• Lieux et saisons - Dominique - (3)

     Noël

     

        Pour ce réveillon,  je vivais un petit repas amélioré avec ma femme et mes enfants dans la paix et le calme. Idem pour le premier janvier.

     

     

    bruegel repas de noces l

     

    Cette année, le 24 décembre fut long et bruyant car nous avions invité du monde. Les convives nous demandaient de la musique rythmée sur une nourriture abondante dans l'espace et le temps, bref une fête banale orientée quantité. Nous en fûmes malades les deux jours suivants... Seuls les convives nous laissèrent un baume de paix.

     

    Certains préfèrent les nourritures de l'esprit qui dosent avec sagesse le calme et la douceur, tâchant d'être gourmets sans devenir gourmands. Est-ce le fait de se priver, faire attention ? Plutôt celui d'une vie simple et puisant aux joies de l'instant.

     

    Après avoir savouré des plats variés alliant finesse et nouveauté, nous nous sommesDominique-Zintzmeyer-Nature-morte-aux-raisins-54242 promené avec l'espérance des justes, non celles des sensations toujours plus fortes permettant d'oublier une réalité haïe peut-être, dédaignée en tout cas... Même des gens soi-disant éduqués roulèrent sous la table ou, du moins, rentrèrent éméchés et ivres d'un plaisir tout terrestre.

     

    Mais l'âme, que dit-elle ? Elle ne souhaite pas une fuite du corps certes, seulement un mariage harmonieux entre elle et ce temple où elle a pris naissance : plénitude innaccessible aux sens s'ils ne sont tabernacle pour le règne du Roi...

    ***

     

    L'hiver.

     

        L'hiver sous nos tropiques, celles qu'on confondrait, parfois, à d'autres latitudes, L'hiver près de Marseille, arrive lentement. Derrière l'été indien jusqu'aux jours de Toussaint, on oublie sa venue, espérant un automne chassant les premiers froids qui s'évanouiront en flirtant avec Pâques.

     

    Il vient, l'hiver pourtant. il souffle sans la neige, à tout petites touches d'un glacis verglassé ne tenant pas longtemps. Ici, il ressemble à la pluie, brusque, et en laissant pantois les vieillards du pays qui roulent en tremblant. Dès qu'un ciel de glace survient à l'horizon, chacun se réfugie dans son gite chauffé : les gens du sud ne sont pas courageux face aux rigueurs fugaces troublant leur paradis.

     

    photo 1276634595781-8-0 w350Lorsque le temps grossit, on croirait au-dessus comme une coque noire faisant des terres un four : la nuit brille en plein jour et le peuple soupire, sermonnant le soleil qui devrait être là... Clarté, clarté, revient ! Afin de supporter le brouillard des coeurs glauques qui reviendront bientôt, à la belle saison et nous emporteront la lumière de l'âme !

    ***

     

    La première année

     

     

         C'est la première année où je trouve le printemps bien trop long, la première saison où j'espère avec avidité une herbe qui soit sèche, un parterre défloré allant vers le désert.

     

    Oui, la pluie est fort tombée ces derniers mois, et l'herbe a trop verdi dans nosarbra garrigue contrées du sud,  mais je la couperai sèche en bordure des rochers... Les graines attentives aux moindres humidités s'étirent à vue d'oeil en " poussades " sauvages qui narguent le passant. Ras le bol de sarcler au milieux des cailloux une herbe monstrueuse ! Eté, été, viens donc nous abreuver sous ta cape étouffante, faire fuir le touriste derrière son parasol à l'allure insolente !

     

     Ces jours, je respire l'éther, la chaleur qui vient, je vibre aux vapeurs évasives de l'odeur qui s'élève vers un ciel silencieux annonçant juillet-août au teint caniculaire. Ces parfums de garrigue : thyms, cystes ou genevriers, signent une sécheresse nécessaire aux chaleurs. Lorsque la pluie, de nouveau tombera en un orage rapide qui hurlera ses gros mots, alors je me cacherai sous le toit bienfaisant d'une sieste estivale...

     

    Aujourd'hui, en ce seize juin Léna m'a appelé, inquiète par les pluies. Ces pluies devenant diluviennes auprès de Draguignan jusqu'aux bords de Fréjus n'ont pas atteint mes terres, ma maison de poète... C'est que, elle grimpe la plaine pour voir tout autour d'elle, c'est que, fidèle pour son "maître", ce lieu d'habitation astique le mistral, lui glissant un clin d'oeil vers le Roi Eolien qui tutoie le bon Dieu... Amie, amie sereine : Léna, je vais bien ; merci pour ton sourire.

    ***

     

    Dominique


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 23 Juin 2010 à 17:08
    Lenaïg Boudig

    Très touchée par ta conclusion, Dominique. Sereine, je ne le suis pas tout le temps.

    Surprenantes coïncidences : hier, dans nos plaisanteries et rêveries en commentaires de Lieux et saisons 2, Anaëlle a écrit des lignes poétiques où elle évoque le dieu Eole ... Elle ignorait ce que tu mettais en conclusion.

    Et moi, je nous emmenais tous au Jardin d'Eole à côté de chez moi, un nom que tu ne pouvais pas connaître !

    2
    Mercredi 23 Juin 2010 à 19:04
    Quichottine

    Je crois que l'on peut s'inquiéter quand même et je suis contente de voir que tout va bien chez toi.

     

    Bonne soirée, Dominique. Bises à Lenaïg.

    3
    dominique
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:54
    dominique

    Oui Léna, je croyais que tu y faisait allusion car tu connaissais la fin de mon texte et qu'alors, qu'Anaëlle renchérissait. Le vent symbolise les pensées, la sérénité leur idéal.

    Bises

    4
    dominique
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:54
    dominique

    Salutations aussi à Quichottine.

    5
    Mona l
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:54
    Mona															l

    Toujours écrit avec beaucoup de sensibilité et poésie! Ah ces dangers de l'eau ,du vent, du feu, les tremblements de terre qui tous nous menacent mais sont nécessaires à notre vie!

    6
    dominique
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:54
    dominique

         

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