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Le chameau alla danser - Lenaïg, pour le défi n° 57, lancé par Nounedeb
Le chameau était lancé ! Ah oui, quelle idée elle avait eue, se disait-elle parfois, d'épouser un Ecossais ! Il pouvait vraiment se montrer "chameau", quand ça le prenait !
Soazig la Bigoudène et Archibald l'Ecossais s'étaient rencontrés au Festival interceltique de Lorient ; ils s'étaient assis côte à côte cet été-là pour écouter et encourager les sommités celtes de l'époque, dont Alan Stivell et Brenda Wooton ... Dès leur premier regard échangé, la charmante jouvencelle et le big Scot avaient eu le coup de foudre l'un pour l'autre ... Chacun avait d'abord repris sa vie, l'un à Glasgow, l'autre à Pont L'Abbé, mais à chaque fois qu'ils avaient des congés, l'un prenait l'avion et se précipitait chez l'autre ...
Ils avaient formé un couple d'allure très originale, et on aurait pu dire caricatural s'ils n'avaient pas été dotés chacun d'un physique fort ... aimable. Il fallait voir, en effet, la silhouette d'Archibald, tout en muscles et aussi haute que large -une montagne !- entourer de sa solide épaule sa gracile dulcinée aux yeux clairs et pétillants, aux bouclettes dorées. Lui-même n'était pas le géant roux à la peau blanche tacheté de son, comme on aurait pu s'y attendre. Hé non, il ne s'agissait pas d'exagérer tous les clichés : tous les Ecossais ne sont pas roux et pâles de peau ! Ce spécimen-là était brun, les yeux marron et la peau foncée par le grand air et le soleil estival écossais (là encore, il ne pleut pas toujours en Ecosse) ...
Avant de se marier, Archibald s'était établi en Bigoudénie et avait ouvert une jardinerie. Il avait cessé les compétitions de lancer de troncs d'arbre où il excellait mais continuait de souffler volontiers dans sa cornemuse. Sa chevelure, maintenant, grisonnait et il s'était légèrement empâté, mais sa bonne bedaine acquise au gré des stouts et des whiskies qu'il affectionnait, tout en conservant une modération d'assez bon aloi, ne déplaisait pas à Soazig, qui y trouvait ... un grand confort !
Adoncques, notre Soazig, un tantinet enveloppée à présent elle aussi mais toujours aussi charmante, avait depuis longtemps sacrifié sa luxuriante masse de bouclettes pour un carré de dame, assez long cependant pour se ramasser en chignon et permettre de fixer, à l'aide des épingles appropriées, la tour de dentelle, la fameuse coiffe !
C'était justement ce qu'elle était absorbée à faire lorsque notre histoire a commencé. Pourquoi traitait-elle intérieurement son mari de "chameau" ? Parce qu'il faisait la tête, qu'il boudait, qu'il ne voulait pas l'accompagner au grand bal breton du soir ! Voici un indiscret extrait de leur dialogue.
Archie :
J'irai pas, na ! ça t'apprendra à te laisser charmer la dernière fois par ce vieux beau de Joz, qui n'arrêtait pas de t'inviter à danser ... Vieille coquette !
Soazig :
Oh ! Méchant mot, c'est insensé ! Ben, tu sais bien que j'aime les valses ! Toi, tu jouais !
Archie :
Ah oui, mais ... la charmeuse était en scène ! Et vas-y que je te rie en cascade sur ses plaisanteries pourries ! On n'entendait que toi !
Soazig :
Là, c'est moche, et tu le sais ! Ce brave Joz est un excellent danseur, c'est tout ! Il était heureux et il n'a pas dansé qu'avec moi ! Il m'a raconté qu'un jour, il s'était craqué le derrière du pantalon en sautant lors d'une gavotte d'honneur Pourlet (Merci, Dan !) et qu'il avait vite dû aller se le faire raccommoder en coulisse !
Archie :
Ouais, ouais ! Il est capable d'inventer des sornettes pour se rendre intéressant ...
Soazig, réjouie :
Hi hi, le jaloux ! Tu es jaloux ! ça alors, comme tu es mignon ! Bisou !
Et Soazig, ayant à grand peine réussi à plaquer un baiser sur le front d'Archie, qui s'était dérobé, s'en fut seule au fest noz, ne doutant pas de le voir y apparaître plus tard (ce qu'il fit, sans sa cornemuse car, cette fois-là, il dansa !).
Cette tête de mule d'Archibald, avant de se retrouver seul, de rire lui-même de son accès de jalousie infondé, de se faire beau et de revêtir son kilt, avait quand même lancé à sa femme :
Lâche-moi, et va danser !
