-
Qu'est-ce qu'être normal ? - La question sera posée au Café philo vendredi soir
La question qu'on voit en titre est l'un des sujets proposés à la fin du dernier Café philo le 16 mars, celui qui a été choisi à la majorité des votants. Celui ou celle qui l'a énoncé avait-il, ou elle, une idée, une prémonition (!) sur ce qui définirait le style du nouveau président de la république François Hollande ? Je l'ignore, mais je ris, maintenant, en soupesant l'a-propos du sujet ! La normalité est dans l'air du temps !
On passe donc du "Cogito, ergo sum" (Je pense, donc je suis) à : suis-je normal ? autre formulation de la question.
Là, on fait passer son "ego" après autrui. On se demande comment on est jugé par les autres, ou qu'est-ce qui est jugé "normal". Mais cela reste une façon de se chercher ! On est normal par rapport à quelque chose, à des normes, à des valeurs et on tâche de se situer sur une échelle des valeurs. Soi-même, pour les autres, pour ce qui se passe autour de nous, on a de son côté sa propre échelle de valeurs, en fonction de son éducation, de son acquis culturel, des idées circulantes, des diktats parfois (de tout, pas forcément de la mode).
Autant François Hollande a surpris (non ?) par son désir de normalité, d'être le président conscient de sa lourde tâche mais en même temps monsieur tout le monde, autant pourtant, selon mes constatations, la normalité n'a jamais été si bousculée, depuis la fin du XXe siècle. Une anecdote personnelle : quelques années avant sa mort, mon père avait commenté un article de Télé 7 jours qui évoquait un sujet longtemps tabou, l'homosexualité. Au passage, je tiens, par fierté et par affection, à préciser que ce magazine était loin de faire la littérature exclusive de mon père. Ceci dit, il s'agissait des amours clandestines à l'époque (sauf pour les initiés) du peintre Bernard Buffet avec Pierre Bergé et de la rencontre de Bernard Buffet avec Annabelle, dont il tomba amoureux et qui fut sa femme ; je ne me souviens pas si la rupture de Bernard Buffet avec Pierre Bergé est à dater d'avant la rencontre avec Annabelle, ou si elle en fut la conséquence, mais ce n'est pas sur leur histoire que je veux mettre l'accent : c'est sur le fait que mon père en discuta avec nous, s'étonnant des changements survenus dans notre société et qu'on parle maintenant librement de ce qui longtemps resta un sujet tabou. Moi, ce qui m'étonnait, c'était que nous soyons en train d'en discuter, nous, avec papa !
Et, pour ne pas faire trop long, on peut insister sur les nombreux autres pieds-de-nez que les gens, les individus, les familles ont donnés à la morale rigide du XIXe et de presque tout le XXe siècle : le modèle familial qui était le père, la mère et les enfants a volé en éclats. L'affirmation de soi n'a fait que grandir et les personnalités n'ont plus voulu se laisser étouffer aux noms de la rigueur religieuse, de la "bien-pensance", du "qu'en dira-t-on. Certains s'accrochent encore à ce modèle familial et critiquent les familles éclatées. D'autres les désignent par le nom de familles recomposées et font tout pour que les choses se passent bien, que les enfants ne souffrent pas. Si on les interroge, on sait que les enfants souffrent quand même, de la séparation de leurs parents. Mais d'autres enfants dont les parents ne se séparent pas peuvent aussi vivre l'enfer, des énormes tensions, des disputes sans fin ...
Notre président, lui-même, qui fait tout pour être normal, n'est pas marié, une première dans l'histoire de la présidence de la république française ! Là encore, la normalité a été bien bousculée ! Le protocole a dû s'adapter, à l'étranger on s'est demandé comment accueillir sa femme, qui refuse d'être désignée par le titre de "première dame" et préfère qu'on l'appelle par ses prénom et nom tout simplement. La verte Cécile Duflot est entrée en jean à l'Elysée ! Scandale pour certains, broutille pour d'autres !
J'ai envie de conclure en soulignant que la question n'attend sûrement pas de réponse catégorique ou définitive mais qu'elle montre : soit que les critères de normalité sont complètement à redéfinir, alors dans un sens politique et citoyen de nouveaux accords pour vivre ensemble en harmonie, soit que la normalité n'a plus de raison d'être et que prime la liberté dans le respect d'autrui. Ce billet a été écrit très vite, faute de plus temps à lui consacrer et si les éventuels lecteurs et lectrices souhaitaient venir ajouter leur propre réflexion, ce serait encore mieux, je les en remercie d'avance.
Lenaïg
Illustrations :
- famille recomposée, www.labonneminetoutelannee.com
- François Hollande normal, voir au bas du dessin.
Tags : autre, normalite, normal, sujet, enfants
-
Commentaires
Une question qui appelle de nombreuses réponses car chacun de nous a son ressenti de la normalité ! Je sens que la discussion va être animée !
Gros bisous
la normalité je ne sais pas où elle se trouve mais ce que je trouve normal c'est qu'il faut savoir se présenter selon le lieu où l'on va il y a tout de même un minimum de respect et de savoir-vivre
Ah la la ... Quelle question ! Elle me chatouille de partout. Il y a normal côté scientifique quand on peut établir une séquence logique et constante ou quand on se réfère à une norme par comparaison. Et il y a l'autre normalité: celle qu'une société adopte par sa morale et ses valeurs. Mais la normalité d'une société est'elle nécessairement normale ? Bisous.
Ajouter un commentaire
Normal côté cerveau et corps, normal côté vie, normal côté sexualité, vaste champ de réponses que le sujet proposé ! On peut naître normal, fille garçon, et devenir anormal un jour en faisant la une des journaux à scandale ou célébrité... Perso une vie dites normale autant que possible... métro boulot dodo, famille patrie... messe à l'occasion ! Bon café philo demain Lenaïg ! Bizzzz