• La grange - Les aventures de Zigue et Stache (suite)

    Gouttes de pluiePersonnages :

    - Zigue, chien,

    - Stache, chat,

    - Sébastien, maître de Zigue,

    - Bernard, "maître" ou plutôt compagnon de vie de Stache,

    - la narratrice.

    Un petit rappel :

    la narratrice était pour l'instant la seule à savoir le secret de Zigue et Stache : le grand chien, solide gaillard à la généalogie très riche et le chat noir à la tache blanche sur le front s'étaient mystérieusement rapprochés dans une communication mentale. Voir les trois premières nouvelles :

     

    Le Chien incertain, Le Chat d'en face, puis Zigue et Stache.

    *** 

     

    Un coup de fil

    Un dimanche après-midi pluvieux. Bernard venait de découvrir un fait qui l'intriguait et d'appeler Sébastien, son voisin d'en face.

    " - Salut Seb ! Tu sais où est ton chien ?

    - Oui, enfin … il a demandé à sortir, il a dû se rendre à son terrain vague favori. Mais, c'est vrai, il en met du temps ! Il va rentrer trempé … Mais, pourquoi me poses-tu la question, au fait ?

    - Oh, ne t'inquiète pas pour lui ! Viens voir chez moi ! Je ne te dis rien de plus, pour ménager le suspense …"

    *** 

     

     La grange

    Ils étaient tous les deux réfugiés dans la grange, derrière la maison de Bernard. Zigue rentrait rapidement de sa balade hygiénique, le pelage déjà trempé quand Stache, sentant sa présence dans la rue, lui proposa de venir le rejoindre sous le toit de la grange. La grange, dans le jardin chez Bernard, comportait une partie qui restait ouverte sur l'extérieur mais offrait un abri confortable en cas d'intempéries. Zigue s'était ébroué vigoureusement et avait rejoint Stache, qui était en train de lui transférer ses souvenirs de frustration dans sa vie, avec ses maîtres, en lui faisant revivre mentalement plusieurs situations. C'était en effet par images mentales que la communication s'effectuait.

    Déjà, Zigue percevait une différence importante entre son ami chat et lui-même. Pour Zigue, Sébastien était incontestablement le chef de meute, qu'il avait choisi, d'accord mais il s'en trouvait très heureux.

     

    Pour Stache, il n'en était pas ainsi : il aimait Bernard et sa femme Martine, leur rendait autant d'affection que ces derniers lui manifestaient, mais il se considérait comme leur égal, content de leur apporter sa compagnie. Stache voulait rester indépendant, il y allait de sa dignité et l'idée de la meute, il ne l'appréhendait pas.

    Stache faisait partager à Zigue son indignation qu'on le déloge parfois d'une chaise ou du canapé pour s'asseoir à sa place. Lorsque Bernard et Martine étaient au salon, que des invités arrivaient, Bernard ou Martine, l'un ou l'autre, le prenait dans ses bras pour le poser par terre, ou essayait de le garder sur ses genoux en s'asseyant à nouveau.. Stache se sentait vexé, préférait s'en aller, s'isoler, bouder un peu ! Si par hasard Stache entendait les invités rire en le voyant s'éloigner, sa honte en était accrue …

     

    Zigue, après avoir ressenti l'émotion du chat, commença ensuite à évoquer à Stache le fait qu'il ne montait jamais sur le canapé de Sébastien, qu'il était entendu une fois pour toutes qu'il avait son coussin à lui et que cela ne le dérangeait nullement … Là, c'est Stache qui éprouva la sérénité du chien à ce sujet et il était à parier que cette sensation minimiserait désormais ses propres frustations, un bon point pour Zigue !

     

    Tout d'un coup, Zigue fut pris d'une vague d'allégresse qui lui secoua le corps, à la grande surprise et méfiance de Stache, dont les poils se hérissèrent et les babines commencèrent à se retrousser : quel était ce comportement inconnu auquel se livrait son nouvel ami ? Puis les images qui faisaient … rire Zigue -car c'était bien de cela qu'il s'agissait- s'imposèrent à Stache. La fantaisie avait pris à Zigue de se mettre dans la situation de Stache, imaginant Sébastien le prenant du canapé pour l'asseoir sur ses genoux, disparaissant derrière la grande masse de son chien, tandis que celui-ci pédalait désespérément pour garder son équilibre sur les genoux de son maître. Stache fut envahi à son tour de gaieté, cligna des paupières et regarda Zigue dans les yeux. Zigue lui rendit son regard et bailla bruyamment. Stache détourna les yeux, dans lesquels s'exprimaient maintenant une quiétude parfaite et s'allongea en rond, posant le menton sur ses pattes de devant.

     

    Les deux compères restèrent longtemps silencieux, savourant le bon moment de complicité. L'après-midi était à la douceur et le crépitement de la pluie sur le toit de zinc contribuait à la torpeur et à l'endormissement. Zigue et Stache avaient beaucoup à apprendre l'un de l'autre. Prochainement, ils aborderaient des sujets plus sérieux : leur instinct de chasseur, leur passé plein d'épreuves, la question de savoir comment mieux se faire comprendre de leurs compagnons de vie humains … Mais ce fut dans cette délicieuse sérénité que Bernard et Sébastien les découvrirent, à la dérobée, derrière la porte-fenêtre du salon.

     

    La narratrice, étonnée, elle-même un tantinet euphorique, s'était alors lancée dans une sorte de virelai ancien à sa manière, une forme poétique que lui enseignait à l'époque un mentor du nom de Chveïk. Il n'était pas impossible que le dit mentor, s'il venait à lire ce récit, grinçât des dents devant l'usage qu'elle osait faire de son enseignement mais … tant pis ! Voici donc ce que la narratrice écrivit et fredonna :

     

    Ce fut dans la rue,

    Rencontre incongrue …

    Heureux !

    Mais serai-je crue,

    L'histoire parue ?

    Douteux !

    Si l'averse est drue,

    L'entente est accrue,

    Des deux.

     

    Un fait hasardeux ?

    Chat, chien amoureux ?

    Etrange !

    S'étonnent entre eux

    Les gars soupçonneux.

    Ça change !

    Ils plissent les yeux,

    L'air malicieux.

    LA GRANGE !

     

    S'y poursuit l'échange

    Quand la pluie dérange,

    On voit !

    Passerait un ange ?

    Chien et chat, mélange !

    Qu'est-ce donc, qu'entends-je ?

    Chante une mésange,

    Qui croit !

    ***

     photo-mesange-bleue-aux-aguets

    Si la mésange le croyait, Sébastien et Bernard avaient encore du chemin à faire avant de percer le secret de Zigue et Stache, s'ils y arrivaient jamais … Mais la narratrice comptait bien les y aider.

    ***

     

    Lenaïg - Complété le 20 avril 2010

     

    Images :

    www.iphonefondos.com, gouttes de pluie

    www.photo-pixel.eu, mésange bleue aux aguets.

     


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  • Commentaires

    1
    Mona l
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:56
    Mona															l

    Très émouvant! Je suis vraiment "accro" à cette histoire qui m'enchante. Ta mésange ressemble beaucoup aux miennes  et je vais regarder Moca d'un autre oeil; communiquerait-elle avec les oiseaux? Aucun ne bronche à son approche et le rouge gorge se sert dans sa gamelle sous son oeil insifférent. Mais un rouge gorge carnivore, je n'en aime pas l'idée...

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