• 101 Rue de la Mazurka - Chapitre 4

    Roman jeu multiplume par courriels.
    Note : les adresses email fantaisistes étant prises pour des vraies et se retrouvant systématiquement en bas de texte, ce qui ne veut plus rien dire, il a fallu trouver un stratagème : le signe @ est remplacé par : chez, solution qui vaut ce qu'elle vaut !
    ***


    Le 29 juillet 2009

    ***

     


    Au rez-de-chaussée de l'immeuble, la gardienne patentée, Mme Van Der Prout,

    Auteur : Victoria.

     

    De Hermina Van Der Proutchezhotmail.fr
    A Wilhelmine Van de Poel
    chezhotmail.com

    Ma soeurette adorée,
    Notre pauvre mère avait bien raison, une fois, lorsqu’elle me conseilla il y a vingt ans d’épouser Léopold Vansteertegem plutôt que de m’amouracher de Octave Pinson.
    Mais voilà, j’étais bien jeune et déjà conquise par les moustaches conquérantes et le sex- appeal de ce beau Français.
    Ah ! la belle vie n’a pas duré longtemps. Après m’avoir trompée pendant des années, il vient de me quitter pour une Tonkinoise qui pourrait être sa fille. Enfin, quand je dis ça, je me comprends. Tu sais aussi bien que moi que le fringant étalon ne dispensait que graines stériles. Me voilà bien seule à présent, sans enfant pour me consoler et obligée de gagner ma vie. Bien contente d’avoir trouvé cet emploi de gardienne patentée même si je dois passer mes journées à cocher ( nettoyer) les escaliers pour qu’ils soient bien blinquants ( brillants) et passer la loque à reloqueter ( serpillière) dans le hall d’entrée. Le soir, j’ai les pieds remplis de cloches ( ampoules) et le dos aussi fourbu que si j’avais nonante ans.
    Mais, là n’est pas le pire, je suis entourée de drôles de paroissiens. Je te parlerai plus longuement dans un prochain courrier de Miss Touttiquanti, toujours accompagnée de son zinneke ( batard), de Sir Kerloch , un vrai froucheleir ( touche à tout), de mademoiselle Charlotte, toujours vieille fille qui vit avec son oncle, un peye ( vieil homme), de Lolita Delrioso, bien amitieuse ( affectueuse) avec les hommes, qui passe son temps à se laisser froucheler (tripoter)…
    Aïe ! l’heure tourne, s’agit pas de guindailler ( faire la fête), je dois encore sortir les bacs à ordures.
    Je t’envoie un baise.
    Ta petite sœur Hermina.

     


    De Wilhelmine Van de Poelchezhotmail.com
    A Hermina Van Der Proutchezhotmail.fr

    Ma Mimine,

    La vie est ainsi faite et rien ne sert de se ronger les sangs, une fois.
    D’ailleurs, tu n’as pas à avoir de regret, ton Léopold Vansteertegem s’est révélé au fil des ans un zievereer ( bon à rien) qui passe son temps dans les fritkots ( baraques à frites) à sketter ( boire) des pintes. Ché nié (je ne sais pas) comment il a eu le temps de faire 10 moutards à la grosse Eulalie.
    Vois plutôt que tu es encore jeune, fringante et libre à présent. Y’aurait-y pas dans tes étages, un base ( homme costaud) avec qui tu pourrais t’accorder.
    Assez babelé ( discuté) pour aujourd’hui, j’ai mes chicons ( endives) à ramasser.
    Je t’envoie un baise.
    Ta grande sœur Wilhelmine.

    ***

     

     

    Au troisième étage à gauche, en sortant de l'ascenseur : Luigi Paper,

    le beau compagnon de Lolita Delrosio.

    Auteur : Om Salma.

     

    Son premier message, à Fabriz, semble bien répondre à celui envoyé par Fabriz le 29 février. Luigi a donc pris tout son temps pour répondre à son frère …

     

     

    De : CLuigi Paper(C_luigichezgmail.com)
    A : Fabriz
    chezgmail.com)
    Date : le 29.07.2009
    objet : pardon pour la confession

    salut fréro,
    J’ai appris à être expéditif et c’est pourquoi je réponds illico presto à ton mail et comme je suis vraiment bousculé par le temps je vais essayer d’être moins bavard cette fois-ci. Ta description m’a vraiment surpris au point que je ne m’y suis pas reconnu.

