• Ils sont là ! Intermède, ou Préface au roman

    Quatre chapitres du roman cité plus haut sont déjà parus mais, pouce !, Lena demande à utiliser le temps psychologique, c’est celui qu’elle préfère ! On ne sait pas encore se téléporter ni dans le temps ni dans l’espace, mais l’imagination et la subjectivité y suppléent ! Donc, on va dire qu’on se positionne avant la parution des quatre chapitres et on y va.


    Le temps psychologique est élastique. Une semaine de vacances « ailleurs », où l’on se plonge dans un « univers » qui n’est pas le sien, où l’on rencontre des gens qui vivent et pensent autrement, où l’on se trouve face à des maisons, des végétations inconnues, où l’on grimpe des montagnes quand on vient du bord de mer, où l’on nage dans des lagons parmi les poissons (Tu t’emportes, Lena, dit la Fée, cela tu ne l’as pas encore fait ! En plus, tu mets ça pour faire joli, car tu préfèreras toujours la fraîcheur tonique de l‘Atlantique !), une semaine de vacances « ailleurs » (Lena, tu exagères, regarde la longueur de la phrase, pourtant tu n’as pas encore lu Proust ; je sais que tu as essayé mais n’es pas allée plus loin que la première page ; j’essaierai à nouveau de le lire, répond Lena, c’est sûrement une lacune, je n’ai retenu que « la madeleine », il faut que je voie ce que Proust a vraiment dans le ventre …), une semaine de vacances « ailleurs » (Fée Dodue disparaît, complètement dégoûtée …), quand on a pris l’avion aussi, ce qui change des trains souterrains et du train-train, équivaut bien à un mois de vie chez soi !


    Avant de reprendre le fil du récit « science-fictionnesque », nous allons faire quelques petites mises au point. Il sera notamment question plus loin de l’effet papillon et de la théorie du chaos.

    Lena tient à présenter ses excuses aux savants qui, par hasard, pourraient lire ce qu’elle écrit.

    Elle a poursuivi des études purement littéraires, surtout linguistiques, car elle s’y sentait comme un poisson dans l’eau, tandis qu’elle a carrément renoncé à continuer en « C », comme cela s’appelait à l’époque. Même que son Papa et sa Maman, pourtant eux très scientifiques d’esprit et plutôt cartésiens, l’ont parfaitement compris. Son Papa, si sévère (peut-être serait-il plus approprié de mettre « strict »), mais épris de justice, ne s’est pas du tout formalisé que son aînée ne pige rien, ou presque, aux mathématiques. Et sa Maman lui disait : « Arrête de vouloir tout le temps remonter à la source. En maths, pour avancer, il faut quelquefois oublier le pourquoi du comment de certains théorèmes, etc et les prendre pour acquis, afin de continuer la démonstration …

    Lena n’y arrivait pas. Préférant l’intuition à la déduction (tout en sachant que l’intuition est utile aussi aux mathématiciens), elle suppose que l’héritage vient de plus haut, dans l’arbre généalogique ! Cette intuition lui a bien rendu service dans son ancien métier, où elle était entourée d’appareils électroniques sophistiqués. Malgré son hermétisme aux algorithmes et compagnie, Lena parvenait à saisir comment cela fonctionnait, ce qui était plus pratique pour traduire les notices de l’anglais en français … Elle aimait bien dialoguer avec les chercheurs du CNRS quand l’occasion se présentait. Les relations étaient avant tout commerciales mais Lena se souvient d’échange d’emails qui dépassaient ce cadre, empêchaient l’ennui de la routine, minimisaient les problèmes concrets.

    « Ennui », a-t-elle écrit ? Quelle drôle d’idée, marmonne de loin la Fée, qui est revenue mais reste boudeuse dans son coin. Lena au travail ne s’est jamais ennuyée ! Mais la page est tournée, Lena n’en dira pas plus car elle se sent liée par la clause de confidentialité. Qu’est-ce qu’elle raconte, bougonne la Fée, elle s’y est liée toute seule, elle n’était pas technicienne et on n’a rien exigé d’elle à ce sujet !


    « Effet papillon » … Quel beau sujet ! Donc, que les scientifiques soient un peu indulgents mais qu’ils veuillent bien rectifier tout de même ce qui serait erroné !

    « Effet Casimir » … Encore quelque chose qui fait rêver et qui vous projette dans les étoiles. Pour Lena, là, c’est très compliqué et, dans le roman, elle n’osera pas y toucher. Mais … elle a osé réaliser un montage sur son petit ordi : une sorte de « fichier » de vœux pour ses amis, où apparaissent la matière noire cartographiée, un Casimir (celui de l’Ile aux Enfants, bien sûr, c’était trop tentant !) et l’énergie répulsive du vide.

    Lena comprend vaguement comme cela « s’emboîte », mais réunir : la représentation de cette matière noire sous forme de gros nuages bleutés, semblant se déplier, sortant d’une carte que l’on vient d’ouvrir, puis cette photo de l’énergie répulsive du vide dans l’espace, telle un feu d’artifice magnifique et … Casimir qui passe au milieu sur une trottinette, effectivement, c’était osé, complètement farfelu ! Mais, des fois, il faut s’amuser, rire même de ce que l’on ne comprend pas. Vive la « farfelutude » !


    Peut-on rire de tout ? Tiens, cette question arrive, sans être invitée ! Lena suppose que la question sait ce qu’elle fait. Alors, elle essaie de répondre : oui, mais pas n’importe comment, pas n’importe où et à la condition que ce ne soit jamais foncièrement cruel et qu’on sente l’humanité derrière …

    Lena pense à Pierre Desproges et vient de rallumer sa radio, car elle se souvient d’avoir entendu ce matin qu’on célèbre l’humoriste aujourd’hui. Elle a bien fait, elle a attrapé au passage l’info que celui-ci aurait écrit : « Comment violer les filles » … Elle a du mal à continuer, tellement elle rit de ce qu’elle entend ensuite … Ah, Desproges, lui a tout osé, même avancer « j’ai lu votre livre d’un derrière distrait » … La présence de sa maladie et la conscience que ses jours lui étaient comptés n’ont dû faire que lui aiguiser son humour brillant et dur comme un diamant. Dans un genre rabelaisien, Coluche aussi était une sommité de l’humour, dont la spécialité était d’en faire des tonnes, ça lui réussissait ! Nouvelle sortie de Desproges, captée à l’instant : « elle voulait me faire nationaliser la zigounette … » … Lui, il savait innover !


    Un dernier souvenir avant de terminer, celui de « La Vie est belle » de Roberto Begnini, pour répondre à cette question qui s’est imposée. Je viens de trouver, sur le net, des propos tenus par lui à la sortie de son film et je vais les citer, car cela fera la liaison entre mes élucubrations d’aujourd’hui sur le temps psychologique, le pouvoir salvateur de l’imagination, les intuitions et, même, « la question qui s’impose » (il n’y a pas de hasard, j’en suis de plus en plus convaincue - cette intuition ne cadrera peut-être pas avec la théorie du chaos, voire, mais tant pis !).

    « - Pourquoi vous êtes-vous intéressé à un sujet aussi différent de ceux de vos précédents films ? »

    « - Je ne me suis jamais demandé si cette idée était semblable ou différente de celle de mes autres films. J’ai seulement senti qu’elle me plaisait énormément, qu’elle me bouleversait. Je pourrais même dire que ce n’est pas moi qui suis allé chercher cette idée, mais que c’est elle qui est venue me chercher. Un jour, je l’ai trouvée sur moi et depuis ce moment-là, elle ne m’a plus quitté …

    J’ai pensé à Trotski et à tout ce qu’il a enduré : enfermé dans un bunker à Mexico, il attendait les tueurs à gages de Staline, et pourtant, en regardant sa femme dans le jardin, il écrivait que, malgré tout, la vie est belle et digne d’être vécue. Le titre est venu de là …

    Rire nous sauve, voir l’autre côté des choses, le côté irréel et amusant, ou réussir à l’imaginer, nous aide à ne pas être réduits en miettes, à ne pas être écrasés comme des brindilles, à résister pour réussir à passer la nuit, même quand elle s’annonce très très longue. Dans ce sens, l’on peut faire rire sans blesser personne : l’humour juif est téméraire. » Source : LA VIE EST BELLE Home page, site officiel français du film, www.bacfilms.com/site/vita.

     

    Sur ce, après un clin d’œil à Popeck et ses caleçons molletonnés, Lena va prendre congé. Peut-être qu’après le déjeuner, elle lira quelques pages de « Next » de Michael Crichton in English in the text (eh oui, il faut bien ne pas perdre la main), mais cela fait un moment qu’il est en cours, Lena doit se cramponner. Il a fait fort cette fois, on sent déjà derrière le texte le scénario envisagé mais que de personnages, que de données scientifiques, quel chassé-croisé de situations. Lena garde un œil de petite fille et espère bien revoir le chimpanzé aperçu dans la jungle, qui parlait et jurait en français et en hollandais mais ce n’est pas sûr, ce n’est qu’un tout petit maillon de l’histoire.

    Nonobstant ces difficultés, Lena se nourrit de tout ce qu’elle lit et, pour pouvoir pondre le chapitre suivant de « Ils sont là ! », elle s’en va se sustenter, les nourritures terrestres étant nécessaires aussi. Mais elle ne promet pas que le chapitre va sortir aujourd’hui !

     

    Rectificatif : ce n'est pas un chimpanzé le grand singe polyglotte aperçu dans la jungle, mais un ourang-outan, ah mais ! quand on se goure, il faut rectifier ! Et je ne parle pas du perroquet ...

    Vendredi 18 avril 2008.


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