Lenaïg
pour le défi de Nounedeb, Homophonies
http://nounedeb.over-blog.com/article-defi-57-74457680.html
Illustrations :
De charmantes Bigoudènes,
Un Ecossais lanceur de tronc,
Le saut de la gavotte d'honneur Pourlet ! (Merci à Dan pour sa correction)
voir les sources dans l'album Fantaisies 4 à "Bigoudènes", "Saut ...", "Ecossais".
Tags : soazig, danse, ecossais, lance, archie
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Commentaires
Oups, j'ai déjà lu Monelle et Adamante, j'ai bien ri mais maintenant, je me dis que j'en suis quitte pour faire réapparaître Soazig et Archie dans le jeudi en poésie !
Grand merci à Noune pour ses idées biscornues (c'est un compliment !).
Tu allies lundi et jeudi, nous voilà au parfum... Soazig et Archibald, un beau coup de foudre dans un ciel qui tonne parfois, lili voulait aller danser dit Julien Clerc ! Bisous de jill
Quelle jolie scène de ménage ! à mon tour de m'être amusée en te lisant, d'autant plus que mon poème pour jeudi est prêt et les personnages ressemblants !!
Bon début de semaine - bisous
et bien dis donc, tu as été inspirée!
Bravo, et bravo aux danseurs, qui sont on ne peut plus lestes!
Bisous, bonne journée
Unevraie histoire demon pays et de danseurs de fest noz. Pour ta photo, je suis désolé de devoir te contredire mais il s'agit des sauts d'une gavotte Pourlet. Amicalement dan
Amour chameau, amour vache, non, amours celtes! Avec des phrases intermédiaires et de belles photos. Le jabadao à été dansé? Merci Lenaïg.
Le saut de la gavotte !!! Quel saut ! Je suis très impressionnée par ce récit qui me raconte un peu de la Bretagne.. Bisous.
je viens juste faire un coucou... Léna je crois que c'est pour jeudi le dialogue entre écossais et bigoudène !!! alors je repasserai, je ne veux pas être influencée , tu as du bien tricoter je pense !! gros bizzzoux
Super ! je me doutais bien que parmi tous les croqueurs, il y en aurait bien pour utiliser le mot chameau dans ce sens. Mais de là à anticiper astucieusement sur jeudi prochain ... Mais c'est qu'ils continuent à s'aimer ces deux-là, avec tumultes mais tout finit par s'araranger !
bises et belle semaine
Bonsoir Lénaig,
enfin j'arrive chez toi pour le fest noz ! et j'adore ! Tu as pris de l'avance pour la rencontre Bretagne Ecosse de jeudi il me semble
Gros bisous à toi
hihi !!! Je crois que tu as décroché le pompon de la coquille !!! je me suis régalée pur beurre avec tes homophonies et ton dialogue conjugués en scène conjugale !! merci pour tes illustrations et l'ablation des clichés sur les écossais ..; Archi est un chameau bien sympa au final, de bonne guerre la chamaille pour se raccomoder sur la piste de danse !! gros bizzzoux Léna je continue un peu mon tour du jeudi !! A très bientôt
19Mona de plumes au vVendredi 6 Juillet 2012 à 08:44Tu m'en fais, remonter de très vieux souvenirs! Brenda Wooton au Festival Interceltique de Lorient qui nous avait fait bien rire en nous disant: "Bonsoir mes petits oiseaux, j'espère que vous êtes bien? " de son accent inimitable de joviale Cornouaillaise.. Nous avons aussi assisté à ce jeu "tossing the caber" Deux avaient bien réussi à porter le tronc de sapin bien à la verticale et le lancer en le faisant se retourner... Un Ecossais puissant donc a épousé une Bigoudène! Connaissant le caractère bigouden je pencherais pour que ce soit elle qui porte la culotte! Tous les Ecossais que j'ai connu étaient doux comme des agneaux, mon cher Ewen le premier (sauf qu'il était, et est resté grand et longiligne).... Mais ta Soizic m'a bien fait rire!Et Archie aussi!
20Mona de plumes au vVendredi 6 Juillet 2012 à 08:44Aude a dansé la gavotte Pourlet (pays de Guéméné sur Scorff) avec un copain Loïc. Ils appuient à fond sur les mains des filles et Loïc sautait très haut! On peut voir des vidéos de cette danse sur le net. A présents il chante et joue de la guitare dans un groupe de rock et Aude les accompagne à la flûte traversière quand elle peut se libérer.... Les goûts changent! pourquoi pas!
21Mona de plumes au vVendredi 6 Juillet 2012 à 08:44Coucou Lena! ;)) Ce serait plus facile de les faire parler en "verres" Chouchenn et Whisky, ma doué, och aye!
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ça me rappelle ma mère
quand elle était en colère contre nous, elle nous traitait de chameau.
gros bisous