• 101 Rue de la Mazurka - Chapitre 32 - Une vieille dame et l'histoire

    artpop4 polonais - francopopulis.voila.netNote : réalité, fiction, tout s'entremêle comme les fils de l'intrigue. Voici un échange de courrier, ou de mails, on ne sait plus, où les auteurs et lecteurs s'intègrent aux personnages du roman. Emouvant et digne récit d'une vieille dame du 12 Rue de la Mazurka, qui jette un éclairage historique sur le tout.

    Ce document présente une grande valeur, il ne peut plus être daté avec précision mais il remonte à mi-octobre 2009, peu avant la catastrophe, avant le trou noir qui engloutit tout ce petit monde une nuit de novembre. Lgdm sombra en effet corps et biens.

    Ne pas tenir compte des polices chaotiques, nous ne pouvons y toucher sans endommager le document. 

    ***

    De Jadwiga Zubroskaïa
    rue de la Mazurka
    à
    Lénaig Boudig Kuilh
    aux bons soins de Madame Tavernier
    E.V.

    Objet :

    Mise au point toponymique, historique, géographique et définitive au sujet de la rue "de la Mazurka"

    Madame,

    Depuis que ma bonne amie Madame Tavernier m’a parlé de votre feuilleton et me tient au courant des développements de l’intrigue qui se situe dans la rue même où je réside, je me dis qu’il faut absolument que je vous écrive afin d’apporter les précisions historiques qui semblent grandement vous faire défaut afin de dénouer l’intrigue et bien situer l’action, laquelle, permettez moi de vous le dire, me semble quelque peu embrouillée et peu fidèle à ce que je peux constater de la vie de la rue au quotidien depuis bientôt soixante-dix ans. Oui Madame, je vis ici même, au N° 12 rue de la Mazurka, depuis qu’encore enfant, mes parents ont émigré de ma Pologne natale en m’emportant dans leurs bagages.

    Vous m’excuserez si je suis un peu longue, mais arrivée, bientôt, au terme de mon existence mouvementée, il me semble important, sinon indispensable, de vous faire partager à travers mon expérience de la rue, certaines anecdotes de ma vie passée. En fonction de mes souvenirs, je vais essayer de le faire de manière chronologique, en espérant que cela pourra sinon édifier vos lecteurs, du moins les intéresser.

     

    galerie-membre,pologne-cracovie,cracovie-l-eglise-notre-damJ’avais dix ans à peine lorsque mes parents n’ont eu d’autre choix que de quitter la Pologne, pour des raisons qui m’apparaissent aujourd’hui aussi désuètes qu’infondées mais qui à l’époque avaient à l‘évidence une certaine importance.
    Mes parents (paix à leur âme) étaient très cultivés et fort francophiles, comme c’était alors le cas de beaucoup de compatriotes, c’est pourquoi avant même que de savoir monter à bicyclette, je parlais votre langue couramment et pouvais déclamer des chapitres entiers de Notre Dame de Paris (entre-autres)… Mais je ne suis pas là pour étaler ma culture.

    Quoi que cultivés, mes parents n‘étaient guère argentés, c’est pourquoi nous ne trouvâmes à nous loger que dans cet endroit, connu aujourd‘hui sous le nom de “rue de la Mazurka”, mais qui à l’époque, dans les années 1930, ne portait encore aucun nom étant donné que l’endroit n‘était guère autre chose qu’un quartier péri-urbain peuplé d’immigrés de toutes origines qui avaient établi là, dans la hâte et l‘anarchie la plus totales, des baraquements “provisoires” faits de briques et de brocs, sortes de cabanons insalubres qui leur servaient d’abri pour la nuit en attendant de trouver une situation et un véritable logis… Inutile de préciser que, à l‘époque, excepté quelques cabanes que leurs propriétaires plus débrouillards que les autres avaient mystérieusement réussi à raccorder illégalement à quelque réseau d’eau sous-terrain, nous n’avions du confort moderne tel que nous le connaissons aujourd‘hui.

    Par chance, mon père avait retrouvé là un ami d’enfance, Polonais comme nous, qui venait d’avoir une promotion (je crois me souvenir qu’il était devenu égoutier municipal) et trouvé à se loger ailleurs. Aussi légua-t-il avec grand plaisir, mais contre une modeste somme (que par ailleurs nous ne possédions pas), sa cabane à mon père… Lequel évidemment s’était engagé à régler sa dette en fonction de ses ressources.
    A moins qu’il ait lui même racheté préalablement son cabanon, l’ami de papa semblait être un gars assez dégourdi car sa cabane, spacieuse et équipée d’un poëlle à bois ainsi que d’une ligne électrique alimentant une ampoule unique, faisait figure de palais comparée aux cabanes voisines.

