• BERTHE AU GRAND PIED - Margoton

      philippe I berthe

     

     

    Berthe (ou Bertrade, selon les sources), née en 726, était la fille de Caribert, comte de Laon et ami de Pépin le Bref. Très gaie, jolie et avenante, elle était cependant affligée d'un pied bot – sans aucune importance puisque dissimulé sous la longueur des robes de l'époque.

    Elle se mit en ménage avec Pépin, en dépit de ce détail superfétatoire que ce dernier avait déjà une épouse légitime et plusieurs enfants.

    Très pieux malgré tout, Pépin avait aussi pour ami le Pape Zacharie qui, choqué par tant de désinvolture, le mit en demeure de régulariser sa situation.

    Ce qui fut fait. Pépin répudia sa femme, dota très généreusement ses enfants et épousa Berthe en 743, ce qui leur permit d'être couronnés roi et reine des Francs en 754.

     

    Très active, Berthe accompagnait souvent son époux dans des expéditions guerrières qui avaient pour unique et noble but de ramener la paix et de propager la foi en Dieu dans le pays Franc.

    Elle mit au monde 6 à 8 enfants (toujours selon diverses sources) dont un  que nous n'avons pas encore oublié : CHARLEMAGNE ( roi imberbe, mais  à la barbe fleurie, dit-on).

     

    Pépin mourut en 748, elle-même en 783 à l'âge de 57 ans.

     

    Mais ceci étant un résumé très  insuffisant de l'Histoire, un troubadour, Adenet le Roi, écrivit en 1270 un poème en  alexandrins  : "Li Roumans de Berte au grans  piés".

     

    Mais de quoi osait donc se mêler un troubadour (du pays d'Oc) puisque cette histoire provenait en droite ligne du pays d'Oil ?

     

    Hans Holbein d. J. 030

     

    C'est pourquoi une trouverte avisée, authentique payse d'Oil, et dont l'œuvre est parvenue jusqu'à nous, la reprit de la manière que voici :

     

                    LA  VERITABLE  LÉGENDE  DE  BERTHE  AU  GRAND  PIED

     

    Lorsque le jeune Pépin décida de se marier, il fit rechercher la femme idéale dans tout le royaume par des conseillers de confiance, mais dont la quête fut inutile, car aucune de leurs descriptions  dithyrambiques des  diverses et nombreuses prétendantes ne lui convint.

    Jusqu'à ce qu'un trouvère vint lui chanter les louanges  de la fille du roi de Hongrie : belle, intelligente, enjouée, propre et fort aimable. Elle avait bien un pied plus grand que l'autre, mais  ce détail fut considéré comme dérisoire.

     

    Déjà conquis, Pépin l'envoya chercher dans un équipage de Rois Fainéants amélioré.
    Hélas, notre belle n'était pas ravie de devoir quitter sa famille, ses amis et son pays – mais pourtant elle obéit, les filles de cette époque n'ayant d'autre alternative.

     

    La route étant longue, le cortège fit étape chez le Duc de Mayence. Ce duc avait une fille, Alista, qui, par un hasard fréquent dans les contes, ressemblait étrangement à Berthe, de la tête…. mais pas aux pieds, qu'elle avait petits et symétriques.

    Bavardant et s'amusant deux jours de suite, les deux jeunes filles s'entendirent si bien que Berthe proposa à Alista d'en faire sa suivante et de l'emmener avec elle en pays Franc.

    Alista, qui s'embêtait ferme à Mayence, accepta avec joie et se joignit au cortège.

     

    Arrivée à Paris, la princesse de Hongrie était si lasse que, se percevant enlaidie de fatigue, elle demanda à Alista de bien vouloir la remplacer lors de sa présentation à la Cour. Le Roi n'y verrait que du feu, puisqu'elles se ressemblaient tant et que, de toutes façons, il ne connaissait ni l'une ni l'autre.

     

    Cette ruse fut réalisée. Alista revêtit la plus belle robe de son amie, qui lui cachait les pieds par sa longueur. Mais l'aventure lui plut à ce point que, décidant rapidement de prendre la place de sa maîtresse, elle paya très largement deux serviteurs à qui elle enjoignit d'enlever Berthe, de l'emmener dans une forêt lointaine, avec l'ordre formel de l'égorger froidement.

