• Une coccinelle en plastique

    Pour s'évader du froid et de la neige, retour dans le temps :

    balade au printemps 2009.

     

    Quatre amis, deux couples, déambulent et baguenaudent dans les rue de Paris, à cheval sur deux quartiers. Quels sont ces quartiers ? Oh, deux noms précis pourraient être cités mais que soient juste jetés en pointillé l'entrée de chez Michou, la maison de Dalida, un certain funiculaire, un gros gâteau tout blanc à la crème, dont l'une des marcheuses aperçoit le dôme et les clochers de son appartement, l'Église de St Jean l'Évangéliste aussi, aux si jolies mosaïques, aux balustrades aux ronds croisillons, à l'ange géant qui se penche sur le bénitier à l'entrée, comme pour accueillir presque tendrement les arrivants et leur assurer la protection et le confort de ses ailes.


    Les marcheurs s'arrêtent pour écouter, captivés, la guitare acoustique d'un jeune homme aux longs cheveux. Est-ce un gitan ? "Estas Tomes"* indique son disque. Il nous ravit et nous transporte, là, sur la petite place à l'ombre des arbres. Mais s'il a des accents manouches, on sent la puissance, l'élan du classique ; l'une des marcheuses, incorrigible amalgameuse, "entrevoit" même des accents proches d'un Carlos Santana au mieux de sa forme ! Une dame âgée s'approche, après qu'il ait terminé un morceau, très applaudi. Le musicien et la vieille dame se parlent; le jeune homme se lève pour embrasser la dame sur les deux joues, en lui prenant délicatement les épaules. Et le musicien, recroisant ses longues jambes, reprend sa guitare pour de nouvelles envolées.


    Les quatre amis se remettent en marche. Ils se sont accordés auparavant un repas dans un petit restaurant simple, assis à une table ronde, où ils ont âprement (trop !) discuté, soupesé, comparé, en s'échauffant, les apports du monde ouvrier par ses luttes, ses révoltes, justifiées, ses acquis durement obtenus et les apports des intellectuels sympathisants mais peut-être pas pleinement conscients de la dureté du travail physique des masses laborieuses. La marcheuse amalgameuse repense après coup à l'"acier rouge" et les "mains d'or" de Bernard Lavilliers, émouvant hommage aux métallos.


    Avant de se remettre en branle, ces quatre marcheurs se sont aussi accordés une halte dans un nouveau bistro, étonnamment pas trop assiégé, dans une ruelle pavée. L'un des hommes, autant cramponné à son éternel sac à dos (beaucoup trop lourd mais il est têtu) que l'amalgameuse à son réticule, a sorti son appareil à prendre la tension et à mesurer les pulsations. Surprenants résultats, mais pas de quoi s'inquiéter, a priori. L'amalgameuse n'a jamais eu une tension aussi basse : 11 - 7. Quant à ses pulsations : 80. Elle ne révèlera pas les résultats pour ses trois compagnons. L'homme au sac à dos explique et réexplique comment interpréter les chiffres. Systole, diastole, on dirait qu'il tient un cœur entre ses mains …


    Rafraîchis, revigorés, les marcheurs montent, affrontent une forêt dense de touristes et entament la descente du retour. Au fil des trottoirs, des obstacles, les deux couples se tiennent respectivement par le bras, par la main, se détachent. Les "filles" tombent en arrêt devant une vitrine (oh, pas la seule, mais celle-là les fait redevenir petites filles, ou leur donneraient l'envie de pouponner). Les deux "garçons" ne s'en aperçoivent pas tout de suite et sont déjà loin.

    Quand les quatre se rejoignent, les hommes sont rigolards et complices, à l'écoute des commentaires de leurs compagnes. L'un dit : "Une coccinelle en plastique et quelques bouts de chiffon bariolés, les voilà qui s'émerveillent et qui restent scotchées !" L'autre répond : "les hommes, eux, mettent un temps pour se rendre compte qu'il leur faut freiner et amorcer une marche arrière d'une centaine de mètres !"


    Mais, bon sang, elle était craquante, cette vitrine, qui offrait aux yeux des petits et grands enfants une grosse coccinelle d'un nouveau genre, rutilante et sympa, dotée d'un petit siège mignon, de roues et d'un guidon, sans oublier les antennes, ou encore des petites bottes d'un beau rouge également, parées d'antennes sur le devant, ni plein de bébés coccinelles tout autour et toutes sortes de petits vêtements. Les pucerons n'ont qu'à bien se tenir, les coccinelles préparent l'assaut, les deux dames sont au courant !

    Qu'on se rassure, de quoi seront capables seulement les coccinelles qui s'envoleront de là ? De faire naître des nuées de rires d'enfants, mélodies chères aux grands.

    Lenaïg
    ***


    * Estas Tomes est un guitariste russe, mondialement connu et reconnu !
    Le demander sur Google pour avoir son pédigrée !
    Si je peux transférer une photo que nous avons prise de lui, je le ferai.


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  • Commentaires

    1
    om salma
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:58
    om salma
    ton texte respire la vie - ça bourdonne et ça dégage des couleurs et des sons.
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