• Le petit ours au tricycle - Lenaïg

    Histoire à lire tout haut aux enfants de cinq à sept ans, le soir quand ils sont couchés.

     Pour le jeu de fin d'été de Marc Varin sur Plumes au vent : texte sandwich, la première et la dernière phrase sont imposées !

    ***

     

    Carol editedQuatre-vingt dix huit, quatre-vingt dix neuf … cent !

    Voilà ! Nous avons nos cent jouets anciens ! Déclara Mme Weston sur un ton satisfait. Elle lança un regard sur le parc où s'ébattaient les enfants. Sa petite fille Sharon, en vacances depuis la veille, jouait à la balançoire avec une amie. Quelle joie de les voir à l'air libre ! Elle trouvait que ces gamins passaient trop de temps devant l'ordinateur ou la télé, quand ce n'était pas penchés -ou plutôt recroquevillés- sur leurs consoles électroniques, se plaignant de mal au ventre après ! A leur âge, elle jouait à la poupée !

     

    Mme Weston rejoignit dans la salle communale les adultes bénévoles qui nettoyaient, astiquaient et remettaient en état les automates et autres ours en peluche récoltés en vue du grand projet. Le cochon cuisinier, Piggy Cook, en parfait état de marche, qui faisait sauter une omelette dans sa poêle, avait perdu sa toque ; Mme O'Neill s'était attelée à la confection d'un nouveau couvre-chef en tissu blanc doublé de carton. Miss Bumbleby fourrageait dans sa boîte à boutons pour redonner la vue aux lapins et autres congénères borgnes ou aveugles. Monsieur Lobster, boîte à outils à côté de lui, tirait la langue pour dégripper les rouages et mécanismes d'une soucoupe volante ; celle-ci, dotée de piles neuves, n'attendait que cela, ayant montré qu'elle pouvait encore clignoter de ses feux rouges et verts, impatiente de filer et tournoyer à nouveau sur elle-même en exploration des parquets !

     

    Alienor et BettinaEnviron deux heures après, Sharon, boudeuse, fit son entrée ; son amie était rentrée chez elle et elle s'apprêtait à s'ennuyer ferme. Mais non ! Elle fut fascinée par la joyeuse atmosphère qui régnait, se réjouit que fussent recousues des oreilles à moitié arrachées, admira le nouveau tutu de la ballerine d'une boîte à musique, passant ainsi en revue la centaine de jouets sélectionnés qui, dans un mois de là, devraient tous être fin prêts pour la vente aux enchères où on accueillerait les touristes et les collectionneurs pointus et acharnés ! L'argent récolté allait résoudre au moins plusieurs problèmes, comme l'achat d'un nouveau fauteuil roulant pour le petit Bruce et la réparation de la toiture de Mme Pebble avant l'hiver.

     

    "- Et ceux-ci ?" demanda Sharon à sa grand-mère, en découvrant des cartons mis à l'écart.

    "- Ah, ils sont bien endommagés, les pauvres ! Nous déciderons de leur sort la semaine prochaine !"

    Quelque chose attira Sharon au-dessus de l'un des cartons. Oh ! Le petit ours brun à tricycle de son père, celui qu'elle avait toujours vu dans le grenier ! Elle savait que Daddy avait beaucoup joué avec cet ours mais il y avait longtemps que la clé pour remonter le mécanisme ne tournait plus et les roues étaient couvertes de rouille. Pourtant, il était resté dans le grenier, son pelage un peu passé n'était pas abîmé, juste poussiéreux. Il avait l'air malicieux et gentil à la fois. Il ne fallait pas qu'il quitte la maison de ses grands-parents, qui était la sienne, elle l'y avait toujours vu, présence rassurante.