    Je vous prie de bien vouloir m’excuser mais je suis un peu fatiguée par la concentration que m’a demancé la redzction   de cet lettre. Je vous ferai tenir ultérieuremnt la suitete par l’intermédère de cette bone mdame renéee.

    recevez, madame mes slutaions disringués.

    J. Zubroskaïa

    ***

     

    De : Lenaïg

    A : Madame Jadwiga Zubroskaïa,

    aux bons soins de Madame Renée

     

    Madame,

    Vous nous faites un grand honneur en vous penchant sur la vie des personnages de notre roman jeu multiplume, le 101 Rue de la Mazurka. Aux noms de mes p'tits camarades, je vous encourage à continuer vos mises au point toponymo-historico-géographiques, la première laissant augurer un apport précieux pour la crédibilité de notre entreprise.

     

    Veuillez excuser ce griffonnage hâtif, je vais vous répondre et vous remercier sur une page propre, ultérieurement. Rappelez-vous qu'il s'agit de Miroboland et non pas de la France, mais les deux sont étroitement liés. Ensuite, l'état du Miroboland est imaginaire, ne pas l'oublier. Je crois en effet avoir entendu des échos du passé qui ressemblent fort à ce que vous décrivez.

     

    Il est bon que les Mirobolandais se souviennent que leurs grands-parents étaient uniquement des réfugiés, qu'ils ont galéré dur pour que Miroboland devienne ce pays, cet état fier et farfelu. Dans ma future lettre, je m'emploierai à vous fournir un résumé aussi concis que possible de l'intrigue. Cependant, sachez que des éléments me manquent : notre Om Salma, sortant d'une grippe, nous les apportera, quand elle se sentira mieux.

     

    Bisous cordiaux,

    Lenaïg

     

    PS : je vous joins la réaction de Marie-Louve.

     

    C'est avec un vif intérêt que je découvre ce volet historique, qui nous mène au berceau de ces lieux (Miroboland), sur les pas de ces ancêtres polonais qui ont jeté les premiers jalons, ou talons, sur cette Rue de la Mazurka devenue célèbre depuuis. Nous ne pouvons que remercier Jadwiga Zubroskaïa de sa précieuse contribution. Un ajout culturel qui ne risque pas de décevoir les intellectuels soucieux et avides de connaissances historiques.

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Lundi 6 Septembre 2010 à 22:21
    marie-louve

     On ne le répétera jamais assez: La mémoire est une faculté qui oublie. Grâce aux archives historiques, vivantes ou consignées dans les registres, nous pouvons reprendre et lier tous les éléments du passé afin de construire le présent.

    Je souligne le travail magistral effectué par la gardienne de bibliothèque, dame Léna !

    Je la remercie de tout coeur. Bisous.

    2
    Mardi 7 Septembre 2010 à 09:26
    rouergat

    Bonjour Lenaig

    Copieux texte sur l'étude des gens exilés !

    Mazurka, mazurka pourquoi je pense plutôt à une danse

    Amicalement

    3
    Mardi 7 Septembre 2010 à 16:11
    marie-louve

    Rue de la Mazurka. Une danse oui parce que chacun des auteurs fait danser sa plume pour le plaisir de la fête du jeu. J,imagine que Madame Tavernier vient nous raconter, un peu comme Hugo dans Notre-Dame de Paris et ses misérables qui y ont  foulé le sol de Paris avant qu'il ne devienne ce qu'on en connaît aujourd'hui. à Miroboland, la rue de la Mazurka représente un lieu réservé aux " jetsetteux " du monde qu'on rencontre dans les reviues à potins. Que cache t'ils derrière leur porte close ? À nous d'inventer des histoires comme c'est si facile de le faire dans un jeu. Bisous.

    4
    jill bill
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:52
    jill bill

    Bonsoir Lenaïg, plus difficile que je ne le pensais devenir habitant de la rue de la Mazurka... Ceci me laisse hésitante, une histoire en e-mail, je ne sais que dire... Je ne sais si ça va le faire... je suis perdue en lisant vos textes et ne sait qu'inventer là... Ouh Lenaïg je ne sais si je vais me joindre à vous....Suis bien ennuyée... Bonne nuit à toi, amicalement de JB

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