• LES BOULES DU JEUNE KLOTZ - Rahar

     Les deux boules de Noël de Rahar, ou ... de Klotz ?

     

    Note de Lenaïg : chouette ! éclairage jeté sur un épisode d'enfance de Klotz. Mais il faut savoir que celui-ci n'a jamais été ... un enfant de choeur. Ne pas se fier aux magnifiques boules (ci-dessus) que Rahar nous offre pour notre sapin. Celles de Klotz n'ont rien à voir ... On reste dans la lignée du polar noir ...

    ***

     

     

    Je déteste la nouvelle lubie de Père. Je soupçonne que c’est Wenda qui a tout manigancé. Voilà-t-il pas que nous allons passer les vacances dans un pays nordique, moi qui m’étais déjà préparé pour la plage. Ouais, j’adore la plage, mais ma snob de sœurette voudrait avoir l’occasion d’épater ses copines qui avaient décrété que la mode cette année serait la neige. À douze ans, je n’ai pas encore droit au chapitre et Mère m’a bien prévenu de ne pas jouer le « Maman, j’ai raté l’avion ».
     

    Je n’aime pas beaucoup l’avion : le climatiseur me dessèche les fosses nasales et la gorge, malgré les litres de soda qu’on me fait ingurgiter, et les passagers sont guindés, pas comme en classe éco. Il est d’ailleurs de très mauvais ton de chahuter et on doit rester sagement tranquille.
     

    Je ne sais pas distinguer une tenue de neige classe d’une autre banale ; les filles sont bien plus complexes que je le pensais. Mais les amies de Wenda s’extasient sur son accoutrement et ses skis spécialement commandés par Mère. Je m’éclipse et vais me mêler aux enfants de prolos : je sais que je m’éclaterais mieux avec eux qui n’ont aucun complexe.
     

    Un beau brin de fille m’a tapé dans l’œil. 12-14 ans, un teint de pêche, des cheveux châtain bouclés, un visage ovale parfaitement symétrique, un petit nez retroussé, des fossettes adorables. Elle ne m’a même pas remarqué, il y a tellement de beaux gosses parmi mes nouveaux copains, mais je suis déterminé à attirer son attention. Je ne tiens pas à me prévaloir de mon rang, d’ailleurs cela pourrait même l’effaroucher.
     

    Elle se lance sur la piste, tandis que nous discutions encore. Je me lance à sa poursuite sous les encouragements de certains. Au diable l’élégance, je dois avouer que je suis plus habitué au ski nautique, je n’ai pas assez d’expérience avec cette foutue neige. Déjà, elle disparaît derrière une dune de sable… euh, de neige. Je ne la vois plus.
     

    Soudain, mon ouïe fine perçoit un cri étouffé. Cette piste-ci n’est pas très fréquentée. La fille aurait-elle eu un accident ? Pourtant, d’après ce que je sais, elle est une habituée de la station. Serait-ce un appel du pied ? Mais non, ne soyons pas prétentieux, nous n’avions même pas encore échangé dix mots. Je vais prendre un raccourci entre deux sapins… et m’arrête, en m’accroupissant : en bas, je la vois couchée à terre, un quidam est penché sur elle et la menace avec un méchant couteau cranté. Je me doute de ce qu’il va lui faire subir, je regarde assez les séries policières à la télé.
     

    Mais que puis-je faire ? Le type est un costaud et bien baraqué. Je n’ai rien qui puisse servir d’arme. Père m’a promis un 22 long riffle pour Noël, mais ne rêvons pas, c’est maintenant que j’en ai besoin. Je regarde impuissant la neige immaculée. Puis je me mets à creuser. Je trouve dessous la couche de la pierraille. J’en amasse et j’enveloppe les pierres de neige que je façonne en boules.
     

    Je siffle un coup, le type sursaute et se retourne. Il reçoit une boule de neige lestée de pierres dans l’œil. La fille est dégourdie, elle se redresse prestement, a à peine eu le temps de me jeter un regard et file illico. Évidemment, elle ne m’a pas reconnu derrière mes grosses lunettes teintées. Je continue le bombardement, et grâce à mon don de tireur, le type s’écroule sous les tirs précis à la tête et du sang macule la neige ; assommé, il gît inerte.
     

    Je ne peux approcher la fille parmi les gendarmes. Je répugne à me faire connaître, ce n’est pas l’environnement romantique que j’espérais, et je sais que la notoriété pourrira mes vacances. Je me résigne et me contente de me fondre parmi mes copains, c’est plus fun. Un petit couillon s’est fait passer pour le sauveur. La fille lui est tombée dans le bec. Comme je le prévoyais, la célébrité ne lui a plus donné un moment de répit.

    Le lendemain, on a retrouvé le garçon dans une ruelle, battu à mort. Il va passer ses vacances à l’hôpital. On a bien soupçonné les frères du pervers, mais il n’y avait pas de preuve, et la victime a maintenu avec entêtement qu’il n’avait reconnu personne.

     

     

    RAHAR

     

     


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 24 Décembre 2010 à 05:38
    marie-louve

    Hon ! Battu à mort dans une ruelle... de montagne. Une affaire qui a fait boule de neige. J'adore les récits mordants de Rahar. Comme toujours! Merci de nous offrir cette belle boule. Joyeux Noël et vivement la plage !

    2
    Vendredi 24 Décembre 2010 à 11:45
    Lenaïg Boudig

    Pas de dinde, plus de dattes ? Plein de boulot ? Joyeux Noël quand même, Rahar !

    3
    Vendredi 24 Décembre 2010 à 14:42
    marie-louve

    Pas de dates, pas de temps, pas de dinde ! Face à ce Noël pas de Noël, faut s'en mêler ! Un commando est déjà en route pour vous kindnapper et vous cacher sur une plage des Antilles en Martinique sous les palmiers. Votre boule-roulotte  est déjà réservée. Joyeux Noël et bizs du Temps des Fêtes.  

    4
    Rahar
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:49
    Rahar

    Coucou Marie-Louve. Pas moyen d'aller à la plage : trop de boulot, on ne sait même pas si on pourra avoir le temps de s'acheter une dinde... à moins de se contenter du surgelé. Bonnes fêtes quand même.

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