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Rencontre de la quatrième corne
Qu'est-ce que c'est ?
Lenaïg - 30 juillet 2006
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On peut essayer de deviner.
Avant que je donne la réponse, on peut aussi se lancer dans le nouveau défi de Brunô, que je recopie ci-dessous !
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A tous les membres de la communauté
"Croqueurs de mots"
Pour la quinzaine
du 15 au 28 Février 2010
Voici
les
"Mots de Tête"
n°23
"Queue à la boulangerie"
Ecrivez un récit
sur la base du lieu, du moment, des circonstances
et des personnages suivants :
Dimanche matin l'été à 11 heures
La boulangerie place de l'église
Une longue file d'attente
la boulangère
une personne âgée essaye de resquiller
une mère de famille n'en finit plus de choisir des gâteaux
un homme envoyé par sa femme ne sait pas quel pain acheter.
1) Choisir un narrateur parmi les personnages
ou quelqu'un d'autre dans la file d'attente.
et écrivez votre récit.
2) Vous pouvez prolonger pour les plus boulimiques
en écrivant d'autres versions
en changeant de narrateur,
de point de vue, de style , de ton
etc........
Limité à trois textes.
Vous pouvez vous inspirer de Raymond Queneau
ICI : "Exercices de styles"
Ou ICI
Textes
15 jours
pour ce défi passionnant
et à la carte
Tags : boulangere, file, attente, narrateur, autre
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Commentaires
1Mona lVendredi 6 Juillet 2012 à 08:57Répondre2Mona lVendredi 6 Juillet 2012 à 08:573marie-louveVendredi 6 Juillet 2012 à 08:57
Je vais tenter le diable et me présenter dans la file d'attente.
Soupière et charlotte russes à volonté ! Pas de pets de soeur, c'est trop sec sous la dent. :-)))))) Bon matin et bisous.4Mona lVendredi 6 Juillet 2012 à 08:575marie-louveVendredi 6 Juillet 2012 à 08:57
Baguette dorée, pâtisserie Céleste, cent ans à votre service !
Je sortais de l’église la tête remplie de prières et de honte. Le curé nous avait bien mis en garde de ne pas susciter volontairement la concupiscence en se dévêtait courtement pour lutter contre la vague de chaleur du temps des canicules qui faisait rage sur Paris au mois d’août. Le soleil de onze heures déjà haut dans le ciel, nous plombait sur place. Je m’empressai de traverser la rue avec un ventre creux salivant juste à l’idée de dévorer mes croissants au beurre du dimanche. Ce n’est pas une hostie qui pouvait me repaître de cette faim de loup que je retenais depuis minuit la veille, pour avoir la chance de recevoir le corps du Christ dans mon estomac. Je ne pouvais retenir ma colère devant ce fait que le curé faisait des économies de bouts de chandelles en distribuant une rondelle de papier de soie plutôt que le vrai petit pain rond que j’avais vu sur le tableau de la dernière Scène. Pourtant, je lui payais ma dîme en plus de lui faire des aumônes tous les dimanches à sa quête devant tous les paroissiens. Par orgueil, je versais cinq euros multipliés par cinquante-deux, plus 10% de mon salaire annuelle, faites le compte, je crois bien qu’il pourrait me donner plus qu’un cercle de soie quand je communie pour nettoyer mon âme avec le Christ dedans.
Les baleines de mon corset écorchaient mes os appuyés sur ma peau meurtrie, mes nombreux jupons empêchaient l’air de couler dessous mes cuisses et surtout les regards effrontés du vieux Tophile Caventou, que j’avais sur mes talons depuis mon premier pas sur la rue. Ce Caventou, notre pharmacien que je soupçonnais de s’adonner aux substances telles le Flying Magic ou la mouche de quelque chose comme me l’avait expliqué discrètement ma voisine Lucia, s’accrochait à mes basques partout où je le croisais. Mais là, sous cette chaleur infernale, j’aurais mis mon corps à nu pour ressentir un peu d’air à faire passer sur moi. Je m’enhardis en déboutonnant mon corsage qui cerclait mon cou. Trois boutons, puis finalement dix. Ouf ! Je respire. Et mon ventre crie famine. J’allonge le pas pour arracher des mains de la vieille boulangère Florilda Céleste, mes six croissants au beurre qui feront ma semaine. Le vendredi, je fais pénitence. Je pousse la porte moustiquaire de la boulangerie et je suis pétrifiée devant la file des Parisiens qui ne devaient pas être là en août ! Pire, Tophile me pousse dans le dos en m’empalant les baleines de mon corset dans les côtes et dans ma colonne vertébrale. En bonne croyante et ayant toujours pas encore digéré le corps du Christ en moi, je réprime ma souffrance et demande à Monsieur Tophile avec mon beau sourire, de me laisser quelques centimètres de distance pour protéger ma bulle vitale. Ce qu’il fit avec diligence et mille excuses à mon égard.
Nous étions pris au piège devant cette cohue inattendue du dimanche en août chez Baguette dorée. Fulgence Laprise, le maire de la ville attendait impatiemment entouré de sa marmaille courant dans tous les sens en bousculant les citoyens qui n’osaient les envoyer valser ailleurs. Sa dame, madame la mairesse n’en finissait pas de questionner Florilda sur ses quarante choix de gâteaux. « C’est gras ? Quel parfum celui-ci ? Puis-je goûter ? Ah non ! Vous n’y pensez pas ? Tout ce sucre ! Les enfants deviendront agités ! Vous avez plus léger ? … »
La file d’attente tournait des yeux ronds à Madame Florilda qui coupa court à la discussion en répondant à Madame Laprise que pour le plus léger , il fallait traverser de l’autre côté de la rue. Le curé en donnait gratuitement. Choquée Madame la mairesse sortit en faisant une crise de nerfs. Elle empoigna son mari lui jurant ne plus jamais revenir dans cette boulangerie qui ne servait que de la mort aux rats en ne négligeant pas de tous nous regarder avec des poignards dans les yeux.
« Quelle punaise me souffla Tophile à l’oreille.»
Je n’osais lui répondre, mais je lui souris poliment. Puis, ce fut le tour de Monsieur Clairambault qui s’approcha du comptoir l’air indécis. À jeun depuis plus de trente heures, j’avais la tête qui tournait et je voyais des papillons noirs. Je respirai profondément pour tenir le coup.
J’entendais au loin, Florilda annoncer que dame Clairambault achetait toujours une fesse de pain massif et une baguette …Un grand trou noir m’aspira.
Quand je repris mes sens, j’étais dans la cour arrière de la pharmacie. Sous l’épais feuillage rafraîchissant des tilleuls, étendue sur une chaise longue recouverte de coussins confortables, Monsieur Tophile à mes côtés m’épongeait avec des serviettes glacées. Je me vis délassée, non, délacée de mon corset et détroussée de mes jupons, mais enroulée dans une large serviette de plage.
6marie-louveVendredi 6 Juillet 2012 à 08:57
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