• Marie-Louve et Lenaïg relèvent le défi n° 43 chez Noune : Mélusine, la sorcière et les treize mots

    Le cheval et la mule.

     

     

    cheval-blanc-1Mélusine et sa jumelle (dont on taisait le nom) étaient fées ou sorcières, c'était selon ... Mélusine exhauçait des bons voeux de sa baguette magique, sa jumelle jetait plutôt des mauvais sorts. La première s'épanouissait dans la lumière et le ciel bleu, la seconde ourdissait des complots dans le noir.

     

    Pour se rendre à la fête donnée par le grand Merlin, en plein coeur de la forêt de Brocéliande ce soir-là, Mélusine en robe de moire, sur son cheval blanc, ne résista pas à la coquetterie de descendre de sa monture pour se mirer dans l'étang. Sa jmare mule horseumelle, qui ne montait qu'une mule, en profita pour lui voler son cheval et faire une entrée remarquée à la soirée.

     

    Mélusine, sans se démonter, monta sur la mule et arriva tranquillement, bien plus tard, sur la mule ravie, qui n'en revenait pas d'être traitée avec soin et ménagée. Le rire en cascade de la gentille fée séduisit aussitôt toute l'assemblée et nul ne songea à se moquer d'elle. Tout le monde trouva l'idée de la mule charmante et la jumelle traitresse ne fut point à la noce, qui, la fête finie, reprit sa mule et s'enfuit sans dire un mot.

      

    Lenaïg

     

    **********

     

     

    Noël de bonne fortune.

     

     

    Bigoudis - charlie bigoudis H171920 L - www.imworld.aufeminin.comAprès avoir secoué Mélusine et sorcière, des mots sont tombés : 13

    Rose, lune, Molière, sucre, cime, usine, cri, merci, mère, résine, ciel, élus, louée.

    Il était une fois, une famille pas comme les autres. Chez les Mèdulien, la vie en rose et le temps des fleurs n’existaient pas. Un père écrasé par la bonne cause de sa vie sur un sofa se cloîtrait dans sa lune et une mère créative à la manière des Molière savait faire de rien des merveilles. Jonas, leur aîné perdait ses mitaines partout, mais maman Mèdulien sans panique, avec des chaussons de toutes les couleurs les lui remplaçait sans façon. Flanelle, la plus jeune se voyait déjà princesse au petit poids dans les bras d’un gros richard avec du sucre plein les poches.

     

    Le froid de l’hiver avait recouvert de blanc, les verts sapins de la vallée quand soudain, Noël clochait dehors. Mère aux abois beugla à son ripoux : « Mari, il nous faut vite le bel arbre comme on voit chez la voisine qui bat de l’aile depuis que son chien est mort. »

     

    Mari mit sa tuque et ses bottes de feutre trouées quand la noirceur fut venue. Chez son voisin, trancha d’un coup sec le tronc de la jeune épinette traitée aux petits oignons tout l’été durant. Il refit le chemin inverse, l’arbre magique sur l’épaule, grimpa à l’escalier qui menait à la porte et vivement, secoua l’épinette de ses 400 F 2523356 fTaBZxhwgvo30Tr6qwpZxCaKhwBZxDsaletés avant de l’introduire au salon. Mère contempla sa joie, émerveillée devant si bel ornement dénudé de tout sens. Pas comme chez la voisine. D’envie, sans en avoir les moyens, elle courut dans ses fourre-tout, et rassembla ses plus belles misères à accrocher aux bras et à la cime de ce précieux accessoire qui fait la tête de la fête.

     

    Sur la table, sortis de l’usine, la couenne et l’os du gigot gisaient comme des trophées du jour. D’une main vaillante, elle repoussa le festin à l’agonie puis étala ses trouvailles. Trois bigoudis chaussés de visses à large tête feront l’affaire des moutons précieux à la crèche. De son jeu de cartes, elle découpa trois rois, laissant le pique sur le carreau. Enthousiasmée par l’esprit du jeu décoratif, Flanelle courut dans la baignoire qui lui servait de lit. Elle revint avec le cri de ses quatre catins épouvantées et  décréta qu’elles seront toutes les Marie. Mère ne fit pas chichi et dit merci. Une de plus, une de moins,  chez les Mèdulien, tout était possible.  

