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Zigue et Stache
Suite à : "Un chien incertain" et "Le chat d'en face".
Zigue somnolait, couché près de son maître. Ce dernier était à son bureau et le cliquetis du clavier allait bon train. Zigue venait de rentrer de sa promenade hygiénique, au cours de laquelle il n'avait pas recueilli de souvenirs olfactifs marquants, rien que de vieilles signatures de copains occasionnels dans le terrain vague où il satisfaisait ses besoins et où sa truffe opérait sa lecture à lui des nouvelles du coin. L'air dehors était froid de toute façon et la neige avait cessé de tomber depuis deux jours, mais Zigue avait senti que ce n'était que partie remise. La terre encore gelée brouillait ou effaçait toute piste.
Zigue avait l'air de dormir, mais au moindre mouvement de son maître, il ouvrait les yeux pour surveiller ce qui se passait. Là, ce furent ses oreilles qui se dressèrent et s'orientèrent dans la direction de la boîte appelée téléphone, que son maître décrocha au bout de deux sonneries. Cet étrange objet au bout de son fil, le maître avait l'air d'y tenir, aussi Zigue s'y était-il intéressé de plus près qu'aux autres appareils clignotants, scintillants, lançant des images ou produisant des éclairs.
Son voisin le chat lui avait d'ailleurs fait part de sa perplexité au cours de leurs échanges mentaux. Le chat, lui, ressentait de l'agacement envers cette petite boite parlante d'où sortaient des voix humaines qu'il reconnaissait mais qui n'avait aucune odeur propre aux humains en question. Son maître se collait cette boîte à l'oreille et se mettait à parler comme si la personne dont la voix se faisait entendre était bien présente dans la pièce. Dernièrement, lui avait révélé le chat, alors que son maître et lui savouraient un moment de détente dans leur fauteuil préféré, en l'absence de la dame des lieux, cette satané boîte avait sonné. Le maître avait commencé à s'agiter, tout content, dérangeant le chat sur ses genoux. En plus, il lui avait mis la boîte près de son oreille à lui !
Le chat avait frissonné d'inquiétude et d'incompréhension ; la boîte l'appelait, lui ! "Stache ! Stache !" en prenant la voix de Martine, la femme de Bernard. Le chat avait suffisamment entendu ces prénoms pour les retenir. Martine était absente depuis plusieurs jours et nuits ; Stache l'aimait bien, elle aussi, il appréciait ses mains douces et ses yeux pétillants et gentils mais … elle n'était pas là ! Il ne commit pas l'erreur de renifler l'appareil cette fois, pour ne pas être vexé de voir Bernard se moquer de lui. Il voulait bien lui passer toutes ses fantaisies, à Bernard, mais il ne fallait pas le prendre pour un imbécile !
L'appareil qui lançait des éclairs, en revanche, le chat Stache le supportait. On lui demandait de ne pas bouger, on lui disait qu'il était beau, on avançait l'appareil vers lui, un petit clic, un petit éclair et tout le monde était satisfait !Maintenant, Zigue aurait cédé un bel os à moelle pour que son propre maître lui tende cette petite boîte qui, cette fois-ci, restait muette alors que l'homme était en pleine conversation.
Il était arrivé que des sons sortent de la boîte et c'était ainsi que Zigue avait retenu le nom de son maître : Sébastien. En reposant la boîte, Sébastien, qui avait l'air excité et tout heureux, remarqua l'attention que Zigue portait à l'opération. Zigue fut gratifié de bonnes gratouilles derrière chaque oreille et Sébastien lui expliqua … enfin !"Ah, mon Zigue, on va aller voir Mirella ! Demain ! Toi et moi ! Tu l'aimes bien aussi, hein : Mirella ? On montera dans l'auto et hop, finie la neige, à nous les courses au bord de la mer, à toi les roupillons au coin du feu de cheminée !"
Zigue ferma les yeux de bonheur. Il entendait déjà le feu crépiter et sentait les embruns. Mirella était une femelle humaine qu'il commençait à connaître. Il chassa momentanément son envie d'en apprendre plus sur ce téléphone mystérieux pour ne retenir que les mots délicieux "Mirella" et "demain", prémices de bons moments hors de la routine.
Lenaïg
Image : greluche.info/coloriages, Vil Coyote.
Tags : zigue, maitre, boite, chat, stache
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Commentaires
1StellamarisJeudi 11 Février 2010 à 18:55Répondre2marie-louveVendredi 6 Juillet 2012 à 08:57
Je comprends Zigue et son maître qui rêvent de courir loin de l'hiver en se retrouvant au bord de la mer... :-))) Bravo Léna! J,ai hâte de lire la suite. Bisous et soupìère à café pour me faire passer du froid au chaud ! :-))))3Mona lVendredi 6 Juillet 2012 à 08:574marie-louveVendredi 6 Juillet 2012 à 08:575marie-louveVendredi 6 Juillet 2012 à 08:576Mona lVendredi 6 Juillet 2012 à 08:57
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