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Les minutes ont passé. Ma respiration sifflante est revenue à peu près normale. Et le contenu de mon estomac bien sagement dans mon ventre. Mon
sauveur ! Je suis tombé en admiration devant ce grand médecin noir qui avait soigné mon asthme sans que je régurgite. Ce fut mon tout premier contact avec Haïti. Un jour de Pâques.
Le Dr Ulysse a donné son numéro de téléphone à la maison à mes parents pour qu'ils puissent l'appeler en cas de besoin. Puis de fil en aiguille que je recevais
régulièrement, nos familles sont devenues amies.
Haïti c'était pour moi, enfants, ces gens chaleureux qui parlaient avec de grands éclats de rire. Du riz blanc avec des fèves rouges. Salade de
cresson. Délicieux. Plus vieux, j'ai appris l'histoire. Les Duvalier et les cruels tontons macoutes.
Avant de partir pour Cuba, en janvier, mon frère Stéphane se désolait. «On montre toujours ce qui est laid à Haïti, la misère, la pauvreté. C'est plate.
Il y a des belles choses à Haïti. C'est un beau pays. Il y a aussi des riches.»
Mon frère parle en connaissance de cause. Il a vécu huit ans en Haïti dans les années 90. Travaillait dans un restaurant à Pétion-Ville. Il
connaît des gens là-bas. Ses yeux ont vu Port-au-Prince.
Tu dois être secoué mon Stéphane ? Il m'a répondu hier sur Facebook. Je vous lis sa réflexion.
«Ça m'a vraiment touché de voir la nature se déchainer sur un si beau petit pays qui était déjà atteint par la misère et la pauvreté. Ce coup-là, c'est
toutes les couches de la population qui ont été touchées; les pauvres anéantis et des riches qui vont se rebâtir avec peut-être un peu de chance.
Pauvre Haïti. Pourquoi un si beau petit pays est-il toujours plongé dans le malheur : politique pourrie, cyclone, ouragan, tornades, et comme si c'était
pas assez : tremblement de terre de quelques secondes et voilà la perle des Antilles ravagée par des visions d'horreurs.»
Un baume, estime mon frère, la cruelle secousse a aussi déclenché un grand mouvement de solidarité. «Une chose me console un petit peu
: c'est l'amour de pleins de nations pour les Haïtiens, spécialement les Québéquois. Je pense que presque tout le monde a eu beaucoup de compassion à en voir les dons
envoyés pour Haïti.»
Espérons qu'Haïti trouvera son équivalent du bon Dr Ulysse qui en prendra soin avec empathie et mènera le pays sur le chemin de la guérison.
Et comme l'écrit si bien Stéphane, «que la nature puisse faire reluire ce qui était autrefois la perle des Antilles».