Chez les Jenouillois en délire 

Situé au bout de Nullepart, Jenouille est un  petit village fantôme occupé par une poignée de vingt roturiers, manants pour la plupart.  Ce patelin, producteur de lait en poudre à forte concentration de calcium, offre à ses citoyens une économie dynamisée par les efforts collectifs des vaches et de leurs propriétaires, les Jenouillois et Jenouilloises.  

Chez les Jenouillois, la hiérarchie supporte l’échelle branlante de la bonne entente entre les membres où chacun trouve sa place. Jenouille tire sa  vivacité du fait que tous les jours, chacun des Jenouillois doit se rendre selon son horaire, au centre communautaire pour partager leurs mots sur des écrans branchés les uns aux autres. Un peu compliqué, mais cela fonctionne tant bien que mal grâce aux oignons tous mêlés entre eux. Ainsi, l’heure juste change de main à main selon les mots de la bouche de l’écran.

Voici un échantillon d'horoscope du jour d’hui au bout de Nullepart.  

  T'es là ?  

     C’est évident, non ? Tu as vu la femme de Zéphyr qui se vante partout d’être la médaillée d’or du kilo en poudre ?  Elle ne manque pas d’air, celle-là !   

Ha, ha, le Zéphyr en paie les frais. Savais-tu que sa vamp roule carrosse doré pendant 

que lui, ce pauvre diable souffle comme un déchaîné sur les champs de foin ?

       J’arrive d’ailleurs ! Vous ne pouvez pas imaginer qui y était ?

Servez-vous à droite ou à gauche, mais ne touchez pas au milieu.

  Je ne touche pas à cela. Je la garde pour moi.  Est-ce que quelqu’un  pourrait me dire où est l’amour ?

   T’entends ça mon pote ? Ne mords pas !

         Je veux des choux gras ! Je me lance en affaires. Collez-moi des « J’aime ». Ça fait clique-tchique sur mon égo bête à foin.

  Je dis non, mais je dis oui. Ensemble on joue à pile ou face. À non deux, un ne perd jamais la face. Nous deux, on est toujours d’accord avec vous : oui et non.

  M’as-tu vu la tête. Je n’en fais qu’à elle !

  Tu me cherches ? J’ai la cote du chignon.

    Brasse toujours ! Je me roule dedans.

   Et la journée n’est pas finie….   

À suivre   

 Marie Louve

Images du net

et : Calico ville fantôme, home.nornet.fr

Des mots tout pêle-mêle

pour une histoire belle ?

Je vous les ai écrits,

c'est à vous, les amis !

Un grand échalas, puis un panier d'échalotes !

Pot de Nutella,  des sassafras, du lilas !

Des insectes, des planètes, des pilotes !

une marmite fumante et le Potala !

Un tigre blanc, des menottes et des marmottes !

Loup noir en masque ou en vrai, aussi un prélat !

Un buisson ardent, des grillons et des griottes !

Un soleil vert à changer, un parfum ... Voilà !

On prend un mot en gras, on pose un commentaire

et on se croisera, vous savez déjà faire :

Bâtissons une histoire et faisons-nous rêver,

jeu de mots imposés, chacun peut essayer !

Lenaïg

Di :

 La poésie prend des formes différentes en traversant les siècles. Vérité ou reflet ? Tout dépend qui l'écrit, quelle poésie il choisit, comment il l'écrit et l'état de son âme. Quelques vers jetés au hasard pour jouer aux rimes n'est pas nécessairement poésie. Puis on poétise aussi sans pieds réglementaires et sans vers à la fin. Dans la prose il y a souvent de la poésie cachée aussi. Je me demande, qu'est-ce que au juste la vraie poésie de nos jours, la poésie de l'âme, la poésie du coeur ? 

J'avais le coeur en miettes. Je cachais les miettes sous ma couverte. La porte s'est ouverte. Et j'ai vu entrer Alberte !

Lenaïg :

Coucou, Di. Les rimes font maintenant partie de ma vie, depuis que Slévich m'en a appris les secrets et les pieds, j'aime aussi, parce que les poèmes dits tout haut sont encore plus beaux, enfin c'est comme cela que je vois les choses.

La poésie, comme tu le mets, ne s'enferme pour autant pas dans des cadres rigides, tout à fait d'accord. Marie Louve et toi vous faites souvent de la prose infiniment poétique !

Et je me mets au défi de reprendre ton poème moqueur et rigolo et de le réécrire à ma façon, si tu me permets, histoire de voir ...

J'avais le coeur en miettes

et je cachais ces miettes,

de tous, sous ma couverte.

Je me sentais inerte,

autant qu'une serviette,

et pas dans mon assiette

dans la maison déserte.

Dehors l'herbe était verte

au balcon la sarriette ...

Etais-je une mauviette ?