     

    Belles truffes dans un panier edited"- Sauve-moi !" appela l'ours cycliste d'une toute petite voix … enfin, ce fut ce qu'elle crut percevoir au travers des exclamations et du brouhaha provoqué par l'arrivée triomphale de Lady Clearwater (lointaine cousine de la reine), qui apportait salopettes, barboteuses, chandails et petits paletots tricotés par ses soins, certains en magnifique jacquard ou en points irlandais, destinés à vêtir de neuf les baigneurs et même les ours en peluche.

    Elle saisit l'ourson au tricycle et le serra contre elle alors que Monsieur Lobster intrigué, approchait. "- Je ne veux pas qu'il s'en aille, c'était à mon papa !" lui murmura-t-elle, soudainement désespérée. Monsieur Lobster lui répondit : "- Confie-le moi, je vais en prendre soin, tu vas voir ça !"

     

    La vente aux enchères remporta un énorme succès. Plus tard, un beau soir, Monsieur Lobster sonna à la porte des Weston. Il rapportait à Sharon l'ours sur son tricycle repeint de frais, qui démarrait à nouveau au remontage de la clé ! Grand-père Weston parut penaud : c'était lui qui avait embarqué l'ourson pour la salle communale, certain qu'il n'intéressait plus personne.

     

    "- Celui-ci", déclara Monsieur Lobster, "il ne faut pas le vendre. C'est un accord entre Sharon Chatine et Baptiste editedet moi ! Il nous a fait une confidence à tous les deux : il ne veut pas quitter cette maison, c'est chez lui, il était au papa de Sharon et il veut aussi être à sa fille !"

    "- Ah oui, je m'en souviens !" s'écria la grand-mère de Sharon. "Mais c'est qu'il n'est pas trop mal conservé ! Il pédale à nouveau ? Toutes mes félicitations, Monsieur Lobster, quel génie vous êtes ! Nous vous le promettons, il ne quittera pas la maison, il logera désormais non plus au grenier mais dans la chambre de Sharon. Il t'y attendra, ma douce, quand tu ne seras pas là !"

     

    Et, faisant un clin d'œil qui démentait ses paroles faussement bourrues :

    "- Eh bien", dit Mme Weston, "je pense qu'il pourra demeurer près de nous jusqu'au moment où il sera rouillé".

     

     

     

     

    Lenaïg

    Qui a d'abord pensé à une histoire de robot, ce qui lui a mis la puce à l'oreille !

    La dernière phrase (peut-être la première aussi) est extraite de : "I, robot" d'Isaac Asimov.

    Je n'allais pas marcher sur les traces du maître !

    Merci, Marc, de m'avoir inspirée.

    Photos persos.

     

    Rouergat a écrit en septembre 2009 un délicieux poème, avec laquelle ma petite histoire s'accorde très bien.

    Offrons-nous le plaisir d'aller le lire aussi !

     

    http://souvenirs-caussenards.fr.over-blog.com/article-35775569-6.html#anchorComment

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Mardi 31 Août 2010 à 16:02
    rouergat

    Bonsoir Lenaig

    Belle histoire de nounours et son tricycle, me rappelle une poésie que j'ai publiée le 7 septembre 2009  "La peluche"

    Amicalement

    2
    Mardi 31 Août 2010 à 19:30
    marie-louve

    WOW ! Quelle géniale histoire débordante de tendresse et de générosité. Je te remets la plume d'or garantie de l'inspiration sans rouille.
    _________________

    3
    Mercredi 1er Septembre 2010 à 00:06
    Stellamaris

    J'aime énormément, Lénaïg, une nouvelle génial ! C'est superbe ! Bises.

    4
    Mercredi 1er Septembre 2010 à 05:16
    marie-louve

    Hi,hi,hi le veau dort depuis longtemps. Bonne journée! Bisous.

    5
    Mercredi 1er Septembre 2010 à 08:26
    jill bill

    Bonjour lenaïg... Une seconde vie à ces objets inanimés auquel tu redonnes une âme... Tout compte fée tu as bien travaillé Lena... Rassure-moi le chat gris il est vrai... Bon mercredi conteuse en orbite dans le monde des petits... Bisous bisous

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