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Ludgarde - Marie-Louve - Jeu de récréation chez Jill
Jeu de récréation chez jill-bill
Ludgarde
À la Cloche D’Or, affamée, attendant avec impatience son jumeau Louis de Funès, Ludgarde, d’aucune inspiration des modèles de Rubens, affichait une allure excentrique et nerveuse. Elle s’agitait sur sa chaise tel un ver à chou. Un mince chignon retenait sa chevelure gominée et en accentuait ses traits anguleux n’invitant à aucune sensualité. Nous avions là devant nous, une pure caricature mal soignée qui nous laissait apercevoir avec aisance mille et une grimaces affichées de tous les côtés à la fois. On aurait dit une gendarme miniature, mais avec de solides gourdins qui lui tenaient lieu de squelette. Livide, sur la pointe des pieds, un serveur effarouché s’était approché d’elle pour lui présenter la carte des vins.
-Impertinent ! Ne voyez-vous pas que je suis une femme de bonnes mœurs ! Apportez-moi une carafe d’eau fraîche sans oublier les glaçons. J’ai rendez-vous avec l’inspecteur Cruchot dit de Funès. Son retard m’indispose. Dès son arrivée, je vous prie de le diriger à ma table. Allez, exécution !
L’inspecteur Cruchot apparut enfin. Il marchait d’un pas vif nous laissant croire que trois dangereux gangsters lui filaient au train. Ludgarde ferma les yeux quand elle le vit trébucher dans la patère en pénétrant dans le hall du restaurant. Puis, elle s’élança pour lui porter secours, mais ce faisant, elle renversa toutes les tables dressées sur son passage. C’est dans cet immense fracas de verres et de vaisselles cassés que ces deux jumeaux se retrouvèrent après de nombreuses années de séparation. Cruchot vivait à Saint-Tropez, Ludgarde à Boirs en Bassenge. Un froid enfantin les avait séparés pour une raison oubliée depuis.
Cependant, le narrateur de ce récit se souvient du pourquoi de ce froid. Cruchot reprochait à sa sœur de diriger sa vie comme une maîtresse d’école le menant à la baguette. Il avait donc pris ses distances. Il menait la circulation à Saint-Tropez et avant de prendre du galon, il avait dû manger beaucoup de soupe aux choux afin de devenir le célèbre inspecteur Cruchot.
Quitter Ludgarde était le prix à payer pour devenir quelqu’un.
Quand tout le branle-bas et les pots cassés furent remis en place par les employés de la Cloche D’Or, Cruchot ramassa la facture et promit que Saint-Tropez paierait les dommages causés à la Maison la Cloche D’Or. Les deux jumeaux reprirent place à leur table et échangèrent enfin les dernières nouvelles du chacun pour soi. Ludgarde annonça son prochain mariage avec le directeur de l’école Boirs en Bassenge où elle fait de la suppléance depuis quelques mois. Elle deviendra sous peu, dame Ludgarde Richard, laissant choir Funès. Cruchot de son côté, lui apprit son intention de faire le grand saut au cinéma avec Eddy Barclay ou Jean Gabin. Il ne savait plus lequel choisir. Il ferait encore la grande vadrouille à Paris. Ça oui ! Jamais il ne cesserait. Ludgarde lui lança des yeux noirs de reproches et des mots gros comme la foudre :
-Cruchot dit Louis de Funès ! Tu n’as pas honte ? Tu déshonores notre père, notre digne héritage de la bourgeoisie de Séville. Si mère vivait encore, c’est sous sa vadrouille que tu passerais.
Et la bataille reprit de plus belle entre la gendarme de la morale Ludgarde et son jumeau Cruchot.
Marie-Louve
Tags : ludgarde, cruchot, jumeau, d’or, tropez
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Commentaires
1ReinetteMercredi 19 Octobre 2011 à 10:14j'adore le "ver à chou" j'ai bien ri. bisousRépondreBonjour Marie-Louve, bonjour Pierre et Dominique ! Tout le mérite de cette histoire réjouissante revient à Marie-Louve. Grâce à elle, Ludgarde fait une entrée pour le moins fracassante dans la Cour de récré !
Pardon de devoir vous quitter, je vais être très occupée jusqu'à ce soir ! Encore du retard dans mes lectures, hé oui ! Hier soir, couchée tôt !
Je n'oublie pas que je dois poster la suite de l'histoire de RAHAR et lui faire des pages dignes de ce nom !
Bizzz à tous.
je viens de bien m'amuser en lisant ce texte !
pourtant bronchite, pas la forme
bravo à Marie-Louve et à toi
bises
Et surtout ne vient pas nous dire que tu n'es pas FAN de Louis de Funès... on te prendrit pour une menteuse - Ces grimaces m'agaçaient un pu mais quel grand acteur ! merci pour cette hitoire bien tournée !
Bisous
Monelle
Un grand merci à vous tous pour ces commentaires déposés avec grande gentillesse. Un merci spécial pour Léna qui m'accueille sur sa page et me fait toujours de belles présentations qui illuminent mes textes. Bisous et bonne soirée.
Mes excuses à Reinette. J'ai lu avec grand plaisir son devoir, mais je n'ai pu commenter sur sa page. Cordialement, merci à vous tous.
13AnaëlleVendredi 6 Juillet 2012 à 08:40Un personnage bien pittoresque, cette Ludgarde!! Tu en as fait une description superbe, Marie-Louve !
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