    Tu n’a peut-être pas tort mais vois-tu frèro la vie a été très dure avec moi, qu’elle a fait de moi une toute autre personne qu’il te peine à reconnaître. Ce monde m’a appris à mener ma barque au gré du vent, là où souffle la tempête qui fait couler des dollars. Par incertitude, j’ai endossé l’habit de l’arrogance impassible. Les sentiments n’ont plus de place dans mon cœur. A part vous « mon clan familial » , je n’aime plus personne et encore moins moi-même. Comment pourrai-je m’aimer alors que j’ai perdu mon âme et égaré mon cœur. Le corps qui me porte est devenu semblable à une pierre tombale froide et sans vie. Je dis bien sans vie car la vie ne se résume-t-elle pas à donner et recevoir?

    La mienne… ne se résume, en fait, qu’à prendre, ramasser et surtout saisir toutes les occasions, les bonnes comme les mauvaises pour remplir mes poches, renflouer mes comptes, sans gêne et sans scrupule. J’ai du mal à me reconnaître, à reconnaître l’animal qui niche en moi… Comment t’expliquer cette métamorphose bestiale insolente qui m’épouse et me surprend moi-même. Comment t’expliquer la froideur glaciale saisissante et insoutenable qui m’enveloppe face à ma proie. Comment texpliquer l’inouï plaisir que je tire et que je vois jaillir en moi à chaque fois que je fais une nouvelle victime. Je suis le mal personnifié – l’ennemi de tous – l’ennemi de moi-même. C’est ainsi que je me vois et pas autrement mais je feins de l’ignorer pour ne pas souffrir. Oui, grand frère c’est ainsi que je me vois et pas autrement.

    Au bout de 15 ans de vie bravée par les tourments, ma devise est devenue méfiance. Mon monde se résume et se conjugue en un seul mot : argent et basta. Comment faire le plus de blé possible et rester en vie et c’est là toute la question et malgré que ma sale vie ne tient qu’à un seul fil que j’essaie de maintenir solide malgré les intempéries, je persiste et continue dans la voie crasseuse que je me suis tracée, sans pouvoir m’en défaire. La vie que je mène n’est pas de la tarte - c’est une vie pleine d’embûches et d’horreur et quand je pense à toi, aux autres qui ont accepté leur pauvre destin de pauvres , je n’peux m’empêcher de vous en vouloir (vois-tu même les braves gens qui ne font du mal à personne ne sont pas épargnées) et ceci juste parce que vous avez acceptez votre destinée sans vergogne, ni tracas.


    Tu me demandes de revenir à la maison, non grand frère, je préfère rester loin, pour ne pas vous attirer d’ennuis. J’ai assez fait souffrir la mamma. Je préfère me tenir loin d’elle, loin de vous pour ne pas vous causer de problèmes. J’ai déjà fait beaucoup de mal tout autour de moi.


    Bref ! Mais qu’est-il en train de m’arriver pour me lamenter ainsi sur mon sort ? Est-ce le fait de n’avoir trouvé personne à qui me confier pour trouver du réconfort ? Pardon grand frère, pardon et ne m’en veux de t’avoir mis dans la confidence. Garde ça pour toi et n’en parle jamais à la mamma.


    Voilà grand frère c’est presque la fin et pourtant j’ai promis d’être court mais comme tu vois…. les gens de mon espèce n’ont qu’une parole, ….celle de ne pas en avoir – Tu as voulu savoir où je vis, dans quelle ville ? A quelle adresse ? Eh bien grand frère par souci, je préfère garder le secret et puis comme tu l’as si bien compris je reste toujours le délinquant que tu as connu jadis qui n’a pas d’adresse fixe mais qui a quand même évolué en grade – Je loge actuellement chez ma nouvelle proie (?) en attendant d’aller voir ailleurs. Tu te souviens de ce que disait l’arabe du coin, pour parler des gens qu’on n’arrive jamais à corriger ni à remettre sur le droit chemin, tu te souviens… ? « on a beau mettre la queue du chien au plâtre, elle en sort, à chaque fois, tordue » et bien il n’avait pas tort l’arabe du coin. Je suis le témoignage attestant de son proverbe arabe (lol …).