     

    Mais leur future victime était si belle, si aimable et si attendrissante que ces deux braves gens lui laissèrent la vie, se contentant de l'abandonner là, n'importe où, à son triste sort

     

    La pauvre Berthe erra plusieurs jours parmi les bêtes sauvages, dormant à même le sol et se nourrissant de myrtilles, de framboises et de champignons crus – mais un jour se trouva par hasard dans une clairière où se dissimulait une maisonnette dans laquelle vivaient chichement un charbonnier, sa femme et ses deux filles. Ces braves gens l'accueillirent généreusement, et Berthe vécut neuf ans avec eux sans dévoiler son identité.

    ( Je soupçonne les frères Grimm d'avoir eu vent de l'histoire, d'autant que la mère de Berthe se prénommait Blanchefleur)

    Pour aider ses hôtes à vivre, elle réalisait de très jolies broderies qu'elle vendait au marché le plus proche.

     

    Cependant, la Reine de Hongrie, sans réelles nouvelles de sa fille et fort inquiète, décida d'entreprendre à son tour le long voyage vers la Francie et malgré les objurgations de son époux se mit bravement en route.

     

    En apprenant son arrivée, Alista fut terrorisée et se mit vite au lit, dans une chambre aux lourds rideaux tirés, feignant une grave maladie.

    Embrassant et cajolant "sa fille "dans une demi-obscurité, la Reine ne découvrit le subterfuge que lorsqu'elle voulut lui masser les pieds pour les réchauffer.

    Horreur ! Elle se dépêcha d'aller cafarder à Pépin qui entra dans une rage folle, expédia Alista au diable sans  prestation compensatoire et fit, séance tenante, rechercher Berthe par les deux serviteurs tout quinauds, félons mais repentis, qui l'emmenèrent avec sa troupe  jusqu'au lieu précis où ils avaient abandonné Berthe.

     

    U1009343ne battue géante fut organisée, longtemps infructueuse jusqu'au jour où Pépin, totalement découragé, parvint à une clairière où se dissimulait une maisonnette (voir plus haut)

    Là, il vit revenir du puits, portant deux seilles emplies d'eau fraîche, une très belle jeune femme chaussée de sabots asymétriques.

    Pépin l'interpella :"Suivez-moi : je suis le roi des Francs et j'ai besoin de votre témoignage"

    -"Ah sire, répondit-elle, ne me faites cette blague, car je devrais, à ce jour, être la Reine des Francs, l'épouse du Roi Pépin…

    - Mais… Pépin, c'est moi !...

    Tout heureux, Pépin emporta sur son cheval une Berthe ébahie…

     

    Les deux serviteurs reçurent successivement une volée de coups de bâton et une lourde bourse,  gonflée de  deniers d'argent sonnants et trébuchants.
    Le charbonnier, qui n'en revenait pas, fut anobli et put quitter son métier et sa chaumière avec sa charbonnière.

     

    Pépin et Berthe furent toujours heureux – enfin jusqu'à la mort de Pépin en 768 et eurent donc 6 ou 8 enfants dont notre illustre Charlemagne.

     

    Voilà la véridique légende de Berthe au Grand Pied, telle que la trouverte Mocotte se fit un devoir de reconstituer ici.

     

    Margoton

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Mardi 20 Juillet 2010 à 12:55
    Lenaïg Boudig

    Dame Mocotte, trouvère de votre eftat, vouf me voyez fort honorée et emplie de raviffement de vouf entendre narrer et chanter la véridique hiftoire de Berthe au grand pied, danf mon modefte terrier. Car je ne doutoif point qu'icelle soyt la vraie. M'en voici auffi gaie que le roffignolet.

    Pardonnez mon approximatif et fantaififte vieux françoif.

    Souffrez que je vouf pete la miaille.

    2
    jill bill
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:53
    jill bill

    Bonjour margoton, un peu d'histoire sur un grand pied célèbre ... Et bien j'ai apprécié, car je ne connaissais pas tout.... Des pépins dans ma culture !  Merci à toi, beau billet, bisous vous deux

    3
    margoton
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:53
    margoton

    On s'amuse sur ce site. Léna parle très bien le vieux françois !

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