• A la belle étoile - Lenaïg

    Conque, ordi et ciel étoilé edited
     
     
    Ah ! Dormir parfois à la belle étoile en été, ne pas rester cloîtré ... Est-ce devenu un rêve inaccessible, un plaisir qui ne subsiste que dans la lecture de carnets de souvenirs ?
    Quand la jeunesse s'est enfuie, que le miroir, sans révéler forcément un visage ou une silhouette dignes du musée des horreurs, n'est pas le seul à faire comprendre que le corps est fatigué, qu'on ne peut soutenir le rythme d'un plinn ou d'un kost ar houat pendant les cinq à sept minutes au moins que durent ces danses et qu'on ne reste pas au fest noz jusqu'à l'aube, pour éviter le risque de cassure d'une hanche, par exemple, il faut apprendre à s'aimer quand même, sans considérer la vieillesse en progression comme une déchéance.
     
    Par loyauté envers son corps, il faut ainsi renoncer à certaines aventures, comme celles de rester passer la nuit sur une plage dans son sac de couchage ou, lorsqu'on voyage en voiture, à s'arrêter le soir à proximité d'un village sans chercher d'hôtel pour dormir dans un champ. Sinon, au réveil, bonjour les courbatures, salut les rhumatismes. ! Sans compter que la pollution n'a fait qu'empirer ; qu'il ne ferait pas bon tenter l'expérience à St Michel en Grève, lieu auquel on ne décernera pas de lauriers, même si beaucoup d'efforts sont réalisés sur place contre l'invasion : les algues vertes y sont reines, au point d'avoir intoxiqué un cheval jusqu'à la mort.
     
    Le problème ne date pas d'hier. Lorsque mon Ours et moi nous roulions vers le Finistère de très bon matin dans la brume au mois d'août 1996, une odeur pestilentielle pénétra par effraction dans l'habitacle : la route longeait St Michel en Grève, la marée devait être basse et de gros paquets d'algues vertes étaient en train de se décomposer. Nous n'en sommes pas morts et je me souviens que nous croisâmes deux hommes qui pratiquaient leur course à pied matinale, bravant la brume et la puanteur.
     
    Mais donc, quand on a soufflé plusieurs fois plus de cinquante bougies à son anniversaire, si l'on ne s'est pas spécialement ni obstinément entraîné, ce n'est pas raisonnable d'envisager un exploit tel que le parcours du GR20 en Corse ni le pélerinage à St Jacques de Compostelle ! S'entretenir par la marche, à son rythme, certes, ou par la natation, ne pas se contenter d'écouter le bruit du ressac dans une quelconque conque (petit exercice de prononciation : répéter trois fois rapidement "quelconque conque" sans se tromper) -à condition qu'on ait une conque à portée de main, tout en devenant de plus en plus gros, enfoncé dans son fauteuil favori !
     
    Et si on dort maintenant mieux dans un lit qu'à la belle étoile, après un minimum d'exercice physique, rien n'empêche de dîner avec appétit sous la ramure, quand le temps le permet, en sirotant un nectar et en trinquant à la lune et à toutes les étoiles. Une fois rentré, si le sommeil n'en décide pas autrement, on s'installe devant son ordinateur pour un rendez-vous virtuel avec des amis de tous les pays, pour continuer à bâtir un monde joyeusement apatride, qui dépasse et transcende les frontières.
    ***
     
    Lenaïg, pour L'Esprit de la lettre du 20 juillet 2010 sur facebook (mots imposés en gras).
     
    Illustration : Lenaïg aussi ! Joyeux et hâteux (!) bricolage, montage (même pas collage) réalisé dans la foulée et l'euphorie du plaisir d'écrire.
     

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Mercredi 21 Juillet 2010 à 11:11
    rouergat

    Bonjour Lenaïg

    le texte sur la cinquantaine est super, la chanson qui l'accompagne est encore, encore,  encore bien plus âgée.

    Pour moi la cinquantaine n'est plus qu'un lointain souvenir, mais le moral est toujourds bon

    Amitiés

    2
    Mercredi 21 Juillet 2010 à 13:34
    Parisianne

    Bonjour Lenaïg, ah dormir à la belle étoile un rêve que l'on ne peut réaliser en région parisienne, lumière et pollution cachent les plus belles étoiles... Belle prestation pour placer ces mots dans un texte un brin cynique ! Bravo.

    Bonne journée

    Anne

    3
    Jeudi 22 Juillet 2010 à 16:20
    marie-louve

    Un texte taillé au scalpel qui nous ouvre le regard sur la sale réalité qu'est devenue notre planète. Quand on y ajoute les contraintes du corps et de son vieillissement, mieux vaut se retourner vers les étoiles qui brillent malgré que la pollution des villes ne nous les cache pas trop encore. Vois-là un texte 5 étoiles ! :-)))

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    4
    jlll bill
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:53
    jlll bill

    Bonjour Lena.... Discours de la vieillesse à son départ, la cinquantaine demande en effet plus d'écoute de son corps...Les vacances à la bohème, bonjour les rhumas... Tu l'as bien descendu ce texte aux mots imposés... J'suis comme toi cinquantenaire  en son milieu et ta fin de texte me va comme un gant...  Merci pour plyson jour du poil... actu insolite bonne pourvoyeuse !  Bisous lenaïg

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :