• MADEMOISELLE PAULINE - 2/2 - RAHAR

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     Le jeune homme transi vint à passer ses soirées, non à la révision de ses cours, mais à épier par la fenêtre le retour du cruel objet de son désir. Il la voyait rentrer au bras d’un homme, toujours différent. Elle était peut-être vraiment une nymphomane. Ou plus vraisemblablement, elle voulait simplement goûter aux plaisirs de cette vie si courte, profiter pleinement de sa jeunesse qui ne durera pas éternellement. Il n’éprouvait pas de jalousie : avec une certaine lucidité, il avait accepté le fait que Pauline n’était pas faite pour être la compagne de sa vie, il n’éprouvait que le sentiment aigu d’envie, uniquement le désir intense de la mettre dans son lit… ou plutôt de se glisser dans le sien de lit.

     

      Un soir, il la vit rentrer seule, et son cœur bondit dans sa poitrine. Pour une fois, elle n’avait pas trouvé d’amant à son goût. Il fallait en profiter. Basile estimait avoir toutes ses chances. D’ailleurs, il pouvait rendre des points à la plupart des hommes que Pauline ramenait. Il alla attendre la jeune femme dans le couloir, le cœur battant.

     

      Mademoiselle Pauline déboucha de l’escalier. Elle paraissait morose, mais son visage s’éclaira un instant à la vue de son petit Basilou. Celui-ci eut un fol espoir.
      — Hello Pauline, la journée semble avoir été rude, à te voir si abattue.
      — Salut Basilou, tu ne crois pas si bien dire, le rédacteur a refusé mon article et ça a gâché toute ma journée. En plus, mon informateur m’a posé un lapin.
      — Oh, je compatis de tout cœur. Mais je sais comment te faire oublier cette journée désastreuse.
      — Comment ça ?
      — Tu verras, je ne suis pas maladroit et je me fais fort de te satisfaire.
      — N’insiste pas Basilou, tu es très gentil, mais je préfère être seule.
      — Mais Pauline, il n’est pas sain de ruminer toute seule tes déboires, la dépression va te guetter. Tu ne vas pas noyer tes soucis dans l’alcool, tout de même. Crois-moi, mieux vaut oublier très vite tes malheurs en t’adonnant à un bon moment de plaisir.
      La jeune femme considéra attentivement l’éternel étudiant. Elle avait fait le tour des bars, mais n’avait pas trouvé de mâle à son goût, ce qui l’avait quelque peu frustré. Elle avait un peu faim, mais elle pouvait tenir jusqu’au lendemain. Cependant, être soumise à une tentation si alléchante la faisait hésiter quelques instants, malgré ses résolutions de prudence.
      — C’est bon, allons chez moi.
      Basile n’en crut pas ses oreilles. Il jubila intérieurement, et c’est avec allégresse qu’il suivit la belle Pauline. Sur le seuil, il était tellement obnubilé par sa bonne fortune qu’il remarqua à peine la subtile odeur douceâtre. La pièce était mal éclairée par la faible ampoule, de plus ternie par la poussière et les chiures de mouche. Il y avait des zones d’ombre et de pénombre. Mais le jeune homme n’avait d’yeux que pour sa belle hôtesse.

     

      Pauline déboutonna lentement son chemisier sensuellement tendu par une poitrine raisonnablement généreuse. Basile avala nerveusement sa salive, les yeux pratiquement exorbités. La jeune femme se lécha les lèvres comme un chat devant un merlan appétissant. Jetant négligemment sur une chaise le vêtement parfumé, elle attira sauvagement sa proie et écrasa ses lèvres pulpeuses sur la bouche de Basile pris au dépourvu. Fébrilement, celui-ci arracha maladroitement sa propre chemise, tout en savourant le baiser passionné de sa partenaire, et se mit à pétrir les seins fermes, agaçant les tétons avec ses pouces.
      Brusquement, il eut une sorte de hoquet. Il ne pouvait se libérer, étant fermement enlacé par une femme apparemment frêle, mais incroyablement musclée. Sa tête était maintenue par une main de fer dans un baiser qui finissait par l’étouffer. Le ventre de Pauline s’était ouvert, laissant passer un organe serpentiforme tout en crocs qui se fora un chemin dans l’abdomen du malheureux étudiant, vers les poumons qu’il creva. La jeune femme rompit le baiser, désormais inutile, Basile n’étant plus capable de proférer le moindre son, encore moins le moindre cri.

     

      Les quelques os coriaces du pauvre mais délicieux jeune homme vinrent s’ajouter aux restes encombrant un coin obscur de la chambre. Pauline poussa un soupir, tant de satisfaction que de résignation. Elle devait s’en aller une fois de plus et refaire sa vie ailleurs. Elle devrait mieux résister à la tentation de croquer ses colocataires.

     

     

    Fin

     

     

    RAHAR

     

     

     

    Illustrations : photos du net.

     

    http://club.doctissimo.fr/tenanciere5/serpent-femmes-231325/photo/adam-mythe-ssssss-13418056.html

     

    et sur la page 1 de la nouvelle :

    La belle jeune femme est en fait le "Commandant suprême des Visiteurs" extraterrestres dans la série télévisée américaine V de 2009.

     

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 6 Octobre 2011 à 08:36
    jill-bill.over-blog.

    Oups !  Si je m'y attendais !  Pauvre Basille et puis pas que... Ne pas se fier aux apparences !!! Merci vous deux !  Bizzz

    2
    Jeudi 6 Octobre 2011 à 10:26
    Monelle

    Une femme vampire... ben ça alors !!! encore une chute d'histoire à laquelle on ne s'attend pas du tout, mais vraiment pas du tout !!!!! 

    Bonne journée, Léna - gros bisous

    3
    Jeudi 6 Octobre 2011 à 10:37
    Lenaïg

    Salut tout le monde ! Sans raffoler des récits, histoires ou films d'horreur, je reconnais que c'est parfois très bien fait et, après tout, ce n'est que de la fiction ! On est derrière son écran ou devant son livre et on joue à se faire peur, comme les enfants jouent au loup ! La série des films Alien est ainsi très réussie, je trouve, et j'hésite à rapprocher ton histoire-ci de ces films car tu vas avoir les chevilles qui vont enfler !

    Bizzz !

    4
    Mona l
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:40
    Mona															l

    Hmmm horreur! Dis donc tu en as des idées!

    5
    Rahar
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:40
    Rahar

    Salut Mona. Comme je l'ai dit à Lena, je passe en ce moment une période morbide. Non, non, je ne déprime pas, ça m'amuse et me détend, paradoxalement.

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