    Encore quelque chose avant de finir : comme je vois le mal partout , même à cet instant où je suis seul face à l’écran, je n’peux m’empêcher de penser que quelqu’un d’autre que toi puisse intercepter et lire mon mail ce qui fera de moi un coupable idéal avec preuve à l’appui. Tu vois…. la peur m’habite jour et nuit mais ne m’empêche de côtoyer le danger avec lequel je vis en symbiose et dont je tire l’adrénaline nécessaire à ma survie. Promets-moi de détruire le mail dès lecture. Je compte sur toi.
    A bientôt frèro. J’ai un 2ème mail à écrire - Bye - Embrasse la mamma et les enfants, joints une photo de toute la famille la prochaine fois. J’ai hâte de voir les têtes qu’ils ont tes ptits choux.

     


    De : C-luigi-Paper
    chezhotmail.com
    A : Faroukolov
    chezgmail.com
    Date : le 29.07.2009
    Objet : affaire presque en poche
     

    Un temps pour déplumer la dinde - un temps pour désosser la poule.

    On se mettra à table quand la poule sera prête à aller au plat.
    J’ai trouvé la poule aux œufs d’or, une jolie fille qui n’a jamais eu affaire ni au monde de la rue , ni à la police. Elle n’a pas de casier judiciaire, je l’ai bien vérifié. Je l’ai rencontrée lors d’une soirée mondaine organisée (...chez qui tu sais…) - Elle s’appelle Lolita Delrosio une invitée imprévue portée sur le luxe et le raffinement, une jet-setteuse de la pure espèce. Une petite comédienne qui rêve d’avoir son nom en haut de l’affiche. Elle est loin de se douter de nos trafiques - simplement intéressée et superficielle. Je vais faire de la sorte pour la faire tomber mais pour cela, il me faut beaucoup… beaucoup de blé. Cette démarche, comme tu l’sais déjà demande beaucoup d’argent. C’est le chemin le plus court et le plus efficace. En l’entretenant quelque temps et en lui offrant le luxe dont elle rêve, je suis certain de pouvoir concrétiser l’affaire à travers elle et je peux t’assurer qu’elle est loin de se douter de quoi que ce soit. Une romantique qui rêve de sentiments (lol) et puis elle l’a bien cherché, elle s’est invitée d’elle-même dans mon cybermonde, il n’y a donc pas de quoi en faire un drame.


    Faut d’abord que je mette la main sur ses papiers personnels…, son passeport. C’est une fille de mon pays et je sais comment qu’elle fonctionne. Tu sais Faroukolov de quelle façon je me comporte quand je suis face à ma proie. J’ai joué de mon charme comme il se doit et j’ai mis à contribution mon humour et ma convivialité tranchante et cela a suffit pour l’embobiner. Je lui ai montré mon coté fort comme la ronce et mon côté doux de minet. Je suis sûr de l’avoir envoûtée. Je l’ai tellement aimantée qu’elle s’est accrochée à moi, au point qu’elle n’a pas pu détourner ses yeux de moi toute la soirée. J’ai sauté sur l’occasion pour lui proposer de la raccompagner dans la Berline noire que m’a prêté (tu sais qui ?) jusqu’à chez elle - Elle a dit “oui” sans même réfléchir et du coup, elle m’a avoué chemin faisant qu’elle est en train de tomber amoureuse de moi (n’est-ce pas drôle ?) Arrivée en bas de chez elle, enflammée, elle m’a supplié de passer la nuit avec elle. J’te laisse deviner le reste…. et le plus marrant dans tout ça c’est qu’elle habite au 101 rue de la mazurka, le fameux immeuble tu t’souviens… ? Je vais faire en sorte d’éviter les regards pointus de madame Blanche Tuttiquanti qui passe ses nuits à espionner les locataires de sa fenêtre toujours ouverte et sans rideaux ou encore de la gardienne patentée de l’immeuble Madame( je n’sais qui ?)..qui sort son nez au moindre bruit ? Pour finir, je vais t’annoncer la dernière : j’ai élu domicile chez elle ...depuis. D'ailleurs, j'achète l'appartement, qu'elle n'occupe qu'en location !

    Quand j’te dis que mes muscles et mon charme ne laissent aucune gonzesse indifférente faut me croire.
    un autre mail suivra - et comme toujours ce texte est à détruire.
    Luigi P.

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  • Commentaires

    1
    marie-louve
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:59
    marie-louve
    On verra bien ce que la poule aux oeufs d'or réserve à ces personnages douteux. hihi hi. Bon matin Léna. Ici, c'est encore comme dans la chanson : " Quand il neige sur mon bô pays ... " BÔ : discutable quand il fait -20 degrés..:-) Je crois que le Père Noël enverra nos cadeaux par la poste pour éviter de se geler les joues. :-)))
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