Je courais à ma perte,

quand tout à coup : alerte !

J'entendis une ariette,

comme un chant de rubiette.

La porte s'est ouverte,

j'ai vu entrer Alberte !

En un coup de saiette

mon spleen aux oubliettes ...

Et voici la rubiette, un oiseau du Mahgreb, encore appelé rouge-queue du Moussier (Wikipédia).

Après mon poème dédié à Di, voici le jeu !

Mots finissant en "erte" :

Alerte, couverte, desserte, découverte, verte, inerte, verte, ouverte, perte, serte.

Mots finissant en "iette" :

Ariette, assiette, gloriette, historiette, mauviette, miette, oubliette, paupiette, rubiette, saiette, serviette.

A nous tou(te)s de jouer, en commentaires ! En prose ou en vers, il s'agit de placer une phrase contenant un des mots en "erte" et un des mots en "iette".

Illustrations des mots choisis seraient un plus, éventuellement (clin d'oeil à Marie Louve, devenue une pro de l'illustration !).

A plus tard ? Avec grand plaisir !  Brouettée de pensées !

Photos du net.

Isabelle :
Ma pendaison de crémaillère
prend tournure pas ordinaire.
Que fabrique cet invité,
enfermé aux commodités ?

Le voisin au petit coin :
Je fonds devant tant de douceur
et je suis frappé de stupeur.
Elle a l'air seule dans la vie,
je l'invite dès ma sortie.

Isabelle :
Nouveau voisin, foi de Vergeoise*,
trame-t-il attaque sournoise ?
Il avait l'air sympa, gentil,
tout le monde est parti sauf lui.

Le voisin au petit coin :
La St Valentin c'est demain,
nous irons au restau plus loin.
La neige sera ma complice,
je lui prêterai ma pelisse ...

Isabelle :
Un dispositif je cogite
et qu'il sorte d'ici très vite ...
Je me plante sur le côté,
menaçante, balai levé !

Le voisin au petit coin :
Comment puis-je gagner son coeur,
quel exploit fera son bonheur ?
Combattre le mal par le glaive,
façonner une oeuvre de glaise ?

Isabelle :
Avant, prenons voix innocente
et voyons comme il se présente.
Je ne taperai pas trop fort,
pas question de causer sa mort.

Le voisin au petit coin :
Troquer mes velours contre un jean,
me mettre enfin à la cuisine ?
Je dois être meilleur que tous,
il me la faut, que je l'épouse !
Oser, avant de la quitter.
Ce soir, je dois me décider,
ses yeux me font perdre la tête,
rater l'occasion, c'est trop bête.

Isabelle :
Monsieur mon voisin, tout va bien,
pas de malaise au petit coin ?
Pardonnez-moi si je dérange,
mais votre silence est étrange !

Le voisin au petit coin :
Hein ? Oups ! Pardon mademoiselle,
je veux dire chère Isabelle,
j'étais à moitié endormi,
perdu dans mes rêve jolis.
J'arrive ... Oh non, je vous en prie,
ce balai menace ma vie !
Je suis horriblement confus,
cela ne se produira plus.
Je vous aide pour la vaisselle ?
Vous dites oui ? La vie est belle !

Lenaïg
qui a pris beaucoup de plaisir à composer une petite scène, merci beaucoup, Pierre !

* Vergeoise ici détourné de son sens, une ville où habiteraient des Vergeois et des Vergeoises serait purement imaginaire.

Illustration : joli coeur alsacien pour porte des toilettes,
http://www.deco-alsace-obernai.fr/articles-en-bois/198-plaque-de-porte-bois-toilettes-imprime-facon-peinture-polychrome.html

Monsieur Rhino peint ...

Que met-il au premier plan ?

Sa corne, pardi !

***

Sa savane aimée,

corne comme un mégalithe,

immortalisées !

***

Souvent sur son dos

vient se poser un oiseau ...

Ange gardien, muse ?

***

Rhino fort et gros,

oiseau frêle sur son dos :

compagnons de route !

***

Oiseaux sur rhino :

transport routier, le couvert !

Gare aux parasites !

***

Ils soignent leur peau,

mastodontes, pachydermes :

c'est leur thalasso !

***

Carapace menace

Et sa corne pour charger ?

Protéger bébé !

***

La rhinocéros

se fait douce et pas féroce

pour son petit gosse !

***

***

Plaira-t-il aux éventuels lecteurs

de continuer cette série ?

Ce sera avec plaisir

que je vous lirai en commentaires ici,

ou sur vos blogs !

Lenaïg

Pour en savoir plus sur l'art du haïku,

on peut se référer au blog Au fil des jours

de Marie-Alice !

Mais si cela effraie, on peut faire des tercets,

ou écrire de belles phrases poétiques, humoristiques ...