    Jonas observait du haut d’un perchoir, attendant impatiemment qu’on lui présente un ange pour la chance qui ne tombait pas du ciel. Foudroyé par le génie, vif comme l’éclair, il déboula jusqu’au sol pour revenir avec son Rambo en résine de plastique non soluble dans l’alcool. Solennellement, Rambo fut désigné au poste de Saint-Joseph. Dans une boîte éventrée de Capitaine Crunch, on embarqua tout  ce petit monde au pied dBigoudis - www.media02-ak-vivastreet.comu conifère. Flanelle pleurnicha. Y’a pas de bébé ! Mère la rassura. Les bébés arrivent à minuit, jamais avant. Maintenant c’est avent. Perplexe, Flanelle ouvrit  les yeux en accents circonflexes. «Ne pose pas de questions idiotes, tu es trop jeune,  lança mère avec des mots mystères. Va plutôt décrocher les pompons qui entourent des rideaux dans la chambre des élus louée par mère-grand. Ne la réveille pas. Elle est au coton. Prends les ciseaux dentelés, ils seront plus jolis.»    

    «Mari ! Ouvre mon panier à tricot. Cherche mes pelotes de laine arc-en-ciel et mes écheveaux de couleurs vives. Fouille au fond, tu les trouveras. Fais des guirlandes ou des chevaux d’ange, peu importe. Quand on aime, la bonne étoile dort avec nous. Toi Jonas, à la cave descends et rapporte-moi le coffre à pêche de ton père.  Hameçons et  pompons feront la paire aux branches. » 

    De retour, Jonas escalada à nouveau le dos du sofa.  Exaspéré, il s’égosilla : « J’N’ AI PAS D’ANGE POUR LA CHANCE ! » Mère virevolta et lui tendit la cuillère à bois emballée dans son voile de mariée, sa précieuse relique conservée dans une boule à mythes.  L’épinette ainsi parée, les Mèdulien réjouis par leur travail, contemplèrent mère qui planta un clou à  la croix. Celle-ci  retiendra évidés, leurs bas de laine délavés. La famille se signa. Amen. Dans le plein espéré d’attentes, on sait faire la fête avec des poches sous les yeux le soir du réveillon. Elle se re-signa en blanc et  appliqua le couvre-feu sur les bougies avant d’aller dormir.

     

    Noël - Cloches en papier - www.teteamodeler.comCette nuit-là, dans la maison des Mèdulien, des esprits tapageurs  révoltés de s’être fait passer un sapin  se vengèrent. Le vase débordait, le coucou s’affolait, les aiguilles à terre, l’heure courait devant le temps et mère-grand plus de dents, dans son lit secoué par les coins ronds, s’écroula sous les  flots de la bière de la jeune épinette trucidée. En sueurs et en pleurs, Flanelle se réveilla. Frère Jacques sonnait les matines. Les parents Mèdulien somnolaient au-dessus de l’esprit du temps perdu sans toucher travail ni salaire à manger pour des impies qui ne valent pas un clou. Baba Black Sheep comptait ses sauts par-dessus les piquets du mur debout autour de la maison endormie sur un banc de neige. Le jour fêlé sur un soleil de glace patinait sur l’impatience de se lever en cherchant son étoile pas l’air de vouloir revenir à sa place. Un froid de  canard en fuite sifflait, battait de l’aile contre les jalousies de la demeure en ruine. Le petit dernier pas encore né cherchait une place où il pourrait tomber du ciel en cachette.

     Mine au tort, il est tard, la dinde gèle dehors. Juchée sur des dalles coulantes, elle glisse sur le dos des chemins croulant sous des pièges de niques à poux troués par des pas de soir dans la neige profonde. Las, des chas trop gros par où passent des bosses remplies de nos pièces d’argent qu’on siphonne sous le manteau par des trompes d’éléphants. Ici, des élus placardés sur des lampadaires font  tout sauter  comme des racoleuses de rue. Les yeux fermés, on glisse notre déluge dans la fente des banqueroutes. Croûte que croûte. Chimères et cantiques enchantent cette nuit magique qui voile les limbes dans son lit.      

    Au matin, Flanelle  à genoux cherchait le bébé pas arrivé dans la boîte de Capitaine Crunch. Pas de joujoux, pas de bébé ?  Sirène dans le tapis : « Y’A PAS DE BÉBÉ ! »  Mère encore dans les vapeurs et sans peurs, jeta un œil absent sur le forfait. «Voyons Flanelle ! Le bébé, peut-être que quelqu’un l’a vendu ailleurs ou qu’il ne voulait pas venir ici se faire voler ? Ce n’est pas grave !  Ne pleure pas si fort mon poussin, tu vas réveiller les morts. C’est Noël, pas le réveillon !»       

    Marie-Louve

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  • Commentaires

    1
    Mardi 30 Novembre 2010 à 18:33
    Lenaïg Boudig

    Coucou Marie-Louve. Moi j'ai savouré ton conte de Noël complètement déjanté et toutes les petites perles que tu y a semées ! Accepte ma modeste compagnie sous le thème du défi. Merci bras à toi, bisous !

    2
    Mardi 30 Novembre 2010 à 20:21
    fransua

    bravo Lenaig à toi et Marie Louve. Quelle falmille !!

    bises à vous deux

    3
    Mercredi 1er Décembre 2010 à 05:00
    marie-louve

    Ce fut un grand plaisir de partager nos deux contes sur cet espace. C'est pas facile de faire ce genre déjanté. Boris Vian en a l'art. Pour ma part, un jeu d'essai. Juste un jeu. Bon mercredi et merci pour les belles images. Bizs.

    4
    Mercredi 1er Décembre 2010 à 05:03
    marie-louve

    Coucou Fransua, merci de tes visites et surtout d'avoir la gentillesse de commenter. Excuse-moi de ne pas te rendre la pareille, avec honte, j'avoue ne pas savoir encore par quel corridor te retrouver. Je vais essayer un truc. Sai'on jamais... Bon mercredi à toi aussi.

    5
    Mercredi 1er Décembre 2010 à 10:25
    Monelle

    Merci de vous y être mises à deux pour nous raconter de jolies histoire

    Bonne journée

    6
    Mercredi 1er Décembre 2010 à 10:47
    jill-bill.over-blog.

    Bonjour vous deux... Vous déborder d'imagination pour une lecture bien souriante... Bizzzzzzzzzzzzz de jill encore bravo...

    7
    Mercredi 1er Décembre 2010 à 15:21
    marie-louve

     @ Monelle, jill-bill et Mona : Bon mercredi et grand merci de votre passage sur nos textes. Bizs.

    8
    Mercredi 1er Décembre 2010 à 16:44
    Nounedeb

    Stop! n'en jetez plus. Je suis exangue, raplaplotte, scotchée bouche bée - ai pas tout repéré. Ca commence innocemment avec le joli conte de Lenaïg, on continue du même train avec Marie Louve, et là quelle raballée! On est secoué pire que dans un tambour sur essorage intense.

    Ca fait du bien. Merci à toutes les deux. Bises.   :}

    9
    Mercredi 1er Décembre 2010 à 22:25
    marie-louve

    Grand merci Nounedeb. Je ferai le voyage jusqu'à chez vous un peu plus tard. Pour donner une réponse à Léna, la mienne, ma réponse, je dis: " Pauvre jumelle à dos de mule ! Quel mauvais sort que le sien. Devoir en jeter par surcroît. Pourquoi sa soeur ne transforme t'elle pas de sa bonne baguette ce mauvais sort dévolu à la pauvre héritière d'une mule et du rôle de méchante ? "

    Me voilà entrer dans ton histoire. Vite, je repars en te laissant les bonnes ficelles. Bonne nuit à Paris.

    10
    Mercredi 1er Décembre 2010 à 23:07
    Lenaïg Boudig

    Marie-Louve, voici le lien pour les prénoms de la Cour de récré, chez Jill :

    http://jill-bill.over-blog.com/article-prenom-n-1-de-la-cour-de-recre-de-jb-57284631.html

    Ce mercredi c'était Abel, mais si le coeur t'en dit, je suis sûre que Jill acceptera ta copie ! La semaine prochaine, ce sera Gervaise !

     

     

    11
    Jeudi 2 Décembre 2010 à 01:36
    marie-louve

     Merci bras Léna ! Après avoir ri aux éclats par ta conclusion sur les bonnes et mauvaises ficelles, je t'annonce qu'ici enfin la pluie tête de mule qui nous tombait dessus depuis deux jours, vient tout juste de se transformer en grosses boules de ouate. notre William célébrait aujourd'hui son 11e anniversaire. Notre lutin devient un petit ours. Je relis les consignes du jeu de jill-bill et pour sûr, je jouerai avec Gervaise. Bon jeudi matin et grosse soupière sur la table. Bizs.

    12
    Mona l
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:50
    Mona															l

    Bravo à toutes deux! Textes si différents, si riches... la gentillesse et le sens de la justice, la grâce et la fantaisie! Dire que j'ai renoncé devant la maigre pêche de mes mots! Bisous

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