent envie d'aller danser ! Une cape d'invisibilité, comme celle de Harry Potter, pour aller explorer le passé et qu'en cas de danger, personne ne me voie car ma différence me ferait vite proie ! Une moustiquaire extraordinaire, qui enveloppe sans en avoir l'air et partout, protégeant des piqûres pour des incursions en Amazonie et pour passer de bonnes nuits ! Un appareil photo à viser dans les coins ! Un transmetteur d'infrasons, pour capter les conversations des troupeaux d'éléphants au Kenya, même si on ne les comprend pas !

 

C'est pas tout, de rêver, je vais bientôt en avoir une à faire toute seule, de valise et je ne dois absolument pas oublier de glisser dedans le gros livre de poche pavé Millenium II, que j'ai promis d'apporter à une amie qui a probablement terminé de dévorer Millenium I ! Ni mon maillot, pour un héroïque et unique (?) bain de mer ! Qu'est-ce qu'une petite valise à remplir, pour quelques jours d'évasion encore avant la rentrée !

 

 

Lenaïg

 

 

 

 

 

Illustrations :

Pancartes à la Pointe de Corsen dans le nord du Finistère, photos persos.

Valise baroudeuse et drôle d'avion, photos du net (références dans Album Fantaisies 5).