• Madame Lambda regarde la télé

    le petit rapporteurMadame Lambda, quand elle veut regarder la télé, trouve toujours une émission appropriée, qui satisfait son humeur et sa curiosité. Un coup d’œil au petit magazine de programmes petit format, dont la mascotte est un bon gros chien, lui suffit bien. Madame Lambda ne prend pas Télérama, qu’elle juge trop gros, trop bien pensant et surtout trop cher ! Celui-ci n’est pas un magazine de programmes, c’est un canard de reportages à part entière, tout à fait intéressant au demeurant.

    Mais, quel que soit le magazine « télé », aucun ne trouve vraiment grâce à ses yeux en tant que tel. Quand elle cherche la date de sortie d’un film ou d’une série, le nom du réalisateur, d’un comédien, elle ne trouve rien !

    Heureusement que maintenant elle peut aller se renseigner sur internet. Madame Lambda pose donc une réclamation : les magazines télé ne remplissent pas vraiment leur rôle.

    Puis, il y a la « zappette » ! Vraie baguette magique dont chacun dispose à son gré. Quand une actualité brûlante, au sens propre comme au figuré, devient trop pesante et fait pester ou pleurer d’impuissance, vite un coup de zappette et on se retrouve propulsé chez les marmottes, ou sur la mer à naviguer !


    Madame Lambda se distrait quelquefois devant les jeux télévisés et les émissions de variétés. Rien, pour elle, n’a encore égalé Le Petit Rapporteur de Jacques Martin et sa mythique équipe constituée de Stéphane Collaro, Pierre Desproges, Daniel Prévost, Piem et Pierre Bonte (pardon à ceux qu’elle oublie). Tout le monde pleurait de rire devant leurs facéties et, le lundi à la fac, les étudiants n’en finissaient pas de commenter, faisant revenir les fous rires. Plus tard, on vit arriver Jacques Ramade, Laurent Gerra, Virginie Lemoine, Julien Courbet et, là aussi, on se poilait ! Madame Lambda allait oublier un certain … Laurent Ruquier, mais, là, elle se rend compte que l’élève a égalé le maître, dans un nouveau genre et un nouveau style. Madame Lambda garde des souvenirs joyeux également de Christine Bravo le samedi soir dans Froufrou d’abord, dans sa nouvelle émission avec de toniques chroniqueurs européens ensuite. Madame Lambda n’a rien contre Michel Drucker, le faux cancre, pilier incontestable du petit écran. Faux cancre, oui, car il a fait croire longtemps qu’il avait réussi en étant mauvais à l’école, alors que la réalité était tout autre. Aux yeux de sa Maman, il n’avait pas « fait aussi bien » que ses frères, il fallait être médecin, ou rien !


    Or, ce Michel apparaît à Madame Lambda comme un très bon journaliste, parlant couramment la langue de Shakespeare (Nagui aussi, au fait, dans son Taratata), ce qui est loin d’être le cas de tous. Madame Lambda se dit que les enfants devraient moins négliger l’apprentissage de l’anglais car, dans la vie plus tard, cela leur servira bien. Mais c’est un autre débat et peut-être faudra-t-il se mettre à apprendre sérieusement … le chinois. Mais Madame Lambda s’égare et plaisante, enfin à moitié.


    Madame Lambda apprécie par ailleurs de temps en temps le Grand Cabaret de Patrick Sébastien et sa formule de numéros de music-hall, Shirley et Dino lui plaisent beaucoup et elle a même acheté un album de BD plein de fraîcheur dont ils sont les héros !


    Madame Lambda s’emballe, zappette gardée distraitement en main, tandis que les coureurs du Tour de France vont leur chemin, vus de près, vus d’en haut, qu’ils galèrent sous la pluie. Elle repasse dans sa tête certains faits divers donnés en pâture aux gens dans les journaux télévisés. Toujours des événements horribles. L’arrestation d’un pseudo chauffeur de taxi, maniaque sexuel et tueur récidiviste en liberté ; muette sur le sujet ? Presque, car complètement dépassée. Dans l’affaire autrichienne du père incestueux, Madame Lambda est frappée par la présence du chiffre sept, comme dans un conte de fées : les sept filles et les sept garçons de l’ogre dans Le Petit Poucet, les sept femmes de Barbe Bleue ; heureusement qu’il y a aussi les bottes de sept lieues ! Une affaire française similaire prouva ensuite une fois de plus que l’horreur n’a pas de frontières, au cas où s’estomperaient les portraits de personnages pires encore, Dutrou, Michel Fourniret. Que penser des femmes de ces monstres ? Ou complices, ou demeurées, les deux réalités dépassent la fiction.

    Très difficile certainement de doser les infos à la télé, sans cacher la vérité mais sans trop l’étaler non plus, sous prétexte de produire des « scoops ». Madame Lambda s’étonne qu’on nous montre en détail comment fabriquer une bombe artisanale (mais internet doit faire une sérieuse concurrence à la télé sur le sujet), qu’on nous déballe les secrets de la police dans une enquête en cours, comme cela les malfaiteurs, les gangsters, les criminels sont renseignés, qu’on fasse parler des témoins, tant bien que mal dissimulés, d’affaires sensibles dans d’autres pays, tant bien que mal dissimulés, qui paient de leur vie après …, qu’on insiste lourdement sur des fœtus dissimulés dans un congélateur et qu’on voit cela se reproduire après … Quel vertige ! Madame Lambda, dans sa naïveté, rêve d’un journal d’actualités essentiellement basé sur des faits positifs, des avancées pour l’humanité, des réalisations concrètes, des exploits sportifs ou autres, avec, à la fin, les catastrophes, les ratés et, très brièvement, les faits divers horribles. Elle sait que les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne et, pourtant, même cela commence à ressembler à un exploit dans notre monde chaotique.


    Madame Lambda résume ses desiderata : le son d’abord ! Elle souhaiterait que celui-ci reste d’intensité égale d’un bout à l’autre d’une émission ou d’un film car, cela la zappette ne peut pas le réaliser. Que le murmure de deux amoureux ou deux conspirateurs soit aussi audible qu’une poursuite en voiture par exemple, sans que cela fatigue les oreilles dans l’une ou l’autre des situations.

    Elle voudrait que dans un entretien ou un débat, le journaliste écoute et rebondisse sur ce qui vient d’être dit au lieu de se concentrer sur sa prochaine question, qu’il ne coupe pas la parole à son interlocuteur (sauf quand le timing est précis), que cesse cette mode de crier et d’applaudir à tout bout de champ, que les applaudissements n’arrivent qu’à bon escient. Elle est choquée qu’on applaudisse le présentateur déjà à son arrivée, bon sang ce ne devrait pas être lui la vedette, ou, au moins, il faudrait attendre qu’il ait fait quelque chose justifiant cette récompense !


    Madame Lambda, qui, pourtant n’a pas envie de jouer les censeurs, s’insurge néanmoins de l’attitude des participants qu’elle voient s’égosiller tous pour couvrir la voix des autres, aimerait carrément qu’il soit strictement interdit de braire sa réponse dans un jeu avant que la question ne soit posée en entier !


    Madame Lambda a-t-elle quelque chose à rajouter ? Ah oui, pourquoi faire doubler les personnages d’enfants par des voix d’adultes criardes ? Doublage qui, en passant, pour les adultes, du moins, est devenu de plus en plus soigné, beaucoup moins « poisson rouge » qu’avant, pour reprendre une expression de l’Ours Castor.

    Madame Lambda a eu le plaisir, une fois, de dîner un soir à une table où se trouvait Maik (Marie-Christine) Darah, voix française de Whoopy Goldberg entre autres (et entre autres cordes à son arc !) et sait maintenant la reconnaître dans le doublage d’autres personnages. Madame Lambda imagine qu’on pourrait faire doubler les personnages d’enfants par les enfants eux-mêmes, dans les classes par exemple. Le pied qu’ils prendraient ! Utopique, cela, hein !

    Madame Lambda va se limiter en formulant le vœu pieux qu’un temps d’émission ne soit pas escamoté non seulement par la publicité mais par l’auto-pub des chaînes pour leurs propres programmes, risque, à force de répétitions, de lasser le téléspectateur avant l’émission annoncée ! Ultime vœu : que l’audimat ne soit pas une entrave à la créativité.

    Lenaïg - 12 juillet 2008.


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  • Commentaires

    1
    marie-louve
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:57
    marie-louve
    Qu'est-ce que j'en apprends des trucs avec madame Lambada ! C'est qu'elle cause avec intelligence en nous révélant toutes ses réflexions sur les sujets "hot " touchant les médias et leurs têtes d'affiche. De tout ce grand monde, ici, je ne connais que Desproges pour avoir lu ses livres qui me faisaient rire aux éclats. Madame Lambada sait nous garder en ligne jusqu'à la fin sans qu'on veuille utiliser la zappette ! Bravo pour ce texte fort bien mené. Bon vendredi et hop ! au café ! :-)))
    2
    margoton
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:57
    margoton
    Excellente étude où transparaissent mes griefs contre la télénulle. La faute est à la "ménagère de moins de cinquante ans" Ses goûts (primaires) inspirent l' "audimat", la publicité qui commande TOUT à la télé. Cette dame est une cruche, et nous entraîne à sa suite dans la cruchocratie !
    3
    Mona l
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:57
    Mona															l
    J'allume la télé de temps en temps: la dernière fois je suis tombée sous le charme d'un film "Sur la route de Madison" conseillé par un ami qui l'a vu plusieurs fois...
    Je regarde les actualités sur le net en sélectionnant bien . Si, parfois j'aime bien les publicités. A condition qu'elles ne soient pas matraquées. Bof je suis très peu téléphage.... Le texte ci dessus est vif, intéressant, bien mené sur ce ton intimiste qui n'appartient qu'à toi, reconnaissable entre tous. Un style, OUI madame!
    4
    marie-louve
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:57
    marie-louve
    Tout comme Mona, je regarde très peu la télé qui demeure quasi moribonde par son silence noir dans son coin. Je lis les journaux, je regarde les infos sur télé et parfois un excellent film de location. Je déteste la pub qui vient distraire ma pensée. Cependant, je respecte ceux pour qui cette boîte à images demeure leur seul lien avec le monde extérieur. Je pense aux gens qui sont cloués dans un lit ou une chaise roulante, je pense aux gens qui ne savent pas lire, il y en a encore partout sur cette planète. Tous ne sont pas doués pour les profondes capacités d'analyse et de réflexion. Ce n'est pas vrai que nous naissons égaux. Certains naissent avec des capacités limitées. Chacun va son chemin avec ses moyens de bord. Madame Lambada m'ouvre une très belle fenêtre sur le monde. Je la remercie pour le plaisir qu'elle me partage en la suivant sur ses réflexions intimes. :-))) Bisous.
    5
    marie-louve
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:57
    marie-louve
    Hi hi hi.. Léna, tu sais entrevoir ce qui est possible avec un gros Labrador dans sa maison. Surtout si son nom est Gaspard. Geisha est froussarde, mais mon autre Labrador , Flip, lui fallait le mettre à la porte sinon, il plongeait avec enthousiasme dans la baignoire. Tu imagines ce chien qui prenait la poudre d'escampette dès qu'il le pouvait pour sauter dans la rivière devant chez nous. Il revenait puant le poisson. Pire, quand il revenait puant la moufette !!! Le chenapan !  Geisha est beaucoup plus calme. Bon WE. Bisous
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