• Sabine et Freddie - Lenaïg

    developpementdurable

    Freddie :

    Alors, ma reine de la caféomancie, ma parapsychologue préférée, tout est prêt pour recevoir ta première cliente ?

     

     

    Sabine, fébrile :

    Je ne sais pas, Freddie, j'ai le trac ! Quatre clients jusqu'à midi ! Il y en a déjà deux assis dans la salle d'attente et leur proximité me fait voir et sentir déjà tant de choses à leur sujet … Je connais leur apparence à tous les deux avant même de les avoir rencontrés. Leur généalogie à chacun a défilé devant moi, leur passé ne m'est plus inconnu.

     

    J'ai, en plus, fait un bond dans le temps et … cet homme qui attend, lui aussi, derrière la porte, un personnage ambitieux à qui maintenant tout réussit … je sais qu'il va se relâcher, s'encanailler, devenir la négation de lui-même, un clochard !

     

    Pour la femme, je suis plus rassurée : elle n'a qu'un jeune fils et celui-ci m'est apparu en ténor donnant une représentation très applaudie au Capitole de Toulouse. C'est la musique qui va illuminer leur vie. Sur elle, le mauvais sort ne va pas s'acharner.

     

    Je suis consciente que je peux me tromper mais, pourtant, je distingue tout cela dans une si parfaite clarté, que je me fais peur à moi-même ! Rassure-moi, Freddie, je t'en prie : suis-je un monstre ?

     

     

    Freddie :

    Ma Sabine, non tu n'es pas un monstre. Je suis ravi de vivre avec toi et j'ai la conviction que notre am…our n'a rien d'éphémère, depuis le jour où nos chemins se sont croisés dans mon vignoble bordelais.

     

    Moi aussi, j'ai un sixième sens, que je me suis bien gardé d'étaler au grand jour, mais beaucoup moins développé que le tien ; à côté de toi, je balbutie, c'est comme si j'en étais resté à l'alphabet ! Nous avons trouvé ce moyen pour rendre service aux gens et pour que tu en fasses, à juste titre, ton propre gagne-pain. Il faut avancer prudemment, pour commencer.

     

    Du marc de café, un peu de mise en scène, c'est pas grave, Sabine ! Certains ont besoin de décorum, cela leur sert de bouée dans ce monde de la divination, où sévissent d'ailleurs tant de charlatans. Laissons planer l'ambiguïté : parmi les clients, il y en qui vont venir sans y croire vraiment, tout en voulant y croire !

     

    N'oublie pas que le cours des événements est un enchaînement de petits faits qui peuvent être changés, le libre arbitre existe et les chemins possibles sont toujours au moins deux. Ne dis que l'essentiel, chasse de ton esprit toute vision indésirable et dont la révélation ne pourrait que leur nuire dans le présent. Sens ce qu'ils sont capables de supporter pour aller de l'avant, guide-les !

     

     

    Sabine, plus détendue :

    Que ferais-je sans toi, de mon côté ! Avec toi, j'ai osé ! Curieux qu'en ce qui nous concerne, toi et moi, ce soit le blanc complet. Étrange inégalité : je peux prévoir l'avenir des autres, je ne distingue pas le mien ni le tien !

     

     

    Freddie, se dirigeant vers le samovar :

    Nous disposons de cinq minutes avant 9 h 00, c'est suffisant pour une bonne tasse de thé, hé hé ! Si tu peux lire dans le marc de café, tu n'en es pas moins une buveuse de thé ! Tiens, ma chérie et … à nous deux, à la mienne comme à la tienne (c'est pareil) !

    Ce qui est à moi est à toi et vice versa !

     

    Rires et baisers, fin de la scène.

     ***

    

    Lenaïg, pour le Jeu des Mots ... tion sur facebook.

    Mots imposés en gras. Il y avait même, cette fois-ci, deux groupes nominaux ou phrases : "mise en scène (c'est pas grave, Sabine)" et "A la tienne (c'est pareil) ".

    Je n'ai pas proposé de mots ; j'ai donc pris la liste au complet. Le personnage de Sabine, cité, s'est naturellement imposé. Le prénom Freddie est un petit clin d'oeil à celui qui, avec Dominique Bar, orchestre le tout.

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 14 Septembre 2010 à 15:43
    marie-louve

    Magniifique résultat ! Bravo Léna. Et sur ce texte, on part au milieu du sixième sens, celui qu'on tait ou qu'on nie au nom de la raison. Une mise en scène illustrant une quête humaine eceptionnelle en passant par un récit imaginaire habilement décrit sous ta plume. Un couple complémentaire qui donne son arbre de vie: faire pousser de l'amour tout autour sur une table de multiplication. Le lien amour d'une moitié de l'autre. J,aime beaucoup.

    Bisous et soupière à volonté.

    2
    Mardi 14 Septembre 2010 à 16:09
    jill bill

    Coucou Lenaïg, tu as bien joué avec les mots et tes personnages sont très humains... Bravo petite étoile... Bisous plein